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20 avr. 2005 ... Pour la CRIIRAD : réaliser un premier examen de la situation radiologique ......
boîte de Pétri) pour un comptage par spectrométrie gamma germanium. ..... Le
graphique fourni par COMINAK suggère une forte contamination du sol à .... en
compte de l'exposition par les ferrailles, à l'incapacité du réseau de ...
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Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité Impact de l'exploitation de l'uranium par les filiales de COGEMA-AREVA au
NIGER Bilan des analyses effectuées par le laboratoire de la CRIIRAD
en 2004 et début 2005
Référence : CRIIRAD 0517 / 20 avril 2005 / V1 Ce document complète le compte rendu de mission CRIIRAD 03-40 du 19
décembre 2003.
Étude réalisée par le laboratoire de la CRIIRAD en collaboration avec les
ONG : AGHIR'IN MAN et SHERPA
Généralités sur l'exploitation de l'uranium à Arlit.
Des gisements d'uranium sont exploités depuis une trentaine d'années par 2
compagnies minières dans la région d'Arlit, au Niger, à environ 1 200
kilomètres de Niamey par la route et 250 km au nord d'Agadez. Il s'agit : . de la SOMAÏR (SOciété des Mines de l'AÏR, créée en 1968) qui exploite
l'uranium par carrières à ciel ouvert (gisements à une teneur de 3 à
3,5 kg d'uranium par tonne), à environ 7 km au nord-ouest d'Arlit. Sa
production annuelle actuelle est de 1 277 tonnes d'uranium et sa
production cumulée est de 42 000 tonnes d'uranium. . de la COMINAK (COmpagnie MINière d'AKouta, créée en 1974) qui exploite
par travaux souterrains l'uranium (gisement à une teneur de 4,5 à 5 kg
d'uranium par tonne), à environ 6 km au sud-ouest d'Arlit. La capacité
nominale de la compagnie est proche de 2 000 tonnes d'uranium par an et
sa production cumulée est de 52 000 tonnes d'uranium. Ces 2 compagnies sont des filiales du groupe français AREVA-COGEMA, qui
détenait en 2001, 63 % du capital de SOMAÏR et 34 % de celui de COMINAK.
Les autres actionnaires sont l'ONAREM (Etat du Niger) et dans le cas de
COMINAK, des compagnies japonaise (OURD) et espagnole (ENUSA). Les minéralisations uranifères étalées dans des strates sédimentaires
horizontales d'âge varié sont profondes :
. de 35 à 80 m pour les gisements SOMAÏR.
. 250 m pour la mine souterraine d'Akouta, qui serait, selon AREVA, la plus
grande mine d'uranium souterraine au monde (250 kilomètres de galeries). AREVA estime les réserves en cours d'exploitation à plus de 10 années de
production. D'autres gisements ont été découverts dans la région mais ne
sont pas encore exploités. C'est le cas du gisement d'Imouraren à 100 km
environ au sud d'Arlit (estimé à 100 000 tonnes d'uranium, entre 100 et 160
mètres de profondeur). Avant l'exploitation minière, il y a 50 ans, compte tenu de la profondeur
des minéralisations radioactives, le rayonnement en surface des sols devait
être faible et comparable au bruit de fond moyen de l'écorce terrestre. Or,
en France, la CRIIRAD a pu constater que l'exploitation minière avait
augmenté considérablement la radioactivité ambiante (sols, air, eau,
plantes). Les cités d'Arlit et d'Akokan (qui totaliseraient environ 70 000 habitants)
ont été créées ex-nihilo en plein désert pour accueillir les travailleurs
des mines. L'eau potable est fournie par les compagnies minières à partir
de forages dans les nappes phréatiques fossiles. Une mine de charbon a été ouverte à environ 190 km au sud d'Arlit pour
alimenter une centrale thermique, exploitée par la SONICHAR et destinée à
fournir l'électricité nécessaire aux 2 usines d'extraction de l'uranium et
aux villes induites d'Arlit et Akokan. Une route goudronnée, la route de l'uranium, relie sur plus de 800 km la
ville d'Arlit au sud du pays. Le concentré d'uranium est expédié par camion
puis chemin de fer et embarqué à Cotonou au Bénin pour être pris en charge
par l'usine COMURHEX de Malvési près de Narbonne (filiale à 100 % de
COGEMA). De l'origine à ce jour, le Niger aurait produit près de 94 000 tonnes
d'uranium. La production d'uranium représentait selon AREVA un tiers des
exportations du Niger qui était en 1997 le 3ème producteur mondial après le
Canada et l'Australie. En 2000, sa production était de 2 900 tonnes d'uranium (environ 10 % de la
production mondiale). En 1994, les besoins annuels de la France étaient de
8 900 tonnes d'uranium. Contexte des contrôles effectués par la CRIIRAD
L'ONG AGHIR IN'MAN est une association reconnue par les autorités
nigériennes, créée en janvier 2001 à Arlit. Ses objectifs sont la
protection de l'environnement et le mieux être de la population (éducation,
santé, droit des femmes, etc..). Les militants de l'ONG travaillent presque tous pour SOMAÏR. Courant 2002, le président de l'ONG AGHIR IN'MAN, monsieur Almoustapha
Alhacen a demandé au laboratoire de la CRIIRAD de se rendre sur place afin
d'examiner la situation radiologique dans l'environnement des mines
d'uranium. En effet, la population se dit victime d'une dégradation de la
situation sanitaire dans la région. Parallèlement, l'ONG SHERPA, qui regroupe des juristes dont la vocation est
de défendre les droits des travailleurs et des populations de tous pays
face aux multinationales, était contactée par d'autres citoyens nigériens
se plaignant de la même situation (voir le site www.asso-sherpa.org). C'est dans ce contexte qu'a été organisée en décembre 2003 une mission
exploratoire CRIIRAD-SHERPA. Les objectifs de chaque association étaient
les suivants : . Pour SHERPA : faire un premier état des lieux de la situation sanitaire
en interviewant la population, d'anciens travailleurs et les médecins
locaux, . Pour la CRIIRAD : réaliser un premier examen de la situation radiologique
dans l'environnement au moyen de radiamètres portatifs et par le biais du
prélèvement de quelques échantillons pour analyse ultérieure en son
laboratoire. Ceci devait permettre de préparer à plus long terme, si
nécessaire, une véritable expertise radiologique. Il s'agissait également
de remettre à l'ONG AGHIR IN'MAN des détecteurs portatifs et une
information / formation sur les risques liés aux rayonnements ionisants
et sur la meilleure façon de s'en protéger, de façon à leur permettre
d'assumer pleinement, sur place, leur rôle d'information et d'éducation
de la population. Dans le cadre de cette collaboration, chaque association assume sa
méthodologie de travail et ses conclusions. Le compte rendu de cette mission exploratoire a fait l'objet de la note
CRIIRAD N°03-40, mise en ligne sur le site internet de la CRIIRAD le 19
décembre 2003. Nous renvoyons le lecteur à cette note pour ce qui concerne la question de
la confiscation des appareils professionnels de l'équipe CRIIRAD (page 2),
le constat de l'insuffisance des contrôles indépendants de l'exploitant
(page 3) et les observations sur les conditions d'hygiène déplorables (page
6). La présente note a pour objet de rendre compte d'éléments nouveaux obtenus
à partir 1 / de l'étude de documents et 2 / des résultats des analyses
effectuées courant 2004, par le laboratoire de la CRIIRAD sur les
échantillons ramenés en décembre 2003, ainsi que sur des échantillonnages
d'eau effectués par l'association SHERPA lors de ses missions
complémentaires de novembre 2004 et février 2005. La mission de décembre 2003 et les analyses d'échantillons effectuées en
2004-2005 permettent d'affirmer que l'exploitation de l'uranium par les
filiales du groupe COGEMA-AREVA conduit à exposer la population à des doses
de radiation totalement injustifiées, que certains des principes
internationaux de radioprotection ne sont pas respectés et que certaines
des informations données par le groupe sont erronées. Dans ce contexte, il
est légitime de s'interroger sur les conséquences sanitaires de
l'exploitation de l'uranium à Arlit. Cette analyse sera développée autour des 4 exemples suivants : 1. La contamination des eaux distribuées aux travailleurs et à la
population,
2. La dispersion de ferrailles contaminées,
3. L'accident de transport d'uranate de février 2004,
4. Les risques liés à l'inhalation des poussières et du radon Nous reviendrons en conclusion sur les connaissances concernant l'effet des
rayonnements sur la santé des mineurs et des populations. Il convient de souligner que le travail réalisé en 2004 et début 2005 par
la CRIIRAD sur le dossier ARLIT a été effectué sur les fonds propres de
l'association, à l'exception des analyses d'eau de février 2005 assumées
par l'ONG SHERPA. Il s'agit d'un travail préliminaire qui mériterait d'être
approfondi sur de très nombreux aspects. L'ONG SHERPA a poursuivi de son côté courant 2004 et début 2005 l'enquête
de terrain à travers l'audition de travailleurs, de malades et de membres
de la population. Son rapport est publié à part. 1 / La contamination des eaux dites « potables »
Les risques de contamination des eaux souterraines A Arlit, les eaux d'alimentation sont puisées par les compagnies minières
dans la nappe du Tarat, à 150 mètres de profondeur. Or cette nappe recoupe
les gisements uranifères. Ces eaux sont donc susceptibles d'être chargées
en radionucléides. Certains travaux d'exploitation atteignant la nappe, les
risques d'une contamination liée aux activités minières sont très élevés. A l'issue de la mission exploratoire de décembre 2003, nous nous posions
donc la question du degré de contamination des eaux souterraines par
l'uranium et ses descendants radioactifs. Cette question était d'autant plus légitime qu'en France, le laboratoire de
la CRIIRAD avait démontré à partir du début des années 90 que les pratiques
de la COGEMA n'étaient pas très respectueuses de l'environnement : système
de contrôle