égarement de la raison - Free
Nul n'aurait osé élever des questions dont l'examen aurait conduit à blâmer et à
... système social qui nous mette à l'abri de l'indigence et des bouleversements. »
..... Pourquoi donc Dieu nous a-t-il asservis à l'attraction qui se joue de la raison ?
..... l'exercice des bonnes actions, telles que la charité, étant agréables à Dieu, ...
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ÉGAREMENT DE LA RAISON démontré par les ridicules des sciences incertaines
AUTEUR Fourier, Charles [PLAN DE L'OUVRAGE : -- Métaphysique -- Dénégation de la providence et avilissement de Dieu par les métaphysiciens 1º) Nos destinées en cette vie 2º) Nos destinées après cette vie -- Politique 1º) L'indigence 2º) Les révolutions -- Phases de la civilisation Vibration ascendante de la Civilisation Vibration descendante de la Civilisation -- Morale 1º) Origine de la morale 2º) Relations de la morale avec la religion et la politique -- Conclusion sur les sciences incertaines]
MÉTAPHYSIQUE ____________ Dénégation de la Providence et avilissement de Dieu par les __________________________________________________________ métaphysiciens. ______________
Si l'on veut glacer tous les esprits, il suffit de prononcer le mot de
métaphysique. Cette science, affectée à l'étude de l'âme, est un objet
d'effroi pour quiconque possède une âme ; elle figure dans le monde savant
comme la ronce dans un bouquet. Bien différents de Midas qui changeait le cuivre en or, les métaphysiciens
ont eu l'art de changer l'or en cuivre, et de reléguer au dernier rang leur
science qui devait tenir le sceptre du monde scientifique. C'était à eux de
dissiper les charlataneries de la superstition, de la politique et de la
morale, qui prétendent diriger les affaires sociales ; c'était à eux de
censurer les opérations de Dieu, déterminer les devoirs de Dieu envers nous
et ses plans sur l'ordre des sociétés humaines. Mais à quoi la métaphysique
s'est- elle arrêtée ? A des arguties sur les sensations, les abstractions
et les perceptions. Cette broutille méritait-elle d'occuper la science
chargée de résoudre le grand problème des destinées, le problème de
l'harmonie universelle ? Comme théorie des êtres immatériels, la métaphysique est le seul juge qui
puisse s'interposer entre Dieu et les sciences humaines ; elle seule peut
discuter si Dieu a rempli ses devoirs envers les créatures, et si les
sciences ont pénétré et secondé les vues de Dieu. En la voyant renoncer à
de si hautes fonctions pour se jeter dans les enfantillages de l'idéologie,
ne peut-on pas lui dire : Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? Etrange ((fatalité)) bizarrerie ! tandis que chaque science s'efforce
d'étendre son domaine et d'empiéter au-delà de ses attributions, la
métaphysique seule abandonne ses privilèges, et n'ose pas raisonner
librement sur les oeuvres de Dieu dont elle est seule juge compétent. Il
est désolant de penser que la stupeur, la pusillanimité de cette classe de
savants prive depuis 2 500 ans le genre humain de la connaissance des lois
divines et des destinées ((oui, tous les malheurs que le genre humain
éprouve depuis 25 siècles sont dûs à la couardise des métaphysiciens)). ((En l'absence de lois, à défaut de lois divines, il était naturel que les
hommes établissent les leurs ; c'est ce qui a donné lieu à trois classes de
charlatanerie, la superstition, la politique et la morale, sciences dont
les auteurs essaient de diriger l'ordre social et de suppléer au défaut des
lois divines.)) ((Ces trois sciences de concert ont établi un)) A défaut de lois divines trois sciences sont intervenues pour diriger le
mouvement social, ce sont ((la superstition)), la Politique, la Morale et
l'Economie. Toutes trois de concert ont établi [un principe] qui est le
fondement de toutes les erreurs. Elles ont enseigné que la raison humaine
peut de son chef, et sans le secours de la révélation divine, inventer un
ordre social qui fera le bonheur des humains. Cette opinion exclut Dieu de
la direction du mouvement social pour la livrer aux philosophes qui ont de
temps immémorial conduit le genre humain d'abîmes en abîmes, autant de fois
qu'ils ont pu tenir les rênes de l'administration. Tandis que ces 3 sciences ((la superstition)), l'économie, la politique et
la morale partagent la dépouille de Dieu, la direction du mouvement social,
on voit régner partout les trois dégénérations physique, politique et
morale, qui attestent la dégradation du genre humain, et l'imbécillité des
sciences qu'il a choisies pour guides. En voyant cette malheureuse
civilisation, qui, après 25 siècles d'études, marche de révolutions en
révolutions, de tortures en tortures, qu'attendez-vous, métaphysiciens,
d'attaquer en masse les 3 sciences qui remplissent si mal les fonctions de
Dieu qu'elles se sont arrogées ? La censure des ((superstitieux))
économistes, des politiques et des moralistes n'appartient qu'à vous seuls.
Les attributions s'étendent à déterminer nos destinées en cette vie et en
l'autre, et à confondre tous les charlatans qui prétendent remplir cette
tâche. Mais, en vous donnant pour esprits forts, vous vous laissez
paralyser par la superstition. C'est ce que je vais vous démontrer par une
dissertation sur les 2 problèmes qui étaient le principal objet de votre
science. Ces deux problèmes sont les analyses de nos destinées en ce monde
et en l'autre.
1º Nos destinées en cette vie. ______________________________
Je reproduis ici la thèse sur l'insuffisance de la raison sans révélation.
J'ai dit précédemment -- au prospectus en d'autres termes -- ou Dieu ne
veut pas le bonheur des hommes, et dans ce cas la philosophie ne peut rien
pour eux, ou bien s'il veut notre bonheur, il a du préparer, pour nous y
conduire, d'autres voies que la Civilisation, et d'autres guides que les
sciences incertaines trop convaincues d'empirisme par 25 siècles de
tourment qu'elles nous ont causé. Tel était le premier débat qu'il fallait élever sur l'impéritie des
sciences incertaines. On a bien osé douter des sciences les plus fixes ; on
a vanté avec raison Descartes, qui le premier appliqua le doute à toutes
les connaissances acquises. Pourquoi donc ne douterait-on pas des
prétendues lumières qu'on doit à ((la superstition)) l'économisme, à la
politique et à la morale ? Le règne de ces trois sciences n'ayant produit
que les révolutions et l'indigence, il fallait les condamner en masse sur
le vice de leurs [ ], et les signaler comme visions scientifiques,
aberrations ((licences)) du génie et absence de l'esprit divin. Le premier pas à faire pour arriver au bien, c'est d'oser confesser
l'existence du mal et rompre en visière aux charlatans qui le propagent. La
métaphysique chargée de rechercher les vues de Dieu devait, avant tout,
constater l'ignorance de ces vues ((et le triomphe des charlatans, elle
devait attaquer, je le répète, attaquer à la fois la superstition, la
politique et la morale)), et attaquer les sciences incertaines comme
((ineptes par le fait)) dépourvues de mission et usurpatrices des fonctions
de Dieu. Rien n'atteste que Dieu, en faveur de ces 3 sectes, se soit
dessaisi de sa prérogative de Directeur de tout mouvement. Or si la gestion
du mouvement appartient à Dieu, le bien, en fait de mouvement social, ne
peut venir que de Dieu, la connaissance des voies qui conduisent au bien ne
peut venir que d'une révélation divine, et non pas des visions de 3 sectes
qui ne justifient d'aucune communication directe, constante et avérée avec
Dieu. En attendant que cette révélation divine et ces voies de bien social
parviennent à notre connaissance, Dieu est responsable des désordres de nos
sociétés, puisqu'il est l'unique moteur de l'univers; il est donc coupable
et accusable pour les maux qu'ont endurés nos aïeux, et que nous endurons
nous-mêmes, et le premier pas que la raison doive faire, c'est d'accuser
Dieu sur le défaut de révélation et d'intervention divine, accuser les
sciences incertaines sur leur impéritie. J'avoue qu'un tel rôle devait
sembler effrayant à des esprits rétrécis par les calculs de perceptions
((d'abstraction)), d'intuitions et de sensations ((d'intuition)). Un plus grand obstacle, c'était l'influence de la superstition : elle
interdisait aux civilisés tout débat sur les vues et les devoirs de Dieu,
elle étouffait la métaphysique dans sa source en s'opposant à toute
critique raisonnée des oeuvres de Dieu. Nul n'aurait osé élever des
questions dont l'examen aurait conduit à blâmer et à accuser d'abord la
Divinité. Aussi a-t-on craint de rechercher la cause des désordres évidents
de la nature, qui n'offre par tout le globe que les triomphes de la
violence et de la perfidie. Les civilisés ont étouffé l'espoir même de
dissiper leur ignorance. Ils l'ont consacrée par des dogmes religieux qui
nous peignent Dieu comme un Satrape, ami de la terreur et de la
flagornerie. On a posé, en principe, qu'il fallait admirer tout ce qu'on ne
comprenait pas dans les oeuvres de Dieu, même la création du tigre qui nous
dévore et de l'insecte qui nous tourmente. La métaphysique n'a point
dissipé ce servile préjugé, elle a méconnu ses principales fonctions qui
étaient d'établir l'homme en débat avec la Divinité, de traduire au
tribunal de la raison ce Dieu dont les oeuvres n'offrent jusqu'à présent
qu'un mélange révoltant de sagesse et d'horreurs, amalgame déshonorant pour
le Créateur, tant qu'on n'a pas reconnu la nécessité du mal dont il permet
si constamment le triomphe. De tout temps l'excès de nos malheurs sociaux a déconcerté les gens les
plus religieux: on se plaint de lui à mots couverts ; prêtres et
philosophes s'accordent à le dire :
Montrez vos lois à l'univers, Daignez dissiper les ténèbres Dont nos faibles yeux sont couverts. (J.-B. ROUSSEAU.)
En d'autres termes, c'est lui dire : « Vous n'avez pourvu à rien, vous nous
laissez dans le malheur, sans vous inquiéter de nous révéler un système
social qui nous mette à l'abri de l'indigence et des bouleversements. » Il est remarquable que ce reproche très bien fondé part du sacerdoce qui se
dit interprète de Dieu, et qui dans ces trois vers traduits des livres
saints de la chrétienté, reproche franchement à Dieu de n'avoir pas fait
son devoir. Je m'arrête à cette particularité pour prouver qu'il n'y a rien de nouveau
ni d'impie dans l'idée de censurer Dieu. On l'a accusé de tout temps en
termes p