sermon - Gabriel Etoile - Free

Oh ! M.F., quelle gloire pour Marie ! mais aussi quel sujet d'espérance pour nous,
...... appelons douloureux, que de motifs puissants et capables de nous toucher,
de nous ...... de fuir ; il prend lui-même les tables, les marchandises, et renverse
tout par terre. ...... Votre examen ne va donc rouler que sur vos péchés mortels.

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Tome 4 des Sermons de saint Jean Marie Vianney
Edités par http://sermons.free.fr/ 3 MAI INVENTION DE LA SAINTE CROIX
Sur la Croix
Complacuit reconciliare omnia in ipsum, pacificans per sanguinem crucis
ejus, sive quæ in terris , sive quæ in cælis sunt.
Il a plu à Dieu de réconcilier tout par Jésus-christ et en lui, pacifiant
par le sang de sa croix ce qui est, soit sur la terre, soit dans les cieux. (S. Paul aux Coloss., I, 20.) Qui de nous, M.F., pourra jeter les yeux sur cette croix sainte et
sacrée, sur laquelle Jésus-Christ a perdu la vie, sans être pénétré de la
plus vive reconnaissance ? Quoi ! M.F., Jésus-Christ égal à son Père meurt
pour nous sauver ! O croix sainte ! O croix précieuse ! Sans vous, jamais
de ciel sans vous, jamais de Dieu ! sans vous, toujours pleurer dans les
enfers ! Sans vous, jamais de bonheur en l'autre vie ! Oui, c'est cette
croix qui a fait descendre du ciel le Fils de Dieu, par le désir qu'il
avait de mourir sur elle, et de racheter ainsi le monde entier. Que la vue
de cette croix rappelle de biens à un chrétien qui n'a pas encore perdu la
foi ! Hélas ! qu'étions-nous avant que cette croix fût teinte du sang
adorable du Fils de Dieu ! Nous étions bannis du ciel, séparés pour
toujours de notre Dieu, condamnés à passer notre éternité dans des flammes,
à pleurer et souffrir pendant des jours sans fin. Allons souvent au pied de
cette croix, et nous verrons en elle la clef qui nous a ouvert la porte du
ciel et fermé celle de l'enfer. O mon Dieu, si tant de biens nous sont
donnés par elle, quel respect et quelle estime ne devons-nous pas en
faire ! Pour augmenter en vous ce respect, je vais vous montrer 1° les
bienfaits que nous recevons de la croix, et 2° l'estime que nous devons en
faire.
1. - Avant que la croix fût sanctifiée par la mort d'un Dieu fait
homme, les démons étaient sur la terre, et, semblables à des lions,
dévoraient tout ce qui se présentait à eux. Cet esprit de ténèbres l'avoua
un jour à saint Antoine, en lui disant que, depuis l'avènement du Messie,
il était enchaîné et ne pouvait nuire qu'à ceux qui le voulaient. Saint
Antoine, dans toutes ses tentations, si fréquentes et si violentes, n'avait
pas d'autres armes que le signe salutaire de la croix[1]. Aussi fut-il
toujours victorieux de son ennemi. Sainte Thérèse, par un seul signe de
croix, mit en fuite le démon, qui lui apparaissait un jour sous la forme
d'une montagne entr'ouverte et prête à l'engloutir. Je n'entrerai pas dans
un long détail des biens que nous recevons de la croix. C'est la croix qui
nous a valu une éternité de bonheur ; c'est elle qui a changé la colère du
Seigneur en un amour infini ; c'est elle qui a arraché les foudres des
mains du Père éternel, pour les remplir de toutes sortes de biens et de
bénédictions. C'est encore la croix qui nous procure nos bonnes pensées,
nos bons désirs, les remords de conscience, la douleur de nos péchés
passés. Ah ! ce n'est pas encore assez !... C'est par cette croix que nous
sommes devenus les enfants et les amis de Dieu, les frères et les membres
de Jésus-christ, les héritiers de son bonheur éternel ; c'est encore sur
elle qu'a pris naissance cette belle religion qui nous donne, avec ses
consolations, l'espérance d'un avenir heureux. De cette croix, les
sacrements tirent toute leur efficacité. O belle et sainte croix, que de
biens tu nous as mérités ! C'est toi qui fais que le sang adorable de Jésus-
christ ruisselle chaque jour sur nos autels pour apaiser la colère de
Dieu !... C'est sur la croix, qu'a été semée cette manne céleste, c'est-à-
dire l'adorable sacrement de l'Eucharistie, qui sera, jusqu'à la fin des
siècles, la nourriture de nos âmes. C'est cette croix qui a porté ces
raisins mystérieux, dont le jus abreuve notre âme pendant son exil. Le
pécheur y trouve sa conversion et le juste la persévérance. O belle et
précieuse croix ! que celui qui viendrait souvent à tes pieds serait fort
et terrible contre les puissances de l'enfer ! De plus, je dis que la vue
de la croix fait la gloire des saints dans le ciel, et le désespoir des
damnés dans les enfers. En effet, les élus dans le ciel voient que la
gloire et le bonheur dont ils jouissent leur sont venus de la croix, et que
sur ce bois sacré, a pris naissance cet amour qui doit les enivrer
éternellement. Au contraire, la seule présence de cette crois fera le
désespoir des damnés. Ils se rappelleront, qu'elle aurait pu être pour eux
l'instrument du salut, un moyen d'éviter le malheur éternel, et une source
abondante de secours et de grâces. Ah ! triste souvenir de tant de biens
méprisés !...
Ce n'est que par la croix que nous pouvons aller au ciel. II y a
différentes espèces de croix : les unes sont intérieures et invisibles, les
autres visibles ou sensibles. Les premières s'appesantissent sur tous les
mortels sans exception d'un seul ; nous avons chacun la nôtre. Traitons
cela familièrement. 1° Vous me demandez ce que c'est qu'une croix
invisible ? J'entends sous ce nom, par exemple, une violente tentation qui
vous poursuit vivement pour vous faire tomber dans le péché ; une calomnie
que l'on débite contre vous ; une perte de bien ; un tort que l'on vous
fait ; une maladie qui semble ne plus vouloir vous quitter. C'est encore
une croix invisible que ces railleries, ces mépris dont on vous couvrira
sans relâche. Toutes ces croix sont adoucies, et perdent presque toute leur
amertume, par la vue de la croix sur laquelle notre bon Sauveur est mort
pour nous arracher des griffes du démon. Voulez-vous trouver vos peines
légères ou plutôt douces et agréables ? Venez avec moi un instant au pied
de la croix, sur laquelle nous avons été enfantés en Jésus-christ. Etes-
vous méprisé ? Voyez votre Dieu entre les mains des Juifs, traîné par les
cheveux, jeté contre les murs, les yeux bandés, les mains liées derrière le
dos, frappé de grands coups de poings et de bâtons, tandis qu'on lui
demande qui l'a frappé ? Êtes-vous pauvre ? Eh bien ! voyez ce Dieu dans
une crèche, couché sur un peu de paille. En voulez-vous davantage ? Portez
vos regards sur la croix, et vous verrez ce Dieu mourir dépouillé de ses
vêtements. Êtes-vous calomnié ? Écoutez les blasphèmes et les malédictions
que l'on vomit contre un Dieu, venu sur la terre pour l'inonder de
bénédictions. Tout ce que l'on dit contre lui est faux ; et comment se
venge-t-il ? En priant pour ceux qui le calomnient. Êtes-vous dans les
souffrances, les infirmités ? Levez vos yeux sur cette croix, considérez
votre Dieu attaché, mourant de la mort la plus cruelle et la plus
douloureuse. Mon Père, pardonnez, de grâce, à ceux qui me font mourir :
c'est pour eux que je perds la vie, c'est pour leurs péchés que je souffre.
Que souffrons-nous, mes amis, si nous le comparons à ce que Jésus-Christ a
enduré pour nous ?
Ah ! M.F., que les saints connaissaient bien mieux que nous le prix
des souffrances !... Voyez saint Jean de la Croix, frappé par ses religieux
jusqu'à tomber dans son sang. Notre-Seigneur lui apparaît et lui dit : «
Jean, que veux-tu que je te donne, pour tout ce que tu souffres avec tant
d'amour ? » - « Ah ! Seigneur, de grâce, ne diminuez pas mes souffrances ;
mais, au contraire, faites pour toute récompense, que je souffre toujours
davantage, puisque vous, l'innocence même, avez enduré tant de
tourments[2] ». Saint Bernard ne pouvait regarder la croix sans verser des
larmes en voyant ce qu'un Dieu avait souffert pour nous. Écoutez ce que
Jésus-Christ dit un jour à saint Pierre, martyr, lorsqu'il se plaignait des
outrages qu'on lui faisait : « Et moi, Pierre, qu'ai-je fait lorsqu'on m'a
crucifié[3] ? » Oui, M.F., au pied de la croix nous apprendrons ce qu'est
le péché, le prix de notre âme et l'amour d'un Dieu pour les hommes. C'est
au pied de la croix que nous trouverons les plus douces consolations dans
nos peines, les plus grandes forces dans nos tentations, et à l'heure de la
mort, la plus ferme confiance. Venons donc souvent au pied de cette croix
répandre notre c?ur et nous y apprendrons ce qu'un Dieu a fait pour nous,
et ce que nous devons faire pour lui.
2° J'ai dit en premier lieu qu'au pied de la croix nous apprendrons ce
qu'est le péché, et l'horreur que nous devons en avoir. Le feu de l'enfer,
il est vrai, semble nous faire comprendre quelque chose de son énormité,
puisque, pour une seule pensée d'orgueil qui aura duré à peine une ou deux
minutes, si nous mourons dans ce péché, nous serons condamnés à aller
brûler dans les brasiers allumés par la colère d'un Dieu Tout-Puissant[4].
Une personne aura volé cinquante sous ou trois francs à son voisin ; si, le
pouvant, elle ne l'a pas rendu, ce péché seul la précipitera pour jamais
dans les abîmes[5]. Et ainsi de tous les autres péchés : cela fait frémir
.... O mon Dieu, que l'homme qui le commet est aveugle ! Mais plus aveugle
encore est celui qui l'a commis, et, se voyant dans cet état, pousse la
fureur jusqu'à y rester. Cependant j'ose vous dire que l'amour d'un Dieu
mourant sur la croix, nous montre d'une manière encore plus sensible, la
malice et la fureur du péché. En effet, si nous considérons tout ce que
Jésus-Christ a souffert pour l'expier : les humiliations, les outrages, les
blasphèmes qu'on a vomis contre lui, son crucifiement et sa mort, l'on peut
dire : Il n'y a que