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1999-2000/2000-2001 : Vacataire, Université d'Abomey Calavi, Faculté des ...
Associé au cours et travaux dirigés en micro économie et en macro économie à
la ... Doctorant en Science Economique, inscrit à l'Université d'Orléans sur le ...

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Consortium pour la Recherche Economique et Sociale EVALUATION DE L'IMPACT DES PROGRAMMES
DE CANTINES SCOLAIRES SUR LES PERFORMANCES
DES ECOLES PRIMAIRES RURALES AU SENEGAL
Par : Abdoulaye Diagne
François J. Cabral
Amen Doveodo
Marème Ndoye
Khady Kane
Dakar - 22 mai 2008
Résumé
Si, dans l'ensemble, l'éducation primaire a enregistré de grands progrès au
Sénégal, les zones rurales connaissent encore un grand retard de
scolarisation, imputable principalement à la situation de pauvreté qui y
prévaut. Les efforts actuels de construction et d'équipement d'écoles dans
ces zones sont ainsi compromis, du fait de la prévalence de ce phénomène
qui a des conséquences négatives sur l'état sanitaire des enfants et sur
leurs conditions d'apprentissages. Le projet de recherche vise à évaluer de
façon spécifique la contribution de programmes de cantines scolaires et de
déparasitage intestinal à l'accès à la scolarisation primaire des enfants,
à leurs progressions et à l'amélioration des apprentissages dans les zones
rurales. Dans les quatre régions les plus pauvres du pays, seront observées
quelques 160 écoles primaires, sélectionnées dans les collectivités locales
qui ne sont pas encore dotées de cantines scolaires ou d'un programme de
déparasitage intestinal en 2008. L'expérimentation comportant trois
paquets distincts (cantines scolaires, déparasitage, la combinaison des
deux), trois échantillons d'écoles de même taille seront tirés pour les
groupes traités, et un quatrième, de même taille, sera retenu pour le
groupe de contrôle. Chacun des quatre échantillons sera constitué de 40
écoles et de 800 élèves.
Des méthodes économétriques appropriées (double différence, traitement
continue, méthodes d'appariement, etc.) seront utilisées pour isoler
l'apport des cantines scolaires et des opérations de déparasitage dans les
performances scolaires des écoles bénéficiaires. Les revenus futurs
résultant de ces contributions seront estimés et comparés aux coûts qui
leur sont associés. 1. Objectifs 1. Vue d'ensemble de l'étude Sous l'impulsion de son Programme décennal de l'éducation et de la
formation (PDEF), le Sénégal a enregistré d'importants progrès en matière
d'éducation primaire au cours des années 2000. Le taux brut de
scolarisation est passé de 71,6% en 2002 à 82,5% en 2006 (84,4 % pour les
garçons contre 80,6 pour les filles). Cependant, outre le fait que tous les
enfants en âge d'être scolarisés n'entrent pas à l'école, on enregistre des
disparités entre les différentes régions, entre les zones rurales et les
zones urbaines. Dans la région de Kaolack, par exemple, le TBS accusait
26,4 points de retard par rapport à la moyenne nationale qui est de 82.5%
en 20061. Dans certaines régions, l'écart de scolarisation entre garçons et
filles reste très élevé. Les zones rurales, confrontées à une situation de pauvreté et de
vulnérabilité, sont celles qui connaissent les retards les plus marqués en
matière de scolarisation, principalement dus à la situation de pauvreté et
de vulnérabilité qui y prévaut. Les ménages en insécurité alimentaire ont
de faibles revenus et une forte proportion de leurs dépenses est consacrée
à l'alimentation. Par ailleurs, ayant une faible production de céréales et
de cultures de rente, leur régime alimentaire est pauvre, et les parents
ont des difficultés à couvrir les frais de scolarité des enfants. Les
distances à parcourir pour atteindre l'école sont longues, et les enfants
n'ont pas toujours la possibilité d'emporter des collations. La faim et
l'état de fatigue chronique qui découlent de cette situation, ont pour
conséquence, une baisse d'attention des élèves et une augmentation de cas
d'abandons scolaires. Il a été ainsi noté 31% de cas de déficience
nutritionnelle à l'age scolaire et à l'adolescence, et une prédominance
d'anémies nutritionnelles chez les enfants de 4 à 14 ans, avec 62% chez
les garçons contre 38% chez les filles (PAM 2005). L'insuffisance de la
ration alimentaire et sa faible qualité nutritionnelle sont aggravées par
la présence chez les élèves de vers intestinaux. Comme l'a fait observer un
haut responsable de la Santé au ministère de l'Education « Si l'on ne
déparasite pas les élèves, ce sont les vers intestinaux qu'on nourrit ».
Ainsi, le déparasitage constitue, à côté des cantines scolaires, un autre
instrument d'intervention sur la nutrition. La réduction, voire l'élimination de la malnutrition est souvent recherchée
pour ses bénéfices intrinsèques. Cependant, une masse croissante de preuves
suggère qu'une meilleure alimentation de l'enfant a d'importants avantages
économiques. La malnutrition, si elle est sévère, peut provoquer des
retards ou même des déficiences dans le développement cognitif. En règle
générale, les enfants mal nourris entrent tardivement à l'école, sont plus
exposés au redoublement et à l'abandon scolaires, et ont des scores plus
faibles aux évaluations des apprentissages. Plus grave, en raison de son
impact négatif sur la santé et l'éducation, la malnutrition contribue à la
formation d'un faible capital humain. Elle a aussi des effets négatifs de
long terme puisqu'elle peut être transmise de génération en génération, et
installer toute une famille dans une dynastie de la pauvreté. En
intervenant directement dans l'alimentation de l'enfant, non seulement sa
situation scolaire peut être améliorée, mais la chaîne de transmission
intergénérationnelle de la pauvreté peut être brisée. Combattre la faim à l'école apparaît ainsi comme une dimension importante
de toute politique éducative, notamment dans les zones confrontées à la
pauvreté et à la vulnérabilité. C'est ce qu'a compris le Gouvernement du
Sénégal qui, avec le soutien d'organisations internationales, a introduit
des programmes de cantines scolaires et de déparasitage dans certaines
zones rurales afin de lutter contre la malnutrition. Mais celles-ci n'ont
pas encore dépassé le stade expérimental, la généralisation étant prévue
dans la troisième phase du PDEF qui débute en 2008. En outre, aucune
évaluation rigoureuse de l'impact du programme de cantines sur la
scolarisation en milieu rural n'est encore effectuée. Les cantines
scolaires du PAM constituent certainement l'un des plus anciens programmes
de nutrition à l'école, puisqu'elles datent des années 70. Dans le
programme quinquennal de cet organisme (2002-2006), neuf départements du
pays ont été couverts. Initialement prévues pour 106 489 bénéficiaires
fréquentant les écoles publiques et 3 126 bénéficiaires des écoles et
centres d'accueil relevant de CARITAS - une ONG catholique -, les actions
du PAM ont vu les effectifs de bénéficiaires passer, à la fin du programme
2006, à 160 976 bénéficiaires pour les écoles publiques, et à 3 541 pour
CARITAS. Le ministère de l'Education, à travers la Direction de
l'administration générale et de l'équipement (DAGE) finance aussi un
programme d'implantation de cantines. Sa Division du contrôle médical
scolaire (DCMS), conduit aussi un autre programme, axé exclusivement sur le
déparasitage et le suivi médical dans des écoles publiques rurales. Les rapports du ministère de l'Education, du Programme alimentaire mondial
(PAM) et des ONG font régulièrement état des impacts positifs des cantines
d'écoles publiques sur les résultats scolaires. A partir d'une comparaison
des écoles bénéficiant de ces cantines avec celles qui n'en sont pas
dotées, on a conclu que les élèves bénéficiant de l'aide alimentaire du PAM
progressent, dans le cycle primaire, en moyenne plus vite que ceux des
écoles non assistées. L'impact de l'aide alimentaire serait plus important
encore sur les filles dont la scolarisation progresse plus rapidement dans
les écoles dotées d'une cantine. Un autre effet important attribué à la
cantine scolaire est une plus grande maîtrise des apprentissages. Si ces
impacts positifs sont confirmés, un investissement dans l'alimentation des
enfants des zones rurales pauvres à travers les cantines scolaires et/ou le
déparasitage des parasites intestinaux constitue un puissant levier
d'accélération des progrès vers une éducation primaire de qualité pour
tous. Dès lors, construire et équiper des écoles dans ces zones ne suffira
certainement pas. Une bonne alimentation, et/ou un déparasitage des
enfants peuvent être des politiques très coût-efficaces pour atteindre, à
la fois, les objectifs d'accès et de qualité du PDEF. Il y a un besoin important de mener une évaluation rigoureuse des
différentes options de politiques qui s'offrent au Sénégal en matière de
nutrition scolaire. Le problème des praticiens du développement n'est pas
un manque d'idées mais plutôt une connaissance insuffisance de celles qui
marchent. En expérimentant plusieurs idées à la fois, on leur fournit une
réponse précise à leur préoccupation majeure. Les autorités sénégalaises
admettent bien que les cantines scolaires, le déparasitage intestinal
couplé à des services de santé peuvent être un bon stimulant à la demande
de scolarisation primaire et contribuer à l'amélioration de la qualité de
l'éducation dans les zones rurales. C'est pourquoi, elles ont alloué des
ressources à ces politiques depui