les théories de l'embryon chez les auteurs médicaux antiques et ...

La reproduction sexuée nécessite, dans ce cas, une rencontre des gamètes ...
Chez la femelle, les ?strogènes jouent un rôle important alors que chez le ... Par
contre les animaux d'élevage les cycles ?striens sont beaucoup plus visibles. ....
Au cours d'une grossesse, des examens échographiques sont prescrits pour ...

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LES THÉORIES DE L'EMBRYON CHEZ LES AUTEURS MÉDICAUX ANTIQUES ET CHEZ LES
PREMIERS AUTEURS CHRÉTIENS. Aline Rousselle*
(Université de Toulouse-le-Mirail)
Dans l'Antiquité, les questions sur l'embryon étaient orientées par des
soucis sociaux ou existentiels qui ont varié selon les époques et selon les
auteurs. Médecins, philosophes et juristes, tous concernés, ont des
préoccupations différentes, parfois convergentes.
-pour les médecins, la première préoccupation, correspondant à une demande
sociale, est la stérilité (to mè genan) et le désir de faire des garçons.
Il s'agit de répondre à la demande d'enfant, demande des hommes qui veulent
un fils, à celle des femmes qui ont besoin d'enfants pour obtenir la
considération sociale et pour satisfaire leur mari, qu'il s'agisse de la
Grèce ou de Rome, où cependant l'adoption fonctionnait bien. En principe la
question de l'avortement ne se posait pas pour les femmes citoyennes,
honorables et mariées : le serment d'Hippocrate demande au médecin de
s'abstenir, même si l'on peut en discuter les termes. C'est à partir de ces
questions que sont orientées les recherches médicales en anatomie et
physiologie. S'il y a un problème qui leur est étranger, c'est celui d'une
égalité entre hommes et femmes.
-l'origine de l'homme, la formation du composé humain, la transmission ou
l'introduction de l'âme, préoccupent les philosophes de la nature,
physiciens, comme les nommera Tertullien[1], mais les médecins se sont
aussi estimés compétents pour écrire des traités sur l'âme impliquant la
question de l'animation de l'embryon.
-le souci des juristes est différent. On leur demande d'empêcher ou de
sanctionner toute tentative de camoufler un adultère par un avortement. On
veut aussi éviter qu'une épouse prive son mari d'un héritier à son insu.
Les juristes doivent aussi dire si l'enfant à naître après le décès du père
vient à la succession, ce qui implique la surveillance de la veuve
enceinte. Les juristes romains, qui ont formé le concept de venter pour
désigner l'enfant à naître[2] devaient alors décider si l'embryon est un
être vivant et à partir de quand.
Chronologiquement, les réflexions des médecins et des philosophes sont
concomitantes tandis que la réflexion des juristes, du moins dans la forme
élaborée, est largement postérieure, même si l'adultère est réprimé depuis
la plus haute antiquité. Cette réflexion s'appuie sur les positions des
médecins et philosophes.
Le problème qui est à l'arrière plan est celui de la lignée. Comment la
maintenir en faisant des enfants ? comment, dans une société de lignée
mâle, savoir ce qui vient du père ? comment penser la contribution d'une
femme prise dans une autre lignée et empêcher la naissance d'enfants venus
d'une autre lignée par l'adultère ?
La question philosophique sur l'être, sur l'espèce humaine, est greffée sur
ces questions mais les déborde largement. C'est pourquoi je tenterai ici
d'éviter le bourbier des questions sur l'âme, qui nous entraîneraient trop
loin et je limiterai le recours aux théories sur l'âme à l'examen des
théories sur l'animation de l'embryon.
Les réponses dépendent toutes de la compréhension scientifique de la
génération qui relevait de la médecine.
En effet, si l'on veut comprendre comment les Pères de l'Eglise primitive
ont réfléchi à la conception et au développement de l'embryon, il faut
replacer cette pensée dans les connaissances anatomiques et physiologiques
de leur temps, dans les énoncés philosophiques eux aussi tributaires de la
médecine, et surtout noter que ces connaissances (ou " savoirs "[3]) ont
une épaisseur temporelle qui contraint à prendre en compte des ?uvres
depuis le VIe siècle avant J.-C.[4] On le verra, le souci des chrétiens est
partiellement différent. Ils utilisent les connaissances médicales pour
traiter de l'origine de l'homme, de la résurrection de la chair, de la
nature du corps du Christ, et pour discuter de l'avortement dans une
perspective morale.
C'est donc sur la longévité des questions et la répétition des réponses
préalable à toute nouvelle approche entre le VIe siècle avant J.-C. et le
IVe siècle après J.-C., qu'il faut d'abord insister. Nous examinerons
ensuite les instruments de la réflexion d'Hippocrate à Galien et enfin
l'utilisation de ces notions par les premiers auteurs chrétiens. I-Longévité des questions et des réponses
Les auteurs médicaux mentionnent et discutent les opinions de Parménide,
Empédocle (médecin), Anaxagore, Démocrite, jusqu'à la fin de l'Antiquité,
comme si l'anatomie d'Hérophile (à Alexandrie, dans la première moitié du
IIIe siècle avant J.-C.) n'avait rien changé. Même Galien (129-v. 206) ne
parviendra pas à faire admettre l'anatomie des organes génitaux féminins
découverte par Hérophile. De même que l'héliocentrisme d'Aristarque de
Samos (275 av. J.-C.), ou la théorie épicurienne des simulacres venant des
objets opposée à la théorie des rayons oculaires, il y a en médecine des
nouveautés qui sont répétées pour mémoire sans être jamais admises. Elles
font partie de l'énoncé des "opinions", préalable à tout exposé
scientifique, sans que l'on s'y attarde.
Les médecins Rufus (Ier s.), Soranos (fin Ier s.-IIe s.), Galien (2e moitié
du IIe s.), puis Oribase (2e moitié du IVe s.), reprennent les opinions des
présocratiques pour les exposer avant les leurs.
Du côté des philosophes et naturalistes, les plus éminents connaissent et
exposent aussi les opinions des présocratiques: Aristote (384-322),
Théophraste (né à Erèse, dans l'île de Lesbos, v. 371 av J.-C., qui dirige
le Lycée après la mort d'Aristote en 322, pendant 36 ans). Et tardivement,
Aetius d'Amida (chrétien, floruit v. 530-560) et Simplicius d'Athènes
(païen, exilé en 529) sous Justinien (529-569). Enfin Jean Philopon
d'Alexandrie (chrétien monophysite) au VIe s.
Quelle est la sélection des questions que l'on admettait comme encore
pertinentes, ce qui nous a valu la conservation des extraits des
présocratiques ? 1-Origine de la vie
On s'interrogeait sur l'origine des plantes et des animaux. Pour Parménide
(selon Diogène Laërce) le soleil est à l'origine de la vie. Pour Démocrite,
tout ce qui existe, vivant compris, est fait d'atomes de dimensions
variées, même si l'homme est fait de boue et d'eau. Pour Anaximandre (cité
par le chrétien Hippolyte), les êtres vivants sont nés de l'humide et du
soleil. On considérait la forme humaine et les monstres actuels pour
réfléchir à la formation des premiers corps humains. Qu'est-ce qui provoque
la répétition sur le même modèle, de génération en génération, de
l'emplacement des parties du corps? Pensons à la joute entre Geoffroy Saint-
Hilaire et Cuvier, sur le parallélisme entre insectes et mammifères.[5] Il
est vrai que l'on croyait à la génération spontanée, pas seulement dans le
cadre mythique, mais dans les milieux scientifiques, et cela jusqu'aux
expériences de Francesco Redi au XVIIe siècle (1668).[6]
Selon Giulia Sissa, la théorie d'Aristote qui prive la femme de toute autre
apport que la matière a encouragé la croyance en la génération spontanée.
Ce qui provoque la génération, c'est la chaleur (le sperme perd sa
consistance en sortant à l'air libre et en refroidissant). Le sperme
apporte l'origine du mouvement (arché kinoussa). Dans la génération
spontanée des vers, la terre, la viande putréfiée et l'eau jouent le rôle
de la mère, c'est-à-dire de la matière. Mais en cela les présocratiques
restaient proches des mythes, qui seront encore rappelés dans ce contexte
scientifique par Aristote: la naissance d'Erichtonios de la semence
masculine d'Héphaïstos et de la terre athénienne; la naissance d'Aphrodite,
du sperme d'Ouranos et de l'Océan.
On a pensé que le sperme est du sang, où d'ailleurs se trouverait l'âme, ce
à quoi était opposé Empédocle. 2- Ressemblances
Ce que nous comprenons comme reproduction (du plus ancien vers le plus
récent) était pensé comme ressemblances (du récent à l'ancien).
On a envisagé trois types de ressemblances: la reproduction de l'espèce
avec ses écarts; la ressemblance sexuelle; la ressemblance particulière des
parties du nouvel être humain avec les parties de ses parents. a- L'espèce
Le raisonnement repose sur l'observation de monstres. Empédocle attribue
les écarts de la reproduction à l'état de la semence sans préciser s'il
s'agit de semence masculine ou féminine (excès, perturbation, division,
déviation). b-Différence sexuelle de l'embryon : Pour Empédocle, qui était médecin, le
sexe de l'enfant dépend de la chaleur des parents: une mère chaude donne
naissance à une fille, une mère froide à des garçons, et l'inverse pour le
père, à quoi il faut ajouter, selon une citation de Lactance, l'imagination
de la mère. Le sexe dépend aussi de la position dans la matrice. Les
garçons se logent dans la partie droite de la matrice et sont plus rapides.
Parménide combine l'origine dans le testicule droit (mâles) ou gauche
(femelles) avec la puissance des principes mâle et femelle (mais sont-ce
deux principes présents dans le sperme mâle ?) ; Démocrite, attribue la
différence sexuelle à la puissance du sperme paternel ou maternel. Pour
Anaxagore, cité par Aristote, l'opposition mâle-femelle se trouve déjà dans
la semence paternelle. Le mâle apporte la semence, la femme apporte le
lieu. c-Ressemblance des parties à la mère ou au père. Pour Parménide, avec un
sperme issu du testicule droit, l