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La garde partagée, c'est l'exercice conjoint de l'autorité parentale et, ... 372-3).
Même si la loi ne le reconnaît pas explicitement, les accords incluant une
promesse ..... parentaux arrêtés devant un tribunal ou en médiation m'ont tous dit
avoir eu .... d'une foule de nouvelles investigations théoriques : vision dynamique
plutôt ...

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Le freudisme et les rationalismes[1] Jacques Van Rillaer Professeur de psychologie à l'université de Louvain-la-Neuve Il y a une trentaine d'années, René Zazzo, un des plus éminents
psychologues du XXe siècle, organisait un colloque de l'Union Rationaliste
sur le thème « Psychanalyses et rationalisme ». Les communications ont été
publiées dans Raison Présente en 1978. Dans le titre du colloque, le mot
« psychanalyse » était au pluriel. Zazzo, dans son exposé, mettait l'accent
sur « la diversité des écoles » de psychanalyse.
Dans la communication qui suivait celle de Zazzo, le psychanalyste Didier
Anzieu employait le terme « psychanalyse » au singulier, comme synonyme de
« freudisme ». Dans son exposé, intitulé « Rationalité dans la théorie et
dans la pratique de la psychanalyse », il commençait par dire que « tout au
long de sa vie, Freud fut un homme profondément rationaliste » (p. 9).
Ensuite, il évoquait la psychanalyse jungienne, pour aussitôt la décrier
aux yeux des rationalistes auxquels il s'adressait. Il disait : « Freud a
été profondément rationaliste. Si l'on doit évoquer la première scission à
avoir eu lieu dans le monde psychanalytique, c'est celle qui se produisit
entre Freud et Jung. Et il importe de préciser qu'indépendamment de la
dévaluation de la sexualité par Jung celui-ci était occultiste, végétarien,
mystique. Ce profil - pour rapide qu'il soit - est aux antipodes de celui
de Freud et montre suffisamment que Jung était voué à la marginalité par
rapport à la psychanalyse conçue comme science » (p. 11).
Cette présentation d'Anzieu est un échantillon typique de la manière dont
les freudiens font l'histoire de la psychanalyse. Anzieu sélectionne et
interprète des faits de façon à faire croire que Freud a créé une véritable
« science » et qu'il en est l'incarnation. Cette présentation
hagiographique appelle au moins quatre remarques.
1. La première scission dans la saga freudienne n'est pas l'exclusion de
Jung en 1913 mais, deux ans plus tôt, celle d'Alfred Adler, qui allait
alors fonder, avec d'autres psychanalystes de la première génération, la
« Société pour la libre recherche psychanalytique ». L'objectif déclaré de
cette société concurrente à celle de Freud était, selon les mots d'Adler,
de « respecter les principes fondamentaux de la recherche scientifique »,
notamment le fait de « ne pas être lié par certaines formules et de ne pas
être empêché de rechercher de nouvelles solutions. » (cité par Borch-
Jacobsen & Shamdasani, 2006, p. 123)
2. Jung ne « dévaluait » pas la sexualité. Simplement, il refusait
d'expliquer tout trouble mental par la sexualité, ce que Freud faisait à
l'époque et a continué à faire jusqu'à la fin de sa vie. Faut-il rappeler
que, dès 1896, celui-ci écrivait que « Le résultat le plus important auquel
on arrive en poursuivant l'analyse de façon conséquente est celui-ci : de
quelque cas et de quelque symptôme que l'on parte, on finit toujours
immanquablement au domaine de l'expérience sexuelle » (1896b, p. 434). Dans
son dernier livre, quarante-trois ans plus tard, il répétait : « Les
symptômes névrotiques sont dans tous les cas soit la satisfaction
substitutive d'une tendance sexuelle, soit des mesures pour l'entraver ou
encore, cas les plus fréquents, un compromis entre les deux » (1940, XVII,
p. 112).
3. Anzieu souligne que Jung était « occultiste » et « végétarien ». Que
Jung était végétarien est sans doute un fait peu significatif. En tout cas,
ce n'est pas un trait caractéristique d'irrationalisme. Par ailleurs,
Freud, comme bien d'autres « psys » de son époque, était intéressé par
l'occultisme et il a été toute sa vie un homme superstitieux. Sur la
question des superstitions de Freud et de son intérêt pour l'occultisme, je
renvoie à l'ouvrage, très bien documenté, de Jacques Bénesteau, Mensonges
freudiens, qui y consacre un long chapitre (2002, p. 101-120).
4. Enfin, il est simpliste de faire du freudisme une « science » et de
considérer les autres formes de psychanalyse comme irrationnelles et
« marginales ». Anzieu, en mettant en avant la rupture de Freud avec Jung -
qu'il qualifie de « mystique » -, présente le premier comme un vrai
rationaliste. A y regarder de près, si l'on compare Freud à Adler, le
premier dissident - dont Anzieu se garde de rappeler l'existence -, on peut
dire que la théorie de Freud s'apparente plutôt à la philosophie romantique
et à l'irrationalisme, tandis que celle d'Adler s'apparente à la
philosophie des Lumières et au rationalisme. C'est la conclusion du plus
célèbre des historiens de la psychiatrie, Henri Ellenberger, au terme d'une
comparaison minutieuse des deux théories (1970/1974, p. 538).
Je voudrais développer ici les idées suivantes : Freud se pensait comme un
rationaliste. En certains sens, il l'était assurément, notamment dans sa
critique des croyances religieuses. Toutefois, sa volonté de rationalisme
ne l'a pas préservé d'utiliser des méthodes pseudo-scientifiques. En fin de
compte, le freudisme a contribué à développer certaines formes
d'irrationalité et a sapé la foi dans l'importance de la démarche
scientifique.
1. « Freudisme » et « psychanalyse » Avant de développer ces points, je m'explique sur l'utilisation du mot
« freudisme », plutôt que « psychanalyse ». C'est une question riche
d'enseignements pour juger du degré de scientificité de la pensée
freudienne. La citation d'Anzieu en est une bonne introduction.
Freud a commencé à faire ce que nous appelons aujourd'hui de la
« psychothérapie » à partir de 1886. Il a d'abord désigné son activité par
les expressions « hypnose », « traitement psychique » (Psychische
Behandlung) et « traitement de l'âme » (Seelenbehandlung). Il a ensuite
parlé d' « analyse psychique » et d' « analyse psychologique » (1895).
Cette dernière expression, faut-il le rappeler, est celle d'un Français,
Pierre Janet, qui l'a utilisée dès la fin des années 1880, pour désigner
l'étude détaillée de la vie d'un individu. Lorsque Freud, en 1896, emploie
pour la première fois le mot « psycho-analyse », il s'inspire fort
probablement de l'expression « analyse psychologique » de Janet. Fait
particulièrement intéressant, il désigne par ce mot « le procédé
explorateur de J. Breuer » (1896a, p. 416). En effet, jusque dans les
années 1910, le terme « psychanalyse » a été utilisé pour désigner diverses
formes de psychothérapies centrées sur les propos des patients et, plus
particulièrement, la méthode attribuée à Joseph Breuer. Par exemple, le
psychiatre suisse Ludwig Frank a publié, en 1910 à Munich, un ouvrage
intitulé Die Psychanalyse, où il critiquait « la déviation » que constitue
la psychanalyse de Freud par rapport à la vraie psychanalyse, celle de
Breuer. Frank reprochait à Freud notamment l'importance attribuée au
facteur sexuel (voir Borch-Jacobsen & Shamdasani, 2006, p. 116). Notons que Frank et d'autres psychiatres suisses germanophones, comme
Auguste Forel et Dumeng Bezzola, écrivaient « Psychanalyse » sans « o » et
se moquaient quelque peu de Freud, qui semblait ignorer les règles de la
formation des mots composés à partir du grec. En effet, en allemand comme
en français, on ne dit pas « psychoiatre » mais « psychiatre », on ne dit
pas « psychoasthénique » mais « psychasthénique » (id., p. 95). Il faut
donc dire, en allemand comme en français, « Psychanalyse » et non
« Psychoanalyse ». Jusqu'aux environs de 1910, Freud n'avait pas d'objection à l'utilisation
du mot « psychanalyse » - avec ou sans « o » - par d'autres
psychothérapeutes que lui. Lorsqu'il fut invité à parler à l'université
Clark en 1909, il commença sa présentation en disant : « Ce n'est pas à moi
que revient le mérite - si c'en est un - d'avoir fait naître la
psychanalyse. Je n'ai pas participé à ses débuts. J'étais encore étudiant,
absorbé par la présentation de mes derniers examens, lorsqu'un médecin
viennois, le Dr. Joseph Breuer, appliqua pour la première fois ce procédé à
une jeune fille souffrant d'hystérie (1880-1882). Nous devons donc nous
occuper d'abord de l'histoire de cette malade et de son traitement »
(1910a, p. 3).
Freud est-il un homme modeste, qui admet qu'il ne fait que prolonger la
conception de Breuer ? Nullement. Faut-il rappeler qu'il s'est autoproclamé
l'auteur de la troisième grande révolution intellectuelle de l'Humanité,
après celle de Copernic - la « vexation cosmologique » - et celle de Darwin
- la « vexation biologique ». Freud a dit de lui-même qu'il a infligé à
l'Humanité « la plus sensible des blessures narcissiques » : la « vexation
psychologique », c'est-à-dire la démonstration que « le moi n'est pas
maître dans sa propre maison » (1917b, p. 11). S'il déclarait encore en
1909 que Breuer est le créateur de la psychanalyse, c'est parce que c'est
l'opinion de ses confrères et probablement aussi la sienne.
Dans les années 1910, Freud va être de plus en plus connu et de plus en
plus contesté, y compris par de proches collègues et amis, comme Adler,
Jung et Stekel. C'est à cette époque qu'il va s'employer à faire du terme
« psychanalyse » sa propriété et à paraître le maître souverain d'une
nouvelle discipline, le seul à pouvoir décider de son contenu. Alors qu'il
déclarait en 1909, « Ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir fait
naître la psychanalyse », il écrira en 1914 : « La psychanalyse est