Alors que le manque d'eau est un problème récurrent ... - Hal-SHS
Un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization émanant de ... Un
examen détaillé de la situation hydrologique de cet espace sur un plan .... les
systèmes de distribution d'eau dans les communautés de taille moyenne tant en
.... déversement direct des égouts et fuites de pétrole? dans les réserves d'eau
douce.
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La question de l'eau en Israel et dans les territoires palestiniens. François Mancebo La rareté de l'eau est un élément essentiel de la vie -et non seulement de
l'agriculture- des régions arides du Proche-Orient. Un rapport de la FAO
(Food and Agriculture Organization émanant de l'ONU)[1] signale que la
ration d'eau individuelle n'est nulle part aussi réduite que dans le bassin
du Jourdain : la quantité d'eau potable de bonne qualité disponible par
personne et par an est de 250 m3 en Israël, avec seulement 85 m3 dans les
Territoires[2] et 200 m3 en Jordanie. Mais la situation est régionalement
très contrastée : le nord d'Israël dispose de près de 500 m3 par personne
et par an, et les deux pays en amont du Jourdain -Liban et la Syrie-
respectivement de 3 000 m3 à 1 200 m3. Un tel contexte est propice à
accroître toutes les tensions entre populations voisines. Il n'en faut pas
plus pour que certains analystes considèrent, par un raccourci saisissant,
que le conflits israelo-palestinien est aussi un conflit pour l'eau. Un
examen détaillé de la situation hydrologique de cet espace sur un plan
environnemental et dans une perspective d'aménagement, fait apparaître des
défis qui ne peuvent être relevés que dans le cadre d'une coopération
régionale : loin d'être fauteuse de guerre, la question de l'eau semble
donc porteuse de paix, à condition que l'ensemble des acteurs d'un conflit
vieux de plus de 50 ans renoncent à instrumentaliser ce thème dans leur,
très médiatique, confrontation. Cette contribution mène cette analyse en 3
points : après un état des lieux des ressources, il est procédé à un examen
du contentieux et des solustions possibles. Les conséquences concrètes de
leur mise en ?uvre sur la gestion de l'eau et l'aménagement, en Israël sont
enfin mises en perspective. 1. Des ressources en eau limitées. Le climat général israëlien se caractérise par une grande aridité influencé
par la proximité du désert qui borde le pays au Sud et à l'Est (photo 1).
Les pluies, à peu près inexistantes d'avril à septembre, ne tombent que sur
les régions montagneuses septentrionales (photo 2) : Galilée et Golan. Le
reste de pays subit un climat semi-aride ou aride, avec 50 à 250
millimètres de pluie par an en moyenne. En fait, Israël et les Territoires
disposent de ressources en eau très circonscrites : -Le Jourdain, petit fleuve frontalier d'environ 300 km, prend sa source
dans le mont Hermon (photo 3) et qui se jette dans la mer Morte avec un
débit d'environ 1,2 km3/an, alimenté par des sources et des affluents du
Liban, de Syrie, de Jordanie et d'Israël. -Deux aquifères fournissent plus du cinquième des ressources : l'aquifère
intérieur qui dispose d'environ 660 millions de m3/an, et l'aquifère
côtier, étiré d'Haïfa à Ashkelon en passant par la bande de Gaza, avec une
capacité d'environ 300 millions de m3/an. L'eau est d'autant plus rare dans la région que lorsqu'elle apparaît à
l'air libre, elle a tendance à s'évaporer : l'évaporation peut atteindre 50
% des précipitations. A ce contexte climatique s'ajoute le problème de
l'érosion des sols. Aux courtes et violentes averses qui tombent souvent à
la fin de la saison sèche succèdent des ruissellements dévastateurs. Avec des réserves renouvelables estimées à 2,4 milliards de m3 par an, et
une consommation annuelle de plus de 3 milliards de m3, le déficit hydrique
se creuse d'année en année en Israël. Il est compensé par des prélèvements
dans des nappes souterraines profondes, largement surexploitées, qui ne
peuvent ensuite être rechargées. Le strict rationnement de l'eau est une
pratique courante en été dans les zones à forte densité de population : en
1999 Israël a ainsi ordonné une réduction de 25 % des allocations d'eau à
l'agriculture nationale. Jusqu'au début du 20e siècle, l'agriculture en Israël était presque
entièrement dépendante des rares pluies. Seules quelques localités du nord
-en Galilée- étaient dotées de systèmes d'irrigation. L'eau y était
acheminée par gravitation de la source aux champs au moyen de simples
canaux à ciel ouvert. Par suite des pertes importantes occasionnées par
l'infiltration rapide dans le sol lors du transport, l'eau était distribuée
de façon inégale, les paysans les plus éloignés de la source en recevant
que fort peu. L'idée que l'agriculture nécessitait un approvisionnement
régulier émergea lorsque de nombreuses fermes s'installèrent avec le retour
en Israël des Juifs de la diaspora, qui mirent en place les premiers
équipements de pompage dans l'aquifère intérieur. Ces installations furent
à l'époque réalisées avec l'accord des autorités de l'Empire Ottoman puis
du mandataire britannique, et de l'ensemble des populations présentes sur
les lieux. Après 1948, le jeune Etat connût un accroissement démographique
considérable. Il était essentiel d'éviter que la population ne s'entasse
dans la plaine côtière et à proximité de Jérusalem. Une politique
volontariste d'encouragement au peuplement du Néguev, région aride
désertique du sud du pays, fut donc menée avec la création de véritables
"villes-nouvelles" dont Beer Cheva. Mais, dès le début, il s'avéra que la
principale difficulté pour la réussite de ce projet était la rareté de
l'eau, tant pour l'agriculture que la vie quotidienne et les autres
activités économiques. On tenta de forer des puits et d'extraire l'eau
souterraine mais les quantités étaient trop réduites et la salinité de
souvent trop élevée. Il fut donc décidé que la meilleure façon d'assurer un
approvisionnement fiable était de transporter de l'eau du nord du pays par
des conduites. Cela aboutit au projet de construction du Conduit National (National Water
Carrier), qui devait originellement puiser l'eau des affluents du lac de
Tibériade. Le chantier débuta en 1953, mais par suite de l'opposition
syrienne les collecteurs d'eau durent être déplacés au Sud-Ouest à la
sortie du lac. Ce contentieux israelo-syrien de 1953, qui a constitué le
premier conflit pour lequel l'eau a joué un rôle déclencheur dans
l'hsitoire récente d'Israël présente une particularité qui le rend très
intéressant pour notre propos. Il donna lieu au premier plan établissant un
partage de la ressource en eau par les pays de la région, le plan
Johnston[3]. Rejeté en son temps, il revient aujourd'hui régulièrement
comme base de discussion dans les négociations pour l'eau. Le Conduit National ne fut donc achevé qu'en 1964 (photo 4) : réseau de
canalisations souterraines, de canaux à ciel ouvert, de réservoirs
intermédiaires et de tunnels, prélevant non seulement l'eau de Tibériade
mais aussi des deux aquifères. Il permit de fournir en eau courante
l'ensemble du pays. Le Grand Conduit National constitue aujourd'hui non
seulement la principale source d'approvisionnement en eau, mais également
un déversoir pour l'excédent d'eau du Nord en hiver ainsi qu'un mode de
recharge des aquifères surexploités de la région côtière. Il est exploité
par le société nationale Mekorot, qui gère l'ensemble des ressources
hydriques du pays. 2. Le conflit israelo-palestinien est-il soluble dans l'eau ? Selon les accords d'Oslo de 1993, la nouvelle Autorité Palestinienne et
Israël étaient appelés à coopérer dans la gestion de l'eau. D'ailleurs,
dès 1994, lors d'une commission multipartite à Oman, les Israéliens firent
une proposition visant à rendre plus efficaces les systèmes de distribution
d'eau dans les communautés de taille moyenne tant en Israël que dans les
Territoires -rive occidentale du Jourdain et Gaza- et surtout en relation
avec les pays voisins de la région. Elle se concrétisa, en 1995, dans
l'accord intérimaire de Taba liant Israël et l'Autorité Palestinienne et
dans la signature d'un traité de paix entre la Jordanie et Israël règlant
le problème de l'eau entre ces deux Etats sur la base coopérative. L'eau,
ici, loin d'attiser les conflits à tendance à accompagner les efforts de
paix et de stabilisation régionale. Malheureusement, depuis le début des années 80, le Proche-Orient subit une
sécheresse exceptionnelle qui se prolonge encore aujourd'hui. Le niveau du
Jourdain et de la mer de Galilée ont atteint des seuils dramatiquement bas,
et Israël est amené à restreindre le forage de puits et à limiter
l'exploitation de ceux qui existent. Cela contribue à accroître fortement
les tensions locales, l'Autorité Palestinienne accusant régulièrement
Israël de l'assoiffer et de lui voler l'eau. C'est devenu un thème
récurrent, s'exprimant de manière multiforme au gré des circonstances. Il
est ainsi surprenant d'entendre que le conduit Kissufim reliant Israël à
Gaza pomperait l'eau de Gaza, alors qu'à l'inverse cette canalisation pompe
l'eau d'Israël vers Gaza, dans le cadre des accords d'Oslo. D'ailleurs, les
canalisations sont en très mauvais état, malgré des aides financières
massives notamment européennes, une grande quantité des eaux palestiniennes
loin d'être volées sont simplement perdues : 40 % en volume moyen. Pour
citer un exemple, ce sont 60 % des eaux de Tulkarem et 20 % des eaux de
Ramallah qui s'évanouissent dans la terre. Il est vrai que la configuration spatiale et l'histoire récente n'aident
pas à l'apaisement. Parmi les Territoires, Gaza par exemple une portion
côtière composée de dunes de sables, de 40 km de long sur 6 à 12 km de
large où les précipitations constituent la ressource majeure en eau. Zone
de transition entre la zone côtière semi-humide d'Israël au Nord, le Néguev
à l'Est et le désert du Sinaï au