PIERRE RABHI VERS LA SOBRIETE HEUREUSE ... - Petit Fichier
12 juil. 2013 ... Cet examen révélerait. également les contradictions ...... caractère dissipateur et
destructeur, en est précisément. la négation - un véritable ...
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PIERRE RABHI
VERS
LA SOBRIETE
HEUREUSE
Désormais, la plus haute, la plus belle performance que devra
réaliser l'humanité sera de répondre à ses besoins vitaux
les moyens les plus simples et les plus sains. Cultiver
jardin ou s'adonner à n'importe quelle activité créatrice
d'autonomie sera considéré comme un acte politique, un acte
de légitime résistance à la dépendance et à l'asservissement
de la personne humaine.
P.R.
| AVANT-PROPOS |
|Depuis quarante-cinq ans j'ai engagé ma vie, avec |
|le soutien et la connivence de Michèle et de notre |
|famille, dans la voie de la sobriété. Je préfère par |
|conséquent, plutôt que de me perdre dans des considérations |
|ou des théories générales, témoigner des |
|réflexions, des décisions, des initiatives que, chemin |
|faisant, ce choix délibéré m'a inspirées. Ainsi, |
|le principe "faire ce que l'on dit et dire ce que l'on |
|fait" donnera un peu de cohérence et, je l'espère, |
|de crédibilité à mon modeste témoignage. Celui - |
|ci n'a d'autre ambition que de contribuer à une |
|réflexion propre à éclairer des décisions qui ne pourront |
|sans cesse être ajournées sans préjudice grave |
|dans l'avenir immédiat, et plus encore à moyen et |
|long terme. Cependant, quelle que soit la manière |
|dont on aborde la modération en tant que néces- |
|sité incontournable, une certitude demeure: les |
|limites qu'impose - par sa constitution même -la |
|planète Terre rendent irréaliste et absurde le principe |
|de croissance économique infinie. Irréaliste, si l'on |
|Ipplique les outils les plus élémentaires d'analyse, |
|sur le plan tant physique que biologique, à l'orga- |
|nisation de la vie en tant que phénomène; absurde, |
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|dès lors que l'on recourt à la simple logique d'une |
|pensée libre de toute manipulation. Le système |
|dominant, qui se targue de grandes performances, |
|s'emploie surtout, en réalité, à dissimuler son inefficacité, |
|qu'un simple bilan, notamment énergétique, |
|mettrait en évidence. Cet examen révélerait |
|également les contradictions internes d'un modèle |
|qui ne peut produire sans détruire et porte donc en |
|lui-même les germes de sa propre destruction. Le |
|temps semble venu d'instaurer une politique de |
|civilisation fondée sur la puissance de la sobriété. |
|Un chantier exaltant s'ouvre, invitant chacune et |
|chacun à atteindre la plus haute performance créatrice |
|qui soit: satisfaire à nos besoins vitaux avec |
|les moyens les plus simples et les plus sains. Cette |
|option libératrice constitue un acte politique, un |
|acte de résistance à ce qui, sous prétexte de progrès, |
|ruine la planète en aliénant la personne humaine. Et |
|c'est la beauté de la nature, de la vie, et de l'oeuvre |
|de l'homme dans sa dimension créatrice, qui devra |
|nous inspirer tout au long des voies nouvelles que |
|nous emprunterons. |
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|LES SEMENCES |
|DE LA RÉBELLION |
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|LE CHANT DU FORGERON |
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|Un homme simple, habitant une petite oasis du Sud |
|algérien, chaque jour vaque à ses occupations de |
|père nourricier. Il ouvre la porte de son atelier de |
|forge, allume le feu et, le jour durant, va travailler |
|le métal. Il entretient les outils aratoires des cultivateurs, |
|répare les modestes objets du quotidien. Ce |
|petit Vulcain du désert fait toute la journée chanter |
|l'enclume, un apprenti tirant sur la corde du soufflet |
|de la forge pour attiser les flammes. Des étincelles |
|incandescentes jaillissent du marteau de l'artisan en |
|une nuée d'étoiles fugaces et, tout à son ouvrage, il |
|est comme absent au monde. |
|Un enfant silencieux le regarde et l'admire, en est |
|fier, immensément. De temps en temps, l'homme au |
|visage volontaire, ascétique et ruisselant de sueur |
|s'arrête, accueille ses clients, répond à leurs sollicitations. |
|Parfois, un groupe d'hommes se constitue |
|spontanément devant l'atelier. On échange, on boit |
|du thé, on plaisante, on rit, on devise aussi sur des |
|questions graves, accroupi sur une natte en fibres |
|de palme. |
|Non loin de l'atelier est une place carrée, assez |
|vaste, entourée de boutiques - épiciers, bouchers, 13 |
|marchands de tissus, etc. -, ainsi que d'ateliers de |
|tailleurs, cordonniers, menuisiers, petits orfèvres ... |
|Tous les jours, des chansons s'échappent des ateliers |
|comme des condiments de sérénité, pour se |
|répandre dans l'atmosphère tiède ou suffocante, |
|selon les saisons. Du côté ouest se trouve un espace |
|nu, ouvert, dévolu au marché. Une sorte de caravansérail |
|sans murs où s'entremêlent des dromadaires |
|blatérant, des moutons, des chèvres, des ânes et des |
|chevaux, dégageant des odeurs fortes. Des nomades |
|silencieux vont et viennent; d'autres demeurent |
|accroupis adossés à des sacs de toile rude, repus |
|de céréales; des fagots de bois sec ouvrent l'imagination |
|au grand désert où ils furent glanés. Des |
|dattes compactées pour la conservation et parfois, |
|en saison, des truffes du désert s'offrent à qui veut |
|les acquérir. Tout cela produit une sorte de tumulte |
|feutré, ponctué par les voix aiguës des marchands |
|interpellant les clients. Parfois, des conteurs ou |
|des acrobates proposent à un public fasciné, faisant |
|cercle autour d'eux, leurs prouesses et leurs |
|rêves. La cité tout entière est parcourue de venelles |
|ombreuses entre des maisons de terre ocre imbriquées |
|les unes dans les autres, surmontées de leurs |
|terrasses, entourant un minaret blanc à l'allure de |
|vigie scrutant les quatre horizons. De cette masse |
|de glaise émergent ici ou là des palmiers. Certains |
|font office de parasols, ombrageant les jardins potagers |
|dans une contrée où le soleil darde des rayons |
|brûlants comme des tisons. Hors de la cité, ce n'est |
|que désert de sable et de rocaille, contenu derrière |
|une montagne qui s'étend d'un horizon à l'autre |
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|comme un rempart infini. Au sein du désert inhospitalier, |
|la vie a une saveur de miracle. |
|L'ambiance est à la frugalité. La misère extrême |
|t