L'abus de substances volatiles - MedeSpace
Ces prélèvements peuvent être conservés à +4°C si l'examen est réalisé
rapidement ... à la colorimétrie, l'analyse des substances volatiles est réalisée
par chromatographie en phase gazeuse (CPG) : ... Annales de Toxicologie
Analytique.
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L'ABUS DE SUBSTANCES VOLATILES
Introduction L'abus de substances volatiles est une conduite toxicophile par inhalation
de produits volatils à des fins récréatives soit à la recherche des
sensations d'euphorie et d'ébriété et/ou d'altération des perceptions ;
soit dans un but d'améliorer ses performances sexuelles comme c'est le cas
avec les poppers. L'usage et l'abus de ces dérivés engendrent des troubles cliniques variés,
en fonction de la nature du produit et de l'intensité de l'exposition,
pouvant aller jusqu'au décès du sujet par asphyxie, arrêt cardiaque,
hallucinations ou explosion après chauffage de ces substances. Les molécules concernées sont très diverses : . Les solvants organiques et composés apparentés : la toxicomanie aux
solvants constitue un réel problème de santé publique fréquemment
rencontré dans les milieux défavorisés.
. Les gaz, notamment l'inhalation de gaz de briquet et de bombes aérosol
chez les adolescents mais aussi les conduites toxicophiles par
détournement d'usage de gaz anesthésiants en milieu festif ou en
milieu professionnel médical.
. Les dérivés nitrés qui connaissent un certain succès notamment en
milieu homosexuel pour leurs propriétés myorelaxantes et
aphrodisiaques et dont le risque majeur est la méthémoglobinémie
grave. I. Présentation des produits a. Solvants organiques / Gaz Les plus connus des solvants sont : le toluène, le trichloréthylène,
l'acétone, le chloroforme et l'éther à côté d'autres d'usage moins répandu
comme les hydrocarbures dérivés du pétrole (essence, white spirit et
kérosène). Ces produits sont utilisés comme solvants, colles, détachants, vernis,
décapants, liquides correcteurs, cires et carburants. Ils se présentent sous forme de liquides à tension de vapeur importante à
température ambiante et qui augmente avec le chauffage du liquide. Cette
propriété est justement mise à profit pour leur inhalation. Cette dernière
se fait, soit directement par pulvérisation dans le nez ou la gorge, soit à
travers un chiffon, soit dans un dispositif de fabrication artisanale ou
plus simplement dans un sac en polychlorure de vinyle, un ballon ou un
préservatif. L'intensité des effets obtenus dépend, bien sûr, du produit utilisé et de
la quantité inhalée. On note enfin, l'apparition d'une tolérance dûe à un usage régulier qui
conduit le sujet à augmenter les doses pour avoir les mêmes effets.
L'inhalation des dérivés volatils concerne également des gaz : . Les gaz de briquet à base de butane ou de propane en bouteille ;
. Les gaz anesthésiants : soit les dérivés halogénés (halothane,
isoflurane, desflurane, sévoflurane) soit le protoxyde d'azote appelé
« le proto ». « le proto » est utilisé en industrie alimentaire sous forme de petites
cartouches destinées à la fabrication de crème chantilly. Il est également
à usage médical du fait de ses propriétés anesthésiques et analgésiques, il
est alors conditionné en bouteilles soit pur sous forme liquide, soit en
mélange à 50% avec de l'oxygène sous forme gazeuse. Il est consommé dans des ballons ou des préservatifs gonflés avec le gaz,
lors de manifestations festives ou de soirées privées à partir de
bouteilles volées. Noter enfin que le faible coût du produit et la cinétique rapide
d'apparition et de disparition des effets recherchés incitent à multiplier
les prises au cours d'une seule occasion, une seule soirée par exemple. b. Poppers Les poppers sont des préparations liquides contenant des nitrites
aliphatiques (nitrites d'amyle ou de pentyle, d'isopropyle, de butyle...)
dissous dans des solvants. Ils sont conditionnés en petits flacons ou dans des ampoules en verre que
l'utilisateur brise pour les inhaler. On les retrouve également vendus sous
forme de parfums d'ambiance en flacons ou sous forme de nettoyants de tête
de lecture. Leur usage est particulièrement important chez les sujets fréquentant
l'espace festif musiques électroniques ou techno (free parties, clubs,
discothèques, soirées privées) mais aussi dans des établissements de nuits
essentiellement fréquentés par les homosexuels. II. Pharmaco-toxicologie des produits a. Solvants organiques / Gaz L'inhalation de solvants est souvent le tremplin vers d'autres
toxicomanies. Les solvants organiques et les gaz sont utilisés pour la recherche de
sensations d'euphorie et d'ébriété, voire d'altération des perceptions. A faible dose, ils produisent successivement une euphorie avec sensation
d'ivresse, suivie chez certains consommateurs, de troubles de la perception
pouvant conduire à des hallucinations, et enfin, une somnolence allant
parfois jusqu'à la perte de conscience. L'intensité de ces effets dépend de la nature des substances, la quantité
inhalée et de l'existence d'une tolérance.
A fortes doses, les solvants exercent une dépression centrale et
respiratoire avec convulsions et coma. Des morts subites ont été décrites, dûes à des arythmies cardiaques pouvant
donner l'arrêt cardiaque. Des décès soudains ont également été constatés, par asphyxie hypoxique « la
tête dans le sac », par inhalation du contenu gastrique en raison de
fréquents vomissements secondaires à l'irritation digestive ou par
bronchoconstriction aiguë. Des décès traumatiques consécutifs aux troubles de comportement ont aussi
été signalés. Ont été rapportés de nombreux accidents d'explosion par chauffage de
solvants volatils. L'usage à long terme des solvants entraîne des pathologies neurologiques
(hexane), des lésions rénales (néphropathies tubulaires), des hépatopathies
(tétrachlorure de carbone), des pathologies respiratoires, des hémopathies
(benzène), des cancers, des troubles du comportement...etc. b. Poppers Les poppers sont classés comme hallucinogènes. Lorsqu'ils sont sniffés,
leurs effets sont quasiment immédiats et ne durent pas plus de deux
minutes : brève bouffée vertigineuse et stimulante ; l'usager ressent une
sensation de vive chaleur interne et sa sensualité est exacerbée. Les
poppers produisent une euphorie, éventuellement accompagnée de rires, une
dilatation intense des vaisseaux et une accélération du rythme cardiaque. Ils peuvent être utilisés pour optimiser les performances sexuelles, ils
sont en effet censés améliorer l'érection, accroître les sensations
orgasmiques et retarder l'éjaculation. A forte dose, ils peuvent créer une dépression respiratoire mais également
une méthémoglobinémie. Par ailleurs, il existe un risque d'hémolyse aiguë,
en particulier, chez les sujets présentant un déficit en G6PD (glucose-6-
phosphate déshydrogénase). Les risques les plus caractéristiques des poppers sont : le malaise
cardiaque lors d'une prise, ou en cas de consommation chronique, des
lésions des cloisons nasales, des lésions cutanées au niveau du visage
(rougeurs, gonflements, croûtes jaunâtres autour du nez et des lèvres). Une
augmentation de la pression intraoculaire a également été constatée. Un usage régulier peut être à l'origine d'une anémie grave.
III. Recherche d'une conduite toxicophile La mise en évidence d'abus de substances volatiles ne doit pas se limiter à
l'analyse toxicologique. Elle doit comprendre une recherche globale de
signes de toxicomanie : . Individu paraissant ivre ou désorienté ou présentant des nausées, une
perte d'appétit, des troubles de l'élocution, un nez rouge, une
rhinorrhée ou des lésions ou éruptions cutanées siégeant autour du nez
ou de la bouche ;
. Fortes odeurs chimiques de l'haleine ou des vêtements ;
. Présence de peinture ou d'autres tâches sur le visage, les mains ou
les vêtements qui peuvent signer une toxicomanie aux solvants ;
. Dissimulation de bombes aérosol vides de peinture, de récipients de
solvant, de chiffons ou de vêtements imbibés de produits chimiques ;
. Présence de l'arsenal du toxicomane (sacs, ballons, flacons,
dispositifs pour inhalation). Ces constatations doivent être validées par l'analyse des substances
incriminées ou suspectées et/ou par l'analyse des prélèvements biologiques. IV. Analyse toxicologique S'agissant de substances très volatiles ou gazeuses, la qualité des
prélèvements et leur conservation sont essentielles. . Le sang doit être prélevé sur un anticoagulant dans un flacon en verre
serti avec une capsule métallique, l'étanchéité étant garantie avec un
septum.
. Le recueil d'urines est également important, à la recherche de
métabolites en raison de l'élimination extrêmement rapide de certains
toxiques du sang.
. En cas de décès lié à l'abus de substance volatile, l'analyse de
tissus comme le parenchyme pulmonaire ou l'encéphale peut s'avérer
pertinente en raison de la forte fixation de nombreux volatils dans
ces tissus du fait de leur richesse en lipides. Ces prélèvements peuvent être conservés à +4°C si l'examen est réalisé
rapidement ; une congélation à -20°C s'impose si l'examen est différé. En ce qui concerne l'analyse toxicologique proprement dite, à part la
réaction de Fujiwara et Ross qui fait appel à la colorimétrie, l'analyse
des substances volatiles est réalisée par chromatographie en phase gazeuse
(CPG) : . La réaction de Fujiwara et Ross permet d'identifier et de quantifier
la présence de dérivés trihalogénés dans les urines. Elle est très
sensible et est considérée comme méthode de choix pour la recherche