Les Totalitarismes

EXEMPLE de SUJET D'EXAMEN ECRIT (durée 2 heures) ... La comparaison [du
nazisme] avec le communisme soviétique a été dès le départ un élément ....
évoquer ici les origines différentes des deux régimes et notamment origines ...
développer sur idéologies nazies (autour du contenu/projet de Mein Kampf et
des ...

Part of the document


EXEMPLE de SUJET D'EXAMEN ECRIT (durée 2 heures) Semestre 3 : Les Totalitarismes
Extrait d'un article écrit par l'historien Ian KERSHAW, « Retour sur le
totalitarisme. Le nazisme et le stalinisme dans une perspective
comparative », Esprit, janvier-février 1996, n° 1-2 (traduit de l'anglais
par Pierre-Emmanuel Dauzat).
« La comparaison [du nazisme] avec le communisme soviétique a été dès
le départ un élément central du concept [de totalitarisme] dont les
faiblesses sont reconnues de longue date et auxquelles les nouvelles
données empiriques n'ont rien changé. En pratique, le concept est
descriptif et sert principalement à décrire des techniques et des
instruments de gouvernement semblables dans des systèmes qui se
considéraient, et à maints égards étaient bel et bien, foncièrement
opposés. (C'est en soi la singularité du « totalitarisme » : la plupart des
typologies politiques - « la démocratie libérale » ou « le fascisme », par
exemple - se proposent de rassembler au sein d'un même genre des espèces
dont la similitude peut être prouvée). Le concept de totalitarisme ne dit
pas grand-chose, sinon rien, sur les origines, pas plus qu'il ne cherche à
expliquer les bases sociales différentes sur lesquelles s'appuyaient les
régimes. Et non seulement les buts, les idéologies et les structures
économiques sont entièrement différentes, mais les chronologies divergent
de manière si sensible qu'elles rendent la comparaison difficile. Le régime
nazi qui ne vécut que douze années du millénaire annoncé, dont six en
guerre, est comparé à un régime est-allemand qui dura quarante ans, ou à un
système soviétique qui va de Lénine à Gorbatchev. Ce qui soulève toute une
série de questions : le « totalitarisme » du système soviétique demeura-t-
il inchangé, dans son essence, tout au long de son existence ? Peut-on
l'englober sous le vocable de « stalinisme » et l'élargir de manière à y
inclure le régime de la RDA et d'autres dictatures marxistes-léninistes en
dehors de l'URSS ? Ou faut-il envisager le totalitarisme en un sens plus
restreint et le limiter à la seule durée du pouvoir de Staline ? A mon
sens, cette dernière restriction n'est pas seulement sensée en soi : elle
seule ouvre la possibilité d'une comparaison digne de ce nom avec le
nazisme. »
Vous analyserez et commenterez ce texte en vous aidant des questions
suivantes :
1) Vous expliquerez et discuterez, à l'aide d'éléments de connaissances
précis, la phrase de Ian Kershaw selon lequel : « La comparaison [du
nazisme] avec le communisme soviétique a été dès le départ un élément
central du concept [de totalitarisme] »
2) A partir d'arguments précis du texte et de vos connaissances, vous
répondrez à la question suivante : quelles sont, d'après Ian Kershaw,
les « faiblesses » du concept de totalitarisme et pourquoi l'historien
affirme-t-il qu'elles sont connues « de longue date » ?
3) Quel usage du concept de totalitarisme Ian Kershaw préconise-t-il ?
Vous justifierez votre propos en expliquant notamment ce que
l'historien veut dire dans la dernière phrase du texte.
ELEMENTS DE CORRECTION ET CONSEILS :
- il s'agit de répondre précisément aux questions posées, sans
chercher à organiser le propos en une dissertation. Cela ne
signifie pas que le propos sera décousu : vous construisez une
réponse par question et ne traitez pas les questions ensemble.
Donc, pas d'introduction générale, pas de conclusion générale.
Cette forme d'examen est destinée à gagner du temps sur la
construction formelle pour en laisser davantage à l'analyse et à
la réflexion.
- Les questions exigent une analyse du texte : pour y répondre il
faut donc
1) commencer par reprendre le propos de l'auteur en élucidant ce
qui est caché, en filigrane dans ses mots : il s'agit
d'illustrer ce que dit l'auteur en vous référant à des faits
précis, d'identifier ce qu'il désigne.
Exemples (non exhaustifs et non exhaustivement traités) : à propos de la 1e
puis de la 2e question , il faut notamment analyser la phrase : « La
comparaison [du nazisme] avec le communisme soviétique a été dès le départ
un élément central du concept [de totalitarisme] dont les faiblesses sont
reconnues de longue date et auxquelles les nouvelles données empiriques
n'ont rien changé »
On expliquera :
a) ( « dès le départ » : de quoi parle-t-on ? c'est-à-dire de quand ? (
remonter aux origines du concept.(revenir notamment à l'utilisation par
Amendola et la reprise par les fascistes...)
b) ( « faiblesses reconnues de longue date » : concrètement, depuis quand
discute-t-on de la validité du concept ? voici ce qu'il faut préciser ici :
cf. cours histoire du concept à réinvestir ici.
c) ( « les nouvelles données empiriques » : qu'est-ce que l'auteur désigne
par cette expression ? ( évoquer l'accès à de nouvelles sources du fait de
la chute du Mur de Berlin et de l'effondrement de l'URSS : ouverture des
archives. 2) Une fois le travail d'identification du propos réalisé, il
s'agit d'en discuter la validité. Pour reprendre les exemples
ébauchés plus haut
a) ( on a montré que le « départ » de la notion de totalitarisme se fait
avant que le régime nazi existe ( on a ici un élément de discussion du
propos de Ian Kershaw ; mais en même temps, il faut souligner que
l'élaboration du concept commence réellement et, pourrait-on dire,
scientifiquement (c'est-à-dire non par des partisans/opposants politiques
aux régimes concernés, mais par des intellectuels indépendants) au début
des années 1930, notamment entre 1933 et 1936 (cf. cours histoire du
concept). Donc le propos de Kershaw est dans un certain sens à nuancer mais
reste valide.
b) ( pour les « faiblesses reconnues de longue date », l'élucidation du
propos de Kershaw a en général permis de confirmer le caractère polémique
de la notion : on peut donc appuyer le propos de Kershaw en montrant
notamment que la polémique demeure aujourd'hui encore. Il faudra ici, dans
la discussion, davantage revenir à ce que Kershaw désigne comme étant les
« faiblesses » en question.
On passe donc en en revue les points développés par l'historien
britannique : PHASE D'ELUCIDATION DU PROPOS :
= « le concept est descriptif et sert principalement à décrire des
techniques et des instruments de gouvernement semblables »
( montrer qu'effectivement, la comparaison s'est largement faite sur
manière de gouverner ( on peut ici évoquer les points communs qui ont été
mis en avant par Friedrich afin de légitimer le rapprochement sous
l'appellation de totalitarismes (rôle du chef, parti unique, monopole des
médias...) et qui correspondent effectivement à une approche descriptive
des régimes en question.
= « dans des systèmes qui se considéraient, et à maints égards étaient bel
et bien, foncièrement opposés. »
( pour illustrer montrer qu'effectivement, haine du fascisme dans le régime
soviétique et notamment de Staline et haine du bolchévisme dans le nazisme,
notamment parce qu'il est désigné comme « judéobolchévisme ». Evoquer
l'affrontement pendant la Seconde Guerre mondiale
= « Le concept de totalitarisme ne dit pas grand-chose, sinon rien, sur les
origines »,
( évoquer ici les origines différentes des deux régimes et notamment
origines spécifiquement nationales (cf. cours)
= « pas plus qu'il ne cherche à expliquer les bases sociales différentes
sur lesquelles s'appuyaient les régimes ».
( en gros opposer un régime qui s'appuie sur masses ouvrières et surtout
contribue à les forger après avoir notamment éliminé les élites
traditionnelles et une partie du monde rural (URSS) et le régime nazi qui
maintient les élites, s'appuie sur une partie des classes moyennes et ne
révolutionne pas les fondements de la société allemande
= « Et non seulement les buts, les idéologies et les structures économiques
sont entièrement différentes »
( développer sur idéologies nazies (autour du contenu/projet de Mein Kampf
et des aspirations/rejets des nazis) et opposer héritage et aspirations du
marxisme/léninisme/stalinisme dans le prolongement revendiqué de l'héritage
des Lumières et de 1789 (( évoquer éventuellement vision développer par
Aron qui exprime bien ces différences : « but sublime mais moyens
impitoyables » à propos de l'URSS stalinienne)
( préciser sur économie (capitalisme maintenu en même temps que
corporatisme au contraire de l'économie totalement dirigée et
collectivisation soviétique
= « mais les chronologies divergent de manière si sensible qu'elles rendent
la comparaison difficile »
( ici reprendre le propos développé par Kershaw sur les durées différentes
des régimes ; rapprocher du fait qu'on compare souvent à partir du nombre
de victimes, alors qu'elles se répartissent sur un nombre d'années très
différent dans les deux cas. PHASE DE DISCUSSION DU PROPOS DE KERSHAW :
= ces explications semblent donner raison à l'historien britannique MAIS :
( on peut rapprocher aspirations des deux régimes : faire du passé (au
moins du passé proche) table rase ; opposition aux démocraties libérales ;
refus de l'individualisme et négation de l'individu (évoquer le
rapprochement opéré par Arendt et qui met en avant massification et
désolation...)
( les deux ne se sont pas toujours combattus : cf. entre autres (à
développer) le pacte ge