TCHÉKHOV - ses nouvelles - Comptoir Littéraire

L'étudiant en médecine Gvozdiov rentre dans son logis après un examen. ..... [
personnage grossier dans ''Les âmes mortes'' de Nikolaï Gogol] l'exaspère.

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www.comptoirlitteraire.com présente les nouvelles d'Anton TCHÉKHOV écrivain russe (1860-1904). Elles sont placées par ordre chronologique, résumées et parfois commentées.
Une synthèse est tentée (pages 87-89). Bonne lecture ! Dès son adolescence, Tchékhov montra une facilité qui tenait du prodige, se
sentant capable de composer sur n'importe quoi (prenant un jour un cendrier
sur la table, il s'exclama : «Tenez, regardez ceci, je peux dès demain
écrire une nouvelle qui s'appellera "Le cendrier" !»). Dans cette période
de joyeuse effervescence, il rédigea, deux ou trois heures par jour, sur le
coin de la grande table où trônait le «samovar» (petite chaudière portative
pour faire du thé), au milieu des éclats de rire de ses frères et de leurs
camarades, des textes, qu'il considérait comme des «sornettes, des
bêtises», qui portaient sur la vie de tous les jours qu'il observait de son
regard moqueur : scènes de famille, scènes de rue, où étaient mêlés les
commerçants, les cochers, les étudiants, les fonctionnaires, les popes ;
scènes comiques, où le rire s'achevait généralement en grimaces. C'étaient
en particulier des nouvelles. Mais, n'ayant aucune démarche d'écrivain, il
ne pensa même pas à garder les manuscrits.
Quand, à partir de 1879, il fut à Moscou, pour subvenir aux besoins de sa
famille, il composa une multitude de brèves nouvelles pour la plupart
humoristiques, franchement comiques ou grotesques, se terminant presque
toujours par le rire. La maîtrise était déjà là, dans des peintures vives
et enjouées de la vie de petits-bourgeois et de fonctionnaires rendus par
des traits frappants, et qui, souvent, se révèlent par leur conversation.
Cependant, à l'esprit jovial et insouciant se joignit souvent une intention
caustique dans des nouvelles sarcastiques où il s'aiguisa les crocs.
Il envoyait ces textes à une presse de divertissement, de lecture rapide et
d'information schématique présentant des chroniques et des dessins inspirés
par le pittoresque anecdotique de la vie quotidienne ou de l'actualité
boulevardière. Il publia surtout à Moscou, dans ''Strekosa'' (''La
cigale''), où il ne fut payé que cinq kopecks la ligne, ''Boud'ilnik''
(''Le réveille-matin''), ''Moskva'' (''Moscou''), ou ''Zritel'' (''Le
spectateur'') ; mais aussi à Saint-Pétersbourg, dans ''Oskolki'' (''Les
éclats''), ou dans ''Petersburgskaya gazeta'' (''La gazette de
Pétersbourg''). Considérant cette activité journalistique comme
«alimentaire», ne gardant toujours aucun manuscrit car il semblait ne pas
songer à une carrière d'homme de lettres, il protégea son identité, pendant
ses études de médecine, en employant des pseudonymes. Le plus utilisé fut
«Antocha Tchékhonté» (nom que lui avait donné un de ses professeurs),
tandis que d'autres furent plus fantaisistes : «Ulysse», «Le frère de mon
frère», «Jeune vieillard» ou «L'homme sans rate» ! Il allait d'ailleurs
donner plus tard, à un jeune écrivain, ce conseil : «Quand tu as fini
d'écrire, signe. Si tu ne poursuis pas la renommée et si tu as peur des
coups, utilise un pseudonyme.»
Ses premières publications conservées jusqu'à aujourd'hui remontent à
l'année 1880 lorsqu'il parvint, après quelques essais infructueux, à
publier onze nouvelles humoristiques dont :
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_____ ''Pismo donskogo pomechtchika Stepana Vladimirovitch N.k outchenomou
sosedou Fridrikhou''
(9 mars 1880)
''Lettre d'un gentilhomme rural du Don, Stefan Vladimirovitch N. à son
voisin érudit Friedrich'' Vassili Sémi-Boulatov, adjudant des Cosaques du Don en retraite et
gentilhomme, écrit à son «inestimable voisin», Maxime, qui est installé
depuis un an dans le voisinage. Il désire faire sa connaissance, dans la
lettre pleine de respect, où il se traite lui-même de «méchant petit
vieillard».
Selon Guérassimov, un voisin à eux, Maxime soutiendrait l'idée que l'être
humain descend du singe. Vassili lui déclare : «Je ne suis pas d'accord
avec vous sur cette grave question.... Car si l'homme descendait d'un singe
stupide et ignare, il aurait une queue et une voix de sauvage.» De plus, il
ne pourrait pas aimer les femmes si elles sentaient la guenon. D'ailleurs,
ce ne sont pas des humains que les Tziganes promènent pas à travers les
villes. Vassili donne encore d'autres preuves indiscutables.
Il réfute aussi l'idée de Maxime d'une Lune habitée : pour lui, il n'y a
personne sur la Lune, car si c'était le cas, ses habitants tomberaient sur
la Terre.
Il profite encore de cette lettre pour expliquer à Maxime : «Le jour est
plus court en hiver car il se ratatine sous l'effet du froid.»
La lettre se termine sur l'invitation qu'il fait à Maxime à venir le
visiter pour parler de science. Commentaire Cette nouvelle humoristique sur l'ignorance des gentilshommes campagnards
est la toute première connue de Tchékhov, qui la considéra comme le début
de sa carrière littéraire.
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_____ ''Kanikouliarnye raboty institoutki Nadenki N.''
''Devoirs de vacances de la pensionnaire Nadenka N.''
(15 juin 1880) La jeune Nadenka N., qui appartient à la bonne société, a sa liste de
devoirs de vacances. On y trouve des exemples de propositions coordonnées
(«Récemment, la Russie s'est battue avec l'étranger à l'occasion de quoi on
a tué beaucoup de Turcs»), des exemples d'accord des mots («Les paysans
sont affreusement sales parce qu'ils sont criblés de goudron, et qu'ils
n'engagent pas de femmes de chambre.»), une rédaction sur ses lectures
pendant l'été (Alexandre Dumas, Tourguéniev) et ses occupations («une
vilaine banque voulait prendre la maison»). Enfin, il y a un problème
d'arithmétique qu'elle arrange à sa façon.
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''Papacha''
(29 juin 1880)
''Papa'' La mère vient trouver son mari alors qu'il a la bonne sur ses genoux. Elle
lui annonce que leur fils unique a eu une mauvaise note en arithmétique. Il
faut absolument qu'il aille voir Ivan Fédorytch, son professeur, pour faire
rectifier cette erreur.
Le père y va à contrec?ur. Il essaie la gentillesse, la corruption (avec un
billet de vingt-cinq roubles), le chantage : en vain. En effet, son fils ne
travaille pas, et il est insolent. Le père insiste encore et encore. Pour
se débarrasser de lui, Ivan Fédorytch lui assure qu'il donnera la moyenne à
son fils si tous les professeurs font de même.
Le soir, le père, à la mère, qu'il a sur ses genoux, il explique sa
méthode : «Aux gens de lettres, il faut serrer poliment la gorge».
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_____ ''Moï Ioubileï''
(6 juillet 1880)
''Mon jubilé'' Un jeune auteur écrit aux adolescents du pays pour leur faire part de sa
déception d'écrivain. Il a écrit deux mille textes depuis trois ans, les a
expédiés à ses frais (l'équivalent du prix d'un cheval) à toutes sortes de
journaux, mais n'a reçu aucune réponse positive. Aussi met-il fin ce jour
même à sa carrière d'écrivain, en demandant : «Y a-t-il une personne qui
ait reçu autant de réponses négatives?» Commentaire C'est l'une des nouvelles les plus courtes de Tchékhov : elle fait trente-
sept lignes !
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_____ ''Tysiatch odna strast ili strachnaïa notch''
(27 juillet 1880)
''Mille et une passions ou La nuit terrible'' En rentrant d'une séance de spiritisme, un homme trouve dans sa maison,
puis dans chacune de celles de ses amis, chez qui, terrifié, il s'est
réfugié, des cercueils dont il ne peut s'expliquer la présence. Il découvre
enfin qu'un fabricant de cercueils en faillite a voulu sauver une partie de
son bien en transportant chez ses amis, durant leur absence, les produits
de son industrie. Commentaire Le sous-titre est ''Roman en une partie et un épilogue''.
La nouvelle fut publiée avec une dédicace à Victor Hugo.
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_____ ''Za iablatchki''
(11 août 1880)
''Pour des pommes'' Trifon Semionovitch, propriétaire de trois milles hectares qui sont
hypothéqués, se promène dans les allées de son verger avec son serviteur,
Karpouchka. S'y trouve Grigori, un jeune paysan, en conversation avec sa
fiancée. Il ramasse des pommes par terre ; elle en demande une qui soit sur
l'arbre ; il hésite, puis en prend une. À ce moment même, Trifon et
Karpouchka les surprennent. Pour cette pomme volée, Trifon veut faire
justice lui-même. Il oblige Grigori à lui raconter une histoire. N'étant
pas satisfait, il oblige la jeune fille à gifler Grigori. Puis oblige
Grigori à rosser sa fiancée. Heureusement, la fille de Trifon vient
interrompre la scène.
Les fiancés se séparent, et ne se sont jamais revus depuis. Trifon a eu ce
qu'il voulait.