l'enseignementhistorique en sorbonne - Clioweb - Free

La typographie est source d'erreurs à corriger. ..... Le premier examen de la
licence ainsi modifié ne devait se faire qu'au mois de juillet d882 mais ... L'
éducation professionnelle ne nuira-t-elle pas à l'instruction scientifique, ou l'
instruction ..... Ils diront tous les termes du problème de la succession d'Espagne,
par exemple ...

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http://clioweb.free.fr/textes/gallica/lavisse-1881.doc L'ENSEIGNEMENTHISTORIQUE EN SORBONNE
ET L'ÉDUCATION NATIONALE
Ernest Lavisse Leçon d'ouverture au cours d'histoire du Moyen Age, à la Faculté des
Lettres de Paris en décembre 1881- Extrait de la Revue des Deux Mondes
livraison du 15 février 1882.
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Il arrive quelquefois en France qu'un homme, parvenu à l'âge de la
curiosité sérieuse, se prend du désir à l'âge de la curiosité sérieuse, se
prend du désir de connaître l'histoire de son pays. Il se met à lire une ou
deux de nos histoires générales, et cette lecture lui donne des
renseignements et des idées : le livre fermé, il les repasse dans sa
mémoire et les examine; alors des doutes lui viennent en beaucoup
d'endroits il ne voit pas clair. Après avoir réfléchi, il dresse un
catalogue de questions et se met en quête des réponses; mais son embarras
est grand, car il ne sait où s'adresser. Quand on veut s'informer sur l'histoire de l'Allemagne, on trouve chez le
premier libraire allemand venu un volume in-8° de 250 pages, contenant la
bibliographie de l'histoire allemande d'abord la liste des collections
d'historiens et de documents : ensuite les titres des revues et des
histoires générales et ceux des livres les meilleurs sur tous les sujets
religion, église,
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classes sociales, institutions et pouvoirs politiques, associations,
villes, propriété, guerre, finances, commerce, industrie, agriculture,
lettres et arts. Dans une troisième partie, des chapitres dont chacun
correspond à une période de l'histoire, offrent à la fois la bibliographie
des documents et celle des travaux historiques d'une part, les matériaux;
d'autre part, la mise en oeuvre. La lecture de ce petit volume inspire le
respect de la science historique. Cette oeuvre immense, infiniment variée
dans le détail, mais qui présente un ensemble ordonné, ne peut point ne pas
atteindre son objet, qui est la découverte de la vérité; c'est la première
pensée qui vienne à l'esprit. On s'aperçoit aussi qu'il existe en Allemagne
une organisation du travail. On relève des noms de sociétés qui ont été
fondées soit pour publier les documents, soit pour les critiquer, soit pour
en tirer l'histoire d'une institution, d'une ville, d'une province, d'un
État, d'une période. On découvre une filiation entre des oeuvres d'hommes
qui ont été instruits au même atelier. Des associations de maîtres et
d'élèves, d'historiens proprement dits et de juristes, de philologues, de
philosophes, de théologiens, d'artistes, tous pénétrés et guidés par
l'esprit historique. se sont prêté un appui mutuel, et sont arrivées par
la persévérance et l'union dans l'effort à éclairer les questions
difficiles et à résoudre les problèmes solubles.
Un pareil livre n'existe pas en France. On est réduit à s'informer comme on
peut, presque au hasard et au jour le jour, dans des bulletins
bibliographiques note 1. Cette lacune va être comblée. M. Monod va publier à la librairie
Hachette le catalogue que nous réclamions. C'est un service qu'il ajoutera
à ceux qu'il a rendus déjà aux sciences historiques. 3 et dans les catalogues de bibliothèques ou de librairies. Si le personnage
que nous avons supposé tout à l'heure veut s'adresser à des personnes, à
défaut de guides écrits, il les verra isolées les unes des autres,
enfermées dans leurs cabinets, accablées sous le poids de telle ou telle
tâche, et disposées à trouver déraisonnable la curiosité du visiteur.
« Vous voulez savoir, lui dira-t-on, quelle était à l'origine
l'organisation de la société française comment les droits de l'Etat sont
tombés dans l'appropriation privée et comment ils ont fait retour à l'État;
ce qu'était alors un juge; au nom de qui et selon quelle loi il jugeait;
comment gouvernaient les premiers Capétiens; ce que signifient leurs
ordonnances lesquelles étaient pour le domaine, lesquelles pour le royaume;
jusqu'à quel point elles ont été obéies; quels étaient les moyens de
contrainte et le châtiment de la désobéissance; mais vous n'êtes point
difficile, vraiment! Moi à qui vous parlez, je voudrais le savoir aussi.
Croyez-vous donc que j'aie pu apprendre à moi seul toute l'histoire du
pouvoir royal, toute celle des provinces de France? Nous sommes quelques
travailleurs, mais nous ne nous connaissons pas les uns les autres. Faute
d'entente réciproque et d'informations, il nous arrive de refaire des
recherches déjà faites, perdant ainsi le bénéfice de l'acquis. Nous sommes
d'ailleurs trop peu nombreux. Pour venir m'interroger sur l'histoire de la
France, attendez qu'elle soit faite ». Ce dernier mot, qui a été dit en effet, et par quelqu'un qui saurait
l'histoire de France si on pouvait la savoir, est exact rigoureusement.
L'histoire de la France est à faire et ne sera faite que lorsque des
escouades d'ouvriers munis de bons instruments auront défriché toutes les
parties du champ. La besogne est 4
commencée, il est vrai : nos grands érudits du XVIIe et du XVIIIe siècles
ont marqué les voies qu'il faut suivre et dessiné les cadres dont il faut
renouveler le contenu mais les bras manquent à la tache le nombre des
historiens est très petit, et l'intérêt pour l'ancienne histoire de notre
pays presque nul. C'est là un très grand mal, de grave conséquence, et dont
il faut rechercher les causes avant de parler des remèdes que l'on essaie
aujourd'hui.
La première cause du discrédit où est tombée notre histoire est la destinée
même de la France. La Révolution n'a laissé subsister chez nous aucun des
monuments d'autrefois, j'entends ces monuments vivants qui durent en
d'autres pays royauté, sacerdoce, classes ou corporations, villes et pays
privilégiés, dont les privilèges, contraires à la raison, sont fondés en
histoire. Il suffit d'un monument de pierre, église, manoir ou maison de
ville pour arrêter même le voyageur ignorant et provoquer ses questions
quels hommes ont fait cela ? quand? pourquoi? Mais si le prêtre est dans
l'église et qu'il soit encore membre d'une corporation à qui la perpétuité
de l'usage donne des privilèges dans l'État s'il reste au châtelain quelque
ombre des droits seigneuriaux d'autrefois : si le lord-maire, siégeant dans
la maison commune, y garde la charte d'affranchissement, le passé persiste
sous les yeux des vivants pour entretenir la curiosité publique. Ces êtres
historiques, familles, classes, corporations, en ont la religion et le
défendent contre l'oubli ils donnent à l'historien à la fois le moyen de le
remettre en lumière, et cet encouragement nécessaire qui est l'intérêt même
qu'ils prennent à ses travaux. Ces secours manquent en France à
l'historien. Certes notre passé vit au fond de notre être pour former notre
tempérament national; mais il n'a point 5
laissé de traces visibles. C'est affaire d'érudition de reconstituer
l'ancienne société française, comme d'étudier l'ancienne société française,
comme d'étudier les sociétés grecque ou romaine. Ajoutez que la Révolution.
qui a tenté cette expérience héroïque de faire vivre tout un peuple selon
les lois de la raison, nous a façonnés à ne comprendre et à n'aimer que le
simple, l'axiome ou comme on dit en politique, le principe avec ses
conséquences logiquement déduites. Toute complication nous répugne. I! faut
à des Français plus d'efforts qu'à d'autres hommes pour se reconnaître au
milieu de ces vieux édifices de tous styles, ou les annexes s'enchevêtrent
autour du corps principal et brisent leurs lignes les unes contre les
autres, parce qu'elles ont été bâties sans ordre préétabli, au cours de la
longue vie d'un peuple.
Nous avons, il est vrai. une façon de nous intéresser à notre histoire ce
n'est pas la bonne. La révolution a ses défenseurs et ses ennemis, et les
uns et les autres demandent des armes à l'histoire. L'ancienne France est
leur champ de bataille ils l'étudient. mais comme deux armées un champ de
bataille, pour y saisir les accidents de terrain favorables, sans nul souci
des vertus du sol ni des moissons qu'il a portées. Nous sommes des
polémistes, et la vérité court risque de subir des attentats au cours des
polémiques. Nous plaidons une cause perpétuellement : or quel avocat n'a
jamais menti, au moins par omission de parties gênantes de la vérité ?
Prenant pour point de départ l'heure où nous vivons et pour cortège les
préjugés du parti politique où nous sommes enrôlés, nous allons demander au
passé la preuve que nous pensons juste et que nous agissons bien. Pour
citer un exemple. Augustin Thierry avait entrepris d'immenses recherches
sur l'histoire du Tiers état. La sincérité de son esprit 6
ne saurait être mise en doute. I! la prouve en déclarant dans la préface
d'une édition de son Essai sur le Tiers état, parue après 1848, qu'il ne
comprend plus la suite des événements depuis la révolution de Février,
attendu que toute l'histoire de la France lui semblait aboutir par une
sorte de voie providentielle au régime de la royauté de 1830. La tentation
est très naturelle de croire que le moment de la durée indéfinie où notre
vie s'écoule ne ressemble point aux autres, que nos ancêtres ont travaillé
pour nous tout justement, et que les institutions de notre choix sont les
meilleures; mais il y faut résister vigoureusement, si elle e