Ce que disait la flamme... - Rachel
Thème obsidional fauteur d'une tension morbide à l'échéance de feu, à quoi .....
Moins de chauffards, tricheurs et fraudeurs (impôts... examens... règlements),
moins ...... mais à la maçonnerie : « Placée à une hauteur inégale sur la même
échelle, ...... cinquante ans, toutes les couronnes d'Europe sont en pleine
ascension.
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Hector Bernier
Ce que disait la flamme...
BeQ
Hector Bernier Ce que disait la flamme...
roman La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Littérature québécoise
Volume 225 : version 1.0
Du même auteur, à la Bibliothèque : Au large de l'écueil
Né le 12 juillet 1886 à Saint-Michel de Bellechasse où son père, Camille
Bernier, était pilote sur le Saint-Laurent, Hector Bernier devint avocat.
Passionné de littérature, il participa activement au premier congrès de la
langue française à Québec, en 1912, dont il fut un des secrétaires et il a
écrit et publié coup sur coup, deux romans à cette époque : Au large de
l'écueil et Ce que disait la flamme. Il est décédé en 1947. (Madeleine
Ducrocq-Poirier, Le Roman canadien de langue française)
Ce que disait la flamme... Édition de référence : Québec, Imprimerie de « L'Événement », 1913. À la jeunesse de ma race, avec le meilleur de mon c?ur et de ma foi, humblement, H. B.
Préface
De tous les genres de littérature cultivés au Canada, c'est celui de la
fiction qui rapporte le moins. Aussi, faut-il avoir le culte des lettres
poussé jusqu'à la passion pour s'y livrer. À vrai dire, il n'y a que dans
le journalisme qu'on ait réussi à vivre chez nous la plume à la main. Et
encore, si l'annonce ne venait pas à la rescousse, la pauvrette aurait une
existence bien précaire. L'histoire vit plus longtemps que le roman sans payer davantage, non à
cause de sa valeur supérieure au point de vue du style mais il se trouve,
d'une génération à l'autre, un petit nombre d'individus disposés à
s'instruire sur les choses de leur pays, et c'est ce qui assure à
l'histoire une certaine pérennité. Il est dans la destinée du roman
canadien de lutter contre un ennemi formidable : l'?uvre des Balzac, des
Daudet, des Bourget et autres... La vogue de nos romans s'est montrée, pour
cette raison, bien transitoire. Qui demande encore, à la Bibliothèque du
Parlement, Charles Guérin, L'Intendant Bigot, Le Chevalier de Mornac,
?uvres de valeur assurément. Ils ne sont guère recherchés que par les
bibliophiles et les bouquinistes, en général plus familiers avec les titres
de leurs trésors qu'avec le fond. Le roman canadien le plus lu est encore
Les anciens Canadiens de M. de Gaspé. Cette ?uvre du vieux conteur conserve
un grand attrait, grâce à ses reflets d'histoire de notre pays qui lui
prêtent leur charme. Certains qui ne sont pas du métier prétendent qu'un écrivain devrait se
contenter, pour prix de son effort, de la gloire que procurent les lettres.
Il faut bien souvent se résigner au Canada à cette compensation. Cependant,
n'est-on pas fondé à répondre comme l'autre : travailler pour acquérir une
renommée flatteuse, ça m'irait très bien, s'il ne fallait pas payer mon
dîner trois cent soixante-cinq fois par année. Il convient donc de marquer un bon point aux Canadiens qui se livrent à
la littérature d'imagination, comme M. Hector Bernier qui, malgré sa
jeunesse, vient de signer de son nom un deuxième volume. Et il faut qu'il
ait une vocation littéraire sincère pour revenir devant le public après
l'abattage auquel avait donné lieu son début : Au large de l'écueil. Par
contre, plusieurs littérateurs de Montréal et de Québec ont encouragé son
effort. Y a-t-il eu, dans ce conflit d'appréciations, excès de part et
d'autre ? Entre la critique outrancière et les guirlandes de roses passées au cou
du jeune auteur, c'est l'avenir qui décidera... Le malheur est que, dans
ces sortes de partages de voix discordantes, les jeunes écrivains sont
portés à écouter celles qui flattent le plus. Nous ne pouvons faire ce
reproche à Hector Bernier qui a beaucoup travaillé ce second volume. Ce qui demeure tout à l'honneur de M. Bernier, c'est la haute
inspiration qui, comme une brise tonifiante, souffle à travers son ?uvre.
C'est quelque chose, c'est même beaucoup au regard de la pourriture que
sert trop souvent au public le roman du jour, pour la plus grande
délectation d'un trop grand nombre de lecteurs à la recherche de viande
creuse ou malsaine. Dans son dernier roman, M. Bernier engage la jeunesse canadienne à
cultiver, à développer dans son âme l'amour de notre race. Telle est la
pensée maîtresse de : Ce que disait la flamme. Monsieur Bernier y invoque
la renaissance de l'orgueil national chez les jeunes Canadiens, avec un
louable enthousiasme... En suivant le développement de la fiction de M. Bernier, on ressent
l'ardente sincérité qui l'anime dans la poursuite de son rêve d'un
relèvement patriotique. Le c?ur de la jeunesse canadienne devrait
s'aimanter vers le pôle magnétique de la patrie et tout son effort tendre à
la rendre glorieuse et prospère. Que de nobles choses lui sourient alors au
travers des ombres vaporeuses et dorées d'un avenir qu'on voudrait
prochain ! Il faudrait des sacrifices pour donner corps à ces grandes
conceptions. Qu'importe, la jeunesse n'est-elle pas appelée, par la
générosité de ses sentiments, à la hauteur des plus sublimes réalisations ? Les considérations psychologiques abondent dans le récit de M. Bernier.
Il faut lui savoir gré de ne pas trop appuyer ici et de suggérer les
conclusions au lieu de les exposer longuement. Toute son affabulation
s'amène dans un style pénétré de lumière et de couleurs. Amiel s'est un
jour avisé de formuler un axiome, sujet depuis de bien des gloses : « Un
paysage est un état de l'âme ». Comprenez par cette phrase de l'écrivain
genevois que la nature paraît belle ou laide selon l'état de votre esprit.
La vision est la résultante de la subjectivité. « Ô montagnes odieuses ! »
clamait Victor Hugo après la mort de sa fille. « Superbes collines ! »
chantait un autre poète au bras de sa fiancée. Monsieur Bernier applique la
formule d'Amiel sans la connaître probablement : selon que la vie est douce
ou cruelle à ses personnages, il choisit un cadre en harmonie avec leurs
émotions. Et quel plus merveilleux décor que Québec où la scène se passe.
Plusieurs pages au cours du récit ont arrêté et retenu notre attention,
notamment celle où Jean Fontaine, tente de ramener sa s?ur à une conception
élevée de la vie. C'est là un morceau d'une belle tenue littéraire,
fortement pensé et qui touche parfois à la haute éloquence. Par malheur, il
plaira plus au lecteur qu'il n'a touché l'héroïne du roman. Il est quelques
jeunes filles trop uniquement intéressées par les calculs émotionnants du
bridge et les hallucinations du tango. Yvonne Fontaine l'une d'elles,
trouve bien plus en harmonie avec ses sentiments certaines banalités
amoureuses que les appels de Jean. À remarquer aussi la démonstration émue où M. Bernier rappelle
l'importance pour la race canadienne de travailler au rapprochement des
riches et des pauvres afin de prévenir par ce moyen la lutte funeste des
classes, source de tant de misère en Europe. L'?uvre de M. Bernier comptera dans les lettres canadiennes. On sort de
cette lecture réconforté et sous le charme d'une impression salutaire. Le
roman n'est pas sans certains défauts sur lesquels il ne convient pas
d'insister, car ils viennent de l'exubérance, de la jeunesse et se
corrigeront avec le temps. « Non offendar parvis maculis ». Maintenant qu'il a jeté d'une façon brillante son nom au vent de la
renommée, qu'il s'arrête un temps pour se livrer à l'étude des classiques,
qu'il se défie de la production trop facile. Il y a chez notre jeune ami
l'étoffe d'un écrivain, et, s'il suit nos conseils, les qualités que
révèlent ses premiers romans s'affirmeront avec éclat.
A. D. Decelles.
I Au bas des cimes
Jean Fontaine, il y a peu de jours, a reçu le diplôme étiqueté d'un
sceau d'or et paraphé d'autographes solennels, Jean Fontaine est médecin.
Éprouve-t-il cet épanouissement de tout lui-même qu'il attendait, cette
joie d'un homme nouveau, plus fort, enrichi d'une personnalité plus large
et moins dépendante ? Sans doute, il a connu l'exultation virile de celui
qui triomphe, une vague de fierté chaude a submergé son c?ur. Mais
l'enthousiasme, comme s'épuisant lui-même à force d'être intense tout
d'abord, s'est affaibli jusqu'à ne plus faire jaillir en l'âme du jeune
homme que des étincelles rares et fugitives. C'est que l'on est tôt
rassasié d'un bonheur qu'on ne s'était pas lassé de convoiter longuement.
Il faut sans cesse à l'énergie du mirage à l'horizon : le souvenir n'est
qu'un incident, l'espérance est la vie même. Aussi, dès que Jean eut fini
de parcourir triomphalement les dédales de l'examen jalonné d'obstacles,
une impression obscure de vide s'était mêlée à son orgueil. Il avait eu il
ne sait quel chagrin profond de ne pouvoir plus espérer ce qu'il venait
d'obtenir. Conscient que toutes ces cho