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On avait aussi décidé qu'il n'y aurait plus de grades ni d'examen! ... dûment muni
d'un certificat de civisme: Botanique et physique végétale, Mr. Limes; ... L'art de
conserver et de rétablir la santé veut une égale lumière pour tous les citoyens (.
.... de sept mais quatre professeurs suppléants : Anatomie et Physiologie, Larrey;
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L'ECOLE DE MEDECINE DE TOULOUSE (1801 à 1891)
C'est une histoire à la fois belle e~ douloureuse et qui a marqué l'esprit
et l'âme des Toulousains. On enseignait la médecine à Toulouse dès 1229 et à la veille de la
Révolution, la Faculté de Médecine était la troisième de France*, après
Paris et Montpellier par le nombre des étudiants et la qualité de son
enseignement. Or, cette illustre Faculté fut, pendant presque tout le
XIXème siècle, ravalée au rang d'Ecole secondaire, voire préparatoire, de
Médecine en dépit des réclamations, pétitions, rapports maintes fois
réitérés et envoyés aux gouvernements successifs.
Ce fut une guerre de cent ans !
Comment en est-on arrivé là ? C'est le sujet du premier paragraphe.
I. L'ENSEIGNEMENT DE LA MÉDECINE EN FRANCE ET À TOULOUSE À LA FIN DU
XVIIIÈME SIÈCLE. En France, en général, il semble que la situation de l'enseignement de la
Médecine n'était pas très brillante. La moitié des 18 Facultés de Médecine
officielles périclitaient ou avaient arrêté toute activité. Les professeurs
de Faculté avaient pour la plupart conservé les mauvaises habitudes du
siècle précédent, stigmatisées par Molière: abus des références aux
anciens, mépris de l'observation clinique, diagnostic et traitements basés
sur des théories fumeuses, usage réglementaire du latin, etc.
Or le siècle avait changé, l'étude des sciences était désormais l'affaire
de tout honnête homme et de toute femme d'esprit. On en discutait, non plus
seulement dans les Académies, mais aussi dans les salons. La Botanique et
la Zoologie, la Chimie et la Physique progressaient rapidement et
imposaient à ceux qui s'y adonnaient des méthodes rigoureuses et l'abandon
des théories.
Dans les Facultés de Médecine, cette dynamique vers une étude scientifique
de la médecine, était peu visible. Il en était ainsi à Paris même.
L'insuffisance et la suffisance de certains professeurs étaient telles que
les médecins les plus dynamiques créaient d'autres structures, plus
ouvertes et plus aérées. C'est ainsi que fut créée en 1776, la Société
Royale de Médecine. D'autres vont enseigner la médecine et la chirurgie au
Collège de France ou au Jardin du Roi.
Les chirurgiens de leur côté ne veulent pas entendre parler de la Faculté
et créent à Paris le
Collège des Chirurgiens de Saint Côme, que le Roi Louis XV , poussé par son
chirurgien Lapeyronie, officialise en Académie Royale de Chirurgie, en
1731. Lapeyronie aurait dit au Chancelier d'Aguesseau : »Il faut élever un
mur d'airain entre la médecine et la chirurgie ». Et d'Aguesseau : »Je le
veux bien, mais de quel côté mettez-vous les malades ? ».
Alors, quelle était la situation de l'enseignement de la médecine à
Toulouse, avant que la Faculté ne soit rayée de la carte par décret de la
Convention du 15 septembre 1793 ?
La Faculté de Médecine de Toulouse se portait bien et venait de s'agrandir.
Voici ce qu'on en dit dans les Almanachs du Languedoc vers 1780.
« ...La ville afin de favoriser les progrès de cette Faculté, dont le
lustre s'est beaucoup augmenté depuis quelque temps, acheta en 1774 une
maison considérable adjacente aux anciennes écoles; on y a fait construire
un bel amphithéâtre qui sert aux démonstrations d'anatomie et de chimie. Il
y a aussi une bibliothèque publique (...), « La Faculté, composée de 5
professeurs et de tous les docteurs agrégés s' assemble le premier dimanche
de chaque mois pour conférer sur les maladies courantes ».
« Elle donne tous les jeudis (...) des consultations gratuites aux pauvres
(...). On y administre de plus, gratuitement, « les remèdes pour le
traitement populaire des maladies vénériennes ».
Et voici le tableau des cours pour l' année 1789-90 : Anatomie et maladies
vénériennes, Mr . Perolle; Physiologie et Hygiène, Mr. Gardeil; Pathologie
et thérapeutique, Mr. Dubor ; Chirurgie, Mr. Arrazat ; Matière médicale,
chimie, botanique, Mr. Dubemard.
Mais il y avait à Toulouse comme à Paris, un enseignement spécifique de la
chirurgie, qui fut officialisé par Louis XV (Lettres patentes du 29 août
1761). Ainsi fut créée l'Ecole Royale de Chirurgie de Toulouse. Cette école
était florissante: elle avait 300 élèves à la veille de la Révolution. Elle
comprenait six chaires*.
2. LA RÉVOLUTION ET LA RÉFORME DE LA MÉDECINE
En 1789, chaque Faculté avait fait des propositions: celle de Toulouse
avait demandé la création d'un enseignement clinique dans les hôpitaux,
l'admission gratuite à tous les grades, la sévérité des examens et la
fusion des écoles de médecine et de chirurgie.
C'était un bon programme et c'est, à peu de choses près, le projet que Vicq
dAzyr vint exposer devant l' Assemblée Nationale le 25 novembre 1790, au
nom de la Société Royale de Médecine, car elle était encore royale! Mais il
n'avait mentionné Toulouse ni pour faire état de ses propositions, ni
surtout parmi les prochaines 5 Ecoles qui devaient remplacer les Facultés
de Médecine. Il proposait Paris, Montpellier, Strasbourg, Nantes et
Bordeaux.
Cependant la Révolution commençait par faire table rase du passé et par
faire disparaître les Facultés, d'abord en leur retirant leur indépendance
(avril 1789), puis, en leur retirant leurs biens (avril 1790), enfin, en
décrétant leur suppression sur tout le territoire de la République
(septembre 1793) au nom de la liberté des professions !
Entre temps un nouveau projet national avait été présenté, en septembre
1791, par le Dr. Guillotin lui-même, mais il n'y avait plus que 4 écoles,
Paris, Montpellier, Strasbourg et Bordeaux. Il en avait guillotiné une !
Un nouveau projet fut présenté en décembre 1794, cette fois-ci par Fourcroy
et Chaussier. Dans le principe, c'était un bon projet, dans la ligne des
progrès attendus, médecine et chirurgie associées, enseignement clinique,
vastes locaux avec bibliothèque, salles de dissection et de démonstration
de chimie etc ...Mais ils avaient encore réduit le nombre d'Ecoles, à 3,
cette fois, Paris, Strasbourg et Montpellier. On avait aussi décidé qu'il
n'y aurait plus de grades ni d'examen! On fait fonctionner ces 3 Ecoles « de Santé », pour fabriquer des officiers
de santé destinés à l'armée. On avait oublié semble-t-il qu'il y avait
aussi des civils à soigner ?
En mars 1803, après 10 ans de discussion et de complète anarchie dans ce
domaine, on vote finalement une loi portant création des Ecoles spéciales
de Médecine. En voici les attendus: « Depuis le décret du 18 août 1793 qui
a supprimé les Universités, les Facultés et les corporations savantes, il
n'a plus de réception régulière de médecins ni de chirurgiens. L'anarchie
la plus complète a pris la place de l'ancienne organisation. Ceux qui ont
appris leur art se trouvent confondus avec ceux qui n' en ont pas la
moindre notion (...). Le charlatanisme le plus éhonté abuse de la crédulité
et de la bonne foi (...). Le mal est si grave (...) que beaucoup de préfets
ont cherché les moyens d'y remédier, en instituant des espèces de jury
chargés d'examiner les hommes qui veulent exercer l'art de guérir (...) ».
Et les propositions: « Nul ne pourra exercer la médecine ou la chirurgie
s'il n'a, après 4 années d ' étude et les frais régulièrement payés, subi
dans une des 6 écoles spéciales, 5 examens à savoir (...). Les examens
seront publics, 2 d'entre eux nécessairement soutenus en latin. La thèse,
obligatoire, sera écrite en français ou en latin ».
Les aspirants à l'Officiat de santé ne sont pas tenus d'étudier dans les
écoles: il leur suffira d'avoir été attaché pendant 6 ans à un docteur et
d'avoir suivi pendant 5 ans la pratique des hôpitaux. Un jury médical,
composé de 2 docteurs et d'un commissaire pris parmi les professeurs des
Ecoles de Médecine recevra chaque année dans chaque département les
officiers de santé (...). Le titre d'officier ne donne droit d'exercer que
dans un seul département. »
Les frais d'inscription à l'école sont également fixés: soit 500 F. pour
les 4 ans d'études, plus 380 de frais d'examen et 120 de frais de thèse,
soit au total 1000 francs ce qui est cher.
La spécificité Toulousaine
A Toulouse, on n'a que faire des projets des assemblées et du peu
d'attention, pour ne pas dire de l' absence totale d ' attention que l' on
manifeste à Paris, à l' égard de notre cité.
Et d ' abord on décide de maintenir l' enseignement supérieur et l'
enseignement de la médecine en particulier .
Ce fut d'abord dans le cadre de l'Institut Paganel. En décembre 1793,
l'Université venant à peine de mourir, le Conseil du Département décide d '
organiser provisoirement des cours publics et gratuits des sciences et des
arts, dont de médecine. Un mois plus tard il désigne ceux qui continueront
d ' enseigner la médecine. Le citoyen Paganel, ancien curé, représentant du
peuple, député par la Convention Nationale, arrête précisément le tableau
des cours avec les horaires et la liste des professeurs, dûment muni d'un
certificat de civisme: Botanique et physique végétale, Mr. Limes; Anatomie
et accouchement, Alexis Larrey; Opération et pathologie chirurgicale, Mr.
Brun; Médecine théorique, Mr. Lamarque, remplacé par Mr .Dupau de Carbonne
; Médecine pratique et épidémies, Mr Perolle ; Accouchement pour les femmes
de la campagne, Mr. Villars.
Ainsi, comme on peut le constater, on s'occupait des civils et des dames à
l'Ecole provisoire de Toulouse.
Dans la liste de ces professeurs « provisoires » il y a Perolle, de la
Faculté d'avant 93, il y a Larrey et Villars de l'Ecole de Chirurgie
d'avant 93 ; et en plus, désormais, ils s'entendent et vont travailler
ensemble, même s'ils représentent une minorité.
Mais alors commence la bataille pour restaurer la Faculté de Médecine. On
réclame une Ecole Officielle, reconnue par Paris. L'administration du
Département écrit au Ministre de l'Intérieur (1798). « Les Ecoles de santé précédemment établies à Paris, Strasbourg et
Montpellier pour 550 boursiers ou pensionnaires du gouvernement, destinés
pour les hôpitaux militaires ou de la marine ne suffisant pas, il a fa