la République, une nouvelle culture politique - Histoire géographie ...
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aucun examen viscéral et squelettique n'a été effectué à 7 000 et 10 000 ppm).
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« La République, une nouvelle culture politique » ? La question républicaine organise pour partie le lien culture / société
dans l'architecture des nouveaux programmes de première. Cette
médiatisation n'est pas neutre ; elle ressort à l'utilisation du concept de
culture politique, participant du renouveau de l'histoire politique par
l'histoire culturelle. Aussi faut-il sonder l'affirmation du programme,
« la République, une nouvelle culture politique ». Questionner
l'épistémologie du concept de culture politique dans son rapport à la
question républicaine, soit en restituer la genèse, la manière dont il
procède à une mise en récit singulière de la République. Il s'agit de
repérer la dynamique de cette narration pour en circonscrire les limites
et, davantage encore que sa part d'ombre, en examiner les ressorts pour,
dans un jeu entre culture et mémoire, saisir de ce que fait dire la culture
politique républicaine à la Belle Epoque ce qu'un pan de l'historiographie
actuelle du politique ne peut entendre de l'entre-deux-guerres française. Scolies.
Un découpage Le sort réservé à la République et la culture républicaine en France dans
le cadre des nouveaux programmes de première questionne. Pour les filières
scientifiques, le propos est consensuel : « vie politique marquée par la
constitution de partis et la domination des radicaux, large consensus
républicain et patriotique ». Pour les filières ES et L (BO 3 octobre 2002)
l'abord paraît plus singulier, les recommandations plus longues :
. La République surgit au titre II 2 « De la deuxième République à
1879 : la recherche d'un nouveau régime politique ». Une précision
s'ensuit « on examine comment la France est à la recherche
d'institutions capables d'inscrire l'héritage de la Révolution dans la
société nouvelle. La présentation des années 1870-1871 - de la défaite
à la Commune- permet de souligner cet enjeu. »
. Le titre II 3 est plus explicite : « La République : l'enracinement
d'une nouvelle culture politique ». Lui correspond une définition très
précise de la culture républicaine : « La culture républicaine qui
s'impose progressivement à partir des années 1880 associe respect de
l'individu, prépondérance de la Chambre des députés désignés par la
nation souveraine, rôle décisif de l'instruction publique pour la
formation du citoyen et le dégagement d'une élite, réponse aux
attentes de la classe moyenne indépendante, adhésion à un ensemble de
symboles et de rites. Cette culture est dominante au tournant des
XIXème et XXème siècle, ce qui ne signifie pas qu'elle n'a pas des
adversaires. » Des remarques Ce découpage chrono-thématique appelle plusieurs remarques :
D'une part, la période 1848-1879 poursuit la dynamique du programme de
seconde, c'est la question républicaine qui est sur la sellette. La
définition de cette dernière est implicite (un régime capable d'inscrire
l'héritage de la révolution dans une société nouvelle). Elle ne pose pas
explicitement la question sociale, la reliant par l'étude de la Commune à
l'enjeu de l'invention d'un nouveau régime. Les bornes chronologiques
choisies sont doublement significatives :
. dans la droite ligne de la synthèse de François Furet, la date de 1879
suggère que la Révolution est terminée : la République paraît être ce
régime idoine conciliant l'héritage de la Révolution et la société
nouvelle.
. La Révolution est terminée puisque le Parlement consacre sa victoire
sur le président (Grévy succède à Mac Mahon). La question de la
société nouvelle est celle des classes moyennes ; la figure de
Gambetta s'impose. Dans ce jeu, la question sociale est congédiée :
les classes populaires (rurales et urbaines) sont absentes. La
République s'impose car portée par les classes moyennes. L'attention
accordée à la période 1870-1871 qui souligne l'enjeu républicain
introduit cette lecture.
La IIIème République devient le lieu de l'enracinement d'une culture
politique. A l'histoire politique succède l'histoire culturelle du
politique. Le déplacement est significatif : il estompe la définition du
régime politique républicain, rend accessoire l'étude des crises au cours
desquelles les valeurs républicaines s'affirment (Boulangisme, Dreyfus,
attentats anarchistes et premières lois terroristes) comme les crises à
fortes connotations sociales (la révolte des vignerons du Midi, du
Champenois, les tentatives syndicalistes révolutionnaires de 1906) où le
pacte social paraît rediscuté. L'argument de la culture républicaine lisse
la période pour rendre uniquement compte de la pérennité du régime
républicain en France. Dans l'économie générale du programme de première ce
parti pris construit la démocratie française (démocratie libérale) en
miroir des régimes totalitaires. Le relatif congé donné aux crises du
politique explique le sort réservé au Front Populaire (Les démocraties
libérales durant les années Trente : l'exemple de la France) : « la crise
que connaît la France durant les années Trente est multiple : économique,
politique et sociale. Le Front Populaire veut y apporter des réponses. Il
constitue un temps fort de la mémoire nationale. » L'argument mémoriel taît
les modalités spécifiques de la construction du Front Populaire dans la
perspective d'une crise de la culture républicaine... La mémoire prime sur
l'événement, il faudra revenir sur ce déplacement singulier du regard.
Dans sa dynamique, le programme se construit dans un moment et un parti-
pris historiographique. Celui-ci fonde une coupure dont les effets de sens
dans la mise en récit de la République sont nombreux. Un parti pris historiographique
Culture républicaine et renouveau de l'histoire politique Le programme s'ancre dans un moment historiographique dont on peut
retracer brièvement les grands axes. Le renouveau de l'histoire
politique[1], souhaité par les historiens du XXème siècle réuni sous la
bannière de René Rémond, rencontre les travaux de Maurice Agulhon sur la
société politique au XIXème ; dans l'échange le concept de culture
politique s'invente, défini par Serge Berstein dans un article
fondateur[2] :
« la culture politique telle qu'elle apparaît à l'historien est un
système de représentation fondé sur une certaine vision du monde, sur
une lecture signifiante sinon exacte du passé historique, sur le
choix d'un système institutionnel et d'une société idéale, conformes
au modèle retenu, et qui s'exprime par un discours codé, des
symboles, des rites qui l'évoquent sans qu'une autre médiation soit
nécessaire ».
Cette première définition fait autorité même si elle est parfois
amendée[3] ; elle initie de nombreux travaux synthétisés dans l'ouvrage
collectif dirigé par Serge Berstein[4]. L'ensemble de ces travaux arrime
l'histoire politique à l'histoire culturelle. Par son usage, la culture
politique permet l'appréhension des comportements politiques sur la longue
durée. Implicitement la culture politique se comprend dans son rapport au
cadre national, à une culture politique nationale dominante à un moment de
l'histoire ; naturellement dans le champ de l'histoire contemporaine, la
culture républicaine s'impose. Construite sur la longue durée, elle n'a,
dans le champ des programmes du secondaire, que le modèle absolutiste comme
alter ego. Dans le premier cas, le regard porté porterait la marque de
l'âge démocratique, il serait la manière dont un régime s'inscrit dans une
mémoire collective, construit une représentation structurante du monde ;
dans le cas de l'absolutisme, l'attention se concentre sur l'Etat. La
comparaison est significative ; le concept de culture républicaine tient en
grande partie en hors champ la question de l'Etat, du rapport des
populations à ce dernier. Son efficace joue sur les représentations : les
travaux sur la culture politique républicaine rejoignent alors les Lieux de
mémoire de Pierre Nora : tous érigent la IIIème République en archétype
fondateur. Une demande sociale Le mouvement coïncide avec l'omniprésence de la thématique républicaine
dans l'espace public, singulièrement réactivée par la crise du 21 avril
2002. Dans ce jeu, la IIIème République apparaît comme l'âge d'or du modèle
républicain[5]. En creux, ses composantes questionnent toutes l'actuelle
crise du politique : le suffrage universel et la conscience du devoir du
vote, une société pacifiée dans laquelle le Parlement régule les conflits,
le sentiment surtout de l'intégration républicaine soit un lien social
solide, durable... Ces projections rétrospectives sont au c?ur des
intitulés du programme. Lequel, dans la mise en application proposée par
les manuels, joue de la mise en abyme de la question scolaire : l'école de
Jules Ferry dans son lien à la culture républicaine appelle implicitement
la comparaison avec les discours contemporains sur la crise de l'Ecole, les
finalités de la mise en pratique de l'ECJS.
Brièvement retracé ce double contexte historiographique et social du
programme l'apparente à un parti pris historiographique. Celui d'un choix
et d'une coupure historiographique d'abord, celui ensuite d'une mise en
récit spécifique du national à l'heure où une histoire européenne
s'ébauche. Une définition plus précise des traits de la culture politique
républicaine selon Serge Berstei