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L'examen de cette production romanesque appelle les observations ..... à un
autre sujet d'actualité : le trafic de drogue entre l'Afrique noire et l'Europe. .... Ce
choix lui a été fatal : il l'a conduit à la mort sociale, antichambre de la mort
biologique. ...... Modo, l'homme à tout faire de la Cathédrale Notre Dame, homme
animal, ...

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REPERES POUR COMPRENDRE LA LITTERATURE BENINOISE TEXTES réunis et présentés PAR ADRIEN HUANNOU Couverture : Eric Huannou © CAAREC Editions, 2008 ISBN : 978-99919-68-95-7 Collection Etudes PRESENTATION Par Adrien HUANNOU L'un des événements majeurs de la vie culturelle du Bénin en 2008 aura
été la participation historique du collectif des éditeurs béninois au Salon
du Livre de Paris 2008 (14-19 mars) : pour la première fois, en effet,
l'entité Bénin a été matériellement présente à cette manifestation
culturelle internationale à travers un stand estampillé Bénin (stand U
102). Pour comprendre toute la portée de cet événement, il importe de le
situer dans le contexte culturel (et politique) béninois d'aujourd'hui,
caractérisé par une renaissance des lettres et des arts qui a, fort
heureusement, succédé à la période d'hibernation de l'ère
« révolutionnaire » (1972-1990). Dans le secteur des lettres en
particulier, on assiste, depuis la Conférence Nationale des Forces Vives de
la Nation de févier 1990, à un réveil net de la création littéraire,
perceptible surtout au sein de la jeune génération dans laquelle on
découvre de vrais talents littéraires ; le champ de la création littéraire
est le lieu d'une effervescence certaine qui se traduit par : de plus en
plus de manuscrits élaborés par des jeunes personnes en quête d'un éditeur,
de nombreux candidats aux concours littéraires tels que le Concours
National Littéraire Prix du Président de République, de plus en plus
d'ouvrages publiés au Bénin, hélas souvent à compte d'auteur avec tous les
risques que cela comporte. Entre autres effets, la participation du Bénin au Salon du Livre de
Paris 2008 a mis en évidence la nécessité de rendre accessible au plus
grand nombre un document sur la littérature béninoise d'écriture française,
qui fournisse aux lecteurs des clés pour mieux comprendre cette littérature
et qui soit plus actuel que l'ouvrage La littérature béninoise de langue
française des origines à nos jours[1]. Telle est la principale raison
d'être de ce petit livre qui, nous l'espérons, comblera les attentes
maintes fois exprimées tant au Bénin qu'à l'extérieur. Au Bénin, la pratique de l'écriture en tant qu'activité
professionnelle orientée vers la satisfaction de la faim et de la soif
intellectuelles d'un lectorat à la fois national et international remonte à
1905, année du lancement de L'Echo du Dahomey, premier journal privé publié
dans la Colonie du Dahomey qui allait devenir successivement République du
Dahomey, République Populaire du Bénin et République du Bénin. Au nombre des facteurs historiques et socioculturels susceptibles
d'expliquer la naissance et le développement de la littérature béninoise
d'écriture française, il faut retenir : - l'introduction de « l'école étrangère » dans le pays, d'abord par les
missionnaires, puis par le colonisateur français ;
- la naissance d'une presse écrite privée dès 1905 et son développement
dans l'entre-deux-guerres;
- l'influence de l'ethnologie française à travers notamment les travaux
de deux missionnaires, l'abbé Pierre-Bertrand Bouche et, surtout, le
R. P. Francis Aupiais, fondateur de La Reconnaissance Africaine
(première revue scientifique du Bénin) et père spirituel de Paul
Hazoumé ;
- l'ethnologie dahoméenne dont les pionniers sont Maximilien Possy-Berry-
Quénum et Paul Hazoumé ;
- la littérature orale qui a servi, et sert toujours, de source
d'inspiration à des romanciers comme Paul Hazoumé (dans Doguicimi[2])
et Olympe Bhêly-Quenum (dans Le chant du lac[3]), à des conteurs
(Maximilien Possy-Berry-Quénum dans Trois légendes africaines[4],
Anatole Coyssi et, surtout, Jean Pliya, auteur du recueil de contes La
fille têtue[5]), à des auteurs dramatiques (Jean Pliya et Maurice
Mêlé) et même à des poètes (Richard Dogbeh, entre autres).
D'un point de vue historique, les écrivains béninois se sont, si l'on
puit dire, illustrés dans les différents genres littéraires dans l'ordre
suivant : le roman avec L'Esclave[6] de Félix Couchoro, le théâtre avec les
pièces créées dans les années 1933-1937 par les élèves dahoméens de l'Ecole
Normale William-Ponty, le conte et la légende avec Contes dahoméens[7] de
Julien Alapini et Trois légendes africaines de Maximilien Possy-Berry-
Quénum, et la poésie avec Un Nègre raconte[8] de Paulin Joachim. Dès débuts à nos jours, au moins trois générations d'écrivains se sont
succédé : dans celle des « anciens » (ou des pionniers) on peut ranger
Félix Couchoro (le plus fécond des romanciers béninois), Paul Hazoumé
(auteur de Doguicimi, le plus célèbre roman historique négro-africain en
langue française) et Maximilien Possy-Berry-Quénum (auteur de légendes et
d'essais historiques); dans la deuxième génération s'inscrivent Paulin
Joachim, Olympe Bhêly-Quenum (romancier et nouvelliste), Jean Pliya (auteur
dramatique, conteur, nouvelliste et romancier) et bien d'autres ; la
troisième génération est celle de Jérôme Carlos, de Florent Couao-Zotti,
etc. Les auteurs des six textes réunis ici enseignent au Département des
Lettres Modernes de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines de
l'Université d'Abomey-Calavi (Bénin). Ces textes constituent un ensemble de
repères destinés à guider le lecteur dans le champ de la littérature
béninoise d'écriture française ; ils apportent un éclairage utile sur celle-
ci ; ils prennent en compte ses trois genres majeurs - qui sont aussi ceux
de la littérature négro-africaine d'écriture française - (le roman, le
théâtre et la poésie) ainsi que trois générations d'écrivains béninois à
travers des contributions consacrées à Paul Hazoumé, à Olympe Bhêly-Quenum
et à Florent Couao-Zotti. Ces textes portent respectivement les titres
suivants, selon l'ordre de leur insertion dans le recueil : « Panorama du
roman béninois » (Adrien HUANNOU), « Le théâtre béninois des années 2000 :
une dramaturgie en quête de repères ? » (Pierre MEDEHOUEGNON), « Névrose et
nécrose dans Le chant du lac d'Olympe Bhêly-Quenum » (Emile ADECHINA),
« Les moi-vides, les moi-débris ou l'esthétique des débris humains chez
Florent Couao-Zotti » (Mahougnon KAKPO), « La poésie béninoise : de Paulin
Joachim à la jeune génération » (Adrien HUANNOU), « Constructions
syntaxiques et représentations langagières chez Paul Hazoumé » (Raphaël
YEBOU). Voici une présentation succincte de chaque texte, dans l'ordre. Le premier texte, qui couvre le champ de la création romanesque depuis
L'Esclave jusqu'à Ces gens-là sont des bêtes sauvages[9] de Gaston Zossou,
met en évidence la place prépondérante du roman dans l'histoire de la
littérature béninoise et dans la production littéraire, en propose une
typologie, expose les sources d'inspiration des romanciers, étudie des
thèmes majeurs tels que le SIDA dans sa dimension sociologique, l'exclusion
sociale et la marginalité qui sont des sujets d'actualité. Après avoir affirmé la vitalité du théâtre béninois dans les années
1990 à 2008, sa mésestimation - par rapport à ses homologues ivoirien,
burkinabé et togolais - et son tassement surprenants, Pierre MEDEHOUEGNON
se propose de répondre aux interrogations que voici : « La mésestimation et
le tassement du théâtre béninois des années 2000 sont-ils le fait de
l'absence d'une politique de diffusion et de promotion des ?uvres des
dramaturges, ou relèvent-ils de l'insuffisance qualitative des produits
culturels mis sur le marché ? Quelle est la nature réelle de notre
dramaturgie nationale, quel est son contenu et quelle est sa marque
esthétique ? En un mot, qu'apporte - t-elle de nouveau ou d'original par
rapport aux autres ?uvres et spectacles avec lesquels elle est souvent mise
en compétition ? » Dans Le chant du lac, la névrose se traduit par l'obsession aquatique
(existence dans le roman d'une isotopie hydrante) et l'obsession de la
terreur sacrée qui hante les personnages plongés dans un univers
fantastique caractérisé par une inquiétante étrangeté. Par nécrose, il faut
entendre la disparition de la société traditionnelle nègre symbolisée par
la mort des dieux du lac : les aspects négatifs de l'Afrique doivent céder
la place aux valeurs positives, susceptibles de promouvoir le développement
du continent. L'étude consacrée à Florent Couao-Zotti, qui est l'un des plus dignes
représentants de la jeune génération, montre que ce dernier met en scène
des personnages qui sont de « véritables loques humaines » et évoluent dans
un monde labyrinthique, infernal et déconfit où se commettent toutes sortes
de violences urbaines. Une lecture de l'?uvre déjà très abondante de ce
jeune écrivain permet d'y voir un chant d'espoir, une manière de prendre la
défense des débris humains qui la peuplent. Le cinquième texte étudie les sources modernes et traditionnelle de la
poésie béninoise d'écriture française (la revue Présence Africaine,
l'Association du 7ème Art, le Club Ecriture Nouvelle, le Complexe
Artistique et Culturel Kpanlingan, le Cercle Osiris, la littérature orale),
ses thèmes majeurs (la négritude, la critique socia