Fiabilité de l'information comptable entre la qualité d'audit ... - Hal-SHS
Normée (attestation, examen, audit) ? De procédures convenues (tenue
comptable, tenue comptable partagée, révision comptable) ? 1.2 La mission de l'
expert ...
Part of the document
La place de l'audit externe dans la gestion des résultats comptables
Cas des entreprises tunisiennes Fatma ZEHRI *
Doctorante à l'IAE de Montpellier, Centre de recherche en
Gestion des Organisations CREGO, adresse électronique : zehri_fatma @
yahoo.fr , adresse professionnelle: l'Institut Supérieur de Gestion de
Gabès, Avenue Jilani Habib, tunisie. Téléphone : (00216) 272280, Fax :
(00216)75270686.
Résumé Dans cette étude, nous avons tenté de tester empiriquement, un modèle
intégrateur de gestion du résultat comptable en se basant sur les
apports de la théorie de l'agence et les réflexions sur le
gouvernement des entreprises.
A coté des hypothèses classiques de la théorie positive, les coûts
politiques, la richesse des dirigeants et les clauses contractuelles,
nous postulons que la gestion du résultat comptable est associée
conjointement à la qualité d'audit externe et à des mécanismes de
contrôle des dirigeants notamment la structure de propriété, le
conseil d'administration et l'investissement institutionnel.
Pour la détection de la gestion des résultats comptables, nous avons
retenu l'approche des accruals discrétionnaires estimés selon deux
versions différentes du modèle de flux de trésorerie. Les résultats
obtenus sur un échantillon de 136 firmes tunisiennes observées sur la
période 1997-2000, suggèrent que ni les auditeurs « big six » ni
l'ancienneté du mandat de l'auditeur réduisent l'ampleur des
manipulations comptables. Par contre, nous avons trouvé que les grands
cabinets d'audit nationaux limitent significativement l'exercice de la
discrétion comptable par les dirigeants. Par ailleurs, nous avons
enregistré que la propriété managériale et la taille du conseil sont
de nature à influencer sensiblement la gestion du résultat comptable. Mots clés Gestion du résultat, qualité d'audit et gouvernance des entreprises. Abstract In this study, we have attempted to test empirically, a model of
earnings management, based on the concepts of agency theory and
suggestions in corporate governance. We hypothesize that earnings
management is associated simultaneously to audit quality, agency costs
and control management system. To detect earnings management we used
two different versions of cash-flows model.
The findings obtained over a sample of 136 Tunisian firms observed
during 1997-2000 suggest that neither "big six "auditor nor experience
of the auditor reduce the earnings management. Although, we found that
grants nationals auditors limits sensibly earnings management. Keywords Earnings management, audit quality and corporate governance. * Je remercie pour son aide précieuse Mr YVES DUPUY, professeur à
l'IAE Montpellier, qui m'a assisté dans la conduite de mes recherches
doctorales et dans la réalisation de ce papier. INTRODUCTION Il est couramment admis que l'information financière diffusée
par les sociétés bénéficie d'une portée de taille dans la mesure où
elle nourrit de très nombreuses décisions économiques et politiques.
De nos jours, la place croissante prise par les investisseurs
institutionnels a renforcé considérablement le rôle de la
communication financière en matière d'allocation des ressources. Par
ailleurs, il a été établi par nombreux économistes que tout
développement fondé sur une libéralisation économique et une ouverture
internationale nécessite une transparence des comptes des entreprises.
Cependant, il paraît que cette transparence requise au niveau des
processus de communication financière demeure le souci majeur des
différents organismes de normalisation pris à l'échelle
internationale[1].
L'inquiétude éprouvée par les normalisateurs trouve toute sa
légitimité face à l'accroissement du nombre des états financiers
fallacieux, des fraudes significatives, des faillites spectaculaires
voire même des scandales d'ordre économiques (nous citons en
particulier l'affaire Enron, le cas Xerox, le crédit lyonnais,
Pechiney, Shneider....). Ces évènements répétitifs ont soulevé
nombreuses interrogations quant à la finalité et l'efficacité de
certains mécanismes de contrôle de la latitude discrétionnaire des
gestionnaires (Charreaux, 1995). Les écrits en ce sujet se sont
multipliés notamment dans des contextes d'abus de confiance de la part
des dirigeants ou d'un défaut de confiance à l'égard des mécanismes
mis en place pour les contrôler. Désormais, la confiance qui est
sensée exister entre l'entreprise et ses différents partenaires, se
voit considérablement altérer.
Dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons à la
question de la confiance dans l'information financière que pose
l'existence des manipulations comptables à travers les éléments
discrétionnaires. En effet, les dirigeants, qui en principe occupent
des postes de confiance, peuvent falsifier, dissimuler ou déformer
certains éléments des documents comptables. Dans ce cas,
l'intervention d'un auditeur pour contrôler la régularité, la
sincérité et la fidélité de l'information comptable diffusée par les
dirigeants, devrait restaurer la confiance entre l'entreprise et ses
partenaires. Face à tout déficit de confiance vis à vis de
l'information divulguée, les auditeurs légaux se trouvent sur le
devant de la scène. La disparition d'un réseau des «big six» comme
Arthur et Anderson a donné naissance à un réel besoin d'évaluation de
la qualité des services des auditeurs externes.
Devant ces actualités, nombreux chercheurs ont essayé
d'identifier la nature de l'association entre la qualité de l'audit
externe et la gestion des résultats comptables. La plupart des études
conclue en faveur d'une réduction des manipulations comptables chez
les firmes auditées par des cabinets prestigieux comme les « big
six ». Subramanyam et al. (1998), par exemple, parviennent à la
conclusion que les clients des « big six » gèrent moins leurs
résultats à travers les accruals discrétionnaires. L'étude de Francis
et al. (1999) constitue une extension du travail de Subramanayam et
al.(1998) et vient confirmer le rôle de la qualité d'audit externe sur
la réduction des ajustements comptables discrétionnaires. Dans un
contexte de rachat d'entreprises par ses propres dirigeants et en
présence d'une rémunération manageriale selon un plan d'intéressement,
Hirst(1994) a établi que les auditeurs externes sont sensibles à la
détection de la gestion des résultats en fonction de la nature des
motivations sous-jacentes à ce comportement de la part de la
direction. Dans l'ensemble, les résultats attestant l'association
positive entre la qualité d'audit et la fiabilité des états financiers
ont été validés dans le contexte Américain. Toutefois, les réalités
économiques tel que libellées à travers les cas Enron, WorldCom,
Adelphia....contredisent les résultats de ces travaux de recherches.
L'hypothèse de la réduction des manipulations comptables en
fonction de la qualité d'audit n'a pas été confirmée systématiquement
dans les milieux outre-Atlantiques en particulier en France (Piot et
Janin, 2004 et Mard ,2005).
Eu égard à ces divergences contextuelles, nous proposons dans ce
papier une extension de ce courant de recherche au contexte tunisien.
Cette extension s'apprécie à deux niveaux :
D'abord, le cas de la Tunisie reflète les réalités
institutionnelles et culturelles des pays émergents. Ainsi, nous
estimons que la culture de la gouvernance des firmes tunisiennes
semble être représentative de celle des pays en voie de développement
et qui n'est aucunement similaire à celle des firmes implantées dans
des pays développés. Une confrontation du contexte tunisien aux autres
environnements s'avère assez intéressante. Ensuite, nous suggérons une
approche outre que la simple dichotomie «big six» versus «non big six»
pour l'évaluation de la qualité d'audit externe. Nous proposons une
typologie de la qualité d'audit évaluée à travers la réputation et la
taille du cabinet tout en tenant compte des spécificités du marché
d'audit tunisien.
L'objectif principal de ce travail est d'analyser en profondeur
la gestion des résultats comptables en fonction de la qualité d'audit
externe dans le contexte tunisien. D'autres facteurs de contrôle liés
essentiellement au gouvernement d'entreprises (le conseil
d'administration, la structure de propriété et la présence des
investisseurs institutionnels) et des coûts d'agence (le niveau
d'endettement, la taille de l'entreprise et la forme de rémunération
des dirigeants) ont été intégrés dans notre analyse. Les principales
hypothèses qui ont été défendues dans cette recherche expliquent la
gestion du résultat à travers deux indicateurs de la qualité d'audit :
la réputation du cabinet et l'ancienneté du mandat de l'auditeur. Pour
tester ces hypothèses, nous avons mené à la fois des tests univariés
et une analyse multi variée à travers un modèle intégrant l'ensemble
des facteurs affectant la gestion des résultats.
Ce papier est organisé de la manière suivante :
Dans une première section, nous présenterons les spécificités de
la profession et du marché d'audit en tunisie. Ceci se justifie par
notre vive conviction que toute discussion ayant trait à la
gouvernance des entreprises devrait tenir compte des aspects
institutionnels propres à chaque