Introduction - Hal-SHS

De nombreux auteurs (Belkacem, Charlier, Deshayes, Hirlet, 2001 ; Baron,
Bureau, .... L'examen de ces trois dimensions permettra d'établir une
comparaison entre les ..... et, d'autre part, parce qu'il n'a aucun moyen de les
corriger ou de les masquer. ..... Oui, ta candidate, OK, elle a un bac + 4, mais elle
ne maîtrise pas les ...

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L'accompagnement des chômeurs à la manière des nouveaux opérateurs
privés :
les pratiques des conseillers sont-elles novatrices ?
Sophie Divay* Résumé
La question de l'accompagnement vers l'emploi des chômeurs prend de
l'ampleur notamment depuis les années 1990, période à partir de
laquelle les politiques de l'emploi en France ont favorisé la mise en
place de dispositifs et de mesures de plus en plus axés sur le suivi
individualisé et personnalisé des chômeurs. Plus récemment, la
suppression du monopole théorique de placement de l'ANPE a entraîné
l'arrivée de nouveaux commanditaires et opérateurs privés de placement
(OPP) sur le marché de l'accompagnement. Sans chercher à alimenter les
débats qui ont émergé sur l'efficacité de ces nouveaux intervenants,
cet article rend compte des résultats d'une enquête menée auprès d'OPP
portant sur les pratiques des conseillers analysées à l'aune de trois
questionnements transversaux : la sélection des chômeurs, les moyens de
leur activation et, enfin, la nature des actions menées auprès des
offreurs d'emploi.
Abstract The issue of job-seeker support has been increasing in scale since the
nineties. From then on, French unemployment policies have contributed to
the implementation of measures more and more focused on individualized
follow-up of the unemployed. More recently, in 2005, the reform of the
ANPE, which instigated the end of the Agency monopoly, has led to the
appearance of new financers and private advisers (called OPP : Opérateurs
Privés de Placement) in the advisory market. Without taking sides in the
controversy over the efficiency of these new advisers, this article relates
the findings of a research on professional practices of some three OPP. Our
analysis is based on three axises : the selection of the unemployed, the
manner of their activation, and the kind of actions taken to approach the
employers. Depuis « l'invention du chômage » (Salais et alii, 1989), les questions
de la catégorisation, du secours ou encore du contrôle des chômeurs se
sont toujours posées. La thématique du suivi - ou encadrement - de la
recherche d'emploi émerge quant à elle au cours des années 1980. Dans
le but de favoriser l'insertion ou la réinsertion professionnelle des
individus privés d'emploi, l'ANPE diversifie et multiplie son offre de
services ; des organismes spécialisés voient le jour, comme les
Missions Locales qui ouvrent leurs portes en 1982. La mise en place de programmes d'accompagnement des demandeurs d'emploi
a, par ailleurs, contribué à augmenter le nombre des intervenants en
aide à la recherche d'emploi. On citera le Plan d'aide au retour à
l'emploi (PARE), l'un des plus conséquents de ces programmes pour
lequel l'Etat a engagé un effort budgétaire d'environ un milliard
d'euros par an, à partir de juillet 2001 (Crépon, Dejemeppe, Gurgand,
2005), auquel il faut ajouter la participation des partenaires sociaux
telle que prévue dans la convention Etat-Unédic-ANPE de juin 2001
relative à la mise en ?uvre du PARE. L'ANPE n'a pas été en mesure de
faire face seule à l'accroissement des services proposés : « Ainsi, fin
2002, les prestations sous-traitées concernant les demandeurs d'emploi
étaient multipliées par 7,6 par rapport à 1998, et près de 10 si l'on
prend en compte les prévisions 2003. » (Balmary, 2004, p. 94). Plus récemment encore, la loi de programmation pour la cohésion sociale
de janvier 2005 a accentué la diversification des intervenants en
mettant fin au monopole théorique de placement de l'ANPE. Des agences
d'intérim, des sociétés de placement, des associations d'insertion ou
encore des cabinets de recrutement ont répondu aux appels d'offres des
nouveaux commanditaires, émis notamment par l'Unédic ou encore par des
Conseils généraux, et ont ainsi fait leur entrée sur le marché de
l'accompagnement des chômeurs. Avec l'arrivée de ces « opérateurs privés de placement » (OPP), une
deuxième génération de professionnels en aide à la recherche d'emploi
est venue s'ajouter à celle des intervenants déjà en activité sur ce
marché, intervenants que l'on peut qualifier de « classiques » pour les
distinguer des nouveaux arrivants. Une description sera faite plus loin
de ces deux générations d'opérateurs, mais on peut d'ores et déjà noter
que de nombreux travaux ont été produits, notamment au cours des années
1990, sur les opérateurs classiques (à l'époque souvent désignés comme
des intermédiaires de l'emploi). Ces recherches ont entre autres rendu
compte des pratiques des conseillers, de leurs interactions avec les
usagers ou encore des limites de l'accompagnement des chômeurs en
fonction de leurs ressources sur le marché du travail. Les OPP, quant à
eux, ont jusqu'à présent surtout fait l'objet d'évaluations
quantitatives, centrées sur des indicateurs de retour en emploi, de
durée ou récurrence du chômage concernant les chômeurs accompagnés[1]. Au-delà des débats focalisés sur les performances quantitatives des
nouveaux opérateurs, de nombreuses questions demeurent en suspens :
quelles spécificités ou « innovations » en matière d'aide à la
recherche d'emploi les OPP peuvent-ils faire valoir ? En d'autres
termes, quelle plus-value apportent-ils par rapport aux organismes
« classiques » appartenant à la première génération de conseillers qui
interviennent, pour certains, depuis plus de vingt ans dans le domaine
de l'accompagnement ? Les « nouveaux opérateurs » ne rencontrent-ils
pas les mêmes difficultés que leurs prédécesseurs ? Si oui, parviennent-
ils à les résoudre à l'aide de méthodes ou solutions inédites ? Il ne sera pas possible ici de répondre à ces questions pour l'ensemble
des OPP. Plus modestement, nous tenterons d'apporter des éléments de
réponse qui pourront jeter les bases d'une investigation sur ces
nouveaux intervenants qui restera à approfondir. Nous reprendrons pour
ce faire différentes recherches évoquées plus haut et réalisées dans
les années 1990-2000 auprès de structures classiques d'aide à la
recherche d'emploi ; certains de leurs résultats feront office d'axes
d'analyse des pratiques des OPP que nous avons étudiées (voir encadré
1). Dans un premier temps, il s'agira d'examiner la question du « tri » des
chômeurs qui peut s'opérer d'au moins deux façons : « L'écrémage
consiste à refuser de prendre en charge les demandeurs d'emploi les
plus difficiles à placer, et le parcage à les accepter en apparence,
mais ensuite à ne pas s'en occuper en les conduisant dans une voie de
garage. » (Georges, 2007, p. 9). Observées au sein d'agences locales de
l'emploi, de Missions locales ou encore de PLIE (Houzel, Outin, Ramaux,
2000 ; Benarrosh, 2000), de tels procédés sélectifs sont appliqués de
façon préventive par les conseillers qui écartent ou invisibilisent
ainsi des chômeurs pour lesquels ils ne peuvent rien faire, c'est-à-
dire auxquels ils ne peuvent rien proposer. Les OPP considérés ont-ils
la latitude et/ou besoin de recourir à un tel tri ? Si non, est-ce
parce que les conseillers sont contraints d'accepter tous les usagers ?
Ou parce qu'ils sont incités, par exemple financièrement, à placer les
chômeurs les plus en difficulté ? Nous nous intéresserons, ensuite, aux modalités d'accompagnement des
OPP enquêtés et, plus particulièrement, à la « force d'activation » des
conseillers : ont-ils mis au point des méthodes de mobilisation
« innovantes » ? Si tel n'est pas le cas, recourent-ils à des
technologies sociales utilisées de longue date en aide à la recherche
d'emploi et désormais bien identifiées (Divay, 1999 ; Ebersold, 2001 ;
Frétigné, 2004 ; Jellab, 1997 ; Orianne, 2004) : engagement moral du
chômeur dans l'accompagnement par le biais d'une contractualisation
comme la signature d'une charte, instauration d'une relation de
confiance, techniques de (re)dynamisation et d'individualisation, sur
fond d'occultation du contexte économique, travail de normalisation du
comportement, responsabilisation du candidat, voire culpabilisation.
Par ailleurs, il sera également intéressant de regarder si les
injonctions de « retour rapide en emploi durable », inscrites dans le
cahier des charges par les commanditaires, pèsent lourdement sur
l'activité des conseillers en OPP qui ont à faire la preuve de leur
efficacité sur le marché du placement, en tant que nouveaux entrants. Enfin, le troisième axe d'analyse des pratiques des OPP sera celui des
relations qu'ils entretiennent avec les employeurs. De nombreux auteurs
(Belkacem, Charlier, Deshayes, Hirlet, 2001 ; Baron, Bureau, Le Dantec,
Nivolle, 1994 ; Bureau, Marchal, 2005 ; Castra, 2003 ; Nivolle, 1999 ;
Meyer, 1998) ayant insisté sur l'insuffisance des contacts entre
intermédiaires classiques de l'emploi et entreprises, nous nous
pencherons, à leur suite, sur les échanges que les OPP considérés
entretiennent avec les employeurs, les éventuels services proposés à
ces derniers, ou encore les modes de prospection d'offres d'emploi
développés par les conseillers.
Avant d'entrer dans ces développements, sera présenté en préambule
l'espace professionnel du champ de l'aide à la recherche d'emploi,
description qui permettra de situer structurellement et temporellement
les nouveaux opérateurs privés de placement aux côtés des intervenants
dits classiques. |Encadré 1 |
|Caractéristiques des opérateurs privés de placement étudiés |
| |
|Dans cet article, sera utilisée une partie du matériel recue