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Contribution pédagogique de la formation à distance à l'amélioration de la
qualité de l'éducation et à la diminution du taux d'échec scolaire dans le
système éducatif haïtien.
CHÉRISTIN Rico
Étudiant à la Maîtrise-Sc. de l'éducation
ISTEAH (Institut des Sciences, des Technologies
et des Études Avancées d'Haïti)
rico_cheristin@yahoo.fr
(voir en annexe 1 la note bibliographique de l'auteur) Résumé Après plus de 200 ans d'indépendance, Haïti ne parvient pas à mettre en
place un système éducatif susceptible d'accorder à tous et à toutes les
mêmes chances de réussir et à former de futurs acteurs capables de
contribuer au développement socio-économique du pays. La qualification
insuffisante des enseignants demeure le facteur déterminant de
l'inefficacité du système. Près de 85% des enseignants n'ont reçu aucune
formation professionnelle jugée adéquate et n'ont donc aucune
certification. Cette situation alarmante génère un système éducatif
caractérisé par un taux élevé d'échec scolaire chaque année et une qualité
d'éducation très médiocre.
Ce constat préoccupant exige du MENFP à mettre en place un programme de
formation continue des enseignants en vue de relever les défis du système
actuel. Le manque de résultat de quelques initiatives traditionnelles et
ponctuelles de formation de certains enseignants et l'insuffisance de
ressources financières du Ministère font du dispositif de formation à
distance la meilleure alternative pouvant contribuer à la formation
continue professionnalisante et diplômante des enseignants haïtiens. Les
résultats de ce dispositif de formation dans certains pays ayant partagé
avant, le même tableau sombre du système éducatif haïtien, sont-ils assez
significatifs pour nous convaincre que la FAD peut contribuer au
développement des compétences professionnelles des enseignants haïtiens. Mots clés : formation à distance, échec scolaire, système éducatif haïtien,
formation continue, compétences professionnelles.
Novembre 2014.
1. Introduction Une vision sans action est seulement un rêve.
L'action sans vision fait juste passer le temps.
Une vision et de l'action peuvent changer le monde.
- J. Barker
La république d'Haïti, Indépendante le 1er janvier 1804, occupe la partie
ouest de l'île d'Haïti et s'étend sur une superficie de 27 750 km2. Sa
population est actuellement évaluée à plus de dix millions d'habitants,
dont plus de 50% sont ruraux[1]. Le pourcentage de la population âgée de 15
ans et plus qui est alphabétisé est évalué à près de 59%[2].
Dans le domaine scolaire, le pays est divisé en 10 départements scolaires,
68 districts. Le dernier recensement scolaire 2010-2011 a dénombré, dans
les deux premiers cycles du fondamental, 13 599 écoles, dont près de 90%
sont du secteur non public et 2 210 221 élèves avec un taux de redoublement
global de 14.5%. Le personnel enseignant travaillant dans ces deux premiers
cycles est estimé à 70,009 enseignants, dont 16% seulement se trouve dans
le secteur public. Quant à la qualification des enseignants, le pourcentage
ayant la qualification requise dans le secteur public est de 26.73% contre
13.05% dans le secteur Non Public. Bien que des actions importantes aient
été entreprises par les différents gouvernements du pays durant son
indépendance à nos jours, son système éducatif fait toujours face à des
défis majeurs l'empêchant de contribuer réellement au développement socio-
économique du pays. Lesquels sont d'ordre qualitatif et quantitatif. Sur le
plan qualitatif, le système éducatif haïtien est caractérisé par son
incapacité à remplir sa mission de former des citoyens, des travailleurs
responsables et engagés; et sur le plan quantitatif, il est caractérisé par
des taux élevés et récurrents d'échec scolaire à tous les niveaux de
formation. Plusieurs facteurs constituent le pivot de cette inadéquation.
Lesquels sont liés aux infrastructures et équipements scolaires déficients
et défavorables à l'enseignement/apprentissage; à l'insuffisance des
ressources pédagogiques et didactiques; à la précarité des conditions de
santé et de nutrition des élèves. Au-delà de tous ces défis réels affectant
en profondeur le résultat souhaité et attendu du système par la société,
nous soulignons principalement le facteur lié à la qualification
insuffisante des enseignants tant en ce qui concerne leur formation
académique (les savoirs à enseignants) que leur niveau de formation
professionnelle (maîtrise des méthodes et outils pédagogiques). Car, selon
le (MENJS, 2005), 85% des enseignants du sous-système (cycle fondamental et
secondaire) ne sont pas qualifiés et 30 % ont un niveau académique
inférieur à celui de la neuvième année fondamentale. Malheureusement,
aucune action ordonnée et consolidée visant la formation continue des
enseignants intégrant le système n'est encore prise. Une situation globale
qui constitue un handicap majeur à la réalisation de l'objectif de l'EPT
(Éducation pour tous) pour 2015 auquel Haïti s'est adhérée, à
l'amélioration de la qualité d'éducation et à la réduction du taux d'échec
scolaire. En effet, devant cette situation complexe et inquiétante qui ne date pas
d'hier, quelle est la meilleure stratégie à adopter par les plus hautes
instances de l'éducation en Haïti pour mettre en place un programme de
formation continue destiné aux enseignants et qui prend véritablement en
compte leur qualification et leur certification? Aussi, dans un contexte où
le développement des compétences et l'apprentissage sous toutes ses formes
et dans tous les domaines propulsent par les dispositifs de formation à
distance (FAD), on se demande en quoi ce dispositif de formation pourrait-
il contribuer à la formation continue des enseignants haïtiens pour
l'amélioration de la qualité de l'éducation et la diminution du taux
d'échec scolaire en Haïti?
Ce sont à ces questions que nous tenterons de répondre dans le cadre de
cette présentation qui s'articulera autour de six (6) points. Après
l'introduction, nous tenterons de situer le système éducatif haïtien par
rapport aux défis de la qualité d'éducation et la persistance du taux
d'échec scolaire, puis nous aborderons les défis de la formation des
enseignants, ensuite nous présenterons le dispositif de formation à
distance comme outil fondamental à la formation continue des enseignants
haïtiens; suivent la présentation du développement des compétences
professionnelles des enseignants haïtiens par leur formation continue à
distance, la conclusion du travail et la bibliographie.
2. Le système éducatif haïtien : entre le défi de la qualité
d'éducation et la persistance de l'échec scolaire Après l'indépendance d'Haïti le premier janvier 1804, l'une des priorités
fondamentales des premiers gouvernements devraient être l'éducation des
nouveaux libres et de leurs progénitures pour permettre à la jeune nation
de prendre en main son développement dans le présent et dans l'avenir.
Mais, malheureusement le contexte socio-politique dans lequel évoluait ce
pays nouvellement rentré dans le concert des nations n'a pas été favorable
à la mise en place d'un système éducatif pouvant définir les grandes
orientations de l'éducation des fils et filles de la nation. Tributaire de
la culture française, l'ancienne métropole, l'orientation scolaire du pays
avait été profondément enracinée dans le modèle français. De 1804 à 1982,
la transmission des connaissances était exclusivement assurée en langue
française ne prenant pas en compte la différence et les disparités
existantes sur le territoire, car aujourd'hui encore sur une population
avoisinant les douze millions d'habitants, moins de 10% seulement parlent
cette langue. Ce modèle d'apprentissage était source de discrimination et
d'inégalité énorme au sein de la société. L'autre caractéristique
fondamentale de ce modèle fut l'apprentissage basé sur la mémorisation
servile et à outrance des éléments véhiculés par le système. L'absence de
laboratoires dans les écoles pour susciter, développer le goût de la
recherche, l'observation et l'esprit critique des élèves ne faisait pas de
l'école haïtienne un vecteur de changement dans la préparation de futurs
acteurs de la vie sociale, politique et économique du pays (Dore, 2009)[3].
Les produits du système n'arrivent pas à mobiliser les connaissances
acquises pour résoudre les problèmes de la vie courante. Tel que Pierre
Djympson Chéry le précise, ce système ne répondait pas à la finalité d'une
« éducation dont l'objectif final serait de former des citoyens
responsables, critiques, solidaires, humains, des citoyens qui ne prendront
plus plaisir à s'enrichir au détriment du collectif, mais qui se conçoivent
comme des êtres humains appelés à se solidariser avec autrui, à servir en
vue d'un bien-être collectif, où la connaissance n'est plus un outil de
différenciation et de distanciation par rapport aux autres. »[4]
Conscient de ces défis après presque 200 ans d'indépendance et avec une
paix sociale et une stabilité politique quasiment assurés à la fin des
décennies de 1970, (Dore, 2009), les autorités haïtiennes