Conseil de maison
... par de pieuses méditations, par de sincères examens de conscience, par de
..... Las Avellanas » situé dans le diocèse d'Urgel (Espagne), tout en conservant ...
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V.J. M.J. Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1940, Fête de Notre-Dame Auxiliatrice. MES TRÈS CHERS FRÈRES,
Depuis vingt ans, j'avais l'habitude, chaque année, à cette date, de
venir vous inviter à nos retraites annuelles, et de recommander d'une
manière toute spéciale à vos charitables intentions les membres de
l'Administration en faveur des-quels s'ouvrait la série de ces saints
exercices. Malgré les troubles et les menaces qui assombrissaient, l'année
dernière, l'horizon politique, nous avions pu réunir à Saint-Genis-Laval
une cinquantaine de retraitants et passer avec eux dans le recueillement et
la prière, la semaine consacrée à cette fin.
Malheureusement, en septembre dernier, la situation s'est aggravée.
Après la chute de la Pologne et son odieux et criminel partage entre
l'Allemagne et la Russie, les alliés français et anglais, enfin lassés de
l'arrogance toujours croissante des gouvernants allemands et de leurs
manquements réitérés aux engagements les plus solennels, ont dû, à la suite
de cette dernière provocation, relever le défi, entrer en guerre et en
accepter toutes les conséquences.
La première a été la mobilisation générale qui nous a enlevé plus de
sept cents religieux de nos maisons de France et des provinces lointaines,
de la Syrie, de la Nouvelle-Calédonie, du Brésil, de l'Argentine, etc.
Notre province de Belgique a été, elle aussi, fortement touchée par la
mobilisation : le gouvernement belge s'est vu dans la nécessité de pourvoir
à la défense de son indépendance contre la menace non illusoire de son
envahissement.
La Hollande, la Belgique, la Suisse et d'autres pays qui s'étaient
déclarés neutres ont dû mobiliser des centaines de milliers d'hommes, les
équiper, les entretenir, et avec cela entreprendre de dispendieux travaux
pour garantir leurs frontières pendant que les populations sont accablées
d'impôts ruineux.
Si, de plus, on pense aux paquebots de commerce, même aux pauvres
barques de pêche, coulés souvent sans préavis, aux nombreuses et
malheureuses victimes englouties par la mer, aux atrocités commises en
Pologne, en Finlande et dans les pays qui, avec la liberté religieuse et
leur nationalité, ont tout perdu, on comprend que l'Allemagne et la Russie
se soient attiré la réprobation universelle.
Un autre effet de l'état de guerre est la réquisition de nos internats
et de nos maisons de formation. Pendant la durée des hostilités ; les
casernes, les hôpitaux militaires, des locaux occupés par les
administrations civiles sont insuffisants et le gouvernement est forcé
d'avoir recours à la réquisition de certains immeubles. C'est ainsi que nos
maisons de Saint-Genis-Laval, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Aubenas, Bourg-de-
Péage, Lagny, Varennes-sur-Allier, Chagny, sont occupées partiellement par
des ambulances ; Neuville-sur-Saône, Valbenoîte et Pont-Sainte-Maxence sont
pris totalement pour le même service ; Notre-Dame de l'Hermitage et Notre-
Dame de Lacabane sont réquisitionnées pour recevoir des évacués et
Beaucamps et Aulnois-sur-Seille sont occupés par le personnel
d'administrations civiles.
Partout, les autorités militaires, comme les administrations civiles et
les soldats, entretiennent avec les Frères les meilleures relations de
courtoisie, de bienveillance et d'entr'aide.
Mais les locaux laissés à la disposition de l'ambulance à Saint-Genis-
Laval ne nous permettent pas d'y appeler les Frères qui sont habituellement
convoqués à la Retraite des membres de l'administration. Et le Conseil
Général, après une sérieuse étude de la question, a été forcé de décider
que ces Frères devront faire leur retraite dans leurs provinces
respectives.
L'éloignement de nos communautés d'un si grand nombre de Frères
mobilisés a créé aux supérieurs des devoirs nouveaux à leur égard. Les
Frères Provinciaux se tiennent en relation constante avec nos Frères
soldats. Ils leur procurent les secours matériels dont ils peuvent avoir
besoin ; et, par des circulaires appropriées, ils les mettent au courant
des nouvelles de la famille, ils leur donnent les conseils et les avis
propres à les maintenir dans la piété et l'attachement à leur vocation et à
les préserver des dangers qu'ils rencontrent dans leur situation ; ils les
engagent à profiter de leur présence à l'armée pour y pratiquer l'apostolat
par leur dévouement, leur charité pour les camarades, par leur entrain
patriotique et surtout par le bon exemple.
A propos d'avis et de conseils, je ne saurais mieux faire que de vous
donner communication de la paternelle exhortation apostolique du Souverain
Pontife aux prêtres et aux clercs appelés sous les armes ; d'ailleurs,
prêtres, clercs et religieux n'occupent-ils pas dans le c?ur du Saint-Père
la même place et n'ont-ils pas tous les mêmes devoirs dans cette guerre qui
est une véritable croisade en faveur de la religion de Jésus-Christ ? La Mission de l'Ecclésiastique mobilisé. Parmi les poignantes préoccupations qu'amoncelle dans Notre âme le
déchaînement d'une guerre que Nous avions vainement tenté de conjurer par
tous les moyens, il en est une que Nous ressentons particulièrement : c'est
celle qui Nous vient de votre pénible situation, très aimés prêtres et
clercs, qui vous trouvez aujourd'hui éloignés soudaine-ment, par la force
des choses, de vos ministères spirituels ou de vos paisibles études et
jetés en plein monde militaire et guerrier.
Vous voici, à l'improviste et malgré votre manque d'habitude à ce genre
de vie, amenés à servir dans les casernes, dans les hôpitaux, dans les
ambulances, et jusque dans les rangs des combattants, les uns en qualité
d'aumôniers, les autres - et c'est la majorité - avec des fonctions d'un
genre bien différent de celles auxquelles votre vocation vous a destinés. Le Saint-Père suit paternellement
dans leurs épreuves les clercs aux armées. Partout vos vicaires aux armées ou aumôniers en chef vous accompagnent
de leur vigilante sollicitude, et Nous Nous sentons rassuré par la bonne
organisation, l'incessante activité et les initiatives éclairées de leur
assistance à la fois attentive et paternelle. Leur action, précieuse dans
tous les sens et riche de sacrifices, se révèle dans chaque pays
souverainement efficace, inspirée, comme elle l'est, par la plus profonde
conscience du devoir. En vous la rappelant, et en lui confirmant notre
confiance, Nous entendons en même temps la signaler à votre gratitude et à
cet esprit de généreuse docilité qui est un facteur nécessaire de son bon
fonctionnement.
De plus, afin que ne vous manquent pas les réconforts spirituels dont
vous avez besoin, aussi bien pour vous que dans l'exercice de votre
ministère, Nous avons l'intention d'accorder à tous les vicaires aux armées
ou aumôniers en chef des nations ou régions dans lesquelles existe ou
existera l'état de guerre ou de mobilisation sans préjudice des pouvoirs
déjà concédés - des facultés nouvelles et extraordinaires, qui soient pour
vous le gage du soin affectueux avec lequel Nous vous suivons
paternellement dans les angoisses de l'épreuve.
Mais l'action que Nous avons assignée aux vicaires aux armées ou
aumôniers en chef ne Nous dispense pas de venir Nous-même à vous directe-
ment pour vous ouvrir Notre âme et pour vous exhorter, dans des
conjonctures si extraordinaires, à regarder de près les devoirs inhérents à
vos nouvelles conditions de vie, pour les remplir sans réserve dans
l'esprit de votre vocation elle-même. Si l'habit change, l'esprit ne doit pas changer. Quoique vous ayez changé d'habit, l'esprit en vous ne doit pas changer.
Il doit vous accompagner sous les armes aussi bien que dans l'exercice de
votre sacerdoce. Celui qui permet aujourd'hui que vous vous trouviez en
dehors de vos habitudes d'étude et de travail, c'est ce même Père céleste
qui vous a appelés à l'autel. Il vous a appelés - souvenez-vous-en - non
pour faire de vous de purs et simples ministres du culte (le sacerdoce
catholique n'est pas que cela), mais aussi pour avoir en vous des ministres
de la Parole, des propagateurs de l'Évangile, des représentants vivants de
son Christ : afin que vous le fassiez connaître à tous, en suscitiez chez
tous le désir, allumiez en tous son amour. Il est vôtre, le programme de
saint Paul, qui se glorifiait de ne rien savoir d'autre et de ne rien
porter d'autre aux nations que le Christ, et le Christ crucifié. Et il le
portait par sa vie, non moins que par sa parole, en tout lieu, en toute
circonstance, en privé comme en public, sous le libre ciel comme dans les
chaînes et c'est ainsi que de la même prison où il recevait tous ceux qui
venaient à lui et prêchait librement le royaume de Dieu, il pouvait écrire
aux Philippiens : « Je veux que vous sachiez, mes frères, comment ce qui
m'est arrivé a plutôt tourné au progrès de l'Évangile. » (Philipe., I, 12.) Dieu sait tirer le bien du mal. Aujourd'hui Dieu a permis que vous quittiez vos occupations ordinaires,
que vous soyez mis en contact avec des hommes de toute éducation, de toute
conduite morale, de toute culture et de toute foi, souvent éloignés de
Dieu, ignorants de Jésus-Christ et de son Évangile, vides de sentiments
religieux, préoccupés de toute autre chose que de l'âme et de ce qui
regarde son salut éternel. Ainsi des hommes aux