MARIVAUX - ''Le paysan parvenu' - Comptoir Littéraire
puis successivement l'examen de : .... note Jacob, qui, pour sa part, se trouva sur
le pavé, plus riche seulement d'une certaine expérience. ..... Et on trouve sans
peine des passages qu'on dirait sortis tout droit de la bouche d'Arlequin (par ...
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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ''Le paysan parvenu
ou Les mémoires de M***''
(1734-1735) roman de MARIVAUX pour lequel on trouve un résumé
puis successivement l'examen de :
la genèse (page 2)
l'intérêt de l'action (page 4)
l'intérêt littéraire (page 5)
l'intérêt documentaire (page 6)
l'intérêt psychologique (page 9)
l'intérêt philosophique (page 11)
la destinée de l'?uvre (page 12) Bonne lecture !
Résumé Première partie Jacob, qui ne veut pas dire son nom, paysan devenu M. de La Vallée et
retiré à la campagne fortune faite, seigneur du village champenois qui l'a
vu naître, prend la plume pour raconter sa vie, évoquer les étapes de son
ascension, indiquant : «Le titre que je donne à mes Mémoires annonce ma
naissance», ajoutant : «C'est une erreur, au reste, que de penser qu'une
obscure naissance vous avilisse, quand c'est vous-même qui l'avouez, et que
c'est de vous qu'on la sait», tenant à s'amuser en racontant sa vie,
annonçant : «Il faut qu'on s'accoutume de bonheur à mes digressions».
Cadet d'un fermier, il était, à l'âge de dix-huit ans, un «beau garçon»,
brillant de jeunesse et de santé, d'esprit vif et rusé, quand il sortit
pour la première fois, mais définitivement, du village, son père l'ayant
envoyé, à la place de son frère, livrer aux seigneurs du village, dans
leur hôtel particulier de Paris, le vin récolté sur leurs terres. Ces
seigneurs n'appartenaient pas à la noblesse. C'étaient des financiers
enrichis, qui avaient acquis récemment une terre nobiliaire. La dame voulut
le voir, et le reçut à sa toilette. Lui, qui s'était vite rendu compte
qu'il plaisait aux femmes, prenant plaisir à la regarder, lui jetant un
coup d'?il égrillard, lui laissa comprendre qu'il la trouvait jolie ; elle
ne s'en offensa pas, apprécia au contraire son air naïf, et désira même le
prendre sous son aile pour qu'il devienne «quelque chose». Il resta donc à
Paris, et se sentit «tout d'un coup d'un appétit de fortune.» Elle fit de
lui le valet d'un enfant, le neveu de son époux.
Le couple des seigneurs n'était plus très uni : «Monsieur» et «Madame»
couraient les aventures, se livraient à un «petit libertinage». Une des
femmes de chambre, une jolie brune du nom de Geneviève, qui n'aurait pas
été fâchée, elle non plus, de s'unir à Jacob, à laquelle il dit qu'il
l'aimait de façon peu courtoise, lui raconta que «Monsieur» lui avait fait
une cour acharnée avec accompagnement de présents, de bijoux et d'argent ;
mais elle ne lui révéla pas ce qui s'en était suivi : elle était devenue sa
maîtresse et était grosse de ses oeuvres. «Madame» lui fit faire un habit,
et il en fut très fier. Quand il comprit qu'il faisait de l'effet à
«Madame», il ne ressentit plus le même intérêt pour Geneviève, mais celle-
ci l'aimait de plus en plus.
Un jour, «Monsieur», ayant fait venir Jacob, lui dit qu'il était un bon
domestique, intelligent, spirituel, et qu'il voulait le récompenser en
conséquence. Pour cela, il avait résolu de le marier à Geneviève, à
laquelle il donnerait une dot convenable, lui laissant vingt-quatre heures
pour se décider. Mais Jacob, même si Geneviève lui plaisait, refusa,
répugnant à jouer le mari complaisant. «Madame», mise au courant, ne fit
qu"en rire. «Monsieur» se fâcha, Geneviève pleura.
Pendant qu'on se querellait, on apprit que le financier avait été frappé
d'un coup d'apoplexie. Ce fut la ruée des créanciers, et la ruine. Les
domestiques s'emparèrent de ce qui leur tombait sous la main. «Madame» se
retira dans un couvent. Elle «n'avait jamais su ce que c'était que chagrin,
et dans la triste expérience qu'elle en fit alors, je crois que
l'étonnement où Ia jetait son état lui sauvait la moitié de sa douleur»,
note Jacob, qui, pour sa part, se trouva sur le pavé, plus riche seulement
d'une certaine expérience.
Il pensa s'en retourner vers son village. Mais, se rendant compte qu'il
avait changé, il décida de rester dans une auberge, et de trouver fortune à
Paris. Passant sur le Pont Neuf, il aperçut une femme qui se trouvait mal.
Il la soutint et la conduisit chez elle, estimant qu'elle pouvait être âgée
de quarante ans (elle en avait, en fait, cinquante), mais était encore
appétissante. Elle vivait avec sa s?ur aînée, une dévote sèche, tandis
qu'elle était une dévote tendre. Il fit la connaissance de Catherine, la
cuisinière, la flatta beaucoup, et se mit en valeur. Il fut vite hébergé,
et entra au service des dévotes dont il put constater l'hypocrisie lors des
repas, puisqu'elles faisaient comme si elles n'avaient jamais faim. Deuxième partie On apprend que les deux s?urs sont des demoiselles Habert. Vint les voir un
ecclésiastique, leur directeur de conscience, l'abbé Doucin, qui, au nom de
leur salut et avec des allures doucereuses, exerçait sur elles une
véritable tyrannie. Comme il n'approuva pas la décision de garder Jacob, la
zizanie fut ainsi semée entre elles, la cadette s'énervant, car elle
voulait le garder, ce que, caché derrière la porte, il entendit. M. Doucin
vint lui parler, mais le jeune homme lui opposa bien plus de répartie que
prévu, ce qui vexa le prêtre. Les deux s?urs se séparèrent violemment.
La cadette, vouant à Jacob un pitoyable amour, emménagea avec lui dans un
meublé du quartier Saint-Gervais, tenu par la serviable mais bavarde et
indiscrète Mme d'Alain, et sa fille, la jeune et coquette Agathe, deux
femmes auxquelles le jeune homme ne déplaisait pas, et pour lesquelles il
se créa un personnage en ajustant ses regards. Mlle Habert le présenta
comme étant son cousin, lui donnant le nom de M. de La Vallée. Agathe lui
faisant les yeux doux, Mlle Habert se lança dans une sorte de scène de
jalousie, et il s'emporta, tant il était fâché. Finalement, il reconnut
qu'il l'aimait, et elle en fit autant. Six jours après leur rencontre, Mlle
Habert proposa à Jacob, ébloui, de l'épouser. Ils décidèrent de se marier,
ne mettant au courant que leur hôtesse, qui les critiqua beaucoup.
Mais le mariage fut retardé, parce que, alors que le couple avait tout
préparé pour la cérémonie religieuse, le prêtre qui devait officier refusa
de le bénir, car c'était l'abbé Doucin. Il y eut quand même un dîner où,
sans gêne, ils racontèrent toute leur vie. Et, ainsi le jouvenceau et la
vierge plus que mûre, mais qui jouissait d'une rente de plus de quatre
mille livres, eurent leur nuit de noces où elle laissa s'épanouir une
sensualité jusque-là confinée à la gourmandise.
Cependant, il succomba aux charmes d'Agathe qui, en le servant, l'aguicha.
Partagé entre ces deux femmes, il avoua : «J'étais ravi d'épouser l'une et
de plaire à I'autre : et on sent fort bien deux plaisirs à la fois». De son
épouse, qui lui montrait une affection à la fois filiale et désirante, il
dit : «Quand on aime, on a l'oeil à tout, et son âme se partageait entre le
souci de me voir si aimé et Ia satisfaction de me voir si aimable.» Troisième partie Un matin, le président d'un tribunal fit chercher M. de La Vallée.
Mademoiselle Habert aînée, provoquant un esclandre, le sommait de renoncer
à ce mariage disproportionné. Plein d'esprit d'à-propos, de crânerie même,
il plaida si habilement sa cause qu'il la gagna. Tout le monde lui était
favorable, surtout l'épouse du président du tribunal, Mme de Ferval, que
mademoiselle Habert aînée avait pourtant d'abord montée contre lui. Cette
fausse dévote quinquagénaire, en qui Jacob voyait une déesse, était une
personne à l'air posé, au regard sérieux ; mais, en l'examinant bien, on
voyait que tout cela était feint ; elle avait beaucoup d'esprit, et tenait
à passer pour bonne, mais elle s'arrangeait de manière à faire faire par
autrui les médisances qu'elle ne voulait pas se permettre, se posant en
protectrice des gens qu'elle perdait de réputation par la bouche des
autres. Jacob étant fort à son goût, après l'avoir tiré à part sous
prétexte de lui remettre une lettre pour sa future, elle trouva le moyen de
le lui dire, et l'engagea à venir la voir.
Le mariage eut enfin lieu. Mais, le lendemain, Jacob fut impliqué dans une
bagarre, et fut arrêté, mis en prison. Cependant, Mme de Ferval le fit
remettre en liberté. Quatrième partie Jacob alla remercier Mme de Ferval. Elle le reçut de la manière la plus
aimable et la plus provocante, étant en train de lire, vêtue d'un
déshabillé, allongée sur un sofa. D'où une déclaration d'amour et une
promesse de se revoir, non pas chez elle, à cause de sa situation dans le
monde, mais dans une petite maison isolée du boulevard, celle d'une
certaine Mme Rémy qui lui devait un service. Elle arriverait par le jardin
et lui par la rue.
Comme on venait de prendre ces arrangements, Mme de Fécour, une dame de
quarante ans, fraîche, grassouillette et sans façon, fit son entrée. Mme de
Ferval lui recommanda Jacob, qui se sentait timide en sa présence, et la
pria de demander une place pour lui à son beau-frère, qui était dans la
finance. Aussitôt, Mme de Fécour emmena Jacob dans une pièce voisine, pour
écrir