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Le plus royal exercice que peuvent prendre vos majestez, c'est de ramener à l'
ordre ...... Si on veut entrer dans un examen plus détaillé de la distribution des .....
les richesses de la nation se multiplient, et plus la puissance de l'État augmente.
..... foule d'objets de luxe, d'amusement et d'oisiveté, qui frappent tous les yeux, ...

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L'épopée des Zéphyr Habillée en peau de grenouille, elle chemine avec précaution à travers les
épines de cornichons rouges, quand soudain, c'est le drame, elle se déchire
contre un dard plus allongé, qu'elle n'avait pas vu arriver dans son
corps. Très vite, elle se fait quelques points de cils pour arrêter
l'épanchement de sa substance et la blessure se referme en quelques
minutes. En continuant son chemin, elle se déforme pour passer à travers le
rideau mycélien poisseux d'une colonie d'aspergillus et c'est alors qu'elle
aperçoit au loin, le feu sur la tour, allumé par les autres membres de sa
tribu, pour guider son retour, elle est sauvée. En agrippant ferme son précieux chargement, elle passe à gué le ruisseau,
sans trop se dissoudre, puis grimpe sur la butte fortifiée par des rondins
de paille rouge qui protègent la place forte creusée dans des tubercules de
coloquinte, serrés autour du concombre géant de la tour de guet. Identifiée
de loin, elle franchit allègrement le pont-levis en feuilles de courge. - Alors Tézed, tu as trouvé? - J'en ai trouvé une. Elle extirpe l'objet précieux, ligaturé par un fil de haricot sur une tige
de fleur de pissenlit, c'est une superbe aiguille à coudre en acier. Une aiguille pour coudre les feuilles de potiron. Première époque. Par Gaston Tramontane. Un certain Théodore. Cette année-là, le printemps était magnifique, ensoleillé et doux,
les souvenirs de la guerre s'estompaient peu à peu, l'espoir d'un avenir
meilleur habitait les esprits. Ce premier avril, nous étions en 1922 au début des années folles, je fis
la connaissance d'un personnage insolite, en délicatesse avec son époque et
avec lui-même certainement. Le bonhomme pouvait avoir une cinquantaine d'années, ses cheveux rares et
grisonnants n'indiquaient pas la prime jeunesse, il se nommait Théodore
Zéphyr. Il est possible que notre rencontre soit le fruit du hasard mais à la
réflexion c'est vraiment impossible, car seule une "autorité supérieure" a
pu me "donner l'ordre" de venir habiter à quelques encablures de chez lui,
en haut de la côte de son village. Ce premier avril donc, nous fîmes connaissance, les circonstances exactes
m'échappent, mais je sais qu'il vint chez moi pour un "renseignement" et
que tout naturellement chacun se mit à parler de sa vie. De son passé professionnel, je n'eus guère d'indications, le drôle n'était
pas vraiment bavard sur ce sujet, je sus seulement qu'il avait exercé "dans
le caoutchouc" il ne m'indiqua jamais précisément son emploi, son statut
d'homme "à la retraite" suffisait d'ailleurs largement pour satisfaire
complètement ma curiosité. J'appris surtout ce jour là, que depuis de nombreuses années, Théodore
exerçait en amateur, une spécialité encore très rare de nos jours et
presque inconnue en ce temps là, il construisait des petites répliques
d'engins de locomotion, bateaux, automobiles et même machines volantes.
C'est aussi ce jour qu'il m'avoua avoir dans la tête des idées folles,
complètement irréalisables: il voulait fabriquer des moteurs minuscules
qu'il placerait à l'intérieur de ses petites maquettes et il voulait même
pouvoir piloter ses modèles à distance, sans contact matériel, en utilisant
une invention très récente et encore très loin de sa mise au point, celle
de la TSF! Sur le moment, ce délire technique "à la Don Quichotte", éveilla chez moi
un intérêt amusé, légèrement condescendant je l'avoue. Mais finalement n'y
avait-il pas dans sa démarche cette part de rêve généralement attribué à
l'esprit des enfants? C'est alors que je réalisais non sans surprise que
Théodore construisait pour lui-même ses propres jouets! Je compris aussi
qu'avec son histoire de TSF il voulait aller au bout de son rêve, l'enfant
qu'il était resté voulait maîtriser totalement les merveilleux jouets qu'il
avait imaginé, il voulait que le Génie sorte de la bouteille pour donner la
vie à ses créations. Je ne vis à priori aucun risque majeur pour sa santé dans ces étranges
idées, sauf par exemple, celui de prendre un jour ses objets volants sur la
tête! Mais dans mon esprit comme il était alors fort improbable que les dis
objets ne puissent jamais s'élever du sol c'était un risque extrêmement
faible.... Il y avait loin de la coupe aux lèvres...Un précipice.... Moi, à cette époque, j'occupais un poste de journaliste dans un quotidien
local, mais auparavant j'avais pas mal bourlingué comme correspondant
scientifique avec une spécialité de grand avenir: l'aviation. Le vrai génie du journaliste tient à peu de chose: Se trouver au bon
endroit, au bon moment, j'avais eu cette chance. Né le 9 octobre 1890, jour du premier décollage de Clément Ader, c'était
déjà un signe fort du destin que la suite de mon parcours confirma
largement, car en ce début de siècle je vis naître sous mes yeux la grande
aventure de l'aviation. Ainsi, comme correspondant de "L'Auto", j'eus le privilège d'assister dans
la région parisienne à tous les essais des pionniers et en particulier je
vis le vol du "premier kilomètre" de l'aéroplane des frères Voisin piloté
par Henry Farman. Quand j'ai connu Théodore, il avait déjà fait un certain nombre "d'objets
techniques", postes de radio à galène et à lampes, petites machines
électriques et une des premières machines à laver le linge! Son poste à galène se tenait dans une boite tapissée de feutre rouge pour
l'abriter de la poussière nuisible au bon fonctionnement du détecteur.
Celui-ci était constitué d'un cristal de sulfure de plomb qui offrait
l'intéressante particularité de ne laisser passer le courant issu de
l'antenne, que dans un seul sens, en appliquant délicatement sur sa surface
la pointe métallique d'une spirale en fil fin appelé "chercheur". En
tâtonnant un peu pour trouver un endroit sensible, le détecteur captait
tout à coup les sons de l'espace, c'était un moment surnaturel, une
perception inoubliable. Une grande antenne de trente mètres de longueur,
courant dans le jardin pour aboutir à la plus haute branche d'un arbre et
un fil de terre relié à un grillage enterré, complétaient ce dispositif
encombrant, mais qui avait l'avantage d'être peu coûteux et facile à
fabriquer. Depuis les débuts de la TSF, c'était le seul accessible aux
amateurs. Il fonctionnait très bien sans nécessiter une source électrique,
mais avec l'inconvénient grave de devoir utiliser un casque d'écoute peu
confortable à la longue. Avec l'arrivée sur le marché "grand public" des lampes radio issues des
surplus de guerre et surtout des tubes "miniwatt" à basse consommation, la
situation avait changée rapidement. Juste avant notre rencontre, Théodore
venait de terminer un poste perfectionné et facile à régler qui
fonctionnait sur haut-parleur et n'avait pas besoin d'antenne. L'appareil
se contentait d'un "cadre" de taille réduite d'environ un mètre cinquante
de côté qui recevait parfaitement bien les stations les plus proches. Ce
cadre était constitué d'un fil de cuivre bobiné sur un support de bois
rectangulaire et pouvait s'orienter pour recueillir le maximum d'énergie de
l'émetteur. Le poste était du type à "réaction", et pour changer de
station, il suffisait de tourner quelques condensateurs variables et de
régler au mieux l'écartement de deux bobinages en nid d'abeille, ce n'était
vraiment pas compliqué. Quand il n'y avait pas trop de parasites, les radio-concerts diffusés par
le haut-parleur étaient un enchantement, même s'ils étaient nettement moins
forts en volume sonore que la musique délivrée par les disques 78 tours de
son phonographe à pavillon. Très en avance sur son temps, Théodore avait aussi construit une salle de
douche dans son sous-sol à côté de l'atelier. Un récipient métallique
appelé "tub" recevait l'eau chaude d'un serpentin de cuivre chauffé au gaz.
Ce chauffe eau était fixé sur le mur extérieur de la petite pièce. Comme je
m'étonnais de cette position qui avait tendance à chauffer l'air de la cave
plutôt que l'air de la douche, il me raconta qu'initialement le système de
chauffage était bien disposé à l'intérieur de la salle de douche mais que
celui-ci en consommant tout l'oxygène de la pièce, avait un jour failli
tuer Gilya, son épouse, par asphyxie! Elle n'avait dû son salut qu'a la
présence toute proche de son "ingénieur" de mari, qui bricolait encore,
Dieu seul savait quelle invention; terrifié par l'accident, il avait dû se
séparer du chauffage de l'air de sa salle de bain... Théodore travaillait le bois et le métal avec patience et application, mais
ses activités dans le domaine du modélisme étaient restées purement
statiques. De sa petite collection je ne vis que quelques bateaux en tôle
assez simples, le reste devait être oublié dans son grenier. Je vis aussi
pendu au plafond de son atelier une petite maquette en papier de l'Eole de
Clément Ader et un grand modèle d'aéroplane aussi futuriste
qu'invraisemblable, taillé dans la masse en bois très léger, affublé de
trois hélices, d'une queue très allongée de forme incroyable avec une aile
d'un seul tenant, très épaisse, sans le moindre haubanage; le genre d'engin
de science-fiction qui n'avait aucune chance d'exister un jour! Cet
appareil représentait le coté imaginatif de Théodore bercé sans doute comme
beaucoup de gens de cette époque par la "culture" de l'avenir technique et
radieux, inventée par Jules Verne, Robida, Wells et quelques autres. Je crois bien que c'est en parlant à Théodore de mes histoires d'avions,
qu'il en vint à s'imaginer être capable de réaliser son rêve de faire voler
l'un d'eux à petite échelle e