Archéologie du réalisme géographique - Tel Archives ouvertes

Toute la difficulté de l'exercice réside dans la possibilité pour l'exégète de donner
..... langagiers : changements de répertoire, traduction, déclinaison sémantique.
...... auto-significativité », même si immédiatement après ce schème est corrigé
..... Un examen plus minutieux nous permettrait sans doute de retrouver ici des ...

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Université de Paris I Panthéon-Sorbonne
2003. N° Bibliothèque :
/_/_/_/_/_/_/_/_/_/_/ THÈSE pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ PARIS I
Discipline : Géographie
présentée et soutenue publiquement par Olivier ORAIN le 5 décembre 2003
Le plain-pied du monde Postures épistémologiques et pratiques d'écriture dans la géographie
française au xxe siècle Sous la direction de : Mme Marie-Claire ROBIC
directeur de recherches au CNRS, Paris, UMR 8504 Géographie-Cités
JURY M. Jean-Michel BERTHELOT, professeur, université de Paris IV M. Bernard DEBARBIEUX, professeur, université de Genève M. Robert MARCONIS, professeur, université de Toulouse II
Mme Paule PETITIER, professeur, université de Paris VII M. Jean-Louis TISSIER, professeur, université de Paris I
Remerciements
Trois personnes ont joué un rôle décisif dans la mise à bien de ce
travail : Marie-Claire Robic, qui durant onze ans n'a jamais ménagé son
temps, ses encouragements, ses conseils ; Marie-Pierre Sol, qui depuis
quatre ans est une interlocutrice de tous les instants et m'a énormément
soutenu dans le galop final ; Claire Orain, qui m'a fait profiter de ses
jugements avertis sur mes spéculations poéticiennes, outre qu'elle a été
mon soutien tout au long de ces années. Il me faudrait aussi mentionner
ceux qui ont prêté une oreille attentive aux tâtons successifs qui ont
jalonné l'hypo-thèse : Nicole et Michel Roux, Emmanuel Meillan, Mélanie
Foulon.
Je voudrais aussi remercier tous mes camarades de l'équipe
Épistémologie et histoire de la géographie (E.H.GO), pour leur écoute et
leurs conseils avisés lors de mes interventions en séminaire. Ce soutien a
été précieux durant ces dernières années, avec une adresse particulière à
Micheline Roumegous. À l'occasion de ces voyages parisiens, j'ai usé et
abusé de l'hospitalité de Renaud Orain et Nathalie Joubert, Laure et Michel
Cellié, Helmi Borel et Michel Lurat, Carole et Philippe Petit, Guillaume et
Céline Morel.
J'aurais mauvaise grâce d'oublier mes collègues de l'université de
Toulouse-Le Mirail, qui m'ont accueilli en 1996 et m'ont procuré une
liberté pédagogique formidable, grâce à laquelle j'ai pu étoffer mes
curiosités géographiques tout en enseignant sur un poste de PRAG. Dans ce
contexte, des promotions d'étudiants ont été les premières « victimes » de
mes interprétations de la littérature disciplinaire, public dont les
attentes de clarté ont été un précieux modérateur.
La section 39 du CNRS, en m'accueillant en détachement, m'a permis
d'achever cette thèse dans des conditions idéales. Léna Sanders a beaucoup
bataillé pour que j'obtienne une troisième année, ce dont je lui suis
grandement redevable.
Cette thèse n'aurait jamais vu le jour sans l'intervention de quelques
anges gardiens qu'il me faut citer pour rendre hommage à leurs soins : les
équipes du centre des Peupliers (Paris) et de l'institut Claudius-Regaud
(Toulouse), Nicole Le Leyour-Carlier, Jacques Bataille, Nicolas Colbert,
Hélène Chiavassa, Henri Roché, Corinne Sarda, Jean-Pierre Suspène, Joseph
Makdessi, Pascale Rivieira, Corinne Ourliac, Martine Delannes, Loïc Mourey,
François Olivier, Laurent Brouchet, sans oublier tous ceux avec lesquels je
n'ai pas eu de contact direct, mais qui ont contribué à rendre les combats
efficaces. Merci aussi tout particulièrement à Martine Dupuy et Yves Ellul.
C'est insolite peut-être, mais je voudrais remercier quelques-uns des
commensaux qui m'ont rendu les touches de clavier plus douces : Stephen
Duffy, Caetano Veloso, Beth Gibbons, Polly Jean Harvey, Patti Smith, Henk
Hofstede, Neil Hannon, Elliott Smith, Rufus Wainwright, Abdullah Ibrahim,
Margareth Price et, last but not least, le regretté Iacha Horenstein.
Mes beaux-parents, Christian et Martine Fouanon, ont été un soutien
précieux durant toutes ces années. En particulier, disposer à demeure de
l'intégrale de la Géographie universelle des années 30 fut d'un grand
confort.
Ella et Dominique Orain savent et ne savent pas tout ce dont je leur
suis redevable, à commencer par le plus précieux : une certaine façon
d'aborder le monde. Il y aurait tout le reste, mais ce sont là affaires
privées.
- Dans votre roman Feu pâle, un des personnages dit que la réalité
n'est ni le sujet ni l'objet de l'art authentique qui crée sa
propre réalité. Quelle est cette réalité ? - La réalité est une chose très subjective. Je ne peux la
définir que comme une accumulation graduelle de l'information,
comme une spécialisation. Si nous prenons un lys, ou tout autre
objet naturel, un lys a plus de réalité pour un naturaliste que
pour un profane, mais il a encore plus de réalité pour un
botaniste. Et le botaniste spécialisé dans les lys parvient à un
stade plus élevé encore de la réalité. Vous pouvez vous approcher
constamment de la réalité, pour ainsi dire, mais vous ne serez
jamais assez près, car la réalité est une succession infinie
d'étapes, de niveaux de perception, de doubles fonds, et par
conséquent elle est inextinguible, inaccessible. Vous pouvez
connaître une chose de mieux en mieux, mais jamais vous ne saurez
tout sur cette chose : c'est sans espoir. Vladimir Nabokov, entretien avec Peter Duvall-Smith et Christopher
Burstall, publié dans Strong Opinions, trad. fr. : Parti-pris, Paris,
Robert Laffont, 1999, p. 17. Mais l'abondance des significations encloses dans chaque
phénomène de l'esprit exige de celui qui les reçoit, pour se
dévoiler, cette spontanéité de l'imagination subjective pourchassée
au nom de la discipline objective. L'interprétation ne peut pas
faire ressortir ce qu'elle n'aurait pas en même temps introduit.
Ses critères, c'est la compatibilité de l'interprétation avec le
texte et avec elle-même, et sa capacité de faire parler tous
ensemble les éléments de l'objet. Theodor Wiesengrund Adorno, « L'essai comme forme », Notes sur la
littérature [trad. S. Muller], Paris, Flammarion, 1984, p. 7. L'art forme l'?il et l'oreille avec lesquels nous percevons
cette réalité crue d'où nous disons pourtant l'art détaché. Un
homme sans culture visuelle ne voit rien. Tony Duvert, Abécédaire malveillant, Paris, Minuit, 1989, p. 16. Introduction Régulièrement, depuis une trentaine d'années au moins, il est de bon
ton de déplorer la faiblesse épistémologique de la géographie. « Discipline
qui ne se définit pas », lit-on encore parfois, en une formule d'une
ambiguïté remarquable, puisqu'elle peut se comprendre aussi bien comme une
critique que comme une fuite en avant. Pourtant, il n'est pas de décennie
depuis le début du xxe siècle qui n'ait vu la publication de textes
réflexifs de natures diverses : manifestes, essais, Principes, traités,
recelant, à la marge parfois, notations et ébauches sur les pratiques
légitimes ou légitimantes de la discipline. Et depuis que le thème des
carences est devenu une antienne, c'est une véritable floraison. Certes, le
style de ces interventions peut sembler éloigné d'une épistémologie
canonique, directement inspirée d'un art d'écrire que l'on pourrait
qualifier cavalièrement de philosophique. On pourrait aussi leur reprocher
une certaine instrumentalisation de l'épistémologie, au motif qu'elles
véhiculent la plupart du temps une certaine idée de la discipline, une
orientation, voire une idéologie. Mais en va-t-il autrement lorsqu'un
Raymond Boudon écrit un Traité de sociologie ou que d'autres tentent de
circonscrire Le métier de sociologue ? Se pose alors le problème des
différences entre une perspective « opératoire », et une autre qui serait
davantage « historique », pour reprendre une distinction qui avait cours
dans les années 1960. Et partout, pas seulement en géographie, la première
domine, quand bien même l'autre s'essaie, depuis quelques décennies, à
exister. Signal de l'essor tardif de celle-ci, la Société française pour
l'histoire des sciences de l'homme (SFHSH) n'existe que depuis les années
1980. Et les géographes en sont depuis les débuts.
Une autre hypothèque, plus sérieuse, pèse sur la géo-graphie, pendant
de l'historiographie : comme le reste de la production disciplinaire, faute
d'un marché plus vaste que le public des géographes (et des étudiants en
histoire), elle a été largement confinée dans l'univers des manuels, cédant
parfois aux facilités du didactisme au détriment de spéculations plus
aventurées ou plus techniques. Pourtant, le premier Guide de l'étudiant en
géographie d'André Cholley, publié en 1942, est l'un des textes les plus
âpres et les plus innovants de la géographie que l'on dit « classique », et
il n'est pas certain que la pensée réflexive d'un