Le langage - Cours de philosophie

L'acte perlocutoire concerne les effets de l'acte illocutoire que le locuteur ..... L'
analyste n'utilise aucun instrument, pas même pour l'examen, il ne prescrit pas ...

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Le langage
Introduction 1 I. Le langage est-il le propre de l'homme ? 1 A. Typologie des « signes » 2 B. L'arbitraire du signe 2 C. La double articulation du langage 2 D. Réaction et représentation 3
1. Le langage animal est un automatisme sensori-moteur 3
2. Le langage humain est représentatif et suppose la pensée 4 II. Langage et pensée 5 A. Peut-on penser sans langage ? 5
1. La pensée préexiste au langage 5
2. Pensée et langage sont indissociables 6
3. Perception, action et langage 8 B. Le langage : aboutissement ou corruption de la pensée ? 8
1. Le langage est l'aboutissement de la pensée 8
2. Le langage corrompt la pensée (Nietzsche, Sartre) 10
a. La primauté de l'intuitif sur le discursif (Schopenhauer) 10
b. Les concepts de la langue déforment la pensée originale 11
c. Le langage suggère une métaphysique (Nietzsche) 12 III. Y a-t-il un pouvoir du langage ? 13 A. Langage, société et pouvoir politique 13 B. Jeux de langage et formes de vie 15 C. Quand dire, c'est faire 15 Conclusion 16 Annexe 19
Résumé 19
Eléments de linguistique saussurienne 21
Autres idées 21
Exemples 22
Citations 23
Sujets de dissertation 23 Introduction
Qu'est-ce que le langage ? Réponse facile : Un moyen de communiquer,
aussi bien les pensées que les sentiments. En ce sens, les animaux ont un
langage, car eux aussi sont capables de communiquer, au moins dans une
certaine mesure. Voici donc une première question : le langage humain est-
il essentiellement différent du langage animal, ou est-il au fond la même
chose ? Pour répondre à cette question, il faut se pencher de plus près sur
le langage pour comprendre la différence entre le langage humain et le
langage animal.
I. Le langage est-il le propre de l'homme ? A. Typologie des « signes »
On peut distinguer quatre types de signes :
(1) indice : ex : fumée-feu ; éclair-orage. Dans ce cas il y a un lien
naturel entre les deux termes qui fonde le rapport de signification.
(2) signal : ex : cri-danger ; cloche-repas. Ici, le lien entre le
signifiant et le signifié est arbitraire (conventionnel).
(3) symbole : ex : la balance est le symbole de la justice. Le symbole
repose sur la ressemblance entre le symbole et ce qui est symbolisé.
(4) signe : ex : le mot est le signe de la chose.
B. L'arbitraire du signe
Contrairement au symbole, le signe ne ressemble généralement pas à la
chose. Il n'y a aucune ressemblance entre le mot « chat » ou le son [cha]
et l'animal à moustaches et poils qui traîne dans le salon. C'est ce qu'on
appelle l'arbitraire du signe. On dit que le rapport entre le signifiant et
le signifié est immotivé. La preuve, c'est que différentes langues
utilisent des mots qui ne se ressemblent pas du tout pour signifier les
mêmes choses. Par exemple, en français on dit vache, en anglais cow. Le
peintre surréaliste René Magritte s'est amusé à illustrer cet aspect du
langage dans des tableaux qui associent mots et choses de manière
arbitraire.
On peut penser que les mots, à l'origine, n'étaient pas arbitraires, que
les premiers mots ressemblaient aux choses qu'ils désignaient. Par
l'étymologie, on peut chercher la trace de cet « âge d'or » où les mots
ressemblaient aux choses. Par exemple, le « s » de « serpent » révèle peut-
être une telle origine. Mais il faut bien reconnaître que cette
ressemblance entre les mots et les choses est aujourd'hui perdue, sauf peut-
être pour les onomatopées (et encore : les anglais disent « cock-a-doodle-
doo » pour signifier le chant du coq). Parfois, ironie du sort, le rapport
est même inversé, au grand désespoir du poète : ainsi Mallarmé remarque que
le mot « jour » a une sonorité sombre alors que « nuit » sonne lumineux.
Toutefois, cette particularité du signe ne saurait être ce qui distingue
le langage humain du langage animal, puisque les signes utilisés par les
animaux (cri du corbeau, etc.) sont aussi immotivés.
C. La double articulation du langage
Un premier point qui permet de distinguer véritablement le langage humain
du langage animal est la double articulation du langage humain. Une
expression signifiante, chez l'homme (par exemple une phrase), peut se
décomposer en mots et en lettres, mais surtout en monèmes (on parle aussi
de morphèmes) et en phonèmes. Les monèmes sont les unités significatives
minimales. Par exemple, « rembarquons » contient quatre monèmes : r-em-
barqu-ons. « Au fur et à mesure », au contraire, est constitué d'un seul
monème, car cette expression qui signifie « progressivement » ne s'analyse
pas en significations partielles qui contribuent à cette signification
générale. Chaque monème, à son tour, peut s'analyser en phonèmes. Les
phonèmes sont les unités sonores minimales. Dans notre exemple, le monème
« barqu » est composé de quatre phonèmes : b, a, r, qu. La définition des
phonèmes dépend de chaque langue : chaque langue découpe dans les sons des
limites significatives. Par exemple, en français le jota espagnol, le r et
le r roulé forment un seul phonème, r. En revanche, en espagnol on
distingue le jota du r.
Cette double articulation distingue le langage humain des langages
animaux : dans ceux-ci, les signes (ou signaux) ne peuvent pas être
décomposés en parties elles-mêmes significatives : les différentes notes du
chant des oiseaux n'ont pas de sens. Par exemple les corbeaux disposent
d'une quinzaine de cris, chacun correspondant à une situation et à une
signification particulière. De même, un langage comme le code de la route
ne contient qu'une simple articulation : la signification du panneau est
constituée par plusieurs significations combinées, mais ces monèmes ne se
laissent pas analyser à leur tour. Par exemple la circularité du panneau
signifie une obligation, la forme triangulaire un danger, etc. Ces formes
ne se décomposent pas à nouveau en parties.
Cette double articulation du langage a été progressivement transposée
dans l'écriture : au début, l'écriture était symbolique : une
représentation simplifiée de la chose signifiait la chose. Peu à peu, pour
désigner les entités abstraites, on fit usage du rébus. C'est ainsi que les
symboles en vinrent à signifier les sons, et non les choses : on s'achemina
ainsi vers la lettre et les écritures alphabétiques. A l'inverse le
chinois, qui n'a pas connu cette innovation, a une écriture simplement
articulée, ce qui conduit à une explosion du nombre de signes : on compte
environ 80 000 idéogrammes ! Heureusement, certains traits communs
permettent de soulager quelque peu la mémoire.
On voit que l'immense avantage de la double articulation du langage est
précisément l'économie : avec seulement 30 ou 50 phonèmes (et encore moins
de lettres, car les phonèmes peuvent être obtenus par combinaison de
lettres), on arrive à former les quelques milliers de monèmes dont une
langue à besoin, et l'association de ces monèmes produit à son tour les
milliers de mots du dictionnaire...
D. Réaction et représentation 1. Le langage animal est un automatisme sensori-moteur Mais cette différence technique entre le langage animal et le langage
humain laisse peut-être de côté l'essentiel, qui est la faculté symbolique
de manipuler ce langage. Dans le signal animal, la réaction est
automatique. Il s'agit d'un langage figé qui n'exprime pas des pensées mais
des sentiments, besoins. La réaction est immédiate. Il n'y a pas
d'intention de signifier. Il faut bien distinguer cette simple fonction
sensori-motrice de la véritable faculté de représentation, qui est une
faculté de tenir une chose pour une autre (par exemple, utiliser un
fétiche, jouer à la poupée, utiliser un mot), en sachant qu'il ne s'agit
pourtant pas de cette chose. C'est-à-dire faire semblant en ayant
conscience de faire semblant. Ainsi on pourrait dire que les animaux
utilisent des signes, mais sans avoir conscience d'utiliser des signes. Le
chien de berger peut apprendre à obéir aux ordres de son maître, mais il
n'a pas conscience de ce qu'il fait. C'est pour cela que les animaux ne
peuvent développer eux-mêmes leur langage. Celui-ci est inné ou inculqué
par l'homme :
L'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des
organes qui nous servent à cette communication que d'une faculté
propre à l'homme qui lui fait employer ses organes à cet usage, et
qui, si ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d'autres à la
même fin. Donnez à l'homme une organisation tout aussi grossière qu'il
vous plaira : sans doute il acquerra moins d'idées ; mais pourvu
seulement qu'il y ait entre lui et ses semblables quelque moyen de
communication par lequel l'un puisse agir et l'autre sentir, ils
parviendront à se communiquer enfin tout autant d'idées qu'ils en
auront.
Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que
suffisante, et jamais aucun d'eux n'en a fait cet usage. Voilà, ce me
semble, une différence bien caractéristique. Ceux d'entre eux qui
travaillent et vivent en commun, les castors, les fourmis, les
abeilles, ont quelque langue naturelle pour s'entrecommuniquer, je
n'en fais aucun doute. Il y a même mieux de croire que la langue des
castors et cel