de l'asile a la psychotherapie institutionnelle - Espace de réflexion et ...

5 mai 2007 ... La guerre a changé la situation, nous avons le sentiment qu'il faut ... Cet article
fondamental de foi coloniale doit être posé et admis avant tout examen de la
protection de .... Le discours autarcique ne cesse pas pour autant ; il n'est pas ....
à concilier espace européen, libre-échange mondial et Eurafrique !

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PSYCHIATRIE...LEVONS LE VOILE
[pic] DE L'ASILE A LA PSYCHOTHERAPIE INSTITUTIONNELLE Ou comment l'économie saborde le soin.
" Comment écrire l'essentiel des institutions psychiatriques en quelques
pages ? " Faire le parcours historique de plus de cent cinquante ans est
presque une gageure et un pari sauf si on se situe au niveau des ruptures
épistémologiques comme je l'avais déjà souligné dans notre ouvrage "
l'accueil en psychiatrie des malades mentaux: aspects juridique, théorique,
pratique "(1) . L'histoire de cette discipline s'appuie à chaque époque sur
des idées philosophiques, politiques, sociales et économique de son époque
mais, dans une visée anthropologique, la seule qui suit le même fil
conducteur et une même logique est la science économique, déesse
métaphorique élue par les puissants et les princes de ces périodes qui ont
toujours gouverné la vie des établissements en essayant de conditionner les
pratiques soignantes qui y sont instituées. Le Capital et les politiques
libérales du libre échange marchand ont toujours écarté sur son passage les
déviants et de nos jours ils y trouvent un intérêt certain pour
démultiplier leurs bénéfices et leurs profits dans cet espace de la santé
et du soin psychiatrique. Il faut, au nom de ce nouveau dieu laïque qu'est
l'argent les dépouiller un peu plus leur individualité solipsiste,
l'essence même de l'être qui pour ne pas mourir se prête au jeu de ce
Thanatos afin de l'assouvir. Notre utopie d'infirmier vise en permanence à
nous référer à Pinel comme le libérateur des chaînes des aliénés en
omettant toujours de voir que derrière cette image d 'Épinal, les enjeux de
pouvoirs des décideurs ne sont là que pour extraire de la société
productive tous ces corps improductifs et de les utiliser à des fins de
rentabilité économique. Là non plus on ne partage pas les bénéfices au
contraire on sacrifie du soin tout en rentabilisant le libéralisme. Le
Léviathan avance toujours et toujours s'assouvissant de la misère des
hommes dans une course folle où même la santé est à vendre. Fin du XIIIème - XIXème : Pinel et le traitement moral. Cette image à laquelle nous nous attachons de voir Pinel détacher de leurs
chaînes les aliénés n'a de sens que dans la mesure où le traitement moral
qu'il préconise veut rompre avec les pratiques barbares des traitements
antérieurs. Bien avant lui, déjà des écrits mentionnaient l'art de traiter
les insensés. En 1795, Colombier (médecin de Charenton) et Doublet
(inspecteur adjoint des hôpitaux civils et maison de force) écrivent "
l'instruction sur la manière de gouverner les insensés dans les asiles ".
Pour eux, l'insensé peut retrouver la raison par des paroles douces et
rassurantes, par une hygiène et des soins de confort, des promenades
quotidiennes, des vêtements amples et adaptés aux saisons, une diététique
appropriée, etc. et aucune violence à son encontre ne saurait être toléré.
De même Joseph Daquin, médecin à Chambéry dans sa " philosophie de la folie
" (1791) conclu : " On réussit infiniment mieux et plus sûrement auprès des malades qui en
sont atteints par la patience, par beaucoup de douceur, par une prudence
éclairée, par de bonnes raisons et par des propos consolants qu'on essaie
de leur tenir dans des intervalles lucides dont ils jouissent quelques
fois. C'est la réunion de tous ces moyens que j'entends par philosophie " Lorsque Pinel écrit son " Traité médico-philosophique sur l'aliénation
mentale " (1799), il est lui-même soumis aux idées de l'époque qui sont en
droite ligne du siècle des Lumières et de la révolution française. En
effet, elle a permis au fou de réintégrer le statut de citoyen plus ou
moins curable tout en gardant la notion de dangerosité. Cette période est
une rupture importante puisque la société ne s'explique plus par la
référence à son principe transcendant : Dieu. L'histoire des hommes
appartient maintenant aux hommes et nul n'est extérieur à la société. De
même le pouvoir politique n'est plus divin mais émane de la volonté
populaire. De ce courant de pensée, la folie prend un autre statut
puisqu'elle n'est plus une affaire de malédiction. L'idée maîtresse qui se
dégage est que nul citoyen n'est extérieur en droit et l'égalité règne pour
tous, du moins en théorie. Le " fou " est considéré comme un sujet à part
entière dont le principe s'articule sur deux axes. Le premier émet la
possibilité qu'on peut communiquer avec lui, même si on se reconnaît pas en
lui, et le deuxième est l'affirmation d'une historicité de la maladie dans
une société où tout est historique. La folie n'est plus une maladie
intemporelle dans la mesure où s'il y a eut un début, il peut advenir une
fin. C'est sur cette conception que Pinel va faire une description clinique et y
adjoindre des pratiques thérapeutiques pour aider le malade à sortir de ses
passions qui influencent son humeur. En réduisant la folie à une entité
morbide sans faire le partage entre Raison et folie, il en a fait un objet
d'étude scientifique parce que justement la folie n'est pas de la Raison
mais bien parce que c'est une autre manière d'être un homme en face des
autres. Et, c'est bien parce que la Raison n'est jamais totalement perdue
qu'on peut dès lors communiquer avec lui et instituer un traitement moral.
En quoi est-il constituer ? Le traitement moral s'appuie en premier lieu sur l'attitude du médecin face
au malade. Elle est une parole douce et rassurante qui lui donne espoir
tout en compatissant à sa souffrance. En fait, ce que croit Pinel c'est ce
" parler avec douceur " qui est la base de tout entretien thérapeutique
pour que se réalise une condition de confiance et d'alliance pour la suite
des soins à apporter. Il s'agit précisément d'une écoute empathique dans
laquelle le malade retrouve sa dignité de personne à nouveau reconnue et
l'estime de lui-même. Cette relation induit le piège puisque se joue entre le malade et le
médecin ce que Freud développa : le transfert et le contre-transfert. Le
malade pousse le malade à se confier sans réserve et parce qu'il est écouté
et reconnu, le malade fait du médecin son idéal. Le médecin peut se laisser
prendre dans ce jeu de séductions narcissiques où il risque de s'enfermer. Pour éviter ce piège Pinel pense que le médecin doit non seulement écouter
le malade et lui prodiguer des paroles douces et rassurantes mais il doit
également savoir se faire craindre et il ne doit aucunement partager son
pouvoir. Le médecin sera toujours le maître de la situation pour "
normaliser " le malade car lui seul sait par son savoir ce qui est
pathologique et ce qui est normal. Pour qu'il réintègre la normalité, il
donc nécessaire de mettre en place des actions éducatives qui s'appuieront
sur des valeurs morales bourgeoises, c'est-à- dire des valeurs qui
s'appuient sur le travail. Les actions éducatives. Pour que l'aliéné réintègre la normalité, il faut donc le distraire pour
qu'il se détourne des méditations qu'il rumine et qui lui font engendré des
comportements inadaptés. En ce début du XIXème siècle, puis tout au long,
les asiles sont surpeuplés, les médecins sont en nombre restreints (un
médecin pour 400 à 500 malades) et le traitement moral va se transformer en
une pratique collective alors qu'il se voulait individuel. L'asile devient
alors une institution totalitaire. Pour Erwing Goffman, une institution est
dite totalitaire lorsqu'elle s'accompagne de caractéristiques qui empêchent
toute communication avec le monde extérieur. Les signes se traduisent par
de hauts murs, des barbelés, des portes verrouillées, etc. Ce qui la
caractérise c'est qu'elle applique un traitement collectif et qu'elle prend
en charge tous les besoins du reclus à partir d'une organisation
bureaucratique. Les individus enfermés entretiennent avec le monde
extérieur des rapports limités et le personnel leur impose des techniques
de mortification qui leur enlèvent progressivement toutes certitudes sur
eux-mêmes. La première technique consiste à l'isolement qui les coupe de
tout contact avec leurs proches ou amis. Par cette méthode ils ne peuvent
plus exercer leurs droits (voter, signer des chèques, léguer de l'argent,
etc.) Lors de leur arrivée, ils sont dépouillés de leurs vêtements et de
leurs biens. On leur donne des vêtements de l'établissement ainsi que tous
les objets usuels nécessaires à leur hygiène. A aucun moment ils disposent
d'une intimité car ils sont surveillés en permanence. Pour toute demande
ils doivent s'adresser au personnel. Leurs antécédents sociaux et leurs
comportements antérieurs sont scrutés et reprochés. Ils justifient auprès
des médecins et du personnel dans les moindres détails leurs activités
journalières (travail, participation à la préparation d'une fête, réunion,
etc.) S'ils dérogent aux règlements il subiront des réprimandes et des
sanctions. Pour tous les actes mineurs ils sollicitent une autorisation qui
sera acceptée ou non par le personnel. Lors de l'examen médical, les
médecins par des arguments théoriques les discréditent de la version de
leur histoire qu'ils énoncent. Ils inscrivent sur un dossier uniquement les
comportements négatifs qui sont lus par le personnel. Aussi, les
informations les concernant sont divulguées et à la moindre saute d'humeur
ce personnel leur reproche devant les autres leurs actions du passé. Lors
de réunion, les médecins et les infirmiers exposent leurs opini