chapitre 1 : la sécurité alimentaire du ménage - Association ...
Rapporteur : Jean Pierre DOZON, directeur d'études à l'EHESS ... Professeur des
Universités en Anthropologie et Président de l'Université de Rouen, que je me ...
Impatiente de voir le médecin sortir de son domaine, patiente quant à l'arrivée de
... leurs enfants vers les états de malnutrition sévères et des hospitalisations.
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ÉCOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES
54, Boulevard Raspail, 75006, Paris. ANTHROPOLOGIE SOCIALE, ETHNOLOGIE ET ETHNOGRAPHIE
La malnutrition de l'enfant au BURKINA FASO
Une vie entre parenthèses, la mort entre parentèle
Présenté par SYLVIE HÉAM-ANTOINE En vue de l'obtention du DEA d'anthropologie sociale, ethnologie et
ethnographie Sous la direction de Doris BONNET, directrice de recherches à l'IRD
Rapporteur : Jean Pierre DOZON, directeur d'études à l'EHESS
Centre d'études africaines
Septembre 2003
REMERCIEMENTS
C'est suite à un entretien avec Monsieur le Professeur Jean-Luc NAËL,
Professeur des Universités en Anthropologie et Président de l'Université de
Rouen, que je me suis présentée à l'EHESS. Mes séjours au Burkina Faso me
faisaient douter de l'efficacité du rôle de la médecine dans la prise en
charge de la malnutrition et je voulais aborder ce sujet autrement.
L'anthropologie médicale me semblait une solution. Sur les conseils de
Monsieur Jean-Luc NAËL, je suis donc allée rencontrer Monsieur Jean-Pierre
DOZON. Vu mon intérêt pour la petite enfance et mon terrain d'étude, Monsieur Jean-
Pierre DOZON, directeur du Centre d'Études Africaines et directeur d'études
à l'EHESS, m'a suggéré de rencontrer Doris BONNET. Le suivi des séminaires
"Engagement et réflexivité", ainsi que ceux de Monsieur Didier FASSIN
"Gouverner des populations, produire des sujets" m'a été d'un apport de
réflexion important pour la rédaction de ce mémoire. Merci à Doris BONNET, directeur de recherches à l'IRD, qui a accepté de
m'accompagner pour la réalisation de ce travail. Impatiente de voir le
médecin sortir de son domaine, patiente quant à l'arrivée de résultats
convaincants, sa disponibilité et ses conseils m'ont été précieux pour
mener à bien ce défi. La participation aux séminaires "HISTOIRE,
ANTHROPOLOGIE DE LA PETITE ENFANCE" organisés par le Centre d'Études
Africaines a été d'une grande richesse pour la réalisation de ce travail,
et les réunions entre étudiants une motivation supplémentaire. Les remerciements qui s'adressent aux Agents de santé burkinabè, du
Professeur agrégé de médecine à la secrétaire médicale et au factotum des
structures de soins ne peuvent être oubliés. Leur travail, mélange de
dévouement et d'amertume, est considérable (malgré la lecture de ce qui va
suivre). Quant à ma FAMILLE, qui s'est élargie au Nord comme au Sud pendant ces deux
années, je ne l'oublie pas : famille d'ici et famille de là-bas, enfants
d'ici et enfants d'ailleurs, vos encouragements m'ont aidée à mener cette
étude à son terme. Merci.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS SOMMAIRE INTRODUCTION CHAPÎTRE 1 - Le ménage et la malnutrition : la part de l'enfant 1-La sécurité alimentaire du ménage
1-2-La femme, épouse et mère,
. CHAPÎTRE 2 - La santé de l'enfant : entre savoir oral et savoir acquis
2-1 Les connaissances des mères
2-2 Les connaissances des agents de santé
2-3 La motivation des agents de santé CHAPÎTRE 3 - Les Centres de Récupération et Éducation Nutritionnelle 3-1-Le Centre de Récupération et d'Éducation Nutritionnelle
3-2 Une expérience de coopération : Association Jérémi Rhône-Alpes
3-3 Paroles des agents de santé et des animatrices CHAPÎTRE 4 - Les enfants singuliers du CREN CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE LISTE DES ABRÉVIATIONS TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
Depuis plusieurs dizaines d'années, de nombreuses organisations ou
associations sensibilisent l'opinion publique sur le problème de la
malnutrition dans les pays en développement. Les dernières statistiques de
l'enquête démographique et de santé du Burkina Faso (1998 -1999) indiquent
même une augmentation des différents taux de morbidité lié à la
malnutrition. On trouve facilement les descriptions des cas extrêmes et
spectaculaires de malnutrition sévère (marasme et kwashiorkor), leurs
causes médicales et les traitements préconisés, dans des documents de
recherche, des thèses ou des articles. La malnutrition modérée, quant à
elle, n'est pas source d'études aussi nombreuses, sauf pour rappeler
l'ignorance des mères, les croyances erronées qui conduisent leurs enfants
vers les états de malnutrition sévères et des hospitalisations. Le
comportement des mères vis-à-vis de leur enfant est régulièrement remis en
cause : elles n'utilisent pas suffisamment les services de santé, elles
favorisent l'accès au revenu, elles délaissent le puîné pour s'occuper du
dernier, elles ne savent plus utiliser les ressources locales ... Les pères
ne sont jamais cités comme responsables des pratiques alimentaires
« néfastes » de leurs épouses vis-à-vis de leurs enfants. Dans les familles
traditionnelles, ils n'interviennent pas dans le système éducatif familial
pendant la petite enfance, encore moins dans le domaine alimentaire.
Dans les années 60-70, suite aux périodes de grandes sécheresses, des
Centres de réhabilitation et d'éducation nutritionnelle (CREN) se sont
multipliés en Afrique de l'Ouest. Ces centres financés et gérés par des
associations du Nord ont été laissés par la suite à la gestion du système
de santé burkinabè. La plupart de ces centres fonctionnent encore
aujourd'hui, sans résultats positifs sur l'état nutritionnel des enfants.
Ils avaient été créés pendant une période climatique critique, avec un
fonctionnement répondant à une demande de soins précise, et avec du
personnel formé à cet effet. Le Burkina Faso est un pays qui ne connaît pas de catastrophe climatique et
dont le régime politique est stable, sans conflits avec les pays voisins,
ni guerre civile. Le taux de malnutrition de 2,14 % indiqué dans le
document officiel du site internet http://www.primature.gov.bf ne
correspond pas à la réalité sanitaire du pays. En 1998-1999, le Ministère
de la santé annonçait un taux de 30 % chez les enfants de moins de 5 ans.
Pays enclavé d'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso subit comme tout pays
sahélien une baisse de la pluviométrie régulière, mais pas catastrophique.
La saison des pluies, entre juin et septembre, tend à diminuer dans la
durée, et les pluies sont plus violentes. Les conséquences de ces pluies
sur les cultures se font ressentir dans certaines régions, notamment au
Nord du pays où les terres sont plus sèches, mais les productions du sud
devraient suffire à alimenter le Nord du pays. Les habitants du Nord,
plutôt éleveurs, pourraient fournir le sud en viande, qui lui fournirait le
Nord en céréales. Mais les infrastructures routières sont en très mauvais
état, limitant le transport des marchandises qui lui-même est soumis à des
taxes importantes lors du passage de province en province. La spéculation
financière des commerçants aidant, le prix du mil, céréale de base des
burkinabè, peut ainsi être multiplié par quatre entre le sud et le nord du
pays selon les saisons. En février 2003, le prix du sac de 100kg de mil ou
de sorgho, céréales les plus utilisées, était de 12 000 FCFA à Fada (à
l'est du pays) et de 15 500 FCFA dans la province du Bam (au nord). En
1997, 44,5 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté estimé
à 41 099 CFA (soit 26,70¤ ) par adulte et par an. Si l'état de la sécurité
alimentaire du pays est globalement satisfaisant, avec un bilan céréalier
national positif, la province du Bam semble être dans une situation
critique alors que les cultures de contre-saison sont bonnes. Mais ces
cultures (haricot vert, pomme de terre, oignon) ne font pas encore partie
des habitudes alimentaires locales. La province du Bam, où j'ai effectué la majorité de mes séjours, est située
au nord de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. On y compte 262 villages
répartis dans 9 départements. La densité de population est de 55 habitants
au km2, soit supérieure à la densité nationale. L'état des infrastructures
routières est catastrophique, et les routes pratiquement inutilisables
pendant la saison pluvieuse, de juin à septembre. Cette province jouit de
la présence de deux lacs, le lac du Bam et le lac de Bourzanga, alimentés
par l'eau de rivières temporaires et l'eau des pluies. Ils ne sont jamais
asséchés. Cette potentialité hydrique importante permet une culture de
contre-saison ne par l'aménagement des berges. 80 % de la population
pratique l'agriculture pour le commerce ou l'alimentation.
L'élevage, qui est la seconde activité économique de la province, est
pratiqué à plus ou moins grande échelle par toutes les familles. En 2000,
selon les études des directions provinciales de l'agriculture, de la
conservation des sols, de l'eau et de la pêche de la Province du Bam, les
cultures de céréales, les maraîchages, l'élevage et la pêche devraient
assurer une autosuffisance alimentaire de la population. Ainsi, autour des
lacs, dès le mois d'Octobre et jusqu'en Mars, on trouve haricots, tomates,
carottes, oignons, choux, pommes de terre, et autres légumes qui autrefois
étaient réservés aux citadins. Mais la commercialisation des produits de
récoltes peut devenir la préoccupation première du cultivateur qui,
parfois, privilégie l'accès au revenu au détriment de l'alimentation de sa
famille, exposant même ses enfants aux maladies nutritionnelles
(M.,SAWADOGO,1995 - V. SERME, 1999). Quant à l'élevage, il constitue une
source de revenus plus qu'un complément alimentaire. Le cheptel