discours de politique générale de balladur - 124 ko

La présence en cours et aux sorties culturelles est obligatoire. ..... Examens du
Semestre 2 (M1) : soutenance du rapport de stage en juin 2016 ..... Pierre-Michel
Menger, Le travail créateur : s'accomplir dans l'incertain, Gallimard- Le Seuil,
2009. ... devront présenter deux structures culturelles de leur choix en les
comparant.

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DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE
DE M. EDOUARD BALLADUR, PREMIER MINISTRE
(8 AVRIL 1993)

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Les Français l'ont décidé, voici que commence une nouvelle période de notre
histoire. Inutile de rappeler les évènements de ces dernières années. C'est
justement parce qu'ils les avaient présents à l'esprit que les Français ont
voulu changer de cap.
Vous voilà donc, Mesdames et Messieurs, investis d'une très large confiance
et d'un très large soutien populaire. Vous voilà en mesure de donner, en
étroite association avec le Gouvernement, un élan nouveau à notre Nation,
d'apporter à notre société les réformes qui lui assureront à la fois le
progrès, l'équilibre et la justice.
Telle est la mission qui nous est impartie : orienter la France vers le
renouveau. Mais ce n'est pas tout et notre conception de la République nous
impose des devoirs : celui de pratiquer la tolérance et le respect
d'autrui; celui de rester ouverts aux autres, attentifs aux .propositions,
d'où qu'elles viennent; celui en somme de rassembler tous les Français.
Renouveau, tolérance, rassemblement, tels sont les principes de l'action du
Gouvernement.
Votre force et votre unité, vous les avez déjà marquées en élisant le
Président de l'Assemblée Nationale. C'est avec une très grande joie que je
salue au nom du Gouvernement l'élection de M. Philippe SEGUIN, dont je
connais depuis longtemps les grandes qualités intellectuelles et morales et
pour lequel j'éprouve estime et amitié.
Le gouvernement est placé face à une situation difficile... Ce n'est pas
une raison pour se résigner, mais au contraire, pour agir plus vite et
davantage : l'imagination, la volonté, la cohésion, sont indispensables au
redressement du pays. Ce redressement est urgent. Il ne peut attendre,
comme ne peuvent plus attendre les Français hélas de plus en plus nombreux
à être frappés par le chômage et à avoir le sentiment que leur sécurité
n'est plus suffisamment assurée. Notre Nation s'interroge sur elle-même,
les Français sont inquiets.
C'est au pays tout entier qu'il faut donner des raisons d'espérer, c'est
pour l'ensemble des Français que nous entendons gouverner et assumer notre
responsabilité. Pour cette raison, j'ai voulu constituer un Gouvernement
équilibré, un Gouvernement restreint, un Gouvernement rassemblé autour
d'une même et unique volonté, celle de refaire de notre pays, comme .cela
fut le cas jadis, un exemple.
La France fut à plusieurs reprises dans son histoire un exemple pour le
monde. Au temps de la chrétienté médiévale puis au temps de la monarchie
administrative, puis lors de la Révolution quand, la première, elle créa
une société de liberté et fonda la République sur des principes toujours
vivants. Plus près de nous, au XXème siècle, elle a inventé un modèle de
protection sociale et de justice, tout en devenant une nation forte,
ambitieuse et prestigieuse, grâce au Général de Gaulle dont aujourd'hui
tous les Français se reconnaissent les disciples.
En ce monde où tout change, alors que notre situation intérieure est elle-
même incertaine, à notre tour aujourd'hui de faire à nouveau de la France
un exemple.
Il y faudra de nombreuses années. Nous entendons commencer sans tarder.
D'autres ensuite prendront le relais.
Nous le savons tous, la France doit s'adapter à un monde nouveau, moins
figé, plus libre pour chaque nation, mais aussi plus instable et donc plus
dangereux.
En quelques années, nous avons vécu la fin d'un certain ordre mondial.
L'effondrement du socialisme, l'échec du modèle soviétique nous ont tous
réjouis. Nous y avons vu la victoire de nos idéaux et de la liberté, la
promesse d'un avenir meilleur.
Pour autant, si l'ancien équilibre, malsain sans doute, parce que fondé sur
la contrainte, a été détruit, aucun autre n'a été rétabli aujourd'hui. Les
rivalités nationales, les risques de prolifération nucléaire, le crime
organisé, les affrontements ethniques gagnent dans le monde.
Ces bouleversements ont des conséquences graves sur l'ensemble de la vie
internationale.
La guerre du Golfe et, aujourd'hui, la violence dans l'ancienne Yougoslavie
l'ont montré. L'Europe de l'Ouest n'a pas su se mobiliser ni pour
contribuer efficacement au développement de l'Europe de l'Est, ni pour
assumer ses responsabilités en matière de sécurité du continent. En contre
partie la puissance américaine, désormais solitaire, conduit parfois notre
grand allié de deux siècles à des attitudes qui nous préoccupent, qu'il
s'agisse du dossier agricole ou des négociations commerciales.
Une fois résorbées les conséquences des deux chocs pétroliers, les années
quatre-vingt ont vu le développement de mécanismes financiers qui
perturbent gravement le système monétaire international et les perspectives
d'une croissance saine et durable. Le déficit budgétaire américain, comme
les modalités choisies pour financer la réunification de l'Allemagne,
troublent les marchés financiers et pèsent lourdement sur les taux
d'intérêt.
Cette situation internationale est d'autant plus préoccupante que la France
ne s'est pas organisée pour affronter ce monde nouveau et mieux y assurer
sa position. Notre appareil militaire, sollicité par des missions
multiples, a du mal à répondre à tout ce que l'on attend de lui. Il faut
déterminer comment doit évoluer notre politique de défense, dans quelle
réflexion politique et stratégique elle doit s'inscrire, quelle consistance
précise il faut donner au concept d'union européenne sur le plan militaire.
Enfin, qui ne sait que l'équilibre et la solidité des pays africains en
voie de développement, avec lesquels la France entretient une relation de
coopération privilégiée, sont menacés ?
Sur le plan intérieur, la France doit faire face à une situation économique
et sociale plus grave qu'aucune de celles qu'elle a connues depuis une
quarantaine d'années, lorsqu'elle eut surmonté les conséquences de la
guerre. C'est toute notre société qui s'interroge ou, trop souvent, doute :
l'aggravation de l'insécurité, comme celle du chômage, jettent le trouble
dans l'esprit des Français et l'impuissance des gouvernements précédents
pour limiter l'une et l'autre a accru leurs inquiétudes ; la crise des
banlieues et des villes est sérieuse, les incertitudes des jeunes face à
leur avenir sont profondes. Tout ceci conduit à une crise morale. Aux
erreurs graves du début des années 80, et dont nous supportons encore les
conséquences, erreurs marquées par la volonté d'assurer le progrès social
sans chercher à lui donner une base économique réelle, s'est ajoutée une
autre erreur dans les années 88-90. Alors, une chance historique de
réformer la société française dans une période de croissance a été manquée.
En outre, notre Pays connaît une crise de l'Etat. Celui-ci ne joue plus de
façon satisfaisante son râle de garant de l'ordre social et de la
solidarité. Il a du mal à assumer ses responsabilités régaliennes
essentielles dans les domaines de la justice et de la sécurité.
Voilà brièvement décrite la situation que le peuple français nous a demandé
de redresser. Encore tout n'est-il pas connu.
Pour agir, il nous faut en savoir plus, notamment sur l'ampleur réelle des
déficits publics, sur la situation financière exacte des régimes sociaux,
sur l'aptitude de notre système d'éducation à donner à notre jeunesse les
clés de son avenir, sur les conditions permettant de garantir à notre
agriculture sa plus juste place dans notre économie.
Aussi ai-je demandé à une Commission composée de personnalités
indépendantes, à laquelle je souhaite que les deux Assemblées veuillent
bien prêter leur concours, d'établir un bilan de la situation de notre pays
dans tous les domaines de la vie publique. Cette commission sera présidée
par M. Jean RAYNAUD, Procureur général près la Cour des comptes.
Qu'on ne s'y méprenne pas : il ne s'agit pas, comme d'autres l'ont fait en
d'autres temps, de trouver dans ce bilan des arguments de polémique, mais
d'asseoir sur ses constatations la nouvelle politique que le pays appelle
de ses voeux.
Cette nouvelle politique, c'est en pleine crise économique et .sociale que
nous devrons la mener. Nous le savons, nous l'acceptons.
Inspirons-nous de la maxime de Marc-Aurèle : "l'obstacle est matière à
action".
C'est cela le choix du nouveau gouvernement et son appel à la nouvelle
majorité : le choix du courage. C'est parce que la situation est grave que
nous avons décidé, malgré les risques que cela peut comporter, d'assumer la
charge du pouvoir. Mais c'est aussi parce que nous avons la conviction
qu'autre chose est possible, qu'une autre politique existe, qui redonne aux
Français confiance en eux-mêmes et en la France. C'est pour cela que je
vous appelle à l'effort et à la cohésion.
Comment la France inquiète peut-elle devenir une France confiante et
rassemblée dans l'effort ? Seule une politique de réforme le lui permettra.
Seule cette politique fera à nouveau de notre pays un exemple : celui d'une
France plus forte, et aussi plus juste, d'une France diverse, dans le
respect des principes de la décentralisation, mais aussi plus dynamique et
plus cohérente, d'une France moteur de la construction européenne, et aussi
déterminée à rester elle-même, d'une France plus solidaire des autres
nations du monde.
C'est la volonté de créer un nouvel exemple français qui nous permettra de
rénover notre société toute entière, qu'il s'agisse de l'enseignement, de
la protection sociale, du statut des salariés, du dynamisme des
entreprises, de la réaffirmation du rôle de l'Etat. Ces réformes, il faut
les commencer sans tarder, notre pays, répétons-le, ne peut pas attendre.
Nous ne résoudrons pas les problèmes de notre nation sans de profonds
changements dans nos structures, dans nos habitudes, dans nos mentalités.
Tous nos concitoyens en sont bien conscients et vous qui les représentez,
vous le savez. Les Français y sont prêts.
Une politique de réforme à mener en deux années, a