Epreuve de culture générale et expression pour l'examen du BTS

Dossier sur le thème de la fête, réalisé par Florence Charravin-Bras, professeur
agrégé de Lettres modernes au lycée Aubanel à Avignon. 1 . Synthèse :.

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Epreuve de culture générale et expression pour l'examen du BTS Dossier sur le thème de la fête, réalisé par Florence Charravin-Bras,
professeur agrégé de Lettres modernes au lycée Aubanel à Avignon.
1 . Synthèse : Vous rédigerez une synthèse concise, objective et ordonnée, des quatre
documents suivants consacrés aux fêtes de Carnaval :
Document 1 : Victor Hugo - Notre-Dame de Paris Document 2 : Article CARNAVAL Document 3 : CARNAVAL 2005 de la ville d'Arles Document 4 : Francisco GOYA - Enterrement de la sardine -
1812/1814 2 . Ecriture personnelle : au choix 1er sujet : Vous répondrez d'une façon argumentée et ordonnée à la
question suivante, en vous appuyant sur les textes du corpus et sur vos
lectures personnelles : Les fêtes de Carnaval vous semblent-elles encore avoir un sens à notre
époque ? 2ème sujet : Vous répondrez d'une façon argumentée et ordonnée à la question
suivante, en vous appuyant sur les textes du corpus et sur vos lectures
personnelles : Pensez-vous que les fêtes de Carnaval actuelles ont perdu leur nature
festive ?
Proposition de correction de la synthèse de documents :
Le dossier a été conçu à partir du tableau de Goya. Les réjouissances
du carnaval montrent les débordements de la fête et la dérision à l'égard
du pouvoir. Une problématique pourrait être ainsi formulée : les excès de
la fête sont-ils un risque pour la société ? I - Le désordre de la fête : - Rire et folie des foules (tous les documents)
- L'esthétique grotesque (Goya, Hugo)
- Les processions parodiques (Hugo, Goya, Arles : Caramentran)
II - Le travestissement libérateur : - La satire des institutions (la religion ; la justice : Hugo, Arles,
article « Carnaval »)
- Une revanche personnelle (article « Carnaval », Hugo)
- Une soupape politique et sociale (article « Carnaval », Goya,
Arles) III - Récupérer le chaos : - Le carnaval aujourd'hui (article « Carnaval », Arles)
- La fête médiatisée (article « Carnaval », Arles)
- Contrôle et organisation officielle (article « Carnaval », Arles)
Document 1 Victor Hugo - Notre-Dame de Paris
L'acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit
sortir en triomphe le bienheureux pape des fous. Mais c'est alors que la
surprise et l'admiration furent à leur comble. La grimace était son visage.
Ou plutôt toute sa personne était une grimace. [...]
Tel était le pape que les fous venaient de se donner.
On eût dit un géant brisé et mal ressoudé.
Quand cet espèce de cyclope parut sur le seuil de la chapelle,
immobile, trapu, et presque aussi large que haut, carré par la base, comme
dit un grand homme, à son surtout(1) mi-parti rouge et violet, semé de
campanilles(2) d'argent, et surtout à la perfection de sa laideur, la
populace le reconnut sur-le-champ, et s'écria d'une voix :
C'est Quasimodo, le sonneur de cloches ! c'est Quasimodo, le bossu de
Notre-Dame ! Quasimodo le borgne ! Quasimodo le bancal ! Noël ! Noël !
[...]
Cependant tous les mendiants, tous les laquais, tous les coupe-
bourses, réunis aux écoliers, avaient été chercher processionnellement,
dans l'armoire de la basoche(3), la tiare de carton et la simarre dérisoire
du pape des fous. Quasimodo s'en laissa revêtir sans sourciller et avec une
sorte de docilité orgueilleuse. Puis on le fit asseoir sur un brancard
bariolé. Douze officiers de la confrérie des fous l'enlevèrent sur leurs
épaules ; et une espèce de joie amère et dédaigneuse vint s'épanouir sur la
face morose du cyclope, quand il vit sous ses pieds difformes toutes ces
têtes d'hommes beaux, droits et bien faits. Puis la procession hurlante et
déguenillée se mit en marche pour faire, selon l'usage, la tournée
intérieure des galeries du Palais, avant la promenade des rues et des
carrefours.
Victor Hugo Notre-Dame de Paris (1831), éd. Gallimard, Folio classique,
2002, p88-91.
(1) Surtout : Vêtement ample, porté par-dessus les autres vêtements
(2) Campanille : Petite cloche, sonnette
(3) Basoche : Gens de justice Document 2 CARNAVAL
Paradoxalement, le contrôle qu'exerce l'Eglise médiévale sur les fêtes
des Fous, de l'Âne ou des Innocents conduit à la manifestation plus laïque
du carnaval qui, à partir du XVème siècle, est à son tour prise en main par
les instances supérieures de la société civile. [ ... ]
Cette double récupération civile et religieuse n'a pas altéré les
rituels fondamentaux du carnaval : cavalcades et mascarades collectives,
défilés de chars, bûcher final. [ ... ]
Les manifestations bouffonnes ou grotesques du carnaval, parfois
démesurées et violentes, libèrent le collectif aussi bien que l'individu,
font resurgir les héros, démons et divinités de la mémoire enfouie, sous la
forme de mannequins géants que l'on sacrifie aux flammes - on a brûlé
aussi, dans le passé des effigies de monarques ou de juifs. Le temps du
carnaval, qui efface les différences et renverse les hiérarchies, a
représenté une nécessaire soupape entre l'ordre et le désordre, la
contrainte et la révolte, en opposant le rire à la servitude. L'époque
moderne a affaibli ces fonctions politiques et sociales.
De nos jours, le carnaval a en partie perdu son lien au christianisme,
son rôle cathartique et sa nature festive pour devenir un spectacle policé,
médiatisé et commercialisé. Les carnavals brésiliens (Rio de Janeiro, Bahia
...), certains carnavals suisses (Berne) et flamands, associés à une
participation populaire et à une créativité esthétique (masques, costumes,
« géants », chars...) sont moins commercialisés en principe, que des
institutions moins traditionnelles et plus strictement touristiques. Malgré
tout, derrière son masque, l'homme contemporain travesti peut encore se
défaire un instant de son moi et jouir d'être un autre.
Extrait de l'article « Carnaval », Dictionnaire culturel en langue
française, sous la direction d'Alain Rey, éd. Le Robert, 2005.
Document 3 CARNAVAL 2005 de la ville d'Arles La direction artistique du Carnaval et le Théâtre de l'Éléphant Vert
Cette année le Service Culturel a souhaité travailler avec la
compagnie arlésienne Théâtre de l'Éléphant Vert. Cette compagnie mettra en
scène la déambulation et le jugement du Carnaval, tout en mettant en valeur
les acteurs arlésiens (Associations, C.L.S.H....) Un jugement spectaculaire aura lieu pour la première fois
cette année dans les arènes d'Arles ! Un comité carnavalesque composé de sages fous s'est déplacé sur
Barriol, Mas-Thibert et en centre-ville afin de procéder au recueil des
doléances des Arlésiens.
9 doléances ont été élues et composent l'acte d'accusation de
Caramentran(*) : Les Doléances
. «J'accuse Caramentran d'avoir laissé les 150 personnes de Lustucru au
chômage à cause des inondations. Certaines personnes ayant été elles-
mêmes inondées et ayant tout perdu.»
. «J'accuse Caramentran d'avoir fait de l'argent le roi du monde.»
. «J'accuse Caramentran de nous soumettre à une justice mensongère et
hypocrite.»
. «J'accuse Caramentran d'avoir gardé en bonne santé Berlusconi, Le Pen
et Bush et d'avoir tué Kennedy.»
. «J'accuse Caramentran de bafouer tous les jours dans le monde le droit
des enfants.»
. «J'accuse Caramentran de laisser les enfants mourir de faim.»
. «J'accuse Caramentran d'avoir un gouvernement qui n'écoute pas le
peuple.»
. «J'accuse Caramentran d'avoir fait souffrir et d'avoir tué des
milliers de personnes en déclenchant un tremblement de terre.»
. «J'accuse Caramentran d'avoir certaines préférences et de ne pas
donner assez souvent pouvoir et paroles aux femmes.»
En collaboration avec la région PACA
Site officiel de la ville d'Arles
http://www.ville-arles.fr/portail/index.asp?p=1&site=evenement&id=52
Annexe au document 3 : (*)CARAMENTRAN (Carema entrant) En Occitanie, le nom de CARAMENTRAN a été donné au pantin qui
symbolise et personnifie le Carnaval. Ce pantin mené en procession dans
toutes les rues était porté sur un brancard, ballotté sur un drap, hissé
sur un char, au gré des manifestants. Il servait de bouc émissaire, il
était chargé de tous les pêchés de la communauté, de tous les malheurs de
l'année, puis jugé par un tribunal populaire au cours d'un procès : le
procès de Caramentran. Le Tribunal composé des habitants et des
représentants de tous les corps de métier le condamnait à mort. Il était
alors le plus souvent brûlé sur la place publique au milieu de cris, de
chants et de danses, mais il pouvait aussi être jeté à la mer ou noyé dans
la rivière.
Document 4 Francisco GOYA - Enterrement de la sardine - 1812/1814
[pic] Episode du carnaval madrilène : fin des réjouissances populaires, le
mercredi des Cendres. Goya saisit l'occasion de cette fête pour illustrer
la joie du peuple après le départ définitif des Français.