proletaires de tous les pays, unissez-vous - intersiderale

Quant à "tout ce que l'on a dit contre les porteurs de fonds tunisiens, au sujet de
...... même en pensée, de péché socialiste ; il fit son examen de conscience dans
.... dans les catalogues de vente et les dictionnaires d'histoire et de géographie,
...... dit un proverbe targui[103] qui se retrouve chez les Hovas de Madagascar.

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PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !
P. LAFARGUE
Le parti socialiste allemand [1] Le succès des socialistes allemands aux dernières élections a fort
étonné la bourgeoisie européenne ; cependant c'était chose prévue, annoncée
même par nos amis d'Allemagne.
Le comité directeur du parti avait tout préparé : quand le moment de
donner est venu, tout le monde était à son poste de combat et a fait son
devoir. Les révolutionnaires de la phrase et les régicides en chambre de la
Suisse avaient l'habitude d'insulter les ouvriers allemands, de les traiter
de pusillanimes ; et cependant il est peu d'exemples d'un grand parti
présentant une telle solidité et une telle conscience de sa mission
révolutionnaire.
Depuis trois ans les socialistes allemands sont hors la loi ; ils sont
chassés de ville en ville, emprisonnés et forcés de s'expatrier ; leurs
journaux ont été saisis, leurs réunions publiques interdites. Mais ni la
persécution, ni l'émigration qui emportait en Amérique tant d'hommes
énergiques n'ont pu entamer le parti socialiste. Le comité directeur fonda
à Zurich son organe, le Social-démocrate qui entre et se distribue en
Allemagne au su et en dépit de la police. Ne pouvant tenir de meetings, les
ouvriers du parti ont envahi les meetings des libéraux et des antisémites
et les ont transformés en meetings socialistes, à la barbe des commissaires
de police.
Le lendemain les courageux orateurs étaient expulsés de la ville et
devaient aller ailleurs avec leurs familles chercher du travail ; mais la
solidarité de leurs camarades ne leur faisait pas défaut, partout ils
trouvaient des secours pécuniers et autres. Pendant les élections on
défendit aux candidats socialistes d'afficher leur nom ; mais à Berlin le
nom de Bebel était écrit sur les murs à la craie par des milliers de mains
et l'on fit une réception enthousiaste à Hasenclever.
Le parti ouvrier en France doit se faire modeste ; même à Paris il dut,
par endroits, mettre dans sa poche les considérants communistes de son
programme, c'est-à-dire son drapeau ; en Allemagne le parti socialiste
s'est affirmé carrément, et ses candidats ont, dans plusieurs villes,
rallié sur leurs noms les votes des catholiques et autres opposants de la
politique Bismarkienne. Au second tour Bismark lui-même voulut se rallier.
Wagner, le socialiste Bismarkien, et un autre furent chargés de sonder le
comité directeur ; ils offrirent de faire soutenir les candidats
socialistes, si le parti consentait à renoncer à ses "tendances
révolutionnaires et à se contenter des réformes possibles". Leurs offres
furent repoussées de la façon la plus méprisante. La persécution qui devait
détruire le parti ouvrier allemand l'a trempé. Trois pays en Europe peuvent
se vanter de posséder un gouvernement révolutionnaire : ces trois pays sont
la Russie, l'Irlande, l'Allemagne.
Depuis la Révolution du siècle dernier, la France est politiquement
centralisée ; cette centralisation facilite la lutte politique, elle
habitue les ouvriers à centraliser leurs colères et leur action.
C'est à Paris que se sont livré les dernières grandes batailles du
prolétariat. En Allemagne, au contraire, jusqu'à dernièrement, le pays
était morcelé en petits Etats indépendants, infectés de toutes les
autonomies et mesquineries communales et locales. Mais en revanche les
ouvriers allemands ne connurent jamais les beautés de la satanée
phraséologie proudhonienne, autonomiste, libertaire. Dès ses débuts le
mouvement allemand se rattacha au mouvement communiste d'avant 1848. Les
idées que la deuxième Egalité répandit et défendit sont clairement
formulées dans le manifeste du parti communiste rédigé, en 1847, par Marx
et Engels : concentration des forces productives, disparition des classes
moyennes, constitution du prolétariat, lutte des classes, organisation de
la classe ouvrière en parti politique distinct, conquête des pouvoirs
politiques du pays, dictature transitoire du prolétariat, nationalisation
des instruments de production.
Ces idées, qui ont servi de base qu parti socialiste allemand, avaient
encore si peu pénétré en France que, l'année dernière, Liebknecht, de
passage à Paris, les ayant développées dans une réunion privée, elles
furent ridiculisées par le journal du terrible régicide Pyat, dans un
article intitulé : La lucidité allemande.
La phrase nous fait perdre la raison. Tandis que nous déclamons sur
l'autonomie, que nous protestons énergiquement contre tout pouvoir
directeur, nous organisons un parlement ouvrier, dont les mandataires
inconnus aux mandants sont pratiquement plus irresponsables et plus
incontrôlables que les députés du parlement bourgeois. Les ouvriers
allemands, sans faire tant de phrases, ont agi autonomiquement, c'est-à-
dire que chaque groupe était un corps énergique, agissant énergiquement,
ayant ses propagandistes, ses orateurs, sa caisse, souvent même son
journal. Avant la loi contre les socialistes, il y avait plus de 50
journaux ouvriers en Allemagne, tous administrés et rédigés par les membres
même du groupe local. Pour choisir un député ou nommer un délégué, aucun
groupe ne s'adressait à Berlin ou à Leipzig, mais le trouvait dans son
propre sein ; il lui était connu et pouvait être contrôlé efficacement.
Un parti, qui comme le parti ouvrier de l'Allemagne puise ses forces
dans la persécution, prouve qu'il est capable de prendre en main le
pouvoir. La situation économique et politique de l'Europe et de l'Amérique
est précaire. La crise économique générale que les économistes bourgeois
commencent à pressentir[2] sera compliquée d'une crise politique : la mort
de l'empereur allemand ou du tsar russe peut l'ouvrir d'un moment à
l'autre. Les ouvriers allemands sont prêts ; et nous ? Nous, nous faisons
des phrases libertaires.
Quand le moment est venu, les gouvernements de France tombent comme des
fruits piqués ; on tire quelques coups de fusil pour célébrer l'événement,
l'empire s'écroula sans pétards. L'oeuvre révolutionnaire commence le
lendemain. D'habitude la place vidée est remplie immédiatement par des
intrus libertaires : gouvernement provisoire ou gouvernement de défaite
nationale. Le peuple vainqueur, au lieu de chasser les intrus, se paie de
leurs belles promesses et s'en retourne trimer dans la galère capitaliste
en chantant la Marseillaise. Pendant ce temps, les intrus font venir les
bouchers d'Afrique, les sabreurs d'Arabes, et quand le peuple revient
demander la réalisation des promesses, les artilleurs sont à leurs pièces
et rran !? Si le parti ouvrier français ne s'organise pas comme le parti
allemand pour établir la dictature du prolétariat ou tout au moins pour
s'opposer au gouvernement qui naîtra de notre prochaine révolution, il y
aura encore des journées de Juin et de Mai.
La politique de la bourgeoisie [3] S'il fallait à la France, enivrée de gloire militaire, Napoléon le
Petit pour la guérir de son culte pour Napoléon le Grand ; pour guérir la
noble classe ouvrière de France soûlée de principes éternels de droits de
l'homme , de phraséologie libertaire, pour la rappeler à la conscience de
ses intérêts de classe, à la conscience de sa mission révolutionnaire, il
fallait que le pouvoir politique passât entre les mains des républicains
bourgeois. Alors, entre la classe bourgeoise, assise au pouvoir, et la
classe ouvrière, exclue de tout pouvoir politique, il n'existe plus de roi,
plus d'empereur ayant des intérêts dynastiques différents des intérêts
bourgeois, et ne satisfaisant ceux-ci que si les intérêts dynastiques y
trouvent leur compte ; alors seulement la classe bourgeoise peut prendre
ses franches coudées, donner libre cours à tous ses intérêts, rassasier
tous ses besoins.
Marx a démontré, et il ne s'est pas encore trouvé en Europe et en
Amérique un économiste pour le réfuter, que le capital était du travail non
payé . Tout capital, sous n'importe quelle forme qu'il se présente,
propriété foncière, industrielle, financière, est donc un vol commis au
profit de la classe bourgeoise et au détriment de la classe ouvrière, de la
classe salariée[4]. Le vol est donc le roc sur lequel s'élève la
bourgeoisie avec sa morale, sa philosophie, sa jurisprudence et sa
politique.
La bourgeoisie contient trois catégories principales : bourgeoisie
industrielle et foncière, bourgeoisie boutiquière et commerçante,
bourgeoisie financière. Elles vivent toutes les trois sur le travail des
salariés industriels et agricoles. La valeur de tout produit se subdivise
en trois parts : 1º la part des matières premières et de l'usure des
instruments ; 2º la part des travailleurs ; 3º la part des bourgeois. Le
prix d'un hectolitre de blé vendu 20 francs se décompose approximativement
ainsi : 6 fr. pour les engrais, semence, usure des machines et des animaux,
7 fr. pour le laboureur, 7 fr. pour le propriétaire foncier, le marchand,
le banquier. Les bourgeois se disputent âprement à qui happera le plus gros
morceau de cette troisième part. Les lois de la justice bourgeoise règlent
la distribution équitable, entre les bourgeois, du butin de leurs vols sur
les ouvriers et les empêchent de se dépouiller les uns les autres, excepté
légalement. Les lois et la justice n'existent que dans les sociétés qui ont
le vol pour unique mobile ; dans une société communiste, les lois et la
justice n'ont pas de raison d'être[5]. L'Etat bourgeois a pour mission
principale de prêter main forte aux lois qui réglementent le vol, de
protéger les bourgeois dans l'exercice de leur profession de voleur de la
classe ouvrière et de réprimer toutes les tentatives que pourraient faire
les ouvriers contre les voleurs bourgeois.
La forme républicaine, c'est-à-dire le pouvoir politique confié
exclusivement à des bourgeois, doit donc être la forme gouvernementale qui
permet le mieux les répressions ouvrières et les vols bourgeois. Les plus
grands massacres d'ouvriers ont été pra