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L'examen attentif des diverses histoires communales depuis 1945 montre ...... la
Comtesse de Grammont-Crillon, fait appel à Jean Legendre : « Le S.V.M. de ...

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Alain JM BERNARD est professeur de géographie et socio-économie à
l'Université de Technologie de Compiègne. Spécialiste des relations entre
innovation et territoire, il a collaboré à deux ouvrages de référence sur
le Compiègnois - Histoire de Compiègne (1988) et Mémoire de Compiègne
(2003) - ainsi qu' au Dictionnaire de la Géographie et de l'espace des
sociétés ( 2003).
PARTIE 2.
D'UNE INTERCOMMUNALITE L'AUTRE CHAPITRE 1.
L'EMERGENCE DU GRAND COMPIEGNE[1]
(1947 -1973) Relater l'émergence du Grand Compiègne, c'est s'exposer aux illusions des
origines qui piègent toute reconstruction généalogique. Ainsi de songer
immédiatement aux références mythiques de l'intercommunalité compiègnoise:
les expériences et les échecs du XIX e siècle. Le pouvoir central avait
alors suscité des fusions, sans succès : une première entre Margny-les-
Compiègne et la ville centre a duré le temps de l'application de la
constitution de l'An III ; la seconde, en 1824, entre Margny et Venette,
fut repoussée avec indignation. Quant à l'initiative compiègnoise arguant
de l'arrivée du chemin de fer pour sceller le destin des villes pont, elle
tourna court en 1845. En fait, l'intercommunalité compiègnoise se fonde
moins sur ces mythes que sur le succès des partenariats pragmatiques
élaborés après la Seconde Guerre Mondiale.
L'examen attentif des diverses histoires communales depuis 1945 montre que
l'arrêté préfectoral du 10 Décembre 1970 créant le Syndicat Intercommunal à
Vocation Multiple de la Région de Compiègne s'inscrit dans un long moment
d'apprentissage protéiforme qui pose la question du processus d'émergence
de la primauté du projet compiègnois sur les recompositions territoriales
antérieures, éventuellement rivales. D'abord émergent, au tournant des
années 1950, des regroupements intercommunaux fondés sur les lois des 8
Avril 1884, 22 Mars 1890 et 13 Novembre 1917, pour affronter des impératifs
spécifiques, soit immédiats, tels l'achèvement ou la modernisation de
l'électrification, l'adduction d'eau[2], soit émergents, comme
l'assainissement ; la géographie physique n'était pas alors étrangère à la
reconfiguration administrative. Ensuite, facilitées par l'ordonnance
relative aux syndicats de communes N° 59.29 du 5 Janvier 1959, des
expériences diverses se multiplient en raison des interpellations des
villes centres ou des pressions des administrations centrales, sur fonds de
contraintes économiques et budgétaires, de réforme de la fiscalité locale
et de remaillage cantonal ; deux options se dessinent entre 1963 et 1965 :
d'une part, la fusion souhaitée par une puissante minorité margnotine,
d'autre part, le district urbain désiré par les responsables compiègnois ;
in fine s'impose, entre mai 1969 et décembre 1970, la solution pragmatique
d'un SIVOM, portée par deux personnalités visionnaires, Jean Legendre et
Camille Michel, que presse le calendrier de la planification nationale. Une
institution originale est née: le Grand Compiègne. I. LES PREMIERES EXPERIENCES DE L'INTERCOMMUNALITE (1947-1963)
Dès l'après guerre, des partenariats ciblés suscitent des
reconfigurations administratives qui, sous le signe de l'intercommunalité,
fragmentent le Compiègnois en l'élargissant. 11. La gestion d'une ressource - l'eau potable - impose l'émergence des
premiers syndicats intercommunaux. Pour mesurer l'enjeu, il suffit de
considérer la situation de la commune de Choisy-au-Bac, menacée par les
risques d'incendie en 1953, confrontée « à l'assèchement périodique en été
d'un grand nombre de puits », à « la mauvaise qualité des eaux contaminées
par des infiltrations souterraines provenant des fosses d'aisance non
réglementaires, fumiers et fosses à purin jusqu'à provoquer plusieurs cas
de fièvre typhoïde »[3]. La géographie de l'eau distingue trois ensembles. Au nord, se dessine dès mars-avril 1947 un regroupement associant les
communes de Choisy-au-Bac, Clairoix, Janville et Rethondes. Mais la
décision de Clairoix d'abandonner l'adduction de la commune suspend le
creusement d'un forage et réoriente le projet : le syndicat intercommunal
de Choisy se constitue le 30 Novembre 1949, avec pour seule vocation la
distribution d' eau potable fournie par la ville de Compiègne de manière
fiable avec un abattement de 60% sur le prix de vente au détail[4]. La
commune de Clairoix se rallie non sans hésitations entre 1952 et 1954[5]. Au sud, la situation est complexe. Le bourg de La Croix-Saint-Ouen a
procédé précocement au forage d'un puits (1932), à l'édification d'un
château d'eau et à l'implantation du réseau d'adduction, ne serait-ce que
pour lutter contre le chômage (1934). Décidé le 29 Mai 1948 et constitué
par arrêté préfectoral le 31 Mai 1949, le premier syndicat intercommunal
allie deux communes de la Basse Automne [6] : Saint-Sauveur (954 habitants)
et Saintines ( 609 habitants) : modeste, cette structure se justifie par la
présence de la manufacture qui consomme, du fait de son procédé, plus que
les deux communautés villageoises ; produite à Saintines, l'eau s'avère
inconsommable et le regroupement doit rapidement s'approvisionner auprès du
syndicat de Néry. A compter du 14 Mai 1952, une seconde intercommunalité
émerge sur la rive droite de l'Oise: elle fédère autour de Longueil -
Sainte Marie, les communes de Rivecourt, Le Fayel, Le Meux, Armancourt,
Jaux, Jonquières[7], et intègre Canly en 1985[8]. Dans la forêt, les communes se démarquent par une autosuffisance en eau
potable, non durable . Saint-Jean-aux-Bois dispose de la source Michaud,
dont le débit est insuffisant pendant les périodes de pointe de
consommation estivale : aussi, la petite commune signe-t-elle une
convention en septembre 1968 avec le Syndicat des Eaux de Bonneuil en
Valois, puis adhère le 23 Février 1974 ; cette intercommunalité qui allie
Emeville, Fresnoy la Rivière et Morienval au bourg depuis le 21 Septembre
1959, se voit dès lors confrontée à l'alimentation et la gestion d'un
réseau de 64 km, et il faut l'intervention du sous préfet de Senlis pour
lever les incertitudes en Septembre 1974[9]. De son côté, Vieux-Moulin
s'enorgueillit de la source Jean de Limé, mais doit approcher le syndicat
de Cuise la Motte en avril 1962, puis se tourner régulièrement vers celui
de Choisy - en juin 1964, 1972-73, 1986, 1987- ; la commune rallie
finalement le syndicat du Nord Compiègnois, l'exploration des sables de
Cuise ne permettant pas de pérenniser une indépendance relative. 12. Alors que la pertinence de la solution syndicale en matière
d'adduction et de distribution d'eau potable s'affirme, des thématiques
nouvelles suscitent des associations ad hoc qui complexifient
l'organisation territoriale : ainsi, l'assainissement des terres humides de
la vallée de l'Oise provoque l'émergence, au sud du Compiègnois, d'un
syndicat qui, institué par l'arrêté préfectoral du 29/9/1959, regroupe les
communes de Le Meux, Longueil Sainte Marie et Rivecourt[10]. Et en octobre
1961, se constitue le syndicat intercommunal de transport d'élèves de
l'arrondissement de Compiègne.
13. Dans ce contexte, la ville mère et les administrations centrales
prennent des initiatives propres à interpeller les communes voisines, mais
sans guère de succès.
Fin 1954, un projet d'assainissement intercommunal propose d'associer
Compiègne, Margny et Venette: la commune de Venette rejette l'idée en
raison des priorités que constituent adductions d'eau et programme de
construction scolaire (27/01/1955), puis, à la demande des administrations
de tutelle, donne son accord de principe pour les dispositions techniques
(31 Mai 1955). En 1962, dans le cadre du groupement d'urbanisme de la
Région de Compiègne, le Service des Ponts et Chaussées établit, en accord
avec le Ministère de la construction, un avant projet directeur
d'alimentation en eau potable de l'agglomération qui fait long feu : soumis
à délibération le 26 Janvier 1962, adopté à Compiègne le 20 Décembre 1963,
la municipalité de Venette le rejette le11 Février 1964 en raison des
importants travaux d'adduction d'eau réalisés par la Commune.
Au regard de la situation, le syndicat de Choisy peut frayer sa voie, et le
21 Juin 1966, un arrêté préfectoral élargit les attributions du
regroupement à l'assainissement. Cette archéologie de l'intercommunalité appelle trois conclusions.
i) Les premières expériences de partenariats à vocation unique ont
constitué un puissant effet de démonstration, et initié un
processus d'apprentissage de l'intercommunalité. La construction du
SIVOM s'en trouve aussi questionnée à Le Meux[11], et retardée un
temps par le syndicat de Choisy. Dès lors, le SIVOM apparaît un
temps comme une expérience d'intercommunalité supplémentaire, dont
les contemporains ne mesurent les spécificités que lentement
d'autant que la communication sur les réalisations du SIVOM est
longtemps assurée par les maires: « le syndicat a grandi, pris de
l'importance, mais il semble qu'il n'ait pas encore réussi à faire
connaître pleinement le rôle qu'il joue dans l'agglomération
compiègnoise » note F. MIANNE cinq ans après la création du SIVOM
[12].
ii) Le processus historique d'accumulation des expériences
intercommunal