Harold PINTER - Comptoir Littéraire
?L'examen? ...... Si nous ne souscrivons pas à ses arguments, l'obscurité demeure
, l'accession à la pièce est difficile. ..... Interviennent aussi Richard, le maître d'
hôtel courtois et même onctueux, et Sonia, son assistante faussement chic, qui
se ..... de vérité dans des phrases banales mais qui produisent un effet de choc ;.
Part of the document
www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Harold PINTER (Grande-Bretagne) (1930-2008) [pic] Au fil de sa biographie s'inscrivent ses ?uvres
qui sont résumées et commentées
(surtout ''La collection'', ''Le gardien'').
Bonne lecture !
Il est né le 10 octobre 1930 à Hackney, un quartier de l'East End, qui
était à l'époque populaire et industriel. Fils unique de parents juifs (au
moment de sa naissance, son père, modeste tailleur, gagnait difficilement
sa vie), petit garçon morose, il garde de sa prime jeunesse des images
précises (la puanteur d'une usine à savon), mais aussi la marque d'une
désorientation angoissée (crise sociale, chômage, montée du nazisme, guerre
civile espagnole, importante campagne antisémite en Grande-Bretagne).
En 1940, au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la famille quitta
Londres pour échapper aux raids aériens allemands : «La condition de
bombardé ne m'a jamais quitté» a-t-il plus tard confié. À leur retour, il
avait quatorze ans et obtint une bourse pour étudier à la "Hackney Downs
Grammar School", où il lut en particulier les oeuvres de Franz Kafka et
d'Ernest Hemingway, et où il joua dans des productions scolaires. Il
participa aussi à des bagarres contre les fascistes qui harcelaient les
juifs de l'East End. Il écrivait des poèmes : «J'usais d'une liberté de
langage considérable. J'étais très influencé par Dylan Thomas et je me
fichais du style. Mais j'ai acquis avec l'âge un respect pour la société et
la discipline.»
En 1948, profondément marqué par le génocide, il refusa, pour des raisons
de conscience, de faire son service militaire : «À mes yeux, l'idée de
réarmement était ridicule. J'étais conscient des souffrances et des
horreurs de la guerre et je n'allais, sous aucun prétexte, contribuer à son
entretien. J'ai dit non. Et je dirais encore non. C'est encore plus stupide
maintenant.» - «J'aurais pu aller en prison. J'avais d'ailleurs pris ma
brosse à dents en allant au procès. Mais ce qui est arrivé, c'est que le
magistrat était quelque peu sympathique. Aussi, j'ai plutôt reçu une
amende, trente livres en tout. Peut-être me rappellera-t-on pour la
prochaine guerre, mais je n'irai pas.»
Lui qui fit du théâtre dès le lycée, grâce à une bourse, put entrer à la
"London's Royal Academy of Dramatic Arts". Mais, après deux années
pénibles, il abandonna : «J'étais trop jeune en vérité et je détestais
l'ambiance. Ils avaient tous l'air si sophistiqués, si sûrs d'eux-mêmes.
J'ai simulé une dépression nerveuse et j'ai été voir un match de cricket.»
Sous le nom de David Baron, il eut alors un petit rôle dans une émission de
radio de la BBC, "Focus on football pools". Il fréquenta quelque temps la
"Central School of Speech and Drama" et, en 1951-1952, fit une tournée en
Irlande où il joua du Shakespeare avec la troupe d'Anew McMaster. En 1953,
il parut dans la compagnie de Donald Wolfit pour la saison au "King's
Theatre" à Hammersmith. Il mena ainsi jusqu'en 1958 une existence de
comédien en tournée, sillonnant le pays, jouant le soir, répétant le matin,
tout en écrivant des poèmes et des textes en prose l'après-midi : «Je n'ai
jamais imaginé qu'un jour j'allais m'arrêter de jouer pour écrire à plein
temps.»
En 1950, il avait, sous le nom d'Harold Pinta, publié quatre poèmes dans
"Poetry" (numéros 19 et 20) : "Nouvel An dans les Midlands", "Ombres et
chandeliers", "Idylle rurale", "Divertissements européens". Il rédigea
aussi un roman semi-autobiographique, "The dwarfs" ("Les nains"). Mais il
se consacra surtout à l'écriture dramatique, étant considéré comme faisant
partie des «jeunes gens en colère» de l'après-guerre, avec John Osborne,
Arnold Wesker et Edward Bond. Dès 1955, il écrivit à un ami : «Je ne me
cantonne pas dans un style (cela vous irrite et vous met mal à l'aise), ni
dans une chambre, ni dans une prophétie. Ce qui m'intéresse, c'est de
pénétrer au c?ur du problème immédiat, au centre de ce dont il est
question. J'aspire à la rigueur, aux nuances, à l'exactitude.»
En 1956, il épousa la comédienne Vivien Merchant qui allait jouer dans
plusieurs de ses pièces.
En 1957, parce qu'un ami, chargé de présenter un spectacle à l'université
de Bristol, le pressait de le tirer d'embarras, il écrivit en quatre jours
sa première pièce :
____________________________________________________________________________
_____ "The room"
(1957)
"La chambre" Drame en un acte Pendant que Bert, son mari, un chauffeur de camion taciturne et silencieux,
reste enfoui dans son magazine, Rose, qu'il tyrannise, s'active à préparer
le déjeuner, tout en monologuant sur le temps, sur le confort de leur
chambre étriquée et sur le mystérieux propriétaire qui occupe une chambre
humide et sans fenêtre au sous-sol. Justement, celui-ci, le vieux M. Kidd,
entre et, répondant à peine au babillage de Rose, ne fait rien pour
dissiper les peurs sans objet qu'inspire la chambre d'en-bas. Après que M.
Kidd et Bert soient partis, apparaît un jeune couple à la recherche d'un
appartement. Rose apprend qu'ils ont flâné dans la chambre du sous-sol à
la recherche du propriétaire. Leur description de ce qu'ils ont vu ou
plutôt de ce qu'ils ont senti dans l'obscurité ne fait qu'accroître son
inquiétude. Après leur départ, M. Kidd revient pour dire à Rose qu'elle
doit voir l'homme qui avait attendu en-dessous que Bert soit parti. C'est
un Noir aveugle, Riley, qui, mystérieusement, lui ordonne de rentrer à la
maison, bien qu'elle déclare ne pas du tout le connaître. Bert, de retour,
soudain, se jette dans un Niagara de brutale et sadique rhétorique. Commentaire Les personnages et la situation posent des questions qui ne reçoivent pas
de réponses précises. L'étrange et macabre atmosphère met mal à l'aise,
même si le dialogue paraît parfaitement naturel. Mais on est conduit vers
un sommet puissamment dramatique. Ce monde cauchemardesque d'insécurité et
d'incertitude présente des touches d'Ionesco, des échos de Beckett et
quelque part, pas très loin, le fantôme dérangeant du "Tour d'écrou" de
Henry James.
Après sa création à Bristol, la pièce fut présentée au "Hampstead Theatre
Club" le 21janvier 1960 et publiée la même année. Les critiques (parmi
lesquels Noel Coward, qui allait, très rapidement, se montrer plus
favorable) l'ont trouvée difficile à accepter parce qu'elle demandait à un
auditoire traditionnellement paresseux de travailler quelque peu pour
sonder l'insondable. Harold Pinter en a gardé une défiance qu'il a affirmée
plus tard : «Je trouve que les critiques, dans leur ensemble, sont une
bande de gents plutôt inutiles. Nous n'avons pas besoin d'eux pour dire aux
spectateurs ce qu'ils doivent penser.»
____________________________________________________________________________
_____ La pièce attira l'attention d'un producteur de théâtre qui assura la
création de sa seconde pièce qu'Harold Pinter écrivit la même année, tout
en continuant à jouer en tournée :
____________________________________________________________________________
_____ "The dumb-waiter"
(1957)
''Le monte-plats" Drame en un acte Deux énigmatiques tueurs à gages, Ben, qui n'est qu'un vieil imbécile, et
Gus, qui tente de s'en sortir, attendent nerveusement des ordres pour leur
prochain coup. Ils sont terrés dans une pièce exiguë, sans fenêtre, sans
confort, du sous-sol d'un grand restaurant depuis longtemps désaffecté de
Birmingham. Ils se chamaillent. Ben lit et relit un journal et s'exclame
pour marquer son incrédulité à certaines nouvelles. Gus se bat avec un
poêle et une plomberie qui sont hors scène. Ben contraint Gus au silence
quand il fait mention de leur travail. Gus s'inquiète du fait que quelqu'un
a dormi dans son lit. Soudain un ancien monte-plats reprend vie et se met à
leur envoyer de mystérieuses commandes de nourriture qui sont irréalisables
et qui les terrorisent. Puis une énigmatique enveloppe apparaît sous la
porte. Comment réussiront-ils à composer avec ces directives absurdes? Et,
le plus déroutant, pourquoi les toilettes fonctionnent-elles à des moments
inappropriés? La tension s'accroît quand Gus, saisi par l'incertitude,
commence à avoir des doutes au sujet de leur mission. Comme Ben est un
conformiste, qui accepte les ordres sans poser de questions, Gus, qui se
rebelle, doit être puni. Leur conversation provoque une agitation
croissante. Gus questionne Ben jusqu'à ce qu'il sache qu'il est justement
l'homme à éliminer. La pièce, c'est sa dernière heure. On attend avec une
tension grandissante que s'ouvre la porte que surveille, avec son revolver
armé, l'homme qui est couché sur son lit chiffonné et miteux tout en lisant
le journal du soir.
Commentaire On pourrait considérer que cette situation est inspirée par "En attendant
Godot" de Beckett, mais elle est enracinée dans un temps et un espace
réels. Elle trahit aussi le fait que Pinter fit ses débuts de comédien dans
des "thrillers" de second ordre. Aussi sait-il rendre le suspense presque
in