ressources humaines et territoires ruraux - Hal-SHS
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RESSOURCES HUMAINES ET TERRITOIRES RURAUX
Communication au colloque "Héritages et trajectoires rurales en Europe"
Montpellier, 6 et 7 septembre 2007
Françoise DAUTY, Ingénieur de Recherche CNRS, LIRHE, Toulouse 1
Gabriel TAHAR, Directeur de Recherche CNRS, LIRHE, Toulouse 1
Michel VERNIERES, Professeur émérite, MATISSE, Paris 1 Cette communication, qui s'appuie sur un travail collectif en cours,
s'efforce de préciser le cadre méthodologique, tant quantitatif que
qualitatif, de l'analyse du rôle des ressources humaines disponibles pour
le développement des territoires ruraux.
L'hypothèse centrale de ce travail collectif est que la dotation en
ressources naturelles et même en capital physique des territoires ruraux
n'apparaît pas comme le premier ressort de leur développement. Celui-ci est
essentiellement fonction de leur capacité à innover socialement et
économiquement, à mobiliser les ressources humaines dont ils disposent et à
en attirer de nouvelles. L'impulsion initiale peut être issue
d'entrepreneurs, d'associations ou d'autorités politiques locales. Mais,
dans tous les cas, c'est la capacité collective d'un grand nombre
d'acteurs divers à constituer des réseaux, à agir en partenariat, qui est
au c?ur du développement rural.
Les dynamiques en ?uvre sont en premier lieu démographiques: au-delà
de l'effet évident des migrations sur l'offre de travail, c'est l'effet sur
la demande locale de biens et services, la structure locale de production
et d'échanges et les emplois induits qu'il faut évaluer. Il s'agit dès lors
d'étudier les activités résidentielles, essentiellement les services, tant
privés que publics, destinés aux ménages, qui représentent environ la
moitié des emplois des zones rurales. La place relative de ce caractère
résidentiel dans un territoire rural apparaît donc comme un élément
essentiel pour le caractériser et pour analyser son développement passé et
à venir. Est donc décisive la capacité des territoires ruraux à attirer des
revenus résidentiels. Ceux-ci proviennent soit de l'installation de
personnes dont les ressources sont acquises ailleurs que dans la zone, soit
de la présence temporaire de touristes ou résidents secondaires. Ces
revenus génèrent, conformément à la théorie dite de la base, des activités
de services aux personnes. L'analyse doit donc porter en priorité sur ces
revenus et activités et pas seulement sur les dynamiques industrielles et
agricoles plus traditionnellement étudiées.
Dans une économie basée sur la connaissance et dans un contexte
général de tendance à l'arrêt du déclin démographique séculaire de l'espace
rural, il est essentiel d'identifier les qualifications de ses résidents,
tout particulièrement des nouveaux arrivants. La présence de personnes
qualifiées, actives ou non, permet plus facilement de s'appuyer sur des
réseaux extérieurs au territoire rural. Elle est également un élément
favorable à la création de réseaux et institutions localisés, propres au
territoire rural considéré. Car un territoire est un construit social où
les regroupements d'acteurs, les groupes et réseaux qu'ils constituent
jouent un rôle décisif pour son développement économique et social.
C'est pour tenter, par l'étude de territoires particuliers[1],
d'expliciter ces hypothèses que la démarche méthodologique, adoptée dans le
travail en cours évoqué ci-dessus, est présentée en trois étapes. En un
premier temps, sont identifiées les ressources en main d'?uvre dont dispose
le territoire considéré et les modalités de leur affectation par le marché
du travail (section 1). En second lieu, cette approche des ressources
humaines est étendue à l'ensemble de la population résidente, active comme
inactive, en mettant tout particulièrement l'accent sur l'apport des
nouveaux arrivants (section 2). Une troisième étape porte sur l'analyse des
diverses catégories d'acteurs, de leurs forces relatives, des réseaux
qu'ils constituent et des conditions d'une valorisation, par eux, du
patrimoine territorial (section 3).
Section 1. Les ressources en travail des territoires ruraux
L'analyse du fonctionnement des marchés locaux du travail suggère
qu'il existe d'importantes spécificités dans les marchés du travail ruraux:
densité de population plus faible, prégnance de la sphère agricole et agro-
alimentaire, fonction résidentielle qui s'affirme (avec des phénomènes
d'induction d'activités tertiaires), part de l'emploi national faible eu
égard à leur poids démographique, migrations négative des jeunes et
positive des seniors, notamment. Ces spécificités sont de nature à rendre
particulière, par rapport à un contexte urbain, l'appariement de la demande
et de l'offre de travail car les entreprises et les travailleurs y sont en
général davantage dispersés dans l'ensemble des qualifications et des
spécialisations des emplois. En outre, les modes de mise en relation de
l'offre et de la demande de travail ne sont vraisemblablement pas les mêmes
dans les agglomérations urbaines et dans les zones rurales.
1.1. La spécificité rurale des ressources en travail La définition du rural retenue est celle proposée par l'INSEE et
l'INRA:
- Espace à dominante urbaine (214 habitants/km², 18030 communes, 82% de la
population, 56,3% de taux d'activité global): aires urbaines (pôles urbains
et couronnes périurbaines), communes multipolarisées;
- Espace à dominante rurale (33 habitants/km², 18535 communes, 18% de la
population, 50,2% de taux d'activité global): aires d'emploi de l'espace
rural (pôles d'emploi de l'espace rural, couronnes des pôles d'emploi de
l'espace rural), autres communes de l'espace à dominante rurale.
Pour l'ensemble de l'espace rural ainsi défini, quelques traits
spécifiques apparaissent (cf. tableau 1). Les actifs sont relativement
moins nombreux dans le rural (-3 points par rapport à la moyenne de la
France) du fait notamment de la plus forte proportion de plus de 50 ans (+6
points) et de la plus faible proportion des 15-24 ans (-2 points). On note
également moins de jeunes en formation et un taux de chômage un peu plus
faible. Avec les agriculteurs évidemment, les artisans-commerçants (+3
points) et les ouvriers (+8 points) sont surreprésentés tandis que les
cadres (-8 points), les professions intermédiaires (-6 points) et à un
degré moindre les employés (-2 points) le sont moins. On retrouve cette
structure de qualification dans la distribution des diplômes: sous
représentation du supérieur (de 1 à 3 points selon les cycles) et du bac
général (avec quasi égalité pour les bac technologique et professionnel),
surreprésentation du secondaire.
Tableau 1 : Dotation en ressources humaines (France entière) |Catégorie d'espace |zones rurales |ensemble |
|Population (en %): | | |
|Totale |21,27 (10478297)|100 (49258574) |
|Actif occupé | |49,13 |
|Chômeur PSERE |46,33 |5,56 |
|Autre chômeur BIT |4,58 |2,50 |
|Etudiant, élève, stagiaire en |2,03 |9,92 |
|formation |8,30 |35,14 |
|Autres inactifs |40 ,59 | |
| | | |
|Emploi (en %): | |2,57 |
|Agriculteurs exploitants |8,60 |5,90 |
|Artisans, commerçants, chefs |8,13 |13,14 |
|d'entreprise |5,54 |22,43 |
|Cadres, professions intellectuelles |16,67 |29,28 |
|supérieures |27,07 |26,68 |
|Professions intermédiaires |33,99 | |
|Employés | | |
|ouvriers | |15,89 |
| |14,05 |42,48 |
|Tranches d'âge (en %): |38,67 |41,63 |
|15-24 |47,28 | |
|25-49 | | |
|50 et + | |6,79 |
| |3,04 |2,46 |
|Formation (en %): |0,98 |1,50 |
|2e et 3e cycle universitaire |0,88 |5,16 |
|Ecoles niveau licence et + |3,56 |1,70 |
|1er cycle universitaire |1,11 |7,82 |
|BTS, DUT |5,79 |6,35 |
|Paramédical et social |6,00 |21,47 |
|Bac général |24,13 |9,61 |
|Bac technologique et professionnel |9,65 |12,33 |
|CAP, BEP |16,26 |24,03 |
|Brevet des collèges |27,80 | |
|CEP | | |
|Sans diplôme | | |
Source: Enquête Emploi 2003 1.2. Les caractères spécifiques du marché du travail en zone rurale Les travaux de l'équipe ETIC menés à partir