VIII - Quelques séances chez Léon Denis. - ALLAN KARDEC

Cet examen m'a fait retrouver très accusés en moi les principaux types .... tout le
prix, mais seule une occasion fortuite pouvait le mettre sur ce sujet. ... de la ville
je vis à l'étalage d'un libraire Le Livre des Esprits, d'Allan Kardec. ...... daté du 13
avril 1894, et adresse par Lady Caithness, duchesse de Pomar, à Léon Denis :.

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BIBLIOTHEQUE DE PHILOSOPHIE SPIRITUALISTE MODERNE ET DES SCIENCES
PSYCHIQUES
________ CLAIRE BAUMARD ________
LEON DENIS INTIME Préface de
Sir Arthur CONAN DOYLE
[pic] La mort doit cesser d'être un
objet d'épouvante, car derrière elle
nous voyons l'ascension vers la
lumière.
Léon DENIS. (Le Génie Celtique et le Monde
Invisible). _______
NOUVELLE EDITION CONFORME A L'EDITION DE 1929 UNION SPIRITE FRANÇAISE ET FRANCOPHONE
Je dédie ces pages A LA MEMOIRE DE LEON DENIS LE MAITRE VENERE AUQUEL JE DOIS UNE JUSTE COMPREHENSION DE LA VIE ET DE LA MORT. PREFACE
Je considère comme un honneur de répondre à la demande qui m'est faite de
préfacer par quelques lignes ces souvenirs intimes sur le regretté Léon
Denis.
Je serai bref car j'ai peu connu Léon Denis et ne l'ai rencontré que
rarement, pourtant je dois dire en toute sincérité que peu d'hommes ont
produit, en un si court laps de temps, une plus vive impression sur mon
esprit. Je revois encore très nettement sa solide et forte carrure, son air
majestueux et sa tête léonine qui rappelaient ces vieux prêtres celtiques
ou ces guerriers primitifs, figures marquantes d'un temps révolu qu'il
aimait à évoquer. Fier mais bienveillant, impétueux mais sage, émotif mais
réfléchi, telles étaient les qualités si différentes que je discernais sur
ce remarquable visage.
Comme écrivain, il m'émeut profondément. Je parle imparfaitement le
français mais je le lis fréquemment car j'estime que la littérature
française est la première du monde. Je ne prétends pas m'ériger en critique
d'une telle littérature, mais à mon avis la prose de Léon Denis, si
vigoureuse et expressive, si élégante dans sa forme, quoique si lourde de
pensées, est d'un style absolument parfait. Elle allie à la richesse des
connaissances une philosophie très précise et définie.
Sa Jeanne d'Arc médium m'a captivé au point que j'ai passé deux mois à
m'efforcer de transposer son inspiration en notre langue, mais la magique
clarté de Léon Denis n'est pas aisément traduisible. C'est ainsi que j'ai
pris la liberté d'en changer le titre, pourtant d'une si courageuse
franchise, en Le Mystère de Jeanne d'Arc. Il m'a paru opportun de ne pas
risquer en heurtant le parti pris des profanes, de les rebuter et de les
priver ainsi de la lecture d'un chef-d'oeuvre. Ni Anatole France, ni
Bernard Shaw n'ont émis comme Léon Denis une si concluante, si réelle
appréciation de cette merveilleuse héroïne. Il donne en ce livre la seule
explication plausible du fait le plus prodigieux de l'histoire.
Quant à l'étude des origines celtiques et de leur importance ethnique, mes
connaissances ethnologiques ne sont pas suffisantes pour en apprécier la
valeur, mais je suis sûr que jamais le sujet n'a été traité avec plus de
charme.
Maintenant, je m'efface pour laisser le lecteur s'initier plus intimement à
l'histoire terrestre de cet homme supérieur, histoire écrite par celle qui
a eu des occasions si exceptionnelles de le connaître et de le comprendre. Arthur CONAN DOYLE. 12 Juillet 1929. Bignell Wood, Minstead, LyndHurst. INTRODUCTION
Les ouvrages de Léon Denis me révélèrent la doctrine spirite. Jamais aucune
philosophie ne m'avait procuré une impression de joie aussi intense, ce fut
un éblouissement. L'étude en est particulièrement captivante lorsque le
mystère de la mort s'impose à l'esprit accablé par la tristesse de deuils
successifs, mystère sur lequel aucune religion occidentale n'a jeté de
clartés. On y trouve un véritable trésor spirituel, la certitude des
espérances religieuses, celle d'une survie consciente étayée de preuves
certaines.
D'emblée, j'avais fait mienne la théorie réincarnationiste, elle ne me
paraissait pas nouvelle et semblait réveiller en moi des connaissances déjà
acquises. J'avais l'intuition d'avoir jadis parcouru les sentiers où nous
conduit le Maître.
Quelque temps après avoir lu l'oeuvre de Léon Denis, j'appris que l'apôtre
du spiritisme habitait Tours. Cependant, je laissai s'écouler quelques
années avant d'oser aller vers lui. Un jour le hasard - est-ce bien le
hasard ? - mit sous mes yeux un journal de la localité où était annoncé le
décès d'un M. Léon Denis. Cette nouvelle fut pour moi une source de regrets
et de remords. Je me renseignai, c'était un homonyme !
Sans plus différer, j'allai frapper à la porte du Maître[1], l'accueil
qu'il me fit, empreint d'une bienveillante cordialité, me toucha
profondément. Il eut la bonté de me rendre ma visite, c'est-à-dire qu'il
noua lui-même le noeud qui par la suite devait se resserrer.
A la fin de la guerre, Mlle Camille Chaise, réfugiée rémoise, secrétaire du
Maître, devant quitter Tours, il la pria de me demander de la remplacer.
J'acceptai avec empressement. Ma collaboration au travail de l'écrivain
spirite ne devait finir qu'à sa mort. C'est donc l'époque de sa pleine
maturité que je décrirai particulièrement ici.
Le temps amenant la confiance, notre intimité grandit et Léon Denis prit
l'habitude de penser tout haut en ma présence : il me faisait part de ses
sentiments et de ses jugements sur les choses et les gens.
Maintenant que le Maître vénéré de tous a été «rappelé à l'espace»[2], un
devoir s'impose à nous, celui de retracer cette belle et noble figure
d'apôtre et de rendre durable son souvenir. La publicité donnée à ces pages
n'a qu'un but : faire mieux connaître le grand écrivain français qui voua
entièrement sa vie à la cause du spiritisme, cause qu'il a défendue
vaillamment et propagée durant cinquante ans avec une ardeur jamais
démentie.
O Dieu, nous te demandons que Léon Denis devienne «vivant» aux yeux de ses
nombreux amis, connus et inconnus, particulièrement auprès des innombrables
correspondants qu'il a consolés. Moins privilégiés que nous, ils n'ont pas
eu la joie de l'approcher, d'entendre sa voix et de bénéficier de son
enseignement oral, que du moins sa mémoire soit pieusement conservée dans
leur coeur comme elle l'est dans le nôtre !
Saint-Cyr-sur-Loire,
le 12 Octobre 1927. PREMIERE PARTIE
I.
-
L'homme, sa demeure.
Malgré les années écoulées je garde très vivace le souvenir du jour où
j'entrai en fonctions chez l'auteur d'Après la Mort. Comme elle me paraît
proche encore cette journée du 2 novembre 1918 où, le coeur gonflé d'une
joyeuse émotion, je pris place à sa table de travail ! Il m'avait
accueillie par cette parole affable : «Ici, vous êtes chez vous,
Mademoiselle». Ma voix tout d'abord tremblante, s'était peu à peu raffermie
et ce fut d'un ton presque naturel que je fis ma première lecture au
philosophe. Le début de mon secrétariat restera toujours lié à
l'armistice ! Il était cinq heures, je venais de quitter l'écrivain,
soudain je restai clouée dans la cour sous l'empire d'un grand saisissement
: les cloches de la cathédrale sonnaient à toute volée ! Je n'hésitai pas
une seconde et, remontant les deux étages en courant, je fis irruption dans
l'appartement en disant : «Ouvrez la fenêtre très grande, Maître, pour
mieux entendre les cloches !» Il se précipita vers la croisée, l'ouvrit,
les vibrations sonores emplirent la pièce et il fut en proie à une vive
émotion.
Ayant vu de très près Léon Denis durant dix-huit ans, je l'ai connu sous
deux aspects différents. La période de guerre opéra chez lui un grand
changement physique ; sa barbe grise et drue lui donnait l'aspect d'un
patriarche, la physionomie avait acquis une majesté, comme un rayonnement.
C'était un homme de taille moyenne, mince mais de large carrure. La tête
forte, enfoncée dans les épaules, donnait une impression de combativité ;
le front était magnifique d'ampleur, le nez, mince aux attaches,
s'élargissait aux ailes et surmontait une bouche au dessin délicat que
couvrait une forte moustache ; les yeux d'un bleu gris très pâle étaient
profondément rentrés sous l'arcade sourcilière, dont la proéminence les
voilait à demi. Que d'expressions diverses pouvaient prendre les yeux du
Maître ; bien que voilés hélas ! par une cécité presque complète, ils
étaient d'une mobilité surprenante, tantôt doux, pétillants d'esprit,
parfois tristes jusqu'aux larmes. Ils pouvaient aussi se faire durs,
tranchants comme l'acier. Un visiteur mis pour la première fois en présence
du philosophe, sentait tomber sur lui un regard aigu qui l'interloquait un
peu, regard que l'on eût pu comparer à la sonde jetée à la mer par le marin
qui veut en mesurer le fond. Mais après quelques instants d'entretien ce
regard s'adoucissait et faisait oublier sa dureté première. En un mot
l'être physique de Léon Denis révélait un penseur, un chef, un conducteur
d'hommes.
Il existe un portrait du Maître, alors jeune, pastel en forme de médaillon,
on retrouve les traits de l'octogénaire dans cette grave physionomie de
vingt ans. Les yeux ont le même regard captivant, incisif, scrutateur !
L'enfance et la jeunesse de l'écrivain furent laborieuses et précaires[3].
Est-ce la raison pour laquelle, dans le portrait, les yeux du jeune homme
ne reflètent pas la gaîté qu'avaient parfois ceux du vieillard ? Bien
superficiels sont ceux qui pr