Réflexion SNEP sur l'état de la réforme - Le SNEP
La réflexion sur une autre réforme, doit faire l'objet d'un travail réel et approfondi.
... L'examen de l'ensemble des problèmes nous amène à affirmer que non. .... Si
demain, beaucoup de masters intègrent des préparations concours, on aura ...
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Pour une réelle remise à plat de la réforme de la formation des enseignants
....ou les problèmes posés par les commissions de concertation Christian Couturier, Claire Pontais SNEP- FSU 50 organisations ont signé un texte disant clairement : « A l'heure
actuelle, la seule solution envisageable pour répondre à la situation
d'urgence consiste à maintenir pour l'année 2009-2010 les dispositifs
actuels. » Elles exigent notamment le maintien du « calendrier des
épreuves des concours », « des conditions d'inscription en IUFM et aux
concours et des dispositifs de préparation à ces concours (IUFM et
UFR) » ainsi que de « l'année de stagiaire rémunérée à l'issue des
concours, dans les conditions actuelles ». Cela reste une priorité. La réflexion sur une autre réforme, doit
faire l'objet d'un travail réel et approfondi. Les conditions d'une
« réelle remise à plat de la réforme » que nous souhaitons sont-elles
réunies ? L'examen de l'ensemble des problèmes nous amène à affirmer
que non. Le ministère a fait quelques concessions sous la pression des luttes. Pour
autant, il reste pressé d'engager le processus de mastérisation alors que
tout le monde demande du temps de réflexion. Pourquoi ? Parce qu'il a
toujours plusieurs objectifs : - Alignement européen (seul objectif que l'on partage, encore qu'il
faudrait voir, dans les 5 ans à venir, combien de pays sur les 27
formeront véritablement au niveau master, et encore faudrait-il
pouvoir comparer la formation master dans certains pays et la nôtre !) - Diminution du coût de concours (cf audits et rapports) qui passe par
trois choses : diminution du nombre d'épreuves, diminution du nombre
de candidats, diminution du nombre de postes. - Pouvoir opérer à terme des recrutements hors concours sans être sous
le coup de la critique d'une formation insuffisante. - Suppression des IUFM pour une double raison, économique et
idéologique. Economique parce que le gouvernement pense qu'il payait
deux fois pour la même chose (universités et Iufm pour préparer aux
concours). Idéologique pour détruire le creuset supposé de la
contestation enseignante. Cette suppression devait aussi entériner la
fin d'une véritable formation professionnelle assurée par l'Etat-
employeur. Mais le ministère, pris lui-même au piège de la précipitation, n'avait
aucune réforme pensée dans la besace. L'aventurisme a donc été la règle.
D'abord sur les concours (nombre et nature des épreuves), ensuite en
réagissant au coup par coup jusqu'à la situation présente qui n'est pas
équivalente à un report total de la réforme. Celle-ci est aujourd'hui
illisible pour les étudiants et en train de servir de repoussoir aux
générations à venir. C'est dans ce cadre que s'engagent d'une part des discussions entre les
syndicats et le ministère de l'EN (sans le ministère de l'enseignement
supérieur, ce qui est un vrai problème) et d'autre part la réflexion de la
commission Marois-Filâtre sans d'ailleurs que les relations entre les deux
soient établies. Dans les deux cas, sont définis des groupes de travail qui
posent pour le moins problème : Un cadre de discussion réduit, récusant par là-même une réelle « remise à
plat » - Le concours est affiché en M2, visiblement sans discussion possible.
- L'année post-concours est définie comme une année de « formation
continuée » et non comme formation initiale, ce qui balaye toute
véritable formation initiale en alternance, pourtant tellement prônée
par ailleurs. Une réflexion « découpée » alors qu'il faudrait l'envisager globalement L'entrée dans le débat pas un découpage des thèmes, sans avoir une première
réflexion d'ensemble pose des problèmes de méthode évidents. Le groupe 1 concours va devoir réfléchir sur les contenus sans connaitre la
place des concours qui sera, elle, pensée par le groupe 2. De même,
l'articulation master/concours (groupe2) va être pensée sans envisager la
pré-professionnalisation en Licence (oubliée dans la réflexion) et sans
tenir compte de l'année post-stage. Au mieux, le groupe concours va raisonner dans l'hypothèse Darcos et
hésiter entre 3 propositions : écrits et oraux en fin de M2, écrits en
début de M1/ oraux en début de M2, écrits en fin de M1/oraux en début de
M2. Ce cadre est-il acceptable si le ministère refuse d'envisager la
question des pré-recrutements valant admissibilité et/ou allocations IUFM
dès L3 ? Les épreuves de concours peuvent-elles être les mêmes quelle que soit leur
place dans le cursus? Peuvent-ils, doivent-ils être au même moment selon
les disciplines ? Doivent-ils être bâtis sur le même schéma ? Autant de
questions qu'il est nécessaire d'avoir en amont. Concernant le type de master, ce problème ne peut être discuté
indépendamment du reste. L'orientation de la réforme actuelle plaide plutôt
pour des masters « pro » (même si la distinction des masters n'est plus a
priori valide, elle continue à fonctionner sur le terrain), ce qui met en
adéquation master/métier. Mais quid alors de ceux qui voudraient, y compris
par la suite, s'orienter vers de la recherche ? Faudra t-il qu'ils passent
un autre master. Inversement un master « recherche » peut-il laisser la
place à une formation professionnelle en quantité et en qualité
suffisante ? Une réelle concertation doit envisager d'abord l'ensemble des problèmes.
Qu'ensuite, il y ait des groupes de travail séparés, pourquoi pas. Il faut
aussi pouvoir envisager les choses à long terme. Par exemple, prévoir des
changements dans les concours à échéance de 3 ans (pas avant), de façon à
donner le temps aux universités de mettre en place des enseignements qui
n'existent pas aujourd'hui (épistémologie, histoire de la discipline,
didactique, etc). La question du flux des étudiants ignorée alors qu'elle est centrale La qualité du cursus n'est qu'un aspect de la réforme, la question de la
gestion du flux des étudiants est totalement ignorée alors qu'elle est
déterminante. En effet, l'enseignement représente le débouché le plus
important pour les étudiants. Une promotion universitaire sortant de
Licence compte environ 200 000 étudiants. Par ailleurs, 150 000 candidats
se présentent aux concours de l'enseignement. On comprend alors que toute
réforme de la formation des enseignants touche de manière très sensible
l'ensemble du monde universitaire. Actuellement la gestion des flux est régulée par la capacité d'accueil des
IUFM (environ 50 000 étudiants en première année), qui -de fait- est une
sorte de pré-recrutement « non rémunéré » puisque les chances d'être reçu
au concours sont nettement plus élevées si l'on a préparé au moins une fois
le concours en IUFM. Le ministère entend régler la question en confiant la formation PE aux
sciences de l'éducation (ou à ce qu'il restera des IUFM) et la formation
PLC aux UFR (avec aucune, ou peu d'implication des IUFM). Si demain, beaucoup de masters intègrent des préparations concours, on aura
énormément de mastérisés qui auront suivi des parcours enseignement mais
qui ne deviendront jamais enseignants et les masters recherche auront été
désertés. Inversement si les masters permettent des reconversions, on sera
loin d'une préparation au métier d'enseignant. Le problème est donc de
réguler les flux des étudiants pour avoir la meilleure formation
professionnalisante possible tout en ne vidant pas les masters recherche.
La solution ne peut venir qu'en amont avec des pré-recrutements ou
allocations IUFM de façon à avoir des étudiants à la fois bien préparés au
métier et obtenant un master de qualité. Exemple pour les stages : Darcos prévoit 50 000 stages pour 150 000
candidats au concours. Faut-il s'orienter vers 150 000 stages pour
assurer une formation à tous ou réguler en amont ? Une réelle concertation doit prendre à bras le corps la question des pré-
recrutements et/ou un système d'allocation de façon à gérer le flux des
étudiants au sein de l'université. Pour assurer à la fois l'unité du niveau de recrutement et la diversité, y
a-t-il une autre solution que celle des « trois voies pour devenir
enseignants » que le SNEP a développé en octobre 2008 : une voie avec pré-
recrutement et/ou allocation IUFM dès L3, une voie avec recrutement M2 ou
post-master, une voie pour les personnes en reconversion (en 2005-06, 2500
aides éducateurs et 1000 étudiants bénéficiaient d'une dispense à l'entrée
en IUFM) ? La question des redoublants (collés au concours, reçus au master ou
l'inverse) est aussi évacuée : actuellement les collés au concours
redoublent à l'IUFM, dans le futur système, ils valideraient leurs années
d'étude. C'est un progrès pour eux, mais par contre, ils ne pourront plus
redoubler au sens classique du terme. Or, les concours sont difficiles, pas
seulement parce qu'il y a peu de postes, aussi parce que l'articulation des
diverses connaissances entre elles demandent du temps d'appropriation.
Actuellement 37% des PLC redoublent en IUFM, 20% des PE (capacité d'accueil
limitée). Si les étudiants abandonnent, c'est un gâchis humain et
financier. Il faut d'une part réguler en amont et d'autre part prévoir des
préparations concours, séparées de l'obtention d'un diplôme, avec une
dotation spécifique. Le système actuel de DU est payant (pris sur la
dotation de l'université). Cette préparation concours devrait être de la
responsabilité des IUFM. Sans cela, ce sera un