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L'examen de ces questions permettrait de mieux comprendre l'influence des ...
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Relation entre les stéréotypes sexués associés aux pratiques sportives et
la motivation autodéterminée des élèves en éducation physique et sportive
Aïna Chalabaev et Philippe Sarrazin
Université Joseph Fourier de Grenoble
Science et Motricité (2009), 66, 61-70. La correspondance concernant cet article, doit être addressee à Philippe
Sarrazin, Laboratoire Sport et Environnement Social, Université Joseph
Fourier - UFRAPS, BP53, 38041 Grenoble cedex 9, France. E-mail:
philippe.sarrazin@ujf-grenoble.fr
Résumé
Cette étude examine (1) les liens entre le stéréotype « masculin » ou
« féminin » véhiculé par l'activité sportive et la motivation
autodéterminée des élèves en Éducation Physique et Sportive, et (2) le rôle
d'un médiateur - la compétence perçue -, et d'un modulateur - le degré
d'adhésion au stéréotype -, dans cette relation. Cent-soixante-dix-huit
collégiens ont rempli un questionnaire lors d'un cycle de football ou de
danse. Les analyses montrent que les élèves sont plus autodéterminés quand
ils pratiquent une activité qui véhicule un stéréotype conforme à leur sexe
que quand ça n'est pas le cas. Cette relation est médiatisée par la
compétence perçue, mais pas modulée par l'adhésion de l'élève au
stéréotype. Les résultats sont discutés à la lumière de la théorie de
l'autodétermination.
Mots-clés : Stéréotypes sexués ; motivation autodéterminée ; compétence
perçue ; médiation ; modulation
Abstract
This study examines (1) the relationships between the "masculine" or
"feminine" stereotype associated with a sport activity and students' self-
determined motivation in physical education classes, and (2) the role of a
mediator - perceived competence -, and of a moderator - the extent to which
students endorse the stereotype - in this relationship. One hundred seventy-
eight high school students filled out a questionnaire during a lesson of
football or dancing. The analyses showed that students are more self-
determined when they are engaged in an activity associated with a
stereotype congruent with their sex than when it is not. This relationship
is mediated by the perceived competence, but not moderated by the
stereotype endorsement. Results are discussed in the light of self-
determination theory.
Key-words: Sex stereotypes ; self-determined motivation ; perceived
competence ; stereotype endorsement ; mediation ; moderation L'Education Physique et Sportive (EPS) est une discipline scolaire
marquée par d'importants écarts de réussite entre garçons et filles, les
premiers y obtenant en moyenne un point de plus que les filles au
baccalauréat (Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la
Technologie, 2000). Pour expliquer ces différences sexuées, les travaux en
psychologie sociale accordent une place centrale aux stéréotypes, qui, dans
une approche socio-cognitive, constituent des schémas cognitifs, c'est-à-
dire des connaissances abstraites et générales à propos d'une catégorie
sociale (e.g., Fiske & Taylor, 1991). Plusieurs travaux montrent que les
Activités Physiques Sportives et Artistiques (APSA) véhiculent des
stéréotypes sexués: certaines sont considérées comme plus appropriées aux
garçons (e.g., rugby), d'autres aux filles (e.g., danse), même si certaines
sont perçues comme pouvant être pratiquées par les deux sexes (e.g.,
natation) (e.g., Fontayne, Sarrazin, & Famose, 2001). Ces stéréotypes sexués pourraient être à l'origine des différences
sexuées observées en EPS, en influençant la motivation des élèves. Selon le
modèle expectation-valence d'Eccles (e.g., Fredricks & Eccles, 2005), le
choix des individus de pratiquer ou non une activité est principalement
déterminé par leurs attentes de succès (i.e., probabilité de réussir une
activité) et la valeur subjective de celle-ci (i.e., son degré
d'attractivité). Des études montrent en effet que les filles font moins de
sport que les garçons parce qu'elles se sentent moins compétentes et lui
accordent moins de valeur qu'eux (e.g., Fredricks & Eccles, 2005). Selon le
modèle d'Eccles, ces différences de perceptions résultent de
l'internalisation des rôles sexués, qui définissent ce qui est socialement
acceptable et attendu de faire pour les hommes et les femmes. Des études
ont montré que les individus qui adhèrent aux rôles sociaux masculins
tendent à préférer la pratique des APSA masculines et à rejeter les
féminines, et ceux qui adhèrent aux rôles sociaux féminins présentent des
patrons motivationnels inverses (e.g., Fontayne et al., 2001 ; Fontayne,
Sarrazin, & Famose, 2002 ; Guillet, Sarrazin, Fontayne, & Brustad, 2006).
Par ailleurs, le choix d'une APSA conforme au rôle sexué internalisé par
l'individu semble médiatisé par une compétence perçue et un intérêt élevés
pour celle-ci (Fontayne et al., 2002 ; Guillet el al., 2006).
L'objectif principal de cette étude est de prolonger cette ligne de
recherche en l'intégrant à une autre théorie particulièrement heuristique
pour comprendre les comportements : la théorie de l'autodétermination (TAD
; Deci & Ryan, 2002 ; voir également Vallerand & Grouzet, 2001). En effet,
si le modèle d'Eccles et collaborateurs et particulièrement approprié pour
rendre compte des choix individuels quand une alternative est possible
(e.g., quel métier faire ? quelle filière choisir ? que activité de loisir
sélectionner ?), il est moins adapté pour expliquer l'investissement
manifesté dans une activité obligatoire. La TAD, quant à elle, permet cela
car elle distingue différents types de motivation en fonction du degré avec
lequel le comportement est spontané, autonome et émane d'une force
intérieure versus est obligé, contraint et émane d'une force
extérieure) Trois formes principales de motivation sont envisagées : la
motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque, et l'amotivation. La
motivation intrinsèque (MI) représente le plus haut degré de motivation
autodéterminée et se réfère aux situations dans lesquelles l'individu
s'engage librement dans les activités pour le plaisir qu'elles procurent
(MI à la stimulation), les défis (MI à l'accomplissement) et les
opportunités d'apprentissage (MI à la connaissance) qu'elles engendrent. A
l'inverse, la motivation extrinsèque se réfère aux situations dans
lesquelles l'individu s'engage dans une activité pour les conséquences de
celle-ci plus que pour l'activité en elle-même, que ce soit (1) afin
d'obtenir une récompense ou éviter une punition (i.e., régulation externe),
(2) en raison d'un sentiment de culpabilité (i.e., régulation introjectée),
(3) la perspective d'atteindre quelque chose d'utile et de valorisé par
l'individu (i.e., régulation identifiée) ou (4) pour réaliser quelque chose
en cohérence avec les valeurs et les buts de l'individu (i.e., régulation
intégrée). Les deux derniers types de régulation sont autodéterminés
contrairement aux deux premiers. Enfin, l'amotivation - quand l'individu ne
perçoit aucun lien entre ses actions et les conséquences qu'il pourrait en
attendre sur l'environnement - constitue le niveau le plus faible
d'autodétermination.
L'intérêt d'intégrer la TAD à l'étude de l'influence des stéréotypes
sexués en EPS repose sur les conséquences que la motivation autodéterminée
engendre. Plusieurs travaux ont montré qu'une motivation autodéterminée est
associée à une plus grande attention, un plaisir plus important, une
persistance plus élevée, ou encore à une meilleure performance dans
l'activité qu'une motivation non autodéterminée (voir Vallerand & Grouzet,
2001 pour une revue). La mise en évidence de relations entre les
stéréotypes sexués et la motivation autodéterminée impliquerait donc des
conséquences importantes des stéréotypes, sur les plans cognitif, affectif
et comportemental.
Bien que les liens entre les stéréotypes sexués et la motivation
autodéterminée n'ait, à notre connaissance, pas été mis en évidence, cette
relation semble tout à fait possible. En effet, selon le modèle
hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque de Vallerand
(e.g., Vallerand & Grouzet, 2001), la motivation est largement dépendante
de facteurs sociaux, dont les facteurs globaux, omniprésents dans les
différents aspects de la vie de la personne. Si l'on considère les
stéréotypes sexués comme des facteurs globaux, ceux-ci pourraient affecter
la motivation autodéterminée.
Par ailleurs, la TAD postule que l'influence des facteurs sociaux sur
la motivation n'est pas directe, mais médiatisée par trois besoins
psychologiques - compétence, autonomie et appartenance sociale - que ces
facteurs nourrissent ou entravent. Ainsi, les facteurs sociaux qui
améliorent la perception de compétence vont, du fait de la satisfaction de
ce besoin psychologique, promouvoir une motivation autodéterminée. Sur la
base de cette théorie, nous émettons l'hypothèse d'un lien entre les
stéréotypes associés aux APSA et la motivation des garçons et des filles en
EPS : celle-ci devrait être moins autodéterminée quand ils ou elles
pratiquent une activité dont les stéréotypes ne sont pas en adéquation avec
leur sexe (e.g., le foot pour les filles et la danse pour les garçons) que
dans le cas contraire. D'autre part, ce lien devrait être médiatisé par les
perceptions de compétence : garçons et filles devraient se sentir plus
compétents qu