Les objectifs généraux énoncés dans la proposition initiale ... - UQAM

Les objectifs généraux énoncés dans la proposition initiale étaient de : 1. Intégrer le volet santé humaine à l'analyse écosystémique au moyen
d'un examen des rapports existant entre l'alimentation - la synergie
des contaminants alimentaires - le style de vie -les altérations
précoces de l'état de santé et de la qualité de vie au sein des
communautés ciblées; 2. Fournir des renseignements sur l'équilibre entre les bienfaits et les
risques pour la santé associés à la consommation de poisson; 3. Implanter un programme d'intervention, d'éducation et de gestion des
ressources, en intégrant le savoir local aux données scientifiques
provenant de cette étude.
Depuis la création du COMERN, nous travaillons à atteindre ces objectifs,
en collaboration avec nos collègues au sein des groupes de recherche en
environnement et en éducation, et grâce à notre travail auprès des
communautés situées dans les écosystèmes faisant l'objet d'études de cas :
la forêt boréale, les environnements côtiers et le fleuve St-Laurent. Un
quatrième objectif, soit la mise au point d'un procédé ultrasensible
permettant la mesure des concentrations capillaires en mercure (Hg) par
l'ablation au laser et par la spectrométrie de masse à plasma à couplage
inductif (LA-ICP-MS), a été adopté au cours de la troisième année. Cette
technique nous permettra de mieux comprendre le rapport existant entre
l'alimentation et les concentrations capillaires en Hg, ainsi que
d'identifier les épisodes d'exposition élevée, qui sont les plus nuisibles
aux fonctions du système nerveux, en particulier in utero. Tel que nous l'avons expliqué dans la proposition initiale, une approche en
deux volets a été préconisée. La première étape a consisté en une
évaluation de la consommation relative des denrées locales et de celles
achetées en magasin, ainsi qu'en une évaluation des concentrations
capillaires en Hg effectuée auprès des membres de plusieurs communautés
(population totale : n = 1 002). Dans un deuxième temps, ces données ont
servi à cibler approximativement 400 personnes dans trois communautés pour
des études approfondies portant sur le Hg (et autres contaminants), les
oligo-éléments et les acides gras, et le rapport existant entre ceux-ci et
les effets sur le système nerveux. Les communautés participant
initialement à l'étude de l'écosystème de la forêt boréale comprenaient un
groupe de pêcheurs fréquentant les lacs situés dans les régions du
Témiscamingue et de l'Abitibi (Québec), ainsi que la population Innu de
Sheshatshiu (Labrador); les communautés de l'écosystème du littoral étaient
celles de St-Stephens/St-Andrews et de l'île de Grand Manan, située dans la
baie de Fundy. Quant à l'écosystème du fleuve St-Laurent, les communautés
consistaient en un groupe de femmes enceintes habitant le Haut-Saint-
Laurent (lac St-François) et un groupe de pêcheurs du bassin du lac St-
Pierre. Des conventions de recherche ont été conclues avec les communautés
de la Nation Innu et les Passamquoddy (Grand Manan). Jusqu'à maintenant, les conclusions essentielles de l'étude portent sur le
rapport existant entre l'environnement, l'alimentation et l'exposition,
ainsi que sur les effets du Hg sur les fonctions hormonales et placentaires
chez les femmes enceintes. Environnement, alimentation et exposition au Hg : Comme prévu, les
résultats confirment l'existence d'un rapport direct entre la consommation
de poisson et les concentrations capillaires en Hg chez les membres de
toutes les communautés. L'originalité de la recherche actuelle porte sur
l'examen de ce rapport existant au sein d'un écosystème particulier afin de
maximiser les apports nutritifs et l'utilisation de ressources naturelles,
tout en minimisant le risque toxique. Voici les grandes lignes dégagées de
nos études ainsi que la façon de les intégrer au réseau. L'analyse des données sur la consommation de poisson dans la région du
Témiscamingue, qui confirme que le doré jaune est l'espèce la plus
consommée, portait sur les niveaux de Hg détectés dans le doré jaune
provenant de cinq lacs où les participants pêchaient. Les données
confirment des écarts très significatifs en ce qui concerne les
concentrations en Hg détectées dans des spécimens de même taille mais
provenant de lacs différents. L'exposition estimée au Hg, selon la
fréquence de consommation de poisson et la teneur en Hg dans les poissons
provenant de deux branches du lac Desjardins, démontre que si la population
consomme du poisson provenant du lac Desjardins-Ouest, les taux moyens
d'absorption de Hg durant les mois de l'été serait de 0,09 ?g/kg/jour. En
ce qui concerne le lac Desjardins-Est, les taux moyens seraient de 0,13
?g/kg/jour, ce qui dépasse les seuils de tolérance de 0,1 ?g/kg/jour
établis par la EPA. Les estimations moyennes démontrent que l'absorption
de Hg dépasse ces seuils chez 34 % des adultes et 68 % des enfants au
cours de l'été. Quant à l'Abitibi, des écarts significatifs entre les lacs
ont également été démontrés relativement au rapport existant entre la
consommation de poisson local et les concentrations capillaires en Hg, ce
qui laisse croire qu'il existe des écarts dans la teneur en Hg des
poissons provenant des 3 lacs. Comparativement aux deux autres lacs, les
indices de concentrations capillaires en Hg, corrigés en fonction de l'âge,
du sexe et de la consommation de poisson, sont nettement plus élevés chez
les gens pêchant dans le lac Duparquet. Une collaboration étroite entre
les équipes de santé et de l'environnement, appuyée par les communautés et
les autorités locales, nous permettra d'expliquer ces écarts et de les
utiliser dans le cadre d'une campagne d'éducation relative à
l'environnement. En ce qui concerne la nation Innue du Labrador, les résultats des
questionnaires portant sur l'alimentation et la fréquence de consommation
démontrent qu'une grande partie de la communauté consomme régulièrement du
poisson durant toute l'année, et que cette consommation augmente durant
certaines périodes de l'année, lesquelles correspondent aux périodes de
séjour dans des camps saisonniers. Durant ces périodes, les trois repas
quotidiens peuvent consister en du poisson. Chaque famille possède ses
propres territoires de chasse et de pêche, auxquels correspondent des
indices précis de Hg dans le poisson. Les résultats préliminaires, compilés
à partir du poisson pêché par l'équipe de recherche en environnement dans
des lacs fréquentés par des membres de la communauté, démontrent des
indices de mercure variant de 0,1 à 0,9 p.p.m. pour le touladi et le grand
brochet (Anderson et Robertson, 2002). L'analyse séquentielle des indices
de concentrations capillaires en Hg confirme des écarts locaux entre
« consommation de poisson : exposition au Hg », c'est-à-dire que les
personnes consommant du poisson provenant des lacs où ont été détectées des
concentrations supérieures en Hg dans le poisson, ont des concentrations
capillaires en Hg plus élevées. Le questionnaire portait aussi sur le
gibier. La pertinence de ces résultats est accrue si l'on tient compte
d'une étude entreprise par le collège de médecine vétérinaire de
l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard (UPEI) démontrant la présence de
cadmium dans les reins de caribou ainsi que la détection de concentrations
en PBC, en DDT et en dioxine dans les oies, lesquelles dépassent les
seuils acceptables de tolérance établis. Les études prévues pour la
troisième année, portant sur l'analyse des teneurs en Hg du sang des
membres de la communauté Innue, nous permettront de déterminer les rapports
possibles existant entre ces composés, leurs effets sur le système
nerveux, et la santé. Bien que les concentrations capillaires moyennes en Hg chez les populations
de la baie de Fundy soient semblables à celles des communautés de
l'écosystème de la forêt boréale, les concentrations maximales mesurées
étaient beaucoup moins élevées, un fait qui s'explique par la fréquence de
consommation et le type de poisson consommé. L'absorption de Hg par
personne a été estimée en fonction de la consommation de poisson et de
fruits de mer (frais ou achetés en magasin) notée dans le questionnaire du
printemps portant sur la fréquence de consommation (mars, avril et mai
2002). Les aliments contribuant le plus à l'exposition au Hg, toute saison
confondue, sont l'aiglefin (Grand Manan) et le thon en conserve (St-
Andrews/St-Stephen). L'étude portant sur les femmes enceintes habitant la région du lac St-
François, où les concentrations sanguines et capillaires en Hg étaient très
faibles, démontre que seulement 27 % de celles-ci consommaient du poisson
pêché du fleuve Saint-Laurent. Les variances, quant aux concentrations
sanguines et capillaires en Hg précédant et durant la grossesse, sont
attribuables à la consommation de poisson en conserve et au poisson frais
acheté en épicerie. Les concentrations les plus élevées ont été observées
chez les femmes dont la consommation de poisson avait augmenté au cours de
la grossesse. Puisque le poisson en conserve est une source importante
d'exposition au Hg dans les communautés de la baie de Fundy et du lac St-
François, nous avons procédé à l'analyse de la teneur en Hg du saumon et du
thon (pâle et blanc) en conserve. Les résultats, présentés dans le
tableau ci-dessus, démontrent que le thon blanc, en particulier le thon
blanc conservé dans l'eau, affiche les indices les plus élevés. 20 % de
l'échantillonnage dépasse le seuil de tolérance de 0,5 p.p.m. établi pour
la commercialis