j'avais un rendez-vous? - hgmatisse
ANNEXE II + III : SPECIFICATIONS TECHNIQUES + OFFRE TECHNIQUE .....
Note d'informations n°2336-c/MEF/DC/SP du 07 septembre 2009 relative aux ...
en cours de procédure par les prestataires de services invités à soumissionner.
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J'AVAIS UN RENDEZ-VOUS... JEUDI MATIN Pourquoi le métro ne fonctionne-t-il pas vingt-quatre heures sur
vingt-quatre ?
C'est le genre de questions qui vont et viennent dans l'esprit d'une
perfectionniste lorsqu'elle tente de garer proprement sa voiture à près de
5 heures du matin dans le quartier de la gare Matabiau ? Tantôt la place
est pourrie et semble juste là pour tester la solidité des pare-chocs
arrières. Tantôt elle brille sous la lumière orange des lampadaires comme
un phare dans le désert avant de se révéler au dernier moment zébrée de
jaune et barrée des lettres verticales du mot « LIVRAISON ». Et lorsque,
après une vingtaine de minutes d'efforts, d'angoisses, de rues étroites
parcourues à petite vitesse, de changements de direction brusques motivés
par un fol espoir, l'oasis vous accueille enfin, le sentiment de triomphe
sur l'adversité n'est que provisoire. L'heure sur la planche de bord vous
dit qu'il faut se hâter de descendre, d'arracher la valise et le sac dans
la malle arrière, de claquer la portière et de s'éloigner d'un pas rapide
sous le fin crachin du début d'octobre. C'est ça ou bien rester
définitivement à quai !
Le pire dans tout cela, c'est que j'aurais cent fois, mille fois, les
moyens de me payer quatre jours de parking au parcotrain de la gare. Depuis
quelques mois, je suis riche à millions - « et bonne à marier » comme le
dit en riant mon amie Ludmilla - mais cette fortune que je n'avais ni
désirée, ni espérée ne doit pas - je me le suis juré - changer ma vie.
Alors, faute de pouvoir me rendre à la gare en métro, hésitant toujours à
déranger un taxi pour une course nocturne, j'ai sorti ma voiture du garage
pour aller l'échouer dans la pente raide de la rue du 10 avril. Elle
s'arrête là dans le vague souvenir de la bataille de 1814, moi je continue.
Le métro ne circule pas et je ne le sais que trop... mais que le
passage vers la gare qui emprunte le hall des billets du métro soit fermé
par une grille d'acier à cette heure ultra-matinale , cela mon esprit
pourtant bouillonnant avait refusé de le concevoir. De mon promontoire,
j'aperçois les voies, l'ombre d'anguille bleue du TGV qui m'attend, les
quais encore vides. Je sens monter les premières rumeurs de la gare qui
s'éveille. Tout est là. A portée de regard, à portée de voix. Il me
suffirait d'enjamber la barrière et de me laisser tomber sur deux mètres et
j'y serai.
Mais non ! Il faut encore faire le tour. Emprunter le pont Georges
Pompidou, ce pont aveuglé de hautes rambardes d'où on ne voit plus ni la
gare, ni les voies. Remonter, le long du canal du Midi, le boulevard avec
le kiosquiste qui étale déjà ses journaux à l'ombre menaçante et vide de
l'ancien bâtiment du tri postal. Arriver enfin devant la haute façade
construite au début du XXème siècle, s'étonner toujours de ses pierres
blanches et de ses ardoises qui cadrent si mal, qui cadrent si peu avec
l'architecture de la ville. Se frayer - enfin - un passage au milieu des
clodos qui tentent de vous soutirer de quoi réamorcer la pompe à jaja pour
la journée qui s'annonce.
Je n'ai jamais raté un train de ma vie et ce n'est pas aujourd'hui
que cela commencera. En dépit de mes problèmes de parcage et de grille,
j'ai encore vingt bonnes minutes à tuer avant le claquement des portières
et le coup de sifflet magique du chef de gare. Je souffle un peu, essuie un
peu de la sueur qui s'est formée sur mes tempes, puis je tire de la poche
de mon sac une enveloppe griffée du logo SNCF.
Voilà, il est temps ! Il est l'heure ! Dans un peu moins de demi-
heure, le train à grande vitesse m'emportera vers une ville d'Histoire, un
lieu où se réunissent les plus grands historiens de ce pays chaque premier
week-end d'octobre.
Ce jour-là, ce jeudi 8 octobre, j'avais un rendez-vous. Un rendez-
vous avec l'Histoire. Un rendez-vous avec Blois 2009.
Mon premier.
Et ne dit-on pas que les premiers rendez-vous sont aussi les plus
fous ? Au bas du rabat de l'enveloppe, une main fine et précise a inscrit
mon nom.
Fiona Toussaint.
J'ai encore besoin de regarder ces lettres pour me convaincre que je
ne rêve pas. On m'a bien invité à partager mes connaissances, à les
confronter à celles d'autres spécialistes devant professionnels, amateurs
éclairés et objectifs de nombreux médias locaux et nationaux. C'est comme
un rite de passage, une reconnaissance qui viendrait trop vite. J'en
tremble encore tandis que j'essaye de composter la fine feuille de
réduction violette marquée « Congrès ».
Je ne devrais pas m'exciter pour si peu. Maître-assistante en
Histoire moderne, nouvellement nommée à l'université de Toulouse II après
quelques années à Amiens, j'ai déjà un nom et une réputation dans le milieu
de l'Histoire. J'ai déjà participé à des conférences ou des colloques,
brisé des lances avec des contradicteurs vindicatifs ou obséquieux, publié
articles et bouquins dont le succès fut plus que d'estime. Tout cela je
l'avais rêvé et je l'ai finalement connu, vécu, goûté. J'en ai tiré un peu
de fierté sucrée, parfois une amère frustration. Mais jamais je n'ai
approché quelque chose d'équivalent à ce que Blois me promet.
Là-bas, m'ont dit des collègues déjà rassasiés, tu peux satisfaire ta
curiosité de 8 heures du matin à tard le soir. Débats, conférences, séances
cinéma, ateliers pédagogiques... et, cherry on the cake pour la bibliophile
passionnée que je suis, deux immenses salles remplies de livres que les
éditeurs, petits ou gros, livrent en pâture aux bourses toujours trop
plates de passionnés avides.
Si ce n'est pas le Pérou des conquistadors, cela lui ressemble
sacrément. Après avoir tourné, retourné, re-retourné la fiche de réduction
devant la machine jaune, après l'avoir enfournée vite (mais trop !), plus
lentement (mais encore trop !), le criaillement étrange du composteur
résonne enfin. Le passage du billet dans la fente se révèle heureusement
beaucoup plus aisé ; je n'aurais droit qu'à une seule injonction
« Retournez le billet » avant que les dents de la machine viennent déposer
leurs morsures cabalistiques sur le carton. Un miracle !
Me voilà désormais parée pour l'embarquement. J'avance d'un pas ferme
vers la porte vitrée. Objectif, la voiture 2 de la rame. Première classe
s'il vous plait ! A Blois, on ne se moque pas des personnes qu'on invite !
Séjour tous frais payés à l'Holiday Inn à quelques dizaines de mètres
seulement de la Halle aux grains, centre névralgique de la manifestation. A
bien y réfléchir, je crois que cela me gêne doublement. D'abord parce que,
d'un simple code de carte bleue, je pourrais retenir tout un étage de
l'hôtel pour moi toute seule... Et puis ensuite, parce que l'étudiante que
j'avais été, longtemps fauchée chaque mois, y voyait une forme
d'assistance matérielle qui cadrait mal avec sa folle fierté. Je pénètre dans le wagon en passant par la voiture n°3. La rame est
encore sombre et silencieuse. A cette heure-ci, combien d'insensés
insomniaques pour braver la nuit et la petite pluie fraîche ? Combien de
passionnés contraints, comme moi, de choisir cet horaire matinal pour
arriver plus vite à Blois ? Une poignée sans doute...
Le problème est en fait fort simple et mérite d'être conté à tous ceux
qui imagine que prendre un train est la chose la plus évidente au monde. Au
départ de Toulouse, seuls les TGV pour Lille-Europe s'arrêtent à la gare
stratégique de Saint-Pierre-des-Corps, étape indispensable pour prendre un
train pour Blois. Soit on accepte cet horaire de 5h27, soit on se condamne
à plusieurs changements avec à la clé un stress constant et de longues
attentes sur des quais ventés et pas toujours accueillants. En partant à
5h27, j'ai la certitude d'arriver de la manière la plus rapide qui soit à
Blois. Un petit quart d'heure d'escale seulement à Saint-Pierre-des-Corps,
une vingtaine de minutes en Corail inter-cités et je serais à bon port
avant 11 heures du matin.
La lettre qui accompagnait mes billets me précisait qu'ensuite on
m'attendrait pour me conduire à la Halle aux grains où, déjà, j'imaginais
une mer de livres d'Histoire prête à s'ouvrir devant moi. Une telle
perspective, conjuguée à ma peur maladive de rater ma correspondance,
m'éviterait à coup sûr de sombrer dans le sommeil de toute la matinée. A nouveau, j'enrage !
Il n'y a qu'une poignée de voyageurs dans le wagon mais les hasards de
la réservation m'en ont collé un juste en face de moi. A quoi bon avoir une
place « solo » si c'est pour la partager avec une personne qui prendra un
indéniable plaisir à mélanger ses chevilles avec les vôtres par-delà la
petite table frontière jetée entre vous ? Je sais bien que cette remarque-
là n'est guère charitable pour l'humanité - et ses chevilles en particulier
-, qu'elle sent la misanthropie à cent lieues mais, pour moi, quatre heures
de train c'est avant tout quatre heures possibles de travail. Là, je ne me
vois pas - en dépit de mon fort goût pour l'isolement - dresser en guise de
rempart l'écran rose fluo de mon nouvel ordinateur portable.
- Je vais m'installer à un autre siège. Comme cela, vous pourrez
étendre vos jambes.
Je me mords violemment l'intérieur de la bouche. Ce n'est pas
possible de choisir aussi mal ses mots. Le voyageur va croire que j'ai
quelque chose contre ses jambes, ses pieds, son pantalon, bref qu'il ne me
revient pas... Il n'a même pas posé la moitié d'une fesse sur son siège que
déjà je prends la poudre d'escampette comme un petit chaperon rouge
croisant le loup.
- Je vous remercie, mademoiselle. C'est une gentille attention.
Ouf ! Il ne l'a pas mal pris... et il commence posément à entasser
sur la petite table trois journaux - Le Figaro, La Croix et les Echos, ce
qui dit mieux qu'une carte de visite où vont ses idées -, une petite
bouteille d'eau et un paquet de petites tartelettes à la confiture. De
droite et gourman