Partage d'une monnaie commune - Les Entretiens Européens

Est-ce la part de leur commerce intra-régional qui augmente ou les ... que le type
de spécialisation soit plus intra-branche qu'inter-branches, car dans un cas, ...

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Plateforme UE-AFRIQUE(S) - Paris
COMPTE-RENDU de la conférence du 10 mars 2016 1. Les enseignements de la 1ère édition des Entretiens Eurafricains de
Ouagadougou et leurs prolongements
2. Partage d'une monnaie commune : convergence et croissance en Afrique
de l'Ouest ? Animée par Claude FISCHER-HERZOG, directrice des Entretiens Européens et
Eurafricains Avec Kako NUBUKPO, ancien ministre au Togo, professeur à Oxford
1. Les enseignements de la 1ère édition des Entretiens Eurafricains de
Ouagadougou, et leurs prolongements Claude FISCHER-HERZOG se réjouit du succès de la première édition des
Entretiens Eurafricains qui s'est tenue à Ouagadougou les 3 et 4 février
2016, avec 52 intervenants et plus de 500 participants sur les deux jours.
Elle remercie les partenaires, notamment 2IE qui nous a accueillis dans ses
locaux.
Elle propose que la 2ème édition -qui se tiendra à Paris en février 2017-
prolonge la réflexion engagée sur l'investissement avec un examen des
politiques économiques qui doivent en être le cadre incitatif.
Les Entretiens Eurafricains de Ouaga vont également déboucher sur la
création d'une association régionale des Entretiens Eurafricains à
Ouagadougou pour l'Afrique de l'Ouest (ouverte aux autres régions
d'Afrique). Un choix délibéré, car le Burkina Faso, situé en plein c?ur de
l'Afrique de l'Ouest, a, plus encore que les pays de la zone UEMOA ou
CEDEAO, besoin d'intégration pour se développer. L'intégration est une
problématique commune à l'Afrique et à l'Europe qui doivent construire un
développement plus durable et solidaire sinon, nos continents connaîtront
des replis nationaux (à l'?uvre en Europe), des tensions et des guerres.
L'Europe vit aujourd'hui une crise, elle est au bord de l'explosion. Sans
réaction des Etats et des banques centrales, sans mobilisation d'hommes et
femmes conscients et courageux, nous n'éviterons pas la catastrophe,
d'autant plus grave que la guerre est à nos portes, que le terrorisme fait
rage et que la crise mondiale n'est pas terminée. L'Europe n'est pas
aujourd'hui le bon modèle à exporter, sauf à tirer les enseignements de ce
qu'elle a voulu faire, un passage obligé pour la « sauver » et qui pourrait
être une expérience utile
pour l'Afrique de l'Ouest. Celle-ci est en plus grande difficulté face à
l'Afrique de l'Est. Les témoignages sur le comportement des acteurs, des
institutions et des populations ont été nombreux : il faudra les analyser,
car si à l'Est, on ose le risque, avec une mentalité anglo-saxonne, à
l'Ouest, beaucoup plus francophone, l'héritage est plus administratif,
bureaucratique, frileux avec une aversion au risque redoublé.
Le choix de l'investissement en Afrique de l'Ouest a été au c?ur de nos
débats. Nous les avons préparés pendant une année et demie avec plus de
quinze conférences à Paris, une quarantaine de rencontres en Afrique de
l'Ouest (Abidjan- Bamako- Dakar-Ouagadougou)[1], avec la volonté de
comprendre quelles sont les conditions à l'investissement. On s'est
interrogé sur le problème du financement alors qu'il y a beaucoup de
liquidité, et découvert que les projets n'existaient pas ou peu. Et quand
ils existent, on ne sait pas les mettre en ?uvre. Ce travail préliminaire a
permis de proposer une problématique générale et des questions précises
pour les intervenants des tables rondes, des auditions et des témoignages,
qui ont apporté des réponses. Il n'y a pas assez de projets ! Ni de grands
projets d'infrastructures alors que les besoins sont massifs (93 milliards
de besoins /an), encore moins de projets transfrontières et quand bien même
il y en a, ils sont sur le papier, avec beaucoup d'obstacles de toutes
sortes pour les concrétiser, comme ce fameux projet de la boucle
ferroviaire de Bolloré, ou les projets dans l'énergie énumérés lors d'une
table ronde à « Africallia ». Alors que les PPP sont présentés comme la
panacée, il y en a peu à l'échelle de la zone et les acteurs ne savent pas
vraiment ce que c'est. Il n'existe pas de cadre règlementaire. L'Europe
n'arrive pas non plus à le construire. Seuls trois pays, l'Allemagne, la
France et le Royaume-Uni pratiquent sous des formes différentes des
partenariats public-privé. Il y a là un énorme chantier que l'API du
Burkina Faso nous demande de développer. Quant aux petits projets, ils
manquent de crédibilité, es banques et fonds d'investissement exigeant
études de faisabilité, capital et rentabilité... et crédibilité des
porteurs eux-mêmes Le seul recours pour ces projets reste alors la
subvention ou à l'aide publique, quand celles-ci ne sont pas détournées.
D'autres problèmes existent et notamment la formation des hommes et la
valorisation du capital humain. Au Burkina-Faso, le budget de l'éducation,
c'est 70% pour l'administration et le social... alors que l'industrie
manque de techniciens, d'ouvriers et d'ingénieurs. Il n'y a pas
véritablement de politique industrielle dans les Etats, et encore moins des
politiques industrielles communes, mais une prise de conscience existe que
le développement passe par le secteur privé. L'entreprenariat se développe,
et la volonté d'accompagner le secteur privé, de favoriser son
environnement se retrouvent dans les discours gouvernementaux et
institutionnels, peut-être plus qu'en Europe, en tous cas en France.
L'investissement dans le capital humain, la formation professionnelle,
celle des élites, ont fait l'objet d'une demi-journée extraordinaire animée
par Didier ACOUATEY avec les écoles mais aussi les entreprises et des
institutions avec la présence du DG de la CCI du Burkina Faso qui a annoncé
la création d'un centre professionnel au c?ur de Ouagadougou (il existe un
seul centre de formation à Ziniaré). Pas assez de formations adaptées et
pas d'adéquation entre les offres et la demande ! Il existe six grandes
écoles de formation d'ingénieurs de dimension panafricaine. Leurs modèles
sont intéressants, mais ça ne fait pas le compte pour une Afrique dont la
démographie est le défi, comme l'ont souligné Philippe HUGON et Gilles YABI
à l'ouverture du colloque, que les Africains doivent relever. La formation
professionnelle et l'apprentissage sont une réponse pour donner une
activité aux jeunes qui arrivent massivement sur le marché du travail.
Un autre obstacle à la mise en route des projets sont les marchés. Ceux-ci
émergent à l'échelle locale, nationale, régionale mais les problèmes de
droit, notamment foncier, sont énormes. Une table ronde mixant les
professionnels du droit comme le président de la Cour de Cassation
d'Abidjan et le spécialiste du droit OHADA, Alain FENEON, avec les acteurs
d'entreprises comme le DG d'Air-France Burkina, a été animée par André-
Franck : le droit OHADA doit s'étendre et permettre aux investisseurs
institutionnels de trouver la confiance sur les marchés. Le chantier est
immense[2]. Ceci dit, un espace de droit ne fait pas un espace de projet,
et trop de droit tue le droit : la complexité des règles -qui souvent sont
contraignantes- fait fuir les investisseurs.
Cette transition par le droit a permis de déboucher sur la finance.
Pourquoi les aides publiques ne font pas levier de fonds privés ? Comment
réformer les politiques de développement ? Quel est le rôle des banques,
des fonds d'investissements, des assureurs ? Il y a eu des interventions
très dynamiques qui mériteront un examen approfondi.
En conclusion du colloque, nous avons mesuré combien l'investissement était
-plus qu'une politique financière- un choix de société qui devait engager
les Etats à de grandes réformes structurelles : des Etats qui devront se
coordonner à l'échelle régionale et coopérer, et mobiliser la société pour
éviter les déceptions et les règlements de compte ou favoriser le
terrorisme.
Cette 1ère édition des Entretiens Eurafricains a permis à 2IE (qui
traversait une zone de turbulence interne) de se faire connaître davantage,
de présenter son modèle en PPP, ses partenariats internationaux et son
technopôle. 2IE a pu sortir de ce colloque avec quelques de conventions
(avec l'EIVP, l'école des ingénieurs de la Ville de Paris) ; et marge du
colloque, il y a des rencontres B to B entre les partenaires qui ont pu
nouer des coopérations. Le but du colloque était de travailler les
questions de fond pour essayer d'aider à la mise en ?uvre d'une nouvelle
politique mais aussi de mettre en relation comme le stipule le logo ASCPE :
Rapprocher- Débattre- Fraterniser. Les moments de fraternité il y en a eu
beaucoup, et la solidarité s'est exprimée avec le Burkina Faso, meurtri
lors des attaques du restaurant Capuccino et de l'Hôtel Splendide. On a
débattu sous la banderole « ON EST TOUS BURKINABE ! », un acte fort
apprécié par l'ensemble des participants et on a pu déposer des gerbes de
fleurs en hommage aux victimes devant les lieux des attentats.
Nos relations avec la diversité des participants des Entretiens
Eurafricains sortent renforcées, la plupart des partenaires ont joué le jeu
en participant financièrement ou en nature à la réussite des Entretiens
Eurafricains. Les étudiants de 2IE doivent produire leur synthèse des
travaux, et nous préparons les actes et des recommandations qu'on enverra
aux institutions, ainsi que le 2ème N° de La Lettre des Entretiens
Eurafricains qui ouvrira sur la suite. Par ail