Lettres de Georges Bellanger

Deux dernières séances avant le début des examens étaient consacrées à une
présentation en temps limité (six à huit ... et obtenir le DEUG, fut-ce en deux ou
plus années, il faut que les nouveaux bacheliers sachent travailler. ..... un conseil
d'orientation le guide à la fin du premier semestre. ...... Alternative à l'exclusion.

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LETTRES
01 - à Géry Dambricourt Géry est un ami, qui fut élève au Collège St-Bertin avec le
S. de D.: "je n'ai pu m'empêcher de me reporter à une autre époque
de ma vie que tu as voulu aussi marquer par un charmant souvenir,
je veux dire l'époque de ma première communion..." lettre du 19
juin 1883. Cette Communion eut lieu le 1er juin 1873. 8 août 1873
Cher Géry,
Tu vois donc que je ne t'ai pas oublié pendant ces vacances
et que si tu es éloigné de moi par la présence, tu es toujours
présent à mon esprit.
Je m'amuse beaucoup, j'ai déjà commencé mon devoir et je vais
le faire très bien.
J'espère que ta bonne mère voudra bien te laisser venir à
Moulle. Ecris-moi le jour que tu viendras. Dis à Paul que si je ne
lui écris pas aujourd'hui, je lui écrirai un de ces jours.
Arthur se joint à moi pour t'embrasser de tout c?ur.
Présente mes respects à Madame ta Mère.
Ton plus affectionné ami.
Georges Bellanger
02 - à Georges Raffin Georges Raffin naît à Lille en 1859; il sera ordonné prêtre
en 1884 et fera son ministère dans son diocèse d'origine; il meurt
en 1937.
Histoire de l'amitié Raffin- Bellanger: voir la lettre du 3
septembre 1879.
L'abbé Henri Graux est né à St-Venant (Pas de Calais) en1840.
Il reçoit Georges au Collège St-Bertin en 1871. Il devient Vicaire
Général du diocèse en 1877 et est nommé supérieur du Grand-
Séminaire en 1882. C'est lui qui adressera la parole aux
funérailles du Père Georges.
Alphonse Evrard et le confident Georges Raffin s'en vont au
Séminaire d'Issy-les-Moulineaux. L'abbé Graux du Collège St-Bertin
invite Georges Bellanger à ne pas trop s'éloigner de sa mère, qui
est malade. - Une peine énorme qu'il ne faut pas laisser
transparaître.
Neuvaine à N. D. du Sacré C?ur, qui a guéri Georges le 31 mai
1876 Moulle, le 15 août 1879
Mon cher ami,
Je reviens de l'église où j'ai fait la Sainte Communion et je
ne sais pourquoi, mon bien cher Georges, je suis plus triste
qu'auparavant. J'ai beaucoup prié Notre Dame du Sacré C?ur
d'alléger vos chagrins; vous me parliez hier du sacrifice que
j'avais dû faire pour abandonner mes projets, mais j'ai bien vu que
le Bon Dieu vous en demandait davantage et qu'il fallait tout votre
courage et votre énergie pour supporter tous les chagrins que vous
avez endurés et ceux que le Bon Dieu vous prépare encore. Ne croyez
pas que j'attache beaucoup d'importance à ce que vous m'avez dit
hier; je crois qu'avec la fermeté que je vous connais vous irez
facilement à Issy.
Je vous remercie beaucoup de votre bonne lettre qui a calmé
un peu mon chagrin. Je vous remercie aussi de la part que vous
prenez à ma douleur. J'ai reconnu en vous un véritable ami, à qui
désormais je pourrai confier mon âme tout entière; je vous le
promets, mon cher Georges, dès ce moment je vous mettrai au courant
de tout ce qui se passera en moi, de mes chagrins, de mes
espérances, de mes luttes intérieures, etc. Je remercie tous les
jours le Bon Dieu de vous avoir envoyé à moi au moment où j'avais
tant besoin d'un ami qui comprenne mon chagrin et qui sache me
consoler. Lorsque vous me disiez, il y a quelque temps, dans une de
nos promenades intimes, que tout n'était pas rose quand on voulait
embrasser la vocation du sacerdoce, je ne pensais pas que je devais
en faire si tôt l'expérience; pour cela encore je vous remercie de
m'avoir prévenu à l'avance de ce que je pourrais avoir à supporter.
Vous vous êtes aperçu, lundi, de mon chagrin, au moment de
vous quitter; je voulais le cacher le plus possible, mais l'?il
d'un ami pénètre jusqu'au fond du c?ur. Ce qui me faisait le plus
de peine, c'était de penser que nous étions séparés pour un an peut-
être. Oh! je vous assure que lorsque j'y pense, les pleurs sont
bien près de m'échapper; aussi je vous demanderai une petite grâce;
vous m'avez dit que vous avez tiré votre photographie avant de
partir pour Issy; eh bien! si vous en aviez encore une disponible,
vous me feriez un bien sensible plaisir en me l'envoyant. Hier on
m'a fait tirer la mienne à St-Omer; aussitôt que je les aurai [les
copies], je vous en enverrai une.
Vous me demandez comment s'est passé mon retour lundi? Je
dois d'abord vous dire qu'aussitôt parti, mon c?ur s'est dégonflé
et j'ai pleuré un bon coup, seul dans ma voiture; j'avais déjà eu
beaucoup de peine à me retenir jusque là. Je n'ai pas pu parler à
ma chère mère aussitôt que je fus rentré, mais un peu plus tard, la
rencontrant seule, je lui ai dit que j'avais beaucoup désiré aller
à Issy, mais puisque M. Graux trouvait que c'était inutile et que
je savais qu'elle en avait beaucoup de peine, j'allais faire tous
mes efforts pour abandonner cette idée. Elle a paru fort contente
et depuis lors elle me croit heureux; je remercie le Bon Dieu
qu'elle ne voit pas plus clair, car si elle m'examinait bien, elle
ne pourrait pas faire autrement que de s'apercevoir que j'ai encore
un grand fond de tristesse que j'ai beaucoup, beaucoup de peine à
cacher complètement. Malheureusement lundi, nous avons eu une
petite réunion à la maison et la semaine prochaine encore, jugez de
mon chagrin et de ma gêne; je dois paraître heureux et désireux
d'aller à Arras et tout me fait désirer Issy. Enfin le Bon Dieu
m'aidera, je l'espère, à faire disparaître toute trace de tristesse
extérieurement du moins.
Vous me demandez, mon bien cher ami, s'il n'y a pas
d'obstacles pour que vous m'écriviez toutes les semaines; bien au
contraire, les jours où je recevrai vos lettres seront pour moi des
jours heureux. J'ai peut-être relu votre lettre dix fois déjà, et
je la sais presque par c?ur; elle me fait de plus en plus de bien.
J'ai été voir Alphonse [Evrard] hier et il m'a un peu consolé.
Comme j'étais certain que vous n'avez pas de secret pour lui, je
lui ai montré votre lettre; je crois que vous n'en serez pas
contrarié; si vous désirez qu'à l'avenir je ne lui montre pas vos
lettres, dites-le moi, s'il vous plaît. Soyez tranquille, personne
d'autre que lui ne verra jamais le moindre petit billet que vous
pourriez m'envoyer.
Je vais être forcé de terminer, quoique j'aie encore bien des
choses à vous dire; je vous écrirai de nouveau dimanche ou lundi.
Recevoir vos lettres et vous en écrire sont mon unique consolation
au milieu de ma peine. Je désirerais que vous n'écriviez pas jeudi
et vendredi, car je serai absent et vous comprenez que je préfère
recevoir vos lettres aussitôt.
Mon bien cher Georges, vous me demandez une neuvaine à N. D.
du Sacré C?ur; je la ferai bien volontiers. Je n'ai pas besoin de
vous dire que j'ai bien besoin de prières, car j'ai vu dans votre
lettre que vous ne m'oubliez plus, et si au mois d'octobre nous
sommes séparés par une bien grande distance, nous serons toujours
unis dans le Sacré C?ur et à la Table Sainte.
Je vous demande encore une fois une longue lettre la semaine
prochaine, avant jeudi, si c'est possible.
Je vous quitte, mon cher ami, en vous embrassant comme je
vous aime.
G. Bellanger
03 - Georges Raffin
Vous avez perdu votre père et votre mère.
Je crois que je n'ai pas encore fait mon sacrifice avec assez
de générosité, car mon chagrin est toujours le même.
J'ai été huit ans au Collège, à St-Bertin. n'ayant pour ami
qu'Alphonse [Evrard: neveu de tante Elise Bernet, épouse de l'oncle
Adolphe Bellanger. Alphonse deviendra prêtre et jésuite. Il sera
missionnaire à Ceylan.]
Ce qui me pousse à rentrer le plus vite possible, c'est que
je serai privé de la Messe.
Mon confesseur m'a permis de faire la sainte Communion deux
fois par semaine.
Moulle, le 18 août 1879
[Mon cher ami,]
Figurez-vous, mon cher Georges, que depuis hier j'ai peur de
n'avoir pas bien fait votre adresse à ma dernière lettre, aussi je
suis fort désireux de savoir si ma lettre vous est arrivée à bon
port; vous comprenez que je ne tiens pas à ce que d'autres que vous
lisent mes lettres.
Je vous demanderai donc de m'écrire le plus tôt possible pour
me tranquilliser. Dans cette prochaine lettre, donnez-moi