Axe 1 - GRESCO ? Poitiers

(Jean-Paul Géhin, Laurent Willemez). ..... Pour ce faire, il faut allier l'analyse
historique, l'observation ethnographique et l'examen statistique de cette
profession.

Part of the document


Axe 1
Processus d'apprentissage et inégalités sociales Les questions d'apprentissages, d'éducation et de formation constitueront
le premier des axes structurants de la politique scientifique du
laboratoire dans le cadre du prochain contrat quadriennal 2008-2011.
Envisagées dans leurs rapports mutuels (apprentissages et éducation,
apprentissages et formation, éducation et formation), ces questions sont
abordées tant dans leurs dimensions scolaires (pratiques scolaires
d'apprentissage, inégalités d'accès aux savoirs, difficultés de
scolarisation, pratiques de remédiations institutionnelles, pratiques
d'orientations), que du point de vue des parcours professionnels (Insertion
et réinsertion dans la vie active, reconversion professionnelle, formation
tout au long de la vie, validation des acquis). De par l'importance qui est la sienne aussi bien dans la définition des
destinées sociales des individus que dans la détermination des attributs
symboliques de la personne, l'école, et à travers elle les pratiques
d'apprentissages scolaires et les inégalités d'accès aux savoirs, occupe
une place de choix dans l'étude des rapports sociaux, des conflits de
socialisation, des difficultés d'acculturation aux logiques
institutionnelles et d'abord scolaires, des processus constitutifs d'une
individualité positive ou négative. Par exemple, si la question des
rapports socialement différenciés à la culture légitime dans la production
des inégalités sociales a été largement travaillée par la sociologie, le
fait de savoir comment ces rapports différenciés se retrouvent concrètement
dans les modalités d'apprentissages et d'appropriation des savoirs
scolaires mises en ?uvre par les élèves, notamment par les élèves en
difficulté, reste encore en sociologie un champ d'études largement à
explorer qui structure la problématique des recherches. De même, il convient de mieux saisir les conditions de possibilité,
notamment en termes d'apprentissages sociaux, des parcours d'insertion
d'individus ayant connu un parcours scolaire chaotique (ruptures scolaires,
sorties sans qualification, etc.). Si l'école et les différentes prises en
charges institutionnelles de la difficulté scolaire ont toute leur
importance dans la saisie des conditions de ces parcours, elle ne constitue
cependant qu'un moment dans le processus de socialisation des individus et
ne dispose pas du monopole des apprentissages. C'est pourquoi, l'optique de
saisir les conditions des parcours tient aussi compte des formes
d'apprentissages sociaux non-scolaires qui, réalisées aux différents âges
de la vie sous des formes diversifiées, relaient, contrebalancent voire
concurrencent la socialisation scolaire. La prise en compte des modalités différenciées d'acquisition des savoirs,
passe en particulier par l'analyse précise des savoirs acquis dans
l'exercice du travail concret et des activités professionnelles mais aussi
ceux liés à l'expérience sociale dans le quotidien, le bénévolat ou
l'engagement dans la vie publique. Se posent alors les questions encore peu
explorées de la reconnaissance sociale de ces savoirs (en termes de
compétences, de qualification...), de leur validation et de leur
certification, entre autres par les institutions scolaires. Ce sont ainsi les tensions et les dissonances, parfois les oppositions,
entre des modes d'apprentissage (et au-delà de socialisation) différents et
inégalement institués (et à travers eux entre des individus et des groupes
sociaux différents), dans le cadre desquels se jouent et se rejouent
rapports de domination et inégalités sociales entre les groupes et les
individus sociaux, qui sont l'objet ici de l'analyse sociologique. Ce premier axe s'organise pour l'essentiel en trois grandes orientations
de recherche. La première orientation s'intéresse aux cursus longs des
individus, articulant parcours scolaires, d'insertion ou de réinsertion, de
remédiation institutionnelle... La seconde orientation se centre sur les
parcours de formation au cours de la vie active, interrogeant ainsi les
politiques des entreprises, souvent orientées par une volonté de diffuser
la « logique de la compétence ». Enfin, la troisième orientation analyse
plus directement le processus même d'acquisition et d'usage des savoirs,
les apprentissages étant appréhendés par les recherches dans leurs
dimensions sociales et cognitives, et leurs effets en termes de
socialisation des individus.
1.1. Parcours scolaires et parcours d'insertion De la famille à l'école, de l'école à l'emploi, de l'emploi à la
formation, au chômage ou à la reconversion professionnelle, la question des
apprentissages se trouve au fondement d'interrogations sur les logiques
sociales et les conditions de possibilité des parcours des individus et des
groupes, de leurs affiliations institutionnelles, de leurs dispositions
sociales, de leurs prises de position : qu'il s'agisse de la compréhension
des mécanismes de l'échec, de la réussite ou de l'orientation scolaires ;
qu'il s'agisse des formes d'insertion dans la vie active et de trajectoires
professionnelles (y compris de parcours de précarité sociale et
économique) ; qu'il s'agisse des processus de redéfinition des cycles de
vie entre formation et emploi. Les recherches inscrites dans cet axe ont
ainsi comme premier objectif d'affiner la connaissance de ces processus
sociaux, notamment à travers la saisie des itinéraires de jeunes ayant
connu des formes d'exclusion scolaire (sortie précoce, rupture scolaire,
échec scolaire..), et de la place, dans ces itinéraires de disqualification
et/ou d'insertion sociale et professionnelle, des différentes formes
d'apprentissage.
1.1.1. « Exclusions » scolaires, itinéraires de vie et diversité des
apprentissages. Cette thématique, inscrite dans la continuité de travaux de recherches
déjà conduits par nombre de membres du laboratoire (Bertrand Geay, Jean-
Paul Géhin, Marie-Hélène Jacques, Yvon Lamy, Mathias Millet, Frédéric
Neyrat, Laurent Willemez), regroupe plusieurs projets de recherche à venir,
articulés dans le cadre d'un CPER 2007-2013. Son principal objectif est de
mieux saisir les conditions de possibilité, notamment en termes
d'apprentissages sociaux, des parcours d'insertion (ou de disqualification)
d'individus ayant connu un parcours scolaire chaotique (ruptures scolaires,
sorties sans qualification, etc.). On connaît l'importance de la réussite
scolaire, en termes de diplômes obtenus comme de niveau de sortie, dans les
cursus professionnels. Même si l'effet diplôme dans les itinéraires de vie
est particulièrement marqué en France, il n'est ni mécanique, ni
systématique. Ainsi, le fait de connaître des difficultés scolaires et une
sortie précoce de l'école ne conduit pas systématiquement à des cursus
postérieurs d'exclusion et de disqualification sociales. Parce qu'il concerne tous les âges de la vie et (s')opèrent tout au long
de l'existence sociale, les apprentissages sont constitutifs de l'analyse
des parcours des agents sociaux aux différents moments de leur carrière
sociale. Les apprentissages et les savoirs sociaux qui les sous-tendent
peuvent ainsi être envisagés comme des processus par lesquels les liens
sociaux se font, se défont, se refont, et donc se font autrement, au cours
des parcours et de l'inscription de ces derniers dans les différentes
sphères de l'existence sociale. L'objectif est ainsi de rendre compte et
d'analyser dans leur globalité, l'ensemble de ces processus sociaux
d'apprentissage, à partir de la reconstitution de carrières individuelles,
en mettant l'accent sur les formes de complémentarité et de contradiction
entre les différentes formes d'apprentissages. Il s'agit ainsi d'affiner la connaissance des itinéraires d'entrée dans
la vie active des jeunes ayant connu des formes d'exclusion scolaire
(sortie précoce, rupture scolaire, échec scolaire..), en mettant l'accent
sur les différentes modalités d'apprentissage, leur place et leur
articulation dans l'orientation des cursus individuels, allant de la
disqualification à l'insertion sociale et professionnelle. Pour ce faire on
reconstituera, notamment, des itinéraires longs (10 à 15 ans) à partir
d'une approche qualitative (entretiens approfondis à plusieurs moments) et
de type ethnographique (prise en compte de l'environnement et des réseaux
sociaux ; par exemple, étude des représentations des élèves en difficulté
scolaire, en particulier chez les jeunes enseignants, les plus exposés. L'une des préoccupations méthodologiques centrales est d'articuler les
analyses qualitatives produites dans le cadre de cette action aux approches
plus quantitatives, en particulier celles du CEREQ : analyse critique des
données existantes en matière d'insertion et de cheminement professionnel ;
constitution du panel de jeunes suivis à partir des données statistiques
existantes ; utilisation de l'approche qualitative pour compléter et
améliorer le recueil statistique... La recherche se déroulera sur la durée totale du CPER (2007- 2013) et
visera à rendre compte et à analyser dans leur globalité, l'ensemble des
processus sociaux d'apprentissage, à partir de la reconstitution de
carrières individuelles, en mettant l'accent sur les formes de
complémentarité et de contradiction entre les différentes formes
d'apprentissages. Pour ce faire, le suivi d'un panel de jeunes ayant quitté
l'école une a