Le bachelier scientifique aujourd'hui - Apmep

Est-ce que cela aide à améliorer leur enseignement, à faire du « bon boulot » ?
... (94), 2 professeurs de physique-chimie, un professeur de SVT, 2 professeurs
de ... ?chimie assurant les enseignements du tronc commun dans cette discipline
. .... à faire entrer les élèves dans une démarche scientifique combinant initiatives
, ...

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Les bachelier(e)s scientifiques et les sciences.
Bernard Convert Avec la collaboration de :
Francis Gugenheim
Frédéric Ketterer
CNRS-Université de Lille1
(Laboratoire IFRESI-CLERSE)
Septembre 2005
Vous avez dit « désaffection » ? Pourquoi de moins en moins d'étudiants s'inscrivent-ils dans les facultés
des sciences ? Pourquoi des élèves qui, au Lycée, se spécialisent en
mathématiques, en physique-chimie, ou en biologie, répugnent-ils, une fois
le bac en poche, à faire des études supérieures de mathématiques, de
physique-chimie ou de biologie ? Les journalistes ou les politiques,
inclinés à prendre les phénomènes sociaux à leur valeur faciale et à
expliquer l'événement par l'événement, ont une interprétation toute
simple : si les jeunes ne font plus de sciences, c'est qu'ils n'aiment plus
les sciences, et s'ils n'aiment plus les sciences c'est que l'actualité
leur en donne chaque jour des images négatives : « perte de confiance dans
le progrès scientifique, sentiment confus que la science a sa
responsabilité dans les problèmes d'environnement (pollution...) », « Vache
folle, OGM, nucléaire... la science a perdu son aura » [1] lit-on sous la
plume de journalistes du Monde ou de Libération. Ils n'aiment plus les
sciences. Il faut leur en redonner le goût. Ce qu'un événement a fait, un
autre événement peut le défaire : il suffirait d'une « Année de la
Physique » bien médiatisée pour voir revenir les étudiants dans les
amphis...
Disons le tout de go : cette argumentation n'a absolument aucun fondement.
Elle n'explique en rien ce qui se passe, en tout cas pour la situation
française.
D'abord, force est de constater que l'image soi-disant dégradée de la
science ne fait pas sentir ses effets sur les filières scientifiques de
l'enseignement secondaire : les séries scientifiques continuent de très
bien se porter au Lycée. S'il y a une hémorragie dans l'enseignement
secondaire, ce sont bien plutôt les Lettres qui la subissent, et de façon
dramatique, sans susciter le moindre émoi ni la moindre explication de nos
chroniqueurs. Ensuite, comme on le verra quand on abordera les réponses que
les élèves donnent à cette question, ce n'est jamais au nom de motifs comme
l'image de la science ou les dégâts du progrès que les étudiants font leur
choix d'études. Enfin et peut-être surtout, les facultés des Sciences sont
très loin d'être les seules à souffrir de l'hémorragie. On ne parle que de
la « crise des sciences », mais c'est bien l'ensemble des disciplines
universitaires académiques, de Lettres, de Sciences Humaines, de Sciences
Economiques et de Droit, qui subissent sur la même période, de 1995 à 2000,
une chute significative de leurs effectifs à l'Université [2]. La
« désaffection » pour les études scientifiques n'est donc qu'un élément
d'un phénomène plus vaste qui est la désaffection des étudiants actuels
pour les études universitaires académiques.
D'ailleurs peut-on même parler de désaffection ? Car il est aisé de montrer
que cette « désaffection » n'est que le reflux, une fois la vague
démographique retombée, du flux massif de bacheliers que les Universités
ont bien été obligées d'accueillir quand, de 1985 à 1995, les taux d'accès
au bac, sous l'effet du mot d'ordre « 80% de la classe d'âge au niveau
bac », ont connu une croissance « exponentielle ». Pendant les années de
forte croissance des effectifs bacheliers, les capacités d'accueil des
filières sélectives (IUT, STS, classes préparatoires...) ont elles aussi
augmenté mais à un rythme moindre. L'Université a absorbé le flux de ceux
qui n'étaient pas admis dans ces filières. Après 1995, date à laquelle les
effectifs bacheliers commencent à décroître, les filières sélectives ont
continué un temps sur leur lancée, offrant de plus en plus de places alors
même que la population des nouveaux bacheliers rétrecissait. C'est cette
conjonction qui a créé un reflux dans les filières générales de
l'Université. Mais la question demeure : quand ils ont le choix, rares aujourd'hui sont
les élèves qui optent pour des études supérieures scientifiques
universitaires, auxquelles ils préfèrent le plus souvent des études à la
visée professionnelle plus manifeste. Pourquoi ? Pour y voir plus clair
nous avons mené une enquête sociologique auprès d'un échantillon
représentatif de lycéens de terminales scientifiques de l'Académie de Lille
[3]. Sur la base de cette enquête, nous nous proposons de répondre
successivement aux questions suivantes :
- qui sont les élèves des terminales S d'aujourd'hui ?
- quel est leur rapport à la science et à l'enseignement scientifique ?
- quelles motivations commandent leur choix d'études et leurs projets
d'avenir ? Le baccalauréat scientifique et ses spécialités dans le paysage scolaire
français En préambule, situons rapidement le baccalauréat scientifique dans le monde
scolaire français, la place et le poids qui sont les siens, et les
évolutions qu'il a connues.
En 2004, les nouveaux lauréats du bac S étaient au nombre de 130 225. Ils
représentaient 26% de l'ensemble des bacheliers si l'on prend en compte les
bacheliers professionnels, 32% de l'ensemble des bacheliers généraux et
technologiques, 50% des bacheliers généraux. La section scientifique est la
section de baccalauréat la plus nombreuse. Depuis 1998, les chiffres pour
le bac S fluctuent légèrement d'une année à l'autre, mais au total le
nombre des bacheliers S reste stable sur 6 ans, la part relative du bac sur
l'ensemble des bacheliers restant absolument la même : 26%. Dans le même
temps le bac ES progresse de 9% et le bac L s'effondre avec une chute de
28% de ses effectifs en 6 ans.
Cette relative stabilité des effectifs de S depuis le milieu des années 90
a fait suite à une très forte croissance, de 1985 à 1995, impulsée par la
volonté politique d'accroître le niveau de scolarisation à 18 ans. C'est
l'ensemble de la démographie lycéenne qui a alors littéralement explosé,
comme jamais au cours de son histoire : le nombre de bacheliers a doublé en
15 ans. Désormais 6 jeunes sur 10 deviennent « bacheliers ». Bien sûr, ce
changement quantitatif a eu de puissants effets qualitatifs. Le lycée s'est
démocratisé et le niveau d'entrée au Lycée, par construction, a baissé
chaque année davantage [4] : au cours de cette montée en effectifs, des
élèves qui, après la 3ème, se seraient vu orienter vers l'enseignement
professionnel l'année t-1, étaient admis au Lycée l'année t. Programmes,
sujets d'examen et notations se sont adaptés à cette population nouvelle.
Les sections scientifiques ont connu comme les autres cette évolution
quantitative et qualitative, quoique de manière plus modérée. Avec la
montée en effectifs, elles ont vu plus de jeunes femmes et davantage
d'enfants d'origine modeste dans leurs rangs, mais aussi plus d'élèves de
moindre réussite scolaire. Cette évolution s'est accélérée après la réforme
des baccalauréats de 1995 [5]. Cette réforme qui avait été voulue par ses
promoteurs initiaux, Jospin et Allègre, pour mettre fin à la « hiérarchie
des séries » et pour « casser » la suprématie de la série C, n'a qu'en
partie réussi à atteindre son objectif. Certes le baccalauréat S, y compris
sa spécialité mathématiques, la plus élitiste socialement et scolairement
(voir plus bas) est moins sélective aujourd'hui que ne l'était l'ancienne
série C. Les femmes, les enfants d'ouvriers, les élèves « en retard » sont
plus nombreux en S spécialité mathématiques qu'ils ne l'étaient il y a 15
ans en C. [pic]
Tableau 1 : Evolution de la composition des séries mathématiques
(série C en 1987, série S spécialité mathématiques en 1996 et 2001).
Exemple de lecture : en 1987, 43,5% des élèves de terminale C étaient
d'origine modeste (père ouvrier, employé ou petit indépendant). A cette
même date, 43,5%+23,4% = 66 ,9% de l'ensemble des élèves de terminale
(générale et technologique) avaient cette même origine sociale. Mais elle n'a réussi que partiellement au sens où la hiérarchie des séries
reste une réalité de l'enseignement secondaire français. Il n'y a pas
égalité de recrutement d'une série à l'autre et toutes les séries n'ont pas
fait montre, comme le souhaitait le réformateur, de leur « vocation à
l'excellence ». Le baccalauréat S reste la série la plus select socialement
et scolairement, mais avec, il est vrai, une certaine disparité selon les
spécialités.
Le graphe suivant donne une représentation simple de ces
hiérarchies et de leur corrélation à partir de la composition
scolaire et sociale du public des différentes séries, avec en
abscisse le pourcentage, dans chacune des séries, d'élèves « à
l'heure » en terminale, et en ordonnée le pourcentage d'élèves
issus de familles de cadres[6]. Le premier indicateur mesure la
« qualité scolaire » de la série, le second sa place dans les
investissements des élèves et des familles les plus familières du
système scolaire[7].
[pic]
Nous retrouvons ici, au sein des spécialités scientifiques, la hiérarchi