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27 févr. 2007 ... Hélas, les auteurs, des exégètes, ne le citent pas à côté d'Irénée, ..... Bible Works
et, aussi, en nous préparant aux examens qui approchent.
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Fête de l'Institut Biblique
5 mai 2006 (97e anniversaire de la fondation) Conférence donnée par le Prof. R.P. Craig Morrison, O.Carm.
dans l'amphithéâtre de l'Institut
Ephrem et la lectio divina à l'Institut Biblique Pontifical
Éminence révérendissime (Cardinal Albert Vanhoye),
Père Recteur, confrères estimés, chers étudiants, hôtes et tous les
participants : Introduction
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de cette brève conférence en
ce 97e anniversaire de l'Institut Biblique Pontifical, trois ans avant le
centenaire de sa fondation. En cette année 2006, l'Église célèbre un centenaire de St Ephrem : le 9
juin en effet, 1700 ans se sont écoulés depuis la naissance d'Ephrem le
Syrien. En Occident, Ephrem a été déclaré docteur de l'Église par le pape
Benoît XV le 5 octobre 1920 : Itaque, Spiritu Paraclito invocato, suprema Nostra auctoritate, sancto
Ephrem Syro, Diacono Edesseno, titulum cum honoribus Doctoris Ecclesiae
Universalis. Dans son encyclique le pape Benoît XV comparait St Ephrem à St Jérôme en
écrivant que tous deux étaient exceptionnels dans l'étude et dans la
connaissance de l'Écriture Sainte - ils étaient deux lumières éclatantes :
l'un éclairait l'Occident, et l'autre l'Orient. Le pape, pour faire
comprendre à ses auditeurs d'Occident, l'importance de St Ephrem comme
bibliste, le situe à la même hauteur que le très célèbre St Jérôme.
Toutefois, malgré cette encyclique, Ephrem l'exégète reste peu connu en
Occident. Il y a deux mois, la bibliothèque de notre institut s'est enrichie d'un
nouveau volume intitulé : A History of Biblical Interpretation. Vol.1 : The
Ancient Period [Alan J. Hauser and Duane F. Watson, eds. Grand Rapids MI
2003]. Les auteurs traitent l'histoire de l'exégèse du commencement de
l'Église jusqu'à St Augustin. J'y ai cherché mon ami St Ephrem, exégète et
docteur de l'Église. Hélas, les auteurs, des exégètes, ne le citent pas à
côté d'Irénée, d'Origène, de Grégoire de Nazianze et de Théodore de
Mopsueste. St Ephrem n'apparaît pas, il semble ignoré en Occident. Ses ?uvres ne sont pourtant pas inaccessibles à nous biblistes, surtout
dans l'Église post-conciliaire où il existe un regain d'intérêt pour la
lecture de la Bible, sous le nom de lectio divina. Le pape Benoît XVI a
évoqué cette lectio divina en sa première année de pontificat. Avant
l'anniversaire de la constitution Dei Verbum de Vatican II (1965), en
novembre dernier, le Saint Père a parlé à deux reprises de son espoir d'un
nouveau printemps spirituel qui pourra fleurir dans l'Église grâce à la
lectio divina. Et dans son récent message aux jeunes pour les 21èmes
Journées Mondiales de la Jeunesse, il les a invités à devenir des familiers
de la Bible ; il leur a conseillé de pratiquer la lectio divina pour lire
l'Écriture et prier. St Ephrem aurait été satisfait ! Ce nouvel intérêt pour la lectio divina est bien présent dans Dei Verbum,
(§ 25) : Le saint Concile exhorte de façon insistante et spéciale tous les
chrétiens, et notamment les membres des ordres religieux, à apprendre,
par la lecture fréquente des divines Écritures, « la science éminente
de Jésus-Christ » (Phil. 3, 8). « En effet, l'ignorance des Ecritures,
c'est l'ignorance du Christ. » Que volontiers donc ils abordent le
texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie imprégnée des paroles
de Dieu, soit par une pieuse lecture, soit par des cours appropriés et
par d'autres moyens qui, avec l'approbation et par les soins des
pasteurs de l'Eglise, se répandent partout de nos jours d'une manière
digne d'éloges. L'expression lectio divina n'apparaît pas dans le document conciliaire,
mais le sens du paragraphe cité est explicité dans le document
L'interprétation de la Bible dans l'Église, du 23 avril 1993. Ce document a
été écrit par la Commission Biblique Pontificale sous la direction de Son
Éminence le cardinal Vanhoye, alors son secrétaire. Alors que nous fêtons
votre élection, Éminence, nous reconnaissons la contribution significative
de ce document pour la vie de l'Église universelle. Le document, comme vous
le savez, est une courte évaluation des différentes méthodes qui permettent
actuellement d'interpréter la Bible. Et le dernier chapitre, intitulé
Interprétation de la Bible dans la vie de l'Église, présente la lectio
divina (IV,2) : En tant que pratique collective [la lectio divina] est attestée au
troisième siècle, à l'époque d'Origène ; celui-ci faisait l'homélie à
partir d'un texte de l'Écriture qui était lu de façon continue pendant
la semaine. Il existait alors des assemblées quotidiennes consacrées à
la lecture et à l'explication de l'Écriture. » Lecture continue, assemblées quotidiennes consacrées à la lecture et à
l'explication de l'Écriture - cela paraît ressembler à un cours d'exégèse
de l'Institut Biblique qui se déroulerait au 3ème siècle. En effet, et d'un
certain point de vue, notre activité ici reflète la lectio divina, au moins
celle d'Origène, ou bien, comme je veux le souligner ce matin, celle
d'Ephrem. Non, me direz-vous. Ici, à l'Institut Biblique, nous faisons des études
scientifiques, la lectio divina, elle, se fait à la chapelle. Ephrem n'envisage pourtant pas cette séparation. Pour lui la salle de
travail et la chapelle se rencontrent dans la lectio divina, l'étude et la
prière s'y rejoignent. St Ephrem et la lectio divina
St Ephrem est connu pour ses hymnes, madrashe et memre. Mais il a aussi
écrit des commentaires sur la Bible. Trois d'entre eux ont été conservés
jusqu'à ce jour :
1. Commentaire (poshaqa) sur la Genèse
2. Une traduction glosée (torgama) de l'Exode (incomplète)
3. Un commentaire sur le Diatessaron (de Tatien). Dans l'introduction à ces commentaires, Ephrem ne nous dévoile pas sa
méthode d'interprétation. Dans son commentaire sur le Diatessaron, par
exemple, il débute immédiatement en faisant l'exégèse du prologue de St
Jean. C'est seulement à la lecture de ce commentaire qu'on découvre sa
méthode d'interprétation. Le lecteur y remarque sa vaste connaissance de la
Bible, érudition que le pape Benoît XV avait soulignée dans son encyclique.
Ephrem veut expliquer les textes les plus difficiles des évangiles. Et sa
source unique d'interprétation pour éclairer le Nouveau Testament, c'est
l'Ancien Testament. Derrière chaque phrase du Nouveau Testament, il voit
l'Ancienne Alliance de sorte que la moitié de son commentaire des évangiles
traite de l'Ancien Testament. Par exemple, Ephrem (VI, 6-7) arrive à Mt 5,29-30 "Si ton ?il droit est
pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi..." Ce
texte est difficile et les exégètes l'ont beaucoup commenté. Le Syrien
commence par cette question : "Comment Notre Seigneur peut-il nous demander
de trancher les membres que lui-même a créés ?" La question est pertinente,
alors Ephrem se souvient de Joël 2,13 : "Déchirez votre c?ur et non vos vêtements, revenez au Seigneur votre
Dieu". Voyons sa méthode : le texte est obscur et notre homme se demande comment
l'Ancien Testament pourrait éclairer ce verset sensible du Nouveau
Testament, et sa solution est la prophétie de Joël 2,13. Autre exemple. Dans Jn, 5,46, Jésus dit : "Car si vous croyiez Moïse vous
me croiriez aussi, car c'est de moi qu'il a écrit." Mais où Moïse a-t-il
écrit cela sur Jésus ? Les exégètes se posent aujourd'hui encore la
question. Ephrem propose une interprétation (XIII,11) : Jésus dit : « Moïse écrivit de moi » , et voici ce que Moïse a dit :
"Si quelque prophète surgit, s'il te propose un signe ou un prodige et
qu'ensuite ce signe se réalise, il devrait être accueilli, parce qu'il
est un prophète. Sinon, il ne devrait pas être cru, parce que faux." Pour éclairer Jn 5,46, Ephrem utilise Deutéronome 13, 1-3. Autre exemple. Dans Luc 13,33, en répondant à la menace d'Hérode, Jésus
dit : "Il est nécessaire qu'aujourd'hui, demain et le jour suivant je
poursuive ma route, car il ne convient pas qu'un prophète périsse hors
de Jérusalem." Les exégètes s'interrogent encore sur la signification de ce verset. Quelle
tradition laisserait entendre que le prophète ne peut pas mourir hors de
Jérusalem ? Ephrem se souvient alors de Dt 16,5-6 et il écrit (XIV,13) : "C'est au lieu choisi par le Seigneur ton Dieu pour y faire habiter son
nom que tu immoleras la pâque." Il existe bien d'autres exemples semblables qui montrent comment, dans son
commentaire sur le Diatessaron, St Ephrem cherche à interpréter des
passages difficiles du Nouveau Testament, et il cherche à éclairer chaque
difficulté en proposant un passage de l'Ancien Testament. Mais quel manuel de référence a-t-il pu consulter pour trouver des milliers
de citations et d'allusions venant de l'Ancien Testament pour expliquer le
Nouveau ? Avait-il le logiciel Bible Works 7.0 ? Lui suffisait-il d'un
"point and clik" pour trouver la citation ? Avait-il Mandelkernou Even-
Shoshan (je mentionne ces deux ?uvres pour ceux qui ont plus de 50 ans et
se souviennent d'un monde biblique sans Bible Works...) ? Possédait-il une
bibliothèque de commentaires bibliques qu'il pouvait consulter ? Non,
Ephrem le Syrien avait simplement lu l'ensemble de la Bible. Oui, lui, il
avait lu la Bible, elle n'était pas écrite sur son ordinateur mais dans son
c?ur. Il est probable que St Ephrem ait mémorisé une bonne partie des
Écritures. On constate son immense mémoire dans toutes ses ?uvres dont le
langage est totalement biblique. Par ses ?uvres