Jean 20 :28 : Thomas s'adresse-t-il à quelqu'un

L'examen de quelques unes des hypothèses de Jean 20:28 nous a montré que,
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Jean 20:28: Thomas s'adresse-t-il à quelqu'un ? par Didier Fontaine www.areopage.net - areopage@gmail.com Introduction
Il est étonnant de constater que, d'après l'opinion commune, la confession
de foi la plus éclatante de la divinité de Jésus provienne de l'archétype
du sceptique: l'apôtre Thomas. Ses paroles célèbres « Mon Seigneur et mon
Dieu ! » ne lassent pas de susciter des débats contradictoires, dont la
teneur est de savoir à qui s'adresse l'apôtre. Les implications en effet
sont importantes: si Thomas s'adresse à Jésus, ce verset devient le seul
passage identifiant pleinement Jésus au seul vrai Dieu. Or il y a une autre
question, subsidiaire en apparence, qui pourrait se poser: dans l'évangile
de Jean chapitre vingt, verset vingt-huit, Thomas s'adresse-t-il à
quelqu'un ? 1. Contexte
1 1.1. Le Jumeau Thomas n'est appelé que par des surnoms. Le plus connu, Qwma/j, est la
transcription grecque d'un terme araméen qui signifie « jumeau ». L'autre
surnom, Didyme,[1] (Di,dumoj) en est la traduction grecque. Tout ce qu'on
sait de lui, c'est que Jésus le choisit comme apôtre[2], et que, doute mis
à part, il lui était fidèle (Jn 11:16). Dans la liste des apôtres, son nom apparaît toujours accompagné de ceux de
Matthieu, et de Jacques, tous deux fils d'Alphée, si bien que certains en
ont déduit que ces trois-là étaient frères. On sait que son identité a
suscité divers prétendants, puisqu'il nous est parvenu entre autres un
Évangile de Thomas - document apocryphe gnostique découvert en 1946 à Nag-
Hammadi, écrit en copte vers le second siècle de notre ère - et qui se
réclame de l'apôtre[3]. Plusieurs traditions ultérieures ont voulu préciser
sa parenté. La plus troublante est celle qui fait de lui Jude (Judas) le
demi-frère de Jésus. Eusèbe pense que c'était là son vrai nom[4]. Cela
ferait de lui un membre de la famille de Jésus ; du coup sa « confession »
prendrait un sens différent[5]. On le voit, des zones d'ombres entourent ce personnage, qui ne nous est
guère connu que par l'évangile de Jean. Pour comprendre le passage qui nous
intéresse, il faut donc se référer uniquement au récit, et prêter attention
aux détails: Qwma/j de. ei-j evk tw/n dw,deka o` lego,menoj Di,dumoj ouvk h=n met
auvtw/n o[te h=lqen o` VIhsou/j
Thomas, l'un des douze, surnommé Le Jumeau, n'était pas avec eux quand
Jésus était venu.
Jean 20:24 On ne sait pas si Thomas était absent par habitude ou accidentellement,
toujours est-il que lorsque Jésus ressuscité apparut aux disciples, il
n'était pas là. On ne peut donc être surpris de sa réaction: e;legon ou=n auvtw/| oi` a;lloi maqhtai, ~Ewra,kamen to.n ku,rion o` de.
ei=pen auvtoi/j VEa.n mh. i;dw evn tai/j cersi.n auvtou/ to.n tu,pon tw/n
h[lwn kai. ba,lw to.n da,ktulo,n mou eivj to.n tu,pon tw/n h[lwn kai. ba,lw
th.n cei/ra mou eivj th.n pleura.n auvtou/ ouv mh. pisteu,sw
Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il
leur dit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je
n'enfonce pas mon doigt dans la marque des clous,
et si je n'enfonce pas ma main dans son côté, je ne croirai jamais !
Jean 20:25 La négation emphatique introduite par ouv mh. et suivi du futur à
l'indicatif[6] est la façon la plus forte d'exprimer la négation en
grec[7]. Thomas émet donc de très sérieuses réserves quant à la
résurrection de Jésus, et subséquemment la capacité de Dieu à
l'accomplir[8]. Dans la conclusion longue de Marc, remarquons que l'annonce par Marie-
Madeleine de la résurrection de Jésus n'avait suscité que de l'incrédulité
(Mc 16:11, 13-14). C'est pourquoi plus tard Christ leur reproche leur
« dureté de c?ur » (sklhrokardi,a) et leur « manque de foi » (avpisti,a).
Dans le récit de Matthieu également, le doute est présent: kai. ivdo,ntej
auvto.n proseku,nhsan auvtw/|\ oi` de. evdi,stasa (Mt 28:17)[9] Thomas n'est donc pas le seul à douter, mais il est celui qui formule sa
perplexité le plus explicitement.
2 1.2. La langue de l'époque Entre eux, les Juifs de Judée parlaient araméen[10]. À la synagogue,
l'hébreu était la langue liturgique, et une paraphrase en araméen pouvait
être réalisée simultanément pour le peuple (ce qui donna progressivement
naissance aux Targums). Les exégètes pensent que quand le Nouveau Testament
mentionne la langue hébraïque, il s'agit non de l'hébreu mais de l'araméen.
Par exemple, toujours au chapitre vingt de Jean, verset seize: le,gei auvth/| VIhsou/j\ Maria,mÅ strafei/sa evkei,nh le,gei auvtw/|
~Ebrai?sti,\
rabbouni ¿o] le,getai dida,skaleÀÅ
Jésus lui dit: Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu:
Rabbouni ! c'est-à-dire, Maître ! Le terme ~Ebrai?sti se traduit « en hébreu » mais fait référence à
l'araméen Rabbouni, « mon (grand) Maître » (syr. Ylwbr )[11], « mon
Enseignant » (héb. Ybir:))[12]. Il y a d'autres exemples, toujours dans le
quatrième évangile (5:2; 19:13,17,20). Jean d'ailleurs est le seul à
employer ce terme-là. Luc par exemple, préfère l'expression: th/| ~Ebrai