Biologie-hf.doc - ?uvres et rayonnement de Jean-Baptiste Lamarck

Il est généralement admis que la prospection biologique est une question ... et de
permettre à la RCTA de faire un examen plus approfondi des questions. .... et
tunicats) en représentent 10% comme d'ailleurs les poissons et les vertébrés. De
ces ... La biologie moléculaire et la biotechnologie, les industries, les
applications ...

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La Biologie de Lamarck : textes et contextes
Pietro Corsi
Université Paris1 - Panthéon-Sorbonne Les historiens des théories de l'évolution pré-darwiniennes, et notamment
de l'?uvre théorique de Jean-Baptiste Lamarck, se sont rarement penchés sur
la question du statut de la « biologie » dans le corpus du naturaliste
français. Un examen rapide des auteurs ayant consacré des études
importantes à son ?uvre nous révèle que la plupart considèrent comme acquis
son rôle dans l'ouverture d'un nouveau domaine disciplinaire - la biologie
- destiné à transformer de façon radicale les sciences de la vie du XIXeme
siècle.[1] Et cela en dépit de textes lamarckiens assurément très ambigus
et qui, à ce titre, auraient précisément mérité une attention critique plus
soutenue. En effet, les rares fois où celui qui a été considéré comme le
prophète de cette révolution scientifique, a utilisé le mot « biologie » -
dont il n'est pas le créateur - ce fut pour dire que le projet de fondation
de cette discipline lui paraissait encore bien loin d'être établi.[2]
Le constat n'est pas nouveau. En 1944, dans la préface qu'il donne à une
édition d'un petit manuscrit lamarckien intitulé « Biologie », Pierre-Paul
Grassé note des changements importants et des contradictions dans les rares
passages où, justement, le terme « biologie » est employé.[3] Pour être
plus précis, c'est entre 1801 et 1802 qu'on peut souligner un changement
considérable dans cet usage. Dans l'Hydrogéologie (publiée en janvier 1802
et rédigée entre 1800 et 1801), et dans le manuscrit en question (rédigé
probablement en 1800, conservé à la bibliothèque centrale du Muséum
d'histoire naturelle, et maintenant consultable sur le site
www.lamarck.net), Lamarck affiche une assurance théorique qui n'est pas
dépourvue d'un certain triomphalisme. Dans la préface à l'Hydrogéologie,
l'auteur annonce en effet son intention de fonder une « Physique
terrestre » capable de dévoiler les lois responsables de phénomènes jusqu'à
présent considérées comme inaccessibles à l'esprit humain :
« Une bonne Physique terrestre doit comprendre toutes les considérations
[... ] relatives à l'atmosphère terrestre ; ensuite toutes celles [...] qui
concernent l'état de la croûte externe de ce globe, ainsi que les
modifications et les changements qu'elle subit continuellement ; enfin
celles [...] qui appartiennent à l'origine et aux développements
d'organisation des corps vivants. Ainsi toutes ces considérations partagent
naturellement la physique terrestre en trois parties essentielles, dont la
première doit comprendre la théorie de l'atmosphère, la Météorologie ; la
seconde, celle de la croûte externe du globe, l'Hydrogéologie ; la
troisième enfin, celle des corps vivants, la Biologie ».[4] Ce texte exprime et exalte l'extrême satisfaction éprouvée par Lamarck
d'avoir résolu un problème aigu qui jusque-là accompagnait tous ses
ouvrages physico-chimiques, depuis les ébauches de ses Recherches sur les
principaux faits physiques (1794, mais esquissées dans les années 1770),
jusqu'aux articles et ouvrages physico-chimiques publiés à un rythme
soutenu à partir de 1794. Rêvant de pouvoir réduire tous les phénomènes
observables dans la nature aux propriétés de la matière ou, plus
précisément, aux propriétés des quatre états fondamentaux sous lesquels
elle se présente - air, eau, terre, feu -, Lamarck se heurtait au problème
crucial du rôle de la vie dans un système de philosophie naturelle
strictement matérialiste. Selon Lamarck, le mouvement lui-même aurait dû
être expliqué grâce aux propriétés de la matière : le naturaliste n'était
pas satisfait du dualisme classique matière-mouvement. L'entreprise
s'avérait fort difficile et Lamarck affichait jusque-là une modestie
méthodologique digne de son newtonisme résolu.[5] Newton avait déjà
constaté l'existence d'un principe actif - attraction ou gravité - dont on
pouvait observer l'action dans l'ordre de l'univers. De son côté, Lamarck
avait constaté la présence d'un autre principe actif aux pouvoirs
étonnants : la vie, capable de produire des composés chimiques qu'on ne
retrouvait que chez les organismes vivants. Partant de ce constat, il
exprimait la thèse extrême que tous les produits chimiques, et donc même
les minéraux et les roches, étaient le résultat d'un inexorable processus
de dégradations successives de molécules complexes assemblées par la force
vitale. Lamarck ne se doutait pas qu'un jour on aurait pu montrer que
l'attraction et la vie n'étaient que des conséquences nécessaires de
l'existence de la matière.[6]
Autour de l'année 1800, il s'était convaincu que la dichotomie nature-vie
pouvait trouver une composition tout à fait originale. Avant cette date, il
considérait la nature comme le règne de la décomposition et de la
dégradation successive des composés abandonnés par la vie. Toutes les
parties composantes regagnaient tour à tour leur liberté, dans un processus
inexorable de retour à l'état d'éléments premiers. Un hiatus immense
existait alors entre la nature et la vie. Ce hiatus avait pour conséquence
cruciale qu'aucune combinaison de molécules ni de conditions matérielles
favorables n'auraient jamais pu générer à elles seules la vie. Les
phénomènes vitaux existaient en fait depuis toujours, tout comme la
matière. Et depuis toujours, la force vitale rassemblait les éléments
constitutifs des organismes - éléments que la nature dispersait bientôt,
après la mort de ces derniers.[7] Un organisme était ainsi vu comme une
véritable « machine » chimique. De même, il n'y avait pas de génération
spontanée, ni d'action possible de l'environnement sur le vivant, ni même
de transformations des organismes. La vie, ainsi que l'attraction, étaient
parties constituantes, actives et nécessaires du système du monde.
J'ai décrit ailleurs le contexte dans lequel Lamarck envisage sa nouvelle
proposition, en soulignant d'une part les échanges qu'il entretenait avec
d'autres auteurs tels que Jean-Claude Delamétherie - un auteur qui
l'invitait à renoncer à son « vitalisme » méthodologique et à développer
plutôt un matérialisme radical -, et d'autre part son embarras évident et
intéressé devant la prolifération de « Théories de la Terre. » Ces systèmes
explicatifs présentaient alors la vie comme le résultat d'une génération
spontanée ayant eu lieu au sein d'un Océan primitif où toutes les
substances minérales se trouvaient en suspension.[8]
La « Physique terrestre » élaborée par Lamarck entre 1799 et 1800 constitue
donc aux yeux de son inventeur la solution au problème qu'il se posait
jusque-là. Cette physique devient en effet capable de préserver le statut
particulier de la vie - seule force responsable de la production de
molécules complexes - tout en admettant la génération spontanée et la
transformation des organismes dans le temps. Ces transformations font suite
à des changements permanents de l'atmosphère et de la surface terrestres,
des changements qui eux-mêmes font l'objet de recherches de la part de
Lamarck en météorologie et en hydrogéologie. Enfin, dans ce cadre et en
dernière instance, le mouvement devient responsable de toute forme
d'agrégation et de composition chimique. A la surface de la Terre, l'action
du feu, l'élément le plus actif de la théorie lamarckienne de la matière,
assure une production constante de mouvement. Ainsi, par exemple, le seul
fait que la Terre tourne autour de son axe toutes les vingt-quatre heures,
et présente tour à tour au soleil des zones diverses de son atmosphère et
de sa surface, produit des phénomènes d'expansion et de condensation des
masses gazeuses l'entourant, et donc du mouvement. Les forces physiques
générées par le mouvement de la Terre deviennent responsables de la
translation des bassins de l'océan autour de la surface du globe ; l'action
des agents et mouvements atmosphériques (pluies, neige et donc rivières,
vents, etc.) entaille la surface des terres émergées, où la vie accumule
sans cesse des masses énormes de débris organiques. D'autres formes de
l'élément feu, telles que la chaleur, l'électricité ou le magnétisme, sont
présentes partout à la surface de la Terre. Or, la théorie de la génération
spontanée élaborée par Lamarck prévoit que la production de formes de vie
est constante partout où des globules de matériaux maintenues ensemble
peuvent englober une molécule de gaz ou d'air. L'action de la chaleur - un
fluide impossible à contenir et qui traverse tous les corps - peut alors
engendrer un mouvement d'expansion de l'air ou du gaz contenu dans
la molécule, et réciproquement, la diminution de la température peut
provoquer une contraction du même fluide. En d'autres termes, on a ici la
production d'un mouvement susceptible, dans certains cas, de favoriser la
production de nouveaux composés, d'instaurer un mouvement vital capable de
combiner des molécules de plus en plus complexes. C'est la raison pour
laquelle Lamarck peut affirmer que la génération spontanée est un phénomène
quotidien dans des lieux et sous des conditions appropriés. Il affirme
aussi que, très rarement, une génération spontanée est capable « d'aller
plus loin » et de donner naissance à un organisme capable de se
reproduire et de se perpétuer : autrement dit, il est impossible d'obtenir
des composées chimiques nouveaux car ceux-ci ne sont capables de se
maintenir que dans des conditions