On n'arrête pas le progrès...

Différents types de force (2) : le poids, poussée d'Archimède, force de contact .....
les aptitudes des élèves, avec pour objectif les examens finaux (BEP, BAC).

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Epreuve de culture générale et expression pour l'examen du BTS ON N'ARRETE PAS LE PROGRES... Ce sujet portant sur la problématique « Risque et Progrès », a été réalisé
par Madame JOUCLA Véronique, professeur agrégé de Lettres Modernes, pour
ses étudiants du Lycée Philippe de Girard à Avignon.
I. Synthèse : Vous ferez une synthèse objective, concise et ordonnée des documents
suivants qui traitent du mythe du progrès scientifique. Document 1 : Louis de Broglie, Physique et microphysique, 1947 Document 2 : Roy Lewis, Pourquoi j'ai mangé mon père, Babel, Actes Sud,
1990 Document 3 : Swen Ortoli et Nicolas Witkowski, La Baignoire d'Archimède,
Points-
Sciences, 1996
II. Ecriture personnelle : au choix
Vous répondrez à la question posée, d'une façon organisée, en vous appuyant
sur des arguments et des exemples tirés du corpus et de votre culture
personnelle. Sujet 1: Le risque lié au progrès vous paraît-il plus important pour
l'avenir de l'homme que les bénéfices qu'il peut en retirer ? Sujet 2: Selon vous, la croyance dans le progrès de l'humanité est-elle
seulement un mythe ou recouvre-t-elle une réalité positive ? Sujet 3: A-t-on tort, selon vous, de croire au progrès ?
Document 1 : Louis de Broglie, Physique et microphysique, 1947
L'effort de la recherche scientifique se développe, on le sait, sur
deux plans parallèles, mais bien distincts. D'une part, il tend à augmenter
notre connaissance des phénomènes naturels sans se préoccuper d'en tirer
quelque profit : il cherche à préciser les lois de ces phénomènes et à
dégager leurs relations profondes, en les réunissant dans de vastes
synthèses théoriques ; il cherche aussi à en prévoir de nouveaux et à
vérifier l'exactitude de ces prévisions. Tel est le but que se propose la
science pure et désintéressée et nul ne peut nier sa grandeur et sa
noblesse. C'est l'honneur de l'esprit humain d'avoir inlassablement
poursuivi, à travers les vicissitudes de l'histoire des peuples et des
existences individuelles, cette recherche passionnée des divers aspects de
la vérité. Mais d'autre part, la recherche scientifique se développe aussi
sur un autre plan : celui des applications pratiques. Devenu de plus en
plus conscient des lois qui régissent les phénomènes, ayant appris à en
découvrir chaque jour de nouveaux grâce aux perfectionnements de la
technologie expérimentale, l'homme s'est trouvé de plus en plus maître
d'agir sur la nature.
Mais cette puissance sans cesse accrue de l'homme sur la nature ne
comporte-t-elle pas des dangers ? Ayant ouvert la boîte de Pandore (1),
saurons-nous n'en laisser sortir que les inventions bienfaisantes et les
applications louables ? Comment ne pas se poser ces questions dans les
temps que nous vivons ? Toute augmentation de notre pouvoir d'action
augmente nécessairement notre pouvoir de nuire. Plus nous avons de moyens
d'aider et de soulager, plus nous avons aussi de moyens de répandre la
souffrance et la destruction. La chimie nous a permis de développer
d'utiles industries et fournit à la pharmacie des remèdes bienfaisants ;
mais elle permet aussi de fabriquer les poisons qui tuent et les explosifs
qui pulvérisent. Demain, en disposant à notre gré des énergies intra-
atomiques, nous pourrons sans doute accroître dans des proportions inouïes
le bien-être des hommes, mais nous pourrons aussi détruire d'un seul coup
des portions entières de notre planète.
Mais qu'importent ces vaines craintes ! Nous sommes lancés dans la
grande aventure et, comme la boule de neige qui roule sur la pente déclive,
il ne nous est plus possible de nous arrêter. Il faut courir le risque
puisque le risque est la condition de tout succès. Il faut nous faire
confiance à nous-mêmes et espérer que, maîtres des secrets qui permettent
le déchaînement des forces naturelles, nous serons assez raisonnables pour
employer l'accroissement de notre puissance à des fins bienfaisantes. Dans
l'?uvre de la Science, l'homme a su montrer la force de son intelligence :
s'il veut survivre à ses propres succès, il lui faut maintenant montrer la
sagesse de sa volonté.
Louis de Broglie, Physique et Microphysique, 1947
(1) Pandore : Femme qui a été envoyée aux hommes par Zeus pour les punir.
On lui avait confié une jarre contenant tous les maux : dévorée par la
curiosité, elle en souleva le couvercle, répandant ainsi tous les maux sur
la terre.
Document 2 : Roy Lewis, Pourquoi j'ai mangé mon père, Babel, Actes Sud,
1990
Dans Pourquoi j'ai mangé mon père, Roy Lewis fait dialoguer deux
pithécanthropes (1) Edouard, passionné par les recherches et les
découvertes sources de progrès, et son frère Vania, partisan d'un ordre
ancien. Rentrant de voyage, Vania a découvert un douzième volcan qui ne
peut être selon lui que le volcan personnel de son frère.
_ Vois-tu, mon vieux Vania, depuis un bon bout de temps que nous nous
sommes mis aux outils de silex, on pouvait dire qu'il y avait, dans la vie
subhumaine, un élément non naturel, artificiel. Et peut-être que c'était
ça, le seuil, le pas décisif. Et peut-être que maintenant nous ne faisons
plus que progresser. Seulement voilà : toi aussi tu tailles le silex, tu te
sers de coups-de-poing. Alors pourquoi m'accuses-tu ?
_ Encore ! dit oncle Vania. Nous avons déjà discuté mille fois de cette
question. Je t'ai déjà dit mille fois que, si l'on reste dans les limites
raisonnables, les outils, les coups-de-poing ne transgressent pas vraiment
la nature. Les araignées se servent d'un filet pour capturer leur proie ;
les oiseaux font des nids mieux construits que les nôtres ; et j'ai vu, il
n'y a pas longtemps, une troupe de gorilles battre comme plâtre une paire
d'éléphants - oui, tu m'entends, des éléphants ! - avec des triques. Je
suis prêt à admettre, tu vois, qu'il est licite de tailler des cailloux,
car c'est rester dans les voies de la nature. Pourvu, toutefois, qu'on ne
se mette pas à en dépendre trop : la pierre taillée pour l'homme, non
l'homme pour la pierre taillée ! Et qu'on ne veuille pas non plus les
affiner plus qu'il n'est nécessaire. Je suis un libéral, Edouard, et j'ai
le c?ur à gauche. Jusque-là, je peux accepter. Mais ça, Edouard, ça ! Cette
chose-là ! dit-il en montrant le feu, ça, c'est tout différent, et personne
ne sait où ça pourra finir. Et ça ne concerne pas que toi, Edouard, mais
tout le monde ! Ça me concerne moi ! Car tu pourrais brûler toute la forêt
avec une chose pareille et qu'est-ce que je deviendrais ?
_ Oh ! dit père, je ne crois pas que nous en viendrons là !
_ Tu ne crois pas, vraiment ! s'exclama l'oncle. Ma parole, peut-on te
demander, Edouard, si tu possèdes seulement la maîtrise de cette...chose ?
_ Euh... eh bien, plus ou moins, sûrement. Oui, c'est ça, plus ou
moins.
_ Comment ça, plus ou moins ! Tu l'as ou tu ne l'as pas, réponds, ne
fais pas l'anguille : peux-tu l'éteindre, par exemple ?
_ Oh ! Ça s'éteint tout seul, suffit de ne pas le nourrir ! dit père
sur la défensive.
_ Edouard ! dit oncle Vania. Une fois de plus je te préviens : tu as
commencé là un processus que tu n'es pas sûr d'être en mesure d'arrêter. Ça
s'arrêtera tout seul si tu ne le nourris pas, dis-tu ? Et s'il lui prenait
la fantaisie de se nourrir tout seul, qu'est-ce que tu ferais ? Tu n'y as
pas pensé ?
_ Ça n'est pas arrivé, dit père avec humeur, pas encore. Le fait est
qu'au contraire ça me prend un temps fou à garder en vie, surtout par nuits
humides.
_ Alors cesse de le garder en vie plus longtemps, laisse-le mourir !
dit oncle Vania. Je te le conseille gravement, sérieusement. Cesse, avant
d'avoir provoqué une réaction en chaîne. Cela fait combien de temps déjà
que tu joues ainsi avec le feu ?
_ Oh, j'ai découvert le truc il y a plus d'un mois, dit père. Vania, tu
ne te rends pas compte, c'est un truc fascinant. Absolument fascinant. Avec
des possibilités prodigieuses ! Ne serait-ce que le chauffage, ce serait
déjà un grand pas, mais il y a tellement d'autres choses ! Je commence
seulement d'en faire une étude sérieuse. C'est pharamineux. Tiens, prends
la fumée, tout simplement : crois-le ou non, cela asphyxie les mouches et
chasse les moustiques. Oh, bien sûr, c'est une matière difficile que le
feu, et d'un maniement délicat. De plus , ça bouffe comme un ogre. Plutôt
méchant, avec ça : à la moindre inattention, cela vous pique comme le
diable. Mais c'est, vois-tu, vraiment quelque chose de neuf. Qui ouvre des
perspectives sans fin et de véritables...
_ Un hurlement l'interrompit [...] La braise avait mordu Vania tout à
travers le cuir épais de son talon.
_ Yah ! rugit oncle Vania . Ça m'a mordu ! Ouillouille ! Toi, Edouard,
imbécile, ne te l'avais-je pas dit ? Vous y passerez tous, elle vous
mangera tous, ta stupide trouvaille ! A vous voulez danser sur un volcan
vivant ! Edouard, j'en ai fini avec toi ! Ta saloperie de feu va vous
éteindre tous, toi et ton espèce, et en un rien de temps, crois-moi ! Yah !
Je remonte sur mon arbre, cette fois tu as passé les bornes, Edouard, et
rappelle-toi, le brontosaure aussi avait passé les bornes, où est-il à
présent ? Adieu. Back to the trees ! Clama-t-il en cri de ralliement.
Retour aux arbres !
1) primate intermédiaire entre le singe et l'homme, qui a vécu il y a
500 000 ans.
Roy Lewis, Pourquoi j'ai mangé mon père, Actes Sud, Babel, 1990
Document 3 : Swen Ortoli et Nicolas Witkowski, La Baignoire d'Archimède,
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