LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY

Chaque motte de terre lui enseigne la loi de l'effort, la vertu du souvenir. .... River,
Mass.; Le Courrier, à Worcester, Mass; L'Étoile, à Lowell, Mass.; Le National, .....
Ne négligeons pas de les recueillir, car, par elles, nous pouvons observer les .....
ne voulaient pas accepter sans examen les opinions politiques ou religieuses, ...

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[pic] Oscar Wilde LE PORTRAIT DE
DORIAN GRAY Titre original : The picture of Dorian Gray (1891) [pic] Table des matières
L'auteur 4
Préface 7
Chapitre I 10
Chapitre II 28
Chapitre III 50
Chapitre IV 67
Chapitre V 87
Chapitre VI 104
Chapitre VII 115
Chapitre VIII 131
Chapitre IX 149
Chapitre X 163
Chapitre XI 174
Chapitre XII 198
Chapitre XIII 208
Chapitre XIV 218
Chapitre XV 235
Chapitre XVI 248
Chapitre XVII 260
Chapitre XVIII 271
Chapitre XIX 285
Chapitre XX 297
À propos de cette édition électronique 304
L'auteur Oscar Wilde est né à Dublin en 1854. Il est le fils d'un chirurgien
irlandais de réputation internationale. Sa mère, Jane Francesa Elgee, est
une poétesse pleine de ferveur nationaliste, qui dans les années 1840,
soutient la cause irlandaise face à l'Angleterre.
Après des études classiques au Trinity Collège à Dublin, où déjà il
fait preuve d'une forte personnalité et se distingue des autres étudiants
par l'extravagance de ses vêtements, Oscar Wilde est admis à l'université
d'Oxford. Il a notamment comme professeur John Ruskin, l'un des porte-
paroles d'un mouvement culturel qui estime que l'art ne doit être que
recherche du Beau, sans aucune préoccupation morale ou sociale.
Oscar Wilde est un élève brillant et distingué. Il a les cheveux
longs, porte des cravates lavallière et orne les boutonnières de ses
costumes d'un ?illet, d'un lis ou d'un chrysanthème.
Esprit subtil et excentrique, dandy d'une rare élégance, sa célébrité
devient grande dans les milieux culturels et aristocratiques londoniens qui
accueillent avec ravissement ses premiers Poèmes (1881).
Il devient très vite l'un des théoriciens de « l'art pour l'art », et
le chef de file des "esthètes". Il est ainsi invité à donner une série de
conférences aux États-Unis sur l'esthétisme.
De retour en Europe, il s'installe à Paris, où il écrit deux pièces de
théâtre : la Duchesse de Padoue (1883), Véra ou les Nihilistes (1883). Il
rencontre les principaux écrivains français de l'époque : Verlaine,
Mallarmé, Zola, Daudet, et Hugo. De retour à Londres (1884), il épouse
l'une de ses admiratrices, Constance Lloyd. Ils auront deux enfants.
Rédacteur en chef du magazine The Woman's World de 1887 à 1889, il y
montre ses talents de pamphlétaire et son art du paradoxe. Il s'emploie
également à défendre la cause féministe.
Pour ses enfants, il organise des bals costumés et écrit des contes
(le Prince heureux et autres contes, 1888). Il publie également des
nouvelles (le Crime de lord Arthur Saville et autres histoires, 1891), un
essai (Intentions, 1891) et aussi son seul roman (le Portrait de Dorian
Gray, 1891).
Ce roman lui vaut une très grande notoriété, mais le public anglais,
choqué, lui reproche l'immoralité de certains personnages.
En 1895, Oscar Wilde décide de porter plainte en diffamation contre le
Marquis de Queensberry, le père d'Alfred Douglas, son amant. Ce procès
tourne mal. Finalement c'est le Marquis de Queensberry qui porte l'affaire
devant les tribunaux, accusant Wilde de pervertir son fils. Oscar Wilde est
condamné pour délit d'homosexualité à 2 ans de travaux forcés le 27 mai
1895. Il purgera cette peine dans la très répressive prison de Reading, au
sud de l'Angleterre.
Il sort de prison le 19 mai 1897, et s'exile en France, à Berneval,
près de Dieppe. C'est un homme brisé et ruiné. Il prend pour pseudonyme le
nom de Sebastian Melmoth.
Il publie en 1898, La ballade de la geôle de Reading, un témoignage
émouvant sur sa douleur de prisonnier. Il meurt à Paris, en 1900 dans la
misère et la solitude.
Guy Jacquemelle Préface Un artiste est un créateur de belles choses.
Révéler l'Art en cachant l'artiste, tel est le but de l'Art.
Le critique est celui qui peut traduire dans une autre manière ou avec
de nouveaux procédés l'impression que lui laissèrent de belles choses.
L'autobiographie est à la fois la plus haute et la plus basse des
formes de la critique.
Ceux qui trouvent de laides intentions en de belles choses sont
corrompus sans être séduisants. Et c'est une faute.
Ceux qui trouvent de belles intentions dans les belles choses sont les
cultivés. Il reste à ceux-ci l'espérance.
Ce sont les élus pour qui les belles choses signifient simplement la
Beauté.
Un livre n'est point moral ou immoral. Il est bien ou mal écrit. C'est
tout.
Le dédain du XIXe siècle pour le réalisme est tout pareil à la rage de
Caliban apercevant sa face dans un miroir.
Le dédain du XIXe siècle pour le Romantisme est semblable à la rage de
Caliban n'apercevant pas sa face dans un miroir.
La vie morale de l'homme forme une part du sujet de l'artiste, mais la
moralité de l'art consiste dans l'usage parfait d'un moyen imparfait.
L'artiste ne désire prouver quoi que ce soit. Même les choses vraies
peuvent être prouvées.
L'artiste n'a point de sympathies éthiques. Une sympathie morale dans
un artiste amène un maniérisme impardonnable du style.
L'artiste n'est jamais pris au dépourvu. Il peut exprimer toute chose.
Pour l'artiste, la pensée et le langage sont les instruments d'un art.
Le vice et la vertu en sont les matériaux. Au point de vue de la
forme, le type de tous les arts est la musique. Au point de vue de la
sensation, c'est le métier de comédien.
Tout art est à la fois surface et symbole.
Ceux qui cherchent sous la surface le font à leurs risques et périls.
Ceux-là aussi qui tentent de pénétrer le symbole.
C'est le spectateur, et non la vie, que l'Art reflète réellement.
Les diversités d'opinion sur une ?uvre d'art montrent que cette ?uvre
est nouvelle, complexe et viable.
Alors que les critiques diffèrent, l'artiste est en accord avec lui-
même.
Nous pouvons pardonner à un homme d'avoir fait une chose utile aussi
longtemps qu'il ne l'admire pas. La seule excuse d'avoir fait une chose
inutile est de l'admirer intensément.
L'Art est tout à fait inutile.
OSCAR WILDE. Chapitre I L'atelier était plein de l'odeur puissante des roses, et quand une
légère brise d'été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par la porte
ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil des
églantiers.
D'un coin du divan fait de sacs persans sur lequel il était étendu,
fumant, selon sa coutume, d'innombrables cigarettes, lord Henry Wotton
pouvait tout juste apercevoir le rayonnement des douces fleurs couleur de
miel d'un aubour dont les tremblantes branches semblaient à peine pouvoir
supporter le poids d'une aussi flamboyante splendeur ; et de temps à autre,
les ombres fantastiques des oiseaux fuyants passaient sur les longs rideaux
de tussor tendus devant la large fenêtre, produisant une sorte d'effet
japonais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokyo à la figure
de jade pallide, qui, par le moyen d'un art nécessairement immobile,
tentent d'exprimer le sens de la vitesse et du mouvement. Le murmure
monotone des abeilles cherchant leur chemin dans les longues herbes non
fauchées ou voltigeant autour des poudreuses baies dorées d'un
chèvrefeuille isolé, faisait plus oppressant encore ce grand calme. Le
sourd grondement de Londres semblait comme la note bourdonnante d'un orgue
éloigné.
Au milieu de la chambre sur un chevalet droit, s'érigeait le portrait
grandeur naturelle d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté, et en
face, était assis, un peu plus loin, le peintre lui-même, Basil Hallward,
dont la disparition soudaine quelques années auparavant, avait causé un
grand émoi public et donné naissance à tant de conjectures.
Comme le peintre regardait la gracieuse et charmante figure que son
art avait si subtilement reproduite, un sourire de plaisir passa sur sa
face et parut s'y attarder. Mais il tressaillit soudain, et fermant les
yeux, mit les doigts sur ses paupières comme s'il eût voulu emprisonner
dans son cerveau quelque étrange rêve dont il eût craint de se réveiller.
- Ceci est votre meilleure ?uvre, Basil, la meilleure chose que vous
ayez jamais faite, dit lord Henry languissamment. Il faut l'envoyer l'année
prochaine à l'exposition Grosvenor. L'Académie est trop grande et trop
vulgaire. Chaque fois que j'y suis allé, il y avait là tant de monde qu'il
m'a été impossible de voir les tableaux, ce qui était épouvantable, ou tant
de tableaux que je n'ai pu y voir le monde, ce qui était encore plus
horrible. Grosvenor est encore le seul endroit convenable...
- Je ne crois pas que j'enverrai ceci quelque part, répondit le
peintre en rejetant la tête de cette singulière façon qui faisait se moquer
de lui ses amis d'Oxford. Non, je n'enverrai ceci nulle part.
Lord Henry leva les yeux, le regardant avec étonnement à travers les
minces spirales de fumée bleue qui s'entrelaçaient f