Le raisonnement sociologique - ENS de Lyon

65, art. 68 Journal Officiel du 16 juillet 2006). (Loi nº 2007-290 du 5 mars 2007
art. ... appartenant aux sociétés d'économie mixte des départements d'outre-mer,
les ... Après examen de ces observations, le préfet notifie avant le 31 décembre
le ... d'immeubles à un maître d'ouvrage pour la réalisation de logements locatifs
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Fiche faite par Elise Decosne,
pour la question d'agrégation « expliquer/comprendre »
Année 2002-2003 Ens Ulm Le raisonnement sociologique. L'espace non-poppérien du raisonnement
naturel. Jean-Claude Passeron
Essais & Recherches, Nathan, 1991 Jean-Claude Passeron Agrégé de philosophie et docteur d'Etat, directeur d'études à l'EHESS.
Ses travaux et ses publications ont porté sur le système d'enseignement, la
diffusion de la culture et sur la réception des ?uvres d'art.
En épistémologie, ses séminaires s'attachent à préciser le statut
argumentatif des épreuves empiriques dont relèvent les théories
sociologiques. [1]
Il a également publié plusieurs ouvrages en collaboration avec P.
Bourdieu sur ces différentes thématiques. Dans Le raisonnement sociologique, la préoccupation majeure porte sur le
statut scientifique de la sociologie : « la sociologie : une science ou
non ? Comme les autres ou pas ? » ; préoccupation chère à P. Bourdieu
également et déjà à l'origine du Métier de sociologue. « Science ou non ? Si oui, comme les autres ou pas ? Et si elle
relevait d'une autre forme de mise en ?uvre de l'esprit scientifique
que celle qu'illustrent les sciences de la nature, la sociologie se
trouverait-elle, seule de son espèce, assise à son banc d'exception ?
Ce serait vite un banc d'infamie où viendraient la rejoindre toutes
les sciences historiques qui ne doivent d'engendrer leurs généralités
qu'à ce qu'il faut bien appeler un raisonnement sociologique. Et si, à
l'examen des démarches d'une analyse sociologique, on devait admettre
des différences avec les sciences installées, de quelles formes du
raisonnement ou de l'observation scientifiques, depuis longtemps
identifiées par les épistémologues, l'observation et le raisonnement
sociologiques diffèrent-ils ? » (Avant-propos) Le raisonnement sociologique se présente comme un ouvrage assez volumineux
(400 pages), essentiellement théorique, ponctué de quelques articles
d'illustration des propos. Il se décompose en quatre parties et la
conclusion retient particulièrement l'attention par son originalité. En une
cinquantaine de pages (beaucoup pour une conclusion !), dans un langage
emprunté à la « philosophie analytique », elle regroupe des « propositions
récapitulatives », des scolies et les définitions des concepts
fondamentaux. « On essaie, pour conclure, de résumer en quelques propositions
hiérarchisées les assertions épistémologiques qui sont intervenues au fil
des textes conjoncturels qui précèdent. » (p.358) Problématique centrale de l'ouvrage L'objectif de Passeron est d'analyser « ce que parler veut dire »[2] en
sociologie d'un point de vue épistémologique. Or, la tâche de
l'épistémologie, telle que G. Bachelard[3] l'a définie et à laquelle
souscrit l'auteur, est d'inspecter toutes les constructions théoriques qui
produisent une connaissance empirique ou formelle. Ainsi, la problématique centrale posée par Passeron se formule en ces
termes :
« A quelles conditions et sous quelles contraintes les sciences historiques
peuvent-elles fonctionner comme des sciences empiriques ? » p.359 « Les rapports entre théorie et empirie qu'imposent conjointement à la
sociologie la structure logique de ses théorisations et les limites tracées
à l'épreuve empirique par l'observation historique justifient-ils, et en
quel sens, sa revendication de scientificité ? » p.231 Thèse de l'auteur La sociologie, de même que les autres sciences historiques, énonce ses
propositions sur le monde empirique dans un espace assertorique non
poppérien. Cela n'implique en rien que la sociologie n'appartienne pas au
champ scientifique. Le type de scientificité dont il est question dans le
raisonnement sociologique est celui des sciences empiriques de
l'interprétation. Quelques définitions Science empirique : « Ensemble d'assertions dont la vérité ou la fausseté
ne peut être tranchée sans recourir à l'observation du monde empirique,
c'est-à-dire, de l'ensemble des occurrences observables. »p. 398 Espace logique d'une assertion : « Ensemble des contraintes qui définissent
pour une assertion le sens de ce que signifie pour elle le fait d'être
vraie ou fausse. » p.399 Interprétation : « Est interprétation, dans une science empirique, toute
reformulation du sens d'une relation entre des concepts descriptifs qui,
pour transformer ce sens (l'enrichir, le déplacer ou le simplifier), doit
faire intervenir la comparaison de cette relation avec des descriptions
empiriques qui ne supposent pas exactement le même « univers de discours »
que la relation ainsi interprétée. » p.401
Plan de la fiche de lecture (qui n'est pas le plan de l'ouvrage, n. du
webm.) 1. La fragilité conceptuelle des sciences historiques
2. Le raisonnement sociologique : un mixte argumentatif ou « la
sociologie ni plus ni moins »
3. La scientificité de la sociologie en question
1. La fragilité conceptuelle des sciences historiques L'objet de cette première partie est de traiter le problème de la
délimitation du champ sémantique des concepts sociologiques.
La réflexion sur les mots de la sociologie, et plus généralement des
sciences historiques, conduit à penser que les difficultés que la
sociologie rencontre pour s'inscrire dans le champ des sciences
expérimentales, sciences dites « normales », tient aux conditions mêmes de
son énonciation. « L'infirmité de tout discours sociologique relève de son
incapacité à produire une langue protocolarisée ayant les vertus d'un
paradigme durable. »
12. Langue naturelle et langue artificielle Il convient avant toute chose de distinguer deux types d'énonciation
utilisés dans le champ scientifique : la langue artificielle et la langue
naturelle.
En simplifiant, la langue artificielle est celle qu'utilisent les sciences
dites « normales », expérimentales, et qui se caractérise par la formation
d'un système unifié et stable de définitions formelles constituant ainsi un
paradigme scientifique.
« Un haut degré de consensus réalisé dans un groupe de spécialistes et
portant sur un haut degré de stabilisation d'un langage de description du
monde définit un « paradigme » scientifique. » p. 362
Toutefois, l'énonciation formelle ne saurait jamais décrire empiriquement
ce qui fait son objet. Elle est en quelque sorte atemporelle et aspatiale. La langue naturelle se caractérise, en revanche, par son inscription
nécessaire dans un contexte, dans une situation spatio-temporelle
particulière. « La sociologie, comme l'histoire ou l'anthropologie, ne peut
parler, dans ses énoncés finaux, qu'en langue naturelle. » (p. 373) Langue
naturelle ne doit pas être réduite à la simple description explicative ni à
la conceptualisation commune. La langue naturelle est la langue de
l'interprétation conceptuelle, indissociable d'un contexte spatio-temporel.
Selon Passeron, l'état chaotique de la langue sociologique représente le
milieu « naturel » des énonciations conceptuelles en rapport avec l'état
conflictuel et éclaté du champ théorique. Les mots de la sociologie
s'ajoutent les uns aux autres faute de pouvoir s'organiser en système de
mots, en « paradigme ». C'est là le caractère « naturel » de la langue des
sciences historiques. Le lexique scientifique de la sociologie est un
lexique infaisable. Les concepts qui sémantisent le langage de description
du monde ont en sociologie un statut logique irréductible à celui qui
permet les définitions opératoires des sciences formelles ou
expérimentales. 12. Une abstraction incomplète La sociologie, comme les autres sciences historiques, énonce ses
propositions sur le monde empirique dans les termes de la langue naturelle.
Cette caractéristique a des implications sur la nature de l'énonciation
sociologique : les concepts qui supportent la généralité des énoncés dans
les assertions portant sur le monde historique sont des « abstractions
incomplètes » dans la mesure où ils conservent une référence tacite à des
coordonnées spatio-temporelles. Le sens de ces semi abstractions
construites par le sociologue ne peut jamais être désindexé des
« contextes » de construction. Il s'en suit que l'énonciation sociologique est caractérisée par :
- une anarchie indépassable de la conceptualisation des
informations de base, qui renvoie à l'incapacité de la
sociologie à formuler un langage « protocolarisé », à former un
système stable et unifié ;
- une mobilité constitutive des constructions théoriques
supportant la généralité des énoncés ; mobilité qui renvoie au
champ d'observation empirique sans cesse mouvant, redéfinis, sur
lequel portent les énoncés finals. Cet état mouvant et encombré du vocabulaire sociologique tient à des
rapports non stabilisés et non stabilisables entre le langage conceptuel de
la théorie et les exigences de l'observation lorsque celle-ci porte sur une
réalité historique.
« Les sciences considérées comme historiques soumettent en effet à
l'enquête une réalité toujours différemment configurée, c'est-à-dire,
par différences avec les sciences sociales « particulières », des
ensembles indécomposables de co-occurrences historiques qui se
présentent toujours à l'observation comme des