Réponses à l'examen final - HEC Lausanne

... savoir les résultats de base mais aussi réfléchir de façon pragmatique !
Question 2. A partir de l'article attaché à cet examen (« The Rich Get Richer and
Poor ...

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Ecole des HEC
Université de Lausanne |Economie du développement
Semestre d'hiver 2003-2004
Prof. Olivier Cadot |Durée de l'examen :
2 heures
Sans documentation | | Réponses à l'examen final Toutes les questions ont le même poids (10%). S'il y en a une sur laquelle
vous bloquez, passez à la suivante. Même si vous n'êtes pas sûrs de votre
réponse, raisonnez clairement, c'est le plus important. Bonne chance !
Question 1
La composition du panier de consommation d'un ménage dépend de son niveau
de revenu. Dans ce panier, certains biens sont importés et donc frappés
d'un tarif douanier. Si la composition du panier varie avec le revenu, le
tarif moyen (c'est-à-dire la moyenne pondérée des tarifs appliqués sur tous
les biens importés dans le panier), varie lui aussi en fonction du revenu.
Supposez que l'on trace la courbe de ce tarif moyen en fonction du revenu
des ménages. La figure 1 ci-dessous montre cette courbe pour l'Ethiopie sur
la base des données d'une enquête de ménages menée en 1999/2000. 1. Sur la base de la figure 1, la structure tarifaire de l'Ethiopie est
elle favorable aux riches ou aux pauvres ? De la même façon, le panier de biens (agricoles, c'est le gros de la
production locale) produits par les ménages varie en fonction de leur
revenu. Par exemple, certaines récoltes peuvent nécessiter plus
d'équipement agricole et être ainsi réservées aux fermes les plus riches.
Certains de ces biens sont en même temps importés, quand la production
locale ne suffit pas à couvrir les besoins. Dans ce cas, le tarif qui leur
est appliqué protège les producteurs locaux. De la même façon que dans la
question précédente, si le panier de biens produits varie avec le revenu,
le tarif moyen appliqué aux mêmes biens à l'importation varie en fonction
du revenu. Supposez que l'on trace la courbe de ce tarif moyen en fonction
du revenu. La figure 2 ci-dessous montre cette courbe calculée à partir de
la même enquête que précédemment. 2. Sur la base de la figure 2, la structure tarifaire de l'Ethiopie est-
elle favorable aux riches ou aux pauvres ? 3. Suggérez une méthode pour réconcilier ces deux approches. La figure 3
montre le résultat d'une telle réconciliation. Qu'implique-t-elle en termes
de biais pro-riches ou pro-pauvres de la structure tarifaire éthiopienne ? 4. Sur la base de cette interprétation, une libéralisation commerciale peut-
elle contribuer à la réduction de la pauvreté ? (Relaxez ! Une seule chose
est sûre : vous avez faux. Essayez seulement d'expliquer pourquoi vous vous
trompez.) 5. Est-il possible de faire mieux que la libéralisation commerciale ? En
d'autre termes, peut-on trouver un tarif optimal pour les pauvres ? Ce
tarif est il nécessairement prohibitif sur les biens produits par les
pauvres ? Si non, pourquoi ? 6. On sait que la protection commerciale réduit l'efficacité de
l'allocation des ressources. Quand les marchés sont imparfaits, cependant
(en particulier les marchés du crédit, c'est une hypothèse franchement
assez raisonnable pour l'Ethiopie) pouvez-vous argumenter que le tarif
optimal pour les pauvres dont vous avez parlé dans la sous-question
précédente pourrait être favorable à la croissance ?
Réponses sugérées
1. Pro-pauvre : les biens consommés par les pauvres sont moins taxés que
ceux consommés par les riches, puisque la pente du tarif moyen sur le
panier de la ménagère est croissante dans le revenu. 2. Pro-riche : les biens produits par les riches sont plus protégés que
ceux produits par les pauvres, puisque la pente du tarif moyen sur les
biens produits est (encore) croissante dans le revenu. 3. Très simple : en l'absence d'épargne, la dépense est égale au revenu et
il suffit de prendre la différence entre tarif sur le revenu et tarif sur
la consommation pour avoir la protection nette. On voit que la protection
nette est bien plus forte pour les riches que pour les pauvres, les moins
protégés étant le haut du dernier quintile, qui sont deux fois moins
protégés que ceux du haut du premier quintile. Avec une épargne positive
c'est plus compliqué, mais de toutes façons ce que l'on mesure correctement
dans les enquêtes de ménages c'est la dépense. Le revenu, moins. 4. Très difficile à dire ! Dans un modèle d'équilibre général correctement
spécifié, il devrait y avoir des agents produisant pour l'exportation, dont
l'activité n'est probablement pas protégée du tout (ou même taxée). Ceux-là
ont un taux de protection négatif, puisque leur panier de consommation,
lui, est taxé à un taux qui varie entre 14.5% et 17% dépendant de leur
niveau de revenu (voir la figure 1). Or ils n'apparaissent manifestement
pas dans les figures 1-3. De deux choses l'une : ou les données sur lesquelles s'appuient ces figures
sont incomplètes, les ménages tirant leur revenu de l'exportation n'étant
pas dedans. Ou bien le pays n'exporte rien et finance ses importations par
l'aide extérieure. Dans le premier cas, si les ménages « exportateurs » sont plutôt pauvres,
la libéralisation commerciale est pro-pauvre ; s'ils sont plutôt riches, la
libéralisation peut être anti-pauvre si les gains d'efficacité (élimination
des pertes sèches) sont suffisamment faible, puisque les pauvres sont
protégés à un taux net positif d'après la figure 3. Dans le second cas, la libéralisation commerciale ne peut être pro-pauvre
que si les gains d'efficacité sont suffisants. Vous n'avez rien compris ?
Relaxez, personne. 5. Oui, on peut faire mieux : on taxe les importations en concurrence avec
la production des pauvres et on libéralise les biens qu'ils consomment.
Mais attention : à cause des pertes sèches engendrées par le tarif, il y a
un niveau optimal de taxation des premiers en fonction de l'élasticité-prix
de la demande d'importations (une règle de Ramsey) et en aucun cas ils ne
seront taxés au niveau prohibitif. 6. Pourquoi ferait-on cela, alors que l'on sait que la protection
commerciale est une source d'inefficience ? L'argument d'inefficience est
fondé, comme toujours, sur l'hypothèse de marchés parfaits. Mais supposons
une minute que les ménages ruraux pauvres d'Ethiopie n'ont pas un accès
illimité au crédit au taux de marché. Jusque là, l'hypothèse paraît
plausible. La contrainte de liquidité les empêche alors d'investir au
niveau optimal, que ce soit en capital physique (semences, engrais, bétail)
ou en capital humain (scolarisation des enfants). Une politique de
protection commerciale ayant un effet positif sur leur revenu peut
accroître le taux d'investissement et, en conséquence, le taux de
croissance de l'économie. Question subsidiaire : pourquoi utiliser la politique commerciale pour cela
alors que d'autres instruments de redistribution du revenu sont
potentiellement disponibles ? Réponse : ils sont disponibles sur papier.
Etant donné la difficulté de mettre en ?uvre des politiques de subvention
au crédit, à l'investissement ou à la scolarisation avec un Etat
dysfonctionnel, la protection commerciale est l'option la plus réaliste. Tout ceci pour attirer votre attention sur le fait qu'en économie du
développement, il faut non seulement savoir les résultats de base mais
aussi réfléchir de façon pragmatique !
Question 2
A partir de l'article attaché à cet examen (« The Rich Get Richer and Poor
Get Poorer. Or Do They ? », tiré du New York Times online, 15 août 2002),
répondez aux questions suivantes: 1. En général, est-ce que vous vous attendez à observer la convergence ou
la divergence des niveaux de revenu par habitant entre pays riches et pays
pauvres ? Pourquoi ? 2. Les études empiriques ayant tenté de valider les prédictions de la
théorie de la croissance en termes de convergence ou de divergence ont-
elles donné des résultats sans ambiguité ? 3. Dans le para. 8, l'article dit « The United Nations report and others
looked at gaps in income of the richest and poorest countries -not rich and
poor individuals ». Mais dans le para. 4, cité du rapport, il s'agit bien
d'individus (« people ») et non de pays. Pouvez-vous réconcilier l'argument de Sala-i-Martin, selon lequel les
niveaux individuels de revenus ont convergé et non divergé, et le fait
rapporté par le rapport des Nations Unies ? (Montrez comment les deux
peuvent être simultanément vrais en traçant deux courbes de distribution
des revenus individuels dans le monde). 4. Le raisonnement à partir duquel Sala-i-Martin montre la convergence des
revenus individuels soutient-il l'affirmation selon laquelle « economic
liberalization has been a huge success » (bas de la page 1) ? Pourquoi ou
pourquoi pas ?
Réponses suggérées
1. La convergence dans le modèle de Solow, à cause des rendements
décroissants sur le capital, voir les notes de cours, patati, patata. 2. Non, rien de très clair, voir l'article de Mankiw, Romer et Weil dont on
a parlé en classe ainsi que les notes de cours. 3. La figure montre en gros ce qui s'est passé entre les années 60 et la
fin du siècle. La queue de la distribution s'est déplacée vers la droite,
ce qui fait que la différence absolue (la distance horizontale dans la
figure) entre les revenus des 20% d'individus les plus riches du monde (à
droite de la figure) et ceux des 20% d'individus les plus pauvres (à gauche
de la figure) s'est agrandie, comme l'a correctement noté le rapport des
Nations Unies. Mais la difference absolue de revenus entre les quintiles
supérieurs et inférieurs ne décrit pas toute la distribution. C'est une
mesure ass