L'évangélisation de l'Amérique Latine - Histoire, Géographie et ...

L'Eglise et l'Etat en Amérique Latine, le système du Patronat : Le lien entre l'
Eglise et ... Cela fait d'ailleurs partie de l'examen pour devenir doctrinero. On
publie ...

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L'évangélisation de l'Amérique Latine. Classe de 2nde.
Introduction : L'Eglise et l'Etat en Amérique Latine, le système du Patronat : Le lien entre l'Eglise et l'Etat en Espagne est très ancien : ce lien
remonte à la Reconquista, c'est-à-dire la Conquête de l'Espagne par les
rois d'Espagne contre les Musulmans. A cette époque, la difficulté de la
Conquête oblige l'Eglise à accorder de larges pouvoirs aux Rois d'Espagne
en matière religieuse : les rois d'Espagne sont appelés Defensor Fidei (
défenseur de la Foi ) et exercent un contrôle sur l'Eglise d'Espagne. Ces liens ne se démentent pas par la suite et deviennent même très
étroits lors de la conquête de l'Amérique. Entre 1501 et 1508, dans des
bulles pontificales, le Pape confirme l'autorité du roi d'Espagne sur
l'Eglise espagnole et donc sur l'Eglise d'Amérique : le roi nomme les
évêques , perçoit la dîme, impôt destiné à l'Eglise ou encore donne
l'autorisation de construire des églises. En fait, on parle alors de Patronato Real sur l'Eglise. Lors de la
conquête et l'évangélisation de l'Amérique, le roi va donc jouer un rôle
essentiel. Les motivations de la conquête apparaissent comme politiques,
financières mais aussi religieuses. Sur l'Etat et la religion, voir :
Bernard Lavallé, L'Amérique espagnole de Colomb à Bolivar, Belin Sup.,
Histoire, 1993, p. 157-158
I ) La conquête spirituelle et ses limites. A ) Les Doctrinas : Dès le début de la Conquête, les indiens sont placés sous le contrôle
d'unité de catéchèse, les Doctrinas : au sein des Doctrinas, on leur
enseigne le catéchisme, ils assistent à la messe ou encore reçoivent les
sacrements. Notons que pendant que les hommes sont évangélisés, les femmes
doivent tisser. A la tête de ces Doctrinas se trouve un Doctrinero, religieux, souvent
membre d'un ordre mendiant comme les Franciscains ou les Dominicains. En théorie, les Doctrineros doivent maîtriser les langues indigènes
pour enseigner aux Indiens. Cela fait d'ailleurs partie de l'examen pour
devenir doctrinero. On publie d'ailleurs à l'époque un certain nombre de
dictionnaires ou de grammaires en langues indigènes. Le 1er dictionnaire
aymara-espagnol date de 1614 et a pour auteur Ludovico Bertonio. Cependant, plusieurs problèmes se posent : le premier est le manque de
doctrineros. Par exemple, dans la doctrina de Chucuito, en 1560, près du
Lac Titicaca, on trouve près de 60.000 habitants, mais seulement 16 à 18
doctrineros. De plus, le travail des doctrineros est généralement mal fait : les
doctrineros ne maîtrisent pas forcément bien les langues indigènes. De
même, ils maltraitent les indigènes et les exploitent. On a à ce propos le
témoignage de Felipe Huaman Poma de Ayala, un cacique indien. En 1613, il
écrit une chronique destinée au Roi où il décrit et dénonce les abus subis
par les indigènes. C'est une ?uvre en 3 volumes, de plusieurs centaines de
pages, accompagnées d'un grand nombre d'illustrations en couleurs. Il y décrit en particulier la violence qui frappe les indigènes :
obligés de faire des cadeaux pendant les fêtes religieuses, ils sont battus
s'ils refusent. D'une manière générale, l'évangélisation au XVIème est une
catastrophe et on se rend bientôt compte que l'immense majorité des
indigènes continue en fait à pratiquer leur propre religion. Voir documents et références bibliographiques : Nathan Wachtel, La vision
des vaincus, les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole, Gallimard,
1971, p. 229-231, 256 John V. Murra, Rolena Adorno y Jorge L. Urioste ( ed. ), Felipe Huaman Poma
de Ayala. Nueva Crónica y buen gobierno, Historia 16, Madrid, 1987, 3 vol.,
vol 2, p. 693
Bernard Lavallé, L'Amérique espagnole de Colomb à Bolivar, Belin Sup.,
Histoire, 1993, p. 159-162
II ) Les résistances indigènes et la persistance de la religion andine : A ) Incompréhension et violence : Au début du XVIIème siècle, il est évident que l'évangélisation est un
échec : le pouvoir politique et religieux décide de changer de stratégie
afin d'extirper ce que les Catholiques appellent les idolâtries. Des missions religieuses sont donc envoyées dans les communautés
andines afin d'inspecter la vie religieuse de celles-ci. Les missionnaires
se rendent alors compte que les divinités indigènes continuent à être
adorées, en particulier les huacas, divinités bienfaisantes protectrices
des Ayllus. Celles-ci, placées en général près des Eglises, continuent à
recevoir des offrandes, à être adorées, etc. Des sacrifices ont même lieu à
l'intérieur des Eglises. De même, la pratique de déformation des crânes,
interdite par l'Eglise, est toujours présente. L'évangélisation est donc
restée superficielle. En fait, en plaçant leurs lieux de culte près ou sur des lieux de
cultes antérieurs, l'Eglise reproduit une pratique qui avait fonctionné en
Europe mais qui ici montre ses limites : par exemple, à Copacabana, une
église est installée. Or ce lieu a été un lieu de culte pour les Chiripas
entre le II et le Ier millénaire avant JC, les Tiawanacotas au Ier
millénaire après JC, les Aymaras du XIII au XIVème siècles et enfin les
Incas au XVème. Il semble qu'en fait les Indiens aient eu du mal, du fait de la
confusion des lieux à séparer les religions chrétienne et indigène. La
négligence des premiers missionnaires a entretenu cette confusion. Enfin,
il existe un blocage culturel entre les deux populations, une impossibilité
à se comprendre l'un l'autre. Pour les Espagnols, les divinités indigènes
ne sont rien d'autres que des démons qu'il faut détruire. Pour les Indiens,
il n'est pas évident de comprendre la religion chrétienne, en particulier
le dogme de la Trinité. Pour les Indiens, les Chrétiens adorent « trois
divinités », ils sont donc polythéistes. Voir : Nathan Wachtel, La vision des vaincus, les Indiens du Pérou devant
la conquête espagnole, Gallimard, 1971, p. 231-238
B. Lavallé, L'Amérique espagnole de Colomb à Bolivar, Belin Sup., Histoire,
1993, p. 162-164
Avec le temps, les deux réalités, les deux religions se rapprochent et
se confondent : on parle de syncrétisme, mélange de deux religions qui
pourtant continuent, en même temps, de s'opposer. Deux tendances coexistent ainsi encore aujourd'hui, le syncrétisme
d'un côté et l'incompréhension de l'autre. Le syncrétisme est visible dans les pratiques religieuses mais aussi
dans l'art religieux : par exemple, la Virgen del Cerro de Potosi, peinte
vers 1710. On peut encore citer des scènes de la nativité, où un roi mage
est remplacé par un Inca ( Ecole du Cuzco au XVIIIème siècle ). Voir : Teresa Gisbert, Iconografia y mitos indigenas en el arte, La Paz,
1994, p. 77-78, photos 66 - 69, couverture de l'ouvrage. José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa, Historia de Bolivia, La Paz,
1997, p. 124 B ) Un cas à part d'évangélisation : les Jésuites. Dans certaines régions de l'Amérique espagnole, l'évangélisation est
prise en charge par les Jésuites, un ordre religieux. Ceux-ci organisent
des reducciones, où ils rassemblent les populations indiennes. Cela
concerne le Paraguay, l'Argentine des Misiones, le Sud du Brésil et enfin
la Bolivie des régions Mojos et Chiquitos. Dans ces régions, les
reducciones sont particulièrement grandes. Les reducciones jésuites ont une organisation rigoureuse avec une
place au centre et tout autour les habitats indigènes. Hommes et femmes
sont séparés. Tout autour de la place se trouvent l'Eglise, la maison des
religieux et les Ateliers. Ce sont d'abord des centres d'évangélisation, mais ce sont aussi des
centres de travail, en particulier du bois, et de confection d'instruments
de musique. Ce sont aussi des centres artistiques. Les reducciones sont autonomes et doivent se suffire à elles-mêmes :
or c'est cela qui pose problème, car les Jésuites sont accusés d'organiser
des centres de pouvoir autonomes de la couronne royale. En 1767, les
Jésuites son expulsés et les reducciones disparaissent en tant que telles.
Les Indiens sont alors capturés par des trafiquants d'esclaves. Sur les jésuites, voir :
B. Lavallé, L'Amérique espagnole de Colomb à Bolivar, Belin Sup., Histoire,
1993, p. 164-165 IV ) Les ordres religieux en Amérique Latine : A ) Une institution puissante en Amérique Latine : D'une manière générale, les ordres religieux, surtout Franciscains,
Dominicains et Jésuites ont joué un rôle majeur dans l'Evangélisation de
l'Amérique Latine. Leur rôle ne s'est pas limité à la sphère religieuse,
mais aussi à l'enseignement, à la santé ou encore au social. En fait, l'Eglise devient très vite une institution très riche et
puissante en Amérique Latine : elle possède ainsi de grandes exploitations
terriennes ou minières. De plus, elle reçoit régulièrement des dons lors de
décès ou autres. Sa fortune est en fait immense et lui permet vite de
financer l'évangélisation. B. Lavallé, L'Amérique espagnole de Colomb à Bolivar, Belin Sup., Histoire,
1993, p. 165-171 B ) Le contrôle social : L'Eglise s'occupe tout particulièrement du contrôle social. Rappelons
que comme en Europe, chaque moment de la vie est rythmé et marqué par la
présence de l'Eglise et de ses sacrements. De fait, l'Eglise est chargée tout particulièrement du contrôle de la
société : c'est là qu'intervient l'Inquisition. Il s'agit d'une institution
ecclésiastique changée de contrôler la société, datant du Moyen-Age et
placée sous le conduite des Dominicains. Plus précisément, l'Inquisition
est chargée de pourchasser tou