du « guide des écoles.

GUIDE DES ECOLES L'USAGE
DES PETITS FRÈRES DE MARIE
RÉDIGÉ D'APRÈS LES INSTRUCTIONS
du Vénérable CHAMPAGNAT
QUATRIÈME ÉDITION SOCIÉTÉ DE SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE
DESCLÉE & CIE
Imprimeurs du S. Siège et de la S. Congrégation des Rites
PARIS, TOURNAI, ROME
1932
Imprimé, en Belgique. Informatisé par le f. Louis Richard.
Saint Paul-trois-Châteaux.
PREFACE
LETTRE DU R. F. FRANÇOIS
POUR PRÉSENTER LA 1ière ÉDITION
DU « GUIDE DES ÉCOLES. » NOTRE-DAME DE L'HERMITAGE,
Fête de la Visitation, le 2 juillet 1853.
Nos TRÈS CHERS FRÈRES,
Vous recevrez, je n'en doute pas, avec empressement et reconnaissance
ce Guide des Ecoles, que nous avons la consolation de vous donner
aujourd'hui, après qu'il a été adopté et approuvé par le Chapitre général
de l'Institut.
Nous n'avons pas besoin de vous dire que, dans la rédaction de cet
ouvrage, nous avons suivi fidèlement les instructions de notre pieux
Fondateur sur l'éducation de la jeunesse. Nous avons cherché avant tout à
nous pénétrer de son esprit, à le faire revivre autant qu'il nous a été
possible, afin de vous le transmettre et de le perpétuer parmi nous.
Pendant un grand nombre d'années, notre bon Père a consacré
spécialement les deux mois de vacances qu'il nous accordait, à nous
apprendre à faire le catéchisme et à nous enseigner les principes
invariables qui constituent une bonne éducation. C eux qui ont eu le
bonheur de l'entendre se rappelleront qu'il entrait sur ce sujet dans les
plus menus détails et qu'il nous a donné des leçons sur toutes les parties
de l'éducation de l'enfant. Que ne nous a-t-il pas dit, par exemple, sur la
petite classe qu'il disait être la plus importante? sur les soins que les
Frères qui en sont chargés doivent donner à ces tendres enfants qu'il
appelait de petits anges à cause de leur innocence? sur les moyens que l'on
doit prendre pour leur faire connaître les premières vérités de la
religion, pour leur inspirer la piété, la vertu, et pour leur aplanir les
difficultés de la lecture? L'esprit de Dieu, dont il était rempli, et
l'amour tendre qu'il avait pour les enfants, lui avaient révélé tous les
besoins de leur âge et les secrets pour gagner leurs c?urs, pour leur
inspirer la piété et former les facultés de leur âme. C'est ce talent qu'il
possédait à un haut degré, sans qu'il s'en doutât, c'est ce zèle ardent
dont il était animé pour la sanctification des enfants, et qu'il cherchait
à communiquer à ses Frères, dans les instructions journalières qu'il leur
faisait sur ce sujet, dont nous vous présentons ici le tableau.
* *
*
Le Révérend Frère François note ensuite cinq choses qui, dans la
méthode d'enseignement de l'Institut, sont l'?uvre personnelle du Vénérable
Père Champagnat
1° La méthode de lecture, suivant l'appellation, alors nouvelle, des
consonnes, en quoi il montra son esprit judicieux et sa fermeté à sortir de
la routine.
2° Les qualités d'une bonne discipline, qu'il incline fortement vers
l'autorité morale et la bonté, à une époque où les pénitences afflictives
étaient généralement employées.
3° L'importance qu'il donna au catéchisme et le soin qu'il prit de
former de bons catéchistes.
4° L'enseignement du chant, chose alors inconnue dans les écoles
primaires.
5° Les règles concernant la formation des jeunes Frères, qui ont donné
tant d'uniformité et de cohésion à notre façon d'enseigner et d'élever la
jeunesse.
Et il achève sa lettre par ces paroles si encourageantes et toujours
actuelles :
Vous savez, mes très chers Frères, combien ont été grandes les
bénédictions dont Dieu nous a comblés jusqu'à ce jour; sa protection est
visible sur l'Institut, et elle l'a fait prospérer au delà de toutes nos
espérances. Son infinie bonté est sans doute la première raison de ses
faveurs, mais il nous est permis de croire aussi qu'elles sont la
récompense de notre fidélité à conserver l'esprit de notre pieux Fondateur,
et à suivre dans notre conduite et dans notre enseignement les règles et
les exemples qu'il nous a laissés. Continuons donc à marcher sur les traces
de notre bon Père, nous assurant, à l'exemple de l'Apôtre, que celui qui a
commencé cette ?uvre la perfectionnera et l'achèvera jusqu'au jour de Notre-
Seigneur. (Philip., I, 6).
Si quelqu'un d'entre nous ne possède pas encore le talent d'enseigner
les enfants et de les gagner à Dieu, nous espérons qu'il l'acquerra par
l'étude de ce livre. La fidélité à suivre la direction qui nous y est
donnée est le plus sûr moyen de nous former aux fonctions de notre état,
d'obtenir le succès et de travailler efficacement à la sanctification des
enfants.
Que Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit et que sa grâce
demeure toujours avec vous. Amen. (II, Tim. IV, 22).
Frère FRANÇOIS.
* *
*
Le Chapitre Général de 1907 décida une révision du Guide des Ecoles qui
tiendrait compte du développement de l'Institut, dont les établissements
sont maintenant disséminés dans le monde entier.
Cette révision a eu pour conséquence de supprimer quelques sections du
début et de la fin des éditions précédentes, c'est-à-dire celles qui
traitaient de l'admission des élèves, des heures de classe, de l'emploi du
temps, des registres à tenir, des congés, des vacances, etc. Sur tous ces
points, les règles à suivre ne peuvent plus avoir la même uniformité qu'aux
premières. années de l'Institut, alors que tous nos élèves n'appartenaient
qu'à une seule partie de la France. D'ailleurs, des règlements officiels et
obligatoires ont vu le jour à peu près partout pour l'organisation des
écoles et ils tiennent lieu de ce qui aurait pu être prescrit ici.
La partie des précédentes éditions qui traitait de l'éducation
proprement dite a été conservée avec soin et même développée, car c'est là
qu'étaient condensés les enseignements de notre V. Fondateur et les
traditions de notre Institut, touchant l'éducation chrétienne de l'enfance.
Le Chapitre Général de 192o a approuvé les transformations et
modifications apportées au texte ancien à la suite des décisions du
Chapitre précédent. Il présente à l'Institut une édition nouvelle du Guide
des Ecoles, qui conserve l'esprit de notre Vénérable Fondateur, malgré
toutes les adaptations à tant de situations nouvelles.
Puissent tous les Frères s'inspirer à jamais, dans leur ?uvre
éducatrice, de l'amour surnaturel des âmes et du zèle ardent de notre Père
pour l'éducation chrétienne de la jeunesse, la gloire de Dieu, et l'honneur
de Marie!
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PREMIÈRE PARTIE
L'ÉDUCATION
CHAPITRE PREMIER De l'éducation en général
Définition et but de l'éducation. - L'éducation est l'art d'élever les
enfants, ou, en d'autres termes, c'est l'ensemble des efforts méthodiques
par lesquels on dirige le développement de toutes leurs facultés. Pour que
ce développement soit complet, il doit s'occuper de la vie physique de
l'enfant aussi bien que de sa nature intellectuelle et morale.
Le but de l'éducation est de donner à l'enfant le moyen d'atteindre sa
fin naturelle en ce monde et sa fin surnaturelle qui est le salut de son
âme.
L'éducation est un art, par suite, elle emploie un ensemble de procédés
pratiques qui s'acquièrent par l'exercice; mais, comme tous les arts, elle
s'éclaire par des principes théoriques. Ces principes forment une science
spéciale qui porte le nom de pédagogie. La pédagogie se base sur les
données de la psychologie, qui est l'étude des facultés de l'enfant ; et
elle tient compte aussi des lois de la morale, de l'hygiène, de la
méthodologie générale et spéciale, etc.
Comme le Guide des Écoles a un rôle surtout pratique, il ne peut que
rappeler sommairement les principes de pédagogie les plus essentiels, et il
insiste plutôt sur leurs applications, tout en recommandant aux jeunes
Maîtres l'étude des bons traités théoriques.
Importance de l'éducation. - 1° Pour l'enfant lui-même. Une bonne
éducation est le plus grand bienfait qu'on puisse assurer à un enfant. Par
elle il grandit dans la piété et la vertu; son c?ur et ses m?urs se
forment, en même temps que se développe son esprit et que son corps se
fortifie: Par elle, en un mot, sa vie sera vraiment chrétienne; car, dit
l'Esprit-Saint, l'homme suivra sa première voie, et, dans sa vieillesse
même, il ne s'en écartera pas.
Qu'on imagine, au contraire, le sort de l'enfant qui grandirait sans
éducation. Son esprit laissé dans l'ignorance, et son c?ur en proie à tous
les vices qu'aucune main habile n'aurait étouffés, feraient de lui un être
à la fois bien malheureux en ce monde et en grand danger de perdre son âme
pour l'éternité.
2° Pour la société. - « Former l'esprit et le c?ur des enfants au moyen
de l'enseignement est une ?uvre telle